Pour la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI), c’est une étape de plus vers « la marginalisation de le formation » infirmière. En cause : un arrêté paru au Journal Officiel du 5 juillet qui entérine la création d’un parcours spécifique de 3 mois pour les aides-soignants qui souhaitent entamer des études d’infirmier.
L’arrêté facilite l’entrée en formation de ces professionnels : il prévoit, sous condition, que les aides-soignants puissent intégrer directement la deuxième année. Pour cela, ils doivent toutefois justifier d’une expérience d’aide-soignant de 3 ans à temps plein sur la période des 5 dernières années à la date de la sélection et avoir donc validé ce parcours spécifique de formation, d’une durée de trois mois. « Pour être éligibles au parcours spécifique, les aides-soignants doivent se porter volontaires et être retenus par leur employeur à cette fin », précise également le texte.
Un risque pour la formation
« Dans un contexte actuel où le système de santé est sous tension, le gouvernement souhaite appliquer une nouvelle politique de formation pour les ESI : former plus coûte que coûte », critique la FNESI en réaction dans un communiqué, qui y voit une solution inadaptée aux besoins de professionnels, dans un contexte où les étudiants abandonnent de plus en plus la formation. Selon le Comité d'entente des formations infirmières et cadres (CEFIEC), un étudiant sur 3 décroche avant d’être diplômé. Et quand bien même ce parcours spécifique permettrait d’augmenter les effectifs étudiants, sur le terrain, ceux de l’encadrement, eux, continuent de manquer. « Ouvrir ce nouveau mode d’entrée en formation, accentuerait cette problématique puisqu’il·elle·s nécessitent un encadrement renforcé de par leur parcours de formation. » La mesure est d’autant plus mal vue que la refondation du métier, et donc la réingénierie de la formation, est en cours de réflexion. « À l’aube d’une réingénierie totale de la formation infirmière, produire un référentiel pour le changer et l’actualiser dans 6 mois semble désuet », commente la Fédération.
Enfin, autre sujet qui hérisse la FNESI : ce parcours spécifique tendrait à brader dangereusement la formation infirmière. « Les ESI en promotion professionnelle interrogé·e·s sont unanimes, la première année est indispensable. La profession infirmière ne se résume pas à l'exécution d’actes techniques, mais elle requiert un véritable raisonnement clinique. C’est lors de la première année que les bases de celui-ci sont acquises », rappelle-t-elle en effet.
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