Défibrillateur/trousse d'urgence en structure médico-sociale

[danette_c]

Bonjour,
Travaillant dans une structure type médico-sociale et actuellement en train de restructurer pas mal de choses avec mon équipe (pratiquement tous arrivés depuis peu) nous nous sommes penchés sur la question de la trousse d'urgence.
Nous en avons une bien trop vieille, matériel et médicaments périmés, nous ne retrouvons aucun des protocoles (qui devaient datés de l'an 14!) concernant celle-ci.
Alors je me demandais s'il existait une réglementation quant au contenu de celle-ci, généralisée à toutes les structures médico-sociales? Je suppose que les exigences ne sont pas aussi poussées que pour les chariots d'urgence à l'hopital mais n'y a-t-il pas un minimum obligatoire? D'autant plus que nous n'avons pas de médecin 24h/24, donc il est important de pouvoir assurer par nous-même certains soin de première urgence en attendant le samu.
Une question aussi sur le défibrillateur (type automatique ou semi-automatique). Actuellement nous n'en avons pas. Je voulais savoir s'il existait une règlementation quant à sa présence dans les établissements médico-sociaux?
Pour ma part, sa présence me semble très importante, d'autant plus lorsque l'on sait qu'un arret cardiaque a 70% chances de plus de s'en sortir s'il est pris en charge dans les premières minutes (le temps d'arriver du Samu peut parfois être de quelques minutes malheureusement).

Merci d'avance

[Leopold Anasthase]

Il n'existe pas de loi imposant un chariot d'urgence ou un défibrillateur. À la rigueur on peut trouver des "obligations molles" dans les critères d'accréditation.

Mais il existe des recommandations.

Concernant le chariot d'urgence, je vous conseille le très bon travail réalisé par l'hôpital de la Pitié Salopétrière, Référentiel d’auto-évaluation du chariot d'urgence.

Concernant le défibrillateur, vous avez le choix, recommandations concernant la prise en charge de l'arrêt cardiaque, françaises, européennes, internationales, étazuniennes...

Il existe également des recommandations de la SFAR sur l'organisation de la prise en charge des urgences intra-hospitalières.

[JulienPropre]

Bonjour Dianette,

Je me permets d'intervenir dans cette discussion car j'ai quelques informations et quelques liens qui peuvent t’intéresser dans tes recherches.

J'ai du moi aussi lors dans mon parcours professionnel renouveler nos trousses de secours et acquérir un défibrillateur pour se mettre aux normes. Concernant la réglementation c'était une demande de ma direction donc je ne peux t'aider la dessus, Leopold a l'air mieux renseigné que moi

Par contre je peux te dire ou j'ai trouvé un fournisseur de trousse de secours et un distributeur de défibrillateur qui tiennent la route. Pour les défibrillateurs j'ai fait confiance à ce distributeur de défibrillateurs, sur internet il y en a beaucoup d'autres, je te laisse faire des recherches complémentaires. Je l'ai choisi par ce qu'il distribue aussi des trousses de secours sur un autre site.

En espérant t'avoir aidé un peu dans ta recherche d'informations.

[binoute1]

quand j'étais en EHPAD, ce travil s'est fait avec le méd. co.

j'ai fait des propostions, mais évidemment c'est lui qui valide.
On n'avait pas de défibrillateur pi entre nous, les seules fois où j'aurai pu m'en servir, le résident concerné n'auraient pas voulu...mais expérience perso...)

[A Coeur Vaillant]

Bonjour,
Pour répondre à la question sur l'obligation d'avoir un défibrillateur dans une structure médico-sociale, la réponse est : NON.
[propos modérés]

[danette_c]

Je vous remercie de vos réponses. En effet je pense que l'accord final se fera par le médecin et que nous allons nous concerter avec lui en ce qui concerne les médicaments à mettre dedans. Mais je dois dire que le médecin étant peu présent, c'est à nous de faire les 3/4 du boulot, alors merci pour les différentes pistes que vous m'avez donné, qui peuvent m'être bien utiles:)
Et pour te répondre binoute1 (oui oui j'ai réussi à lire le tout petit ) : pour ma structure c'est un peu différent, mon public n'est ni agé, ni en situation palliative. En revanche il peut avoir des pathologies cardiaques ou des comorbidités cardiaques importantes. D'où pour moi l'intéret d'avoir un défibrillateur car on a pas un monsieur-le-réa-qui-arrive-tout-de-suite-quand-on-le-bipe chez nous .

[binoute1]

bon courage,
mais je me permets d'ajouter, que si tu fais les 3/4 du boulot parce que le méd n'est pas souvent là, c'est pas commeça qu'il va se rendre compte que vous avez besoin de lui: si vous vous en sortez commeç apour quoi il viendrait plus souvent ?

[danette_c]

Non mais celà nous convient très bien comme celà. Vu la structure que nous sommes, nous n'avons pas besoin de lui tout le temps
S'occuper de la trousse d'urgence n'est pas une mince affaire, mais je ne me plains pas d'avoir à le faire en grande partie.

[binoute1]

on n'est jamais mieux servi... c'est sûr

[Juriste MACSF]

Bonjour,

1) Sur les trousses de secours

Sauf erreur de ma part, et après une recherche approfondie, il n’existe aucun texte réglementant le contenu minimum obligatoire d’une trousse d’urgence, notamment en établissement médico-social.

Le seul texte existant est l’article R.4224-14 du Code du travail, règlementant les obligations d’un employeur en matière de 1ers secours, qui dispose : « Les lieux de travail sont équipés d’un matériel de premiers secours adapté à la nature des risques et facilement accessible ».
Il ne s’applique pas à votre situation mais peut servir de base de réflexion.

Votre trousse de secours devra donc contenir le matériel adapté à l’âge et aux éventuelles pathologies de vos patients. Ainsi est-il fortement recommandé de solliciter l’aide d’un médecin pour établir une liste adaptée de son contenu.

2) Sur le défibrillateur

Là aussi, aucun texte n’impose la présence de défibrillateurs. Notons cependant que depuis un décret n°2007-705 du 4 mai 2007, toute personne non-médecin est autorisée à utiliser un défibrillateur automatisé externe, qu’il soit semi-automatique ou entièrement automatique.

Par ailleurs, le CFRC (Conseil Français de Réanimation Cardio-Pulmonaire) a émis, en 2008, des recommandations intitulées « Recommandations pour l’organisation de programmes de défibrillation automatisée externe par le public ». Selon ce conseil, « L’efficacité du programme repose sur un choix judicieux du lieu de mise à disposition des défibrillateurs. […]Dans le contexte du domaine public, le CFRC recommande que le choix des sites de mise à disposition des défibrillateurs prenne en compte (non exclusivement) les situations suivantes : […] - Les lieux où le risque de mort subite est plus important : stade ou équipements sportifs, maison de retraite. […] »

Sans que ce soit une obligation, il semble donc fortement recommandé qu’un défibrillateur soit installé dans votre établissement.

Dans ce cas, le CFRC recommande qu’une visite sur site par des professionnels de la santé et du secours (SAMU et pompiers) soit réalisée « pour déterminer avec exactitude l’emplacement où le défibrillateur doit être installé et s’assurer de sa visibilité et de son accessibilité pour le public. Une fois les défibrillateurs mis en place, le CFRC recommande qu’une cartographie précise de leur localisation soit réalisée et communiquée aux intervenants potentiels, aux services d'Incendie et de Secours (SDIS), aux ambulanciers, aux SAMU et aux structures mobiles d'urgence et de réanimation (SMUR). De même, le cas échéant, la position du défibrillateur le plus proche pourra ainsi être immédiatement communiquée à toute personne, public ou professionnel des secours et des soins appelant le SAMU Centre 15 pour un AC. »

Quant à son utilisation, il n’y a aucune formation obligatoire. En revanche, là encore, le CFRC recommande qu’un apprentissage rapide de l’utilisation du matériel et de la réanimation cardio-pulmonaire soit proposé sous la forme de campagnes d’informations complétées par des formations à réactualiser tous les 2 ans. Il pourrait donc être envisagé une formation de votre équipe soignante.

Juriste Sou Médical - Groupe MACSF

[danette_c]

Merci beaucoup pour la réponse. Grace à toutes les réponses j'ai maintenant des choses solides sur lesquelles m'appuyer
Concernant le défibrillateur j'en ai parlé avec mon équipe et les avis sont très mitigés, certains n'en voient pas l'intérêt, d'autres (comme moi) insistent pour qu'on en ai un.
J'ai donc une petite question pour toutes les personnes ici qui ne bossent pas dans une structure hospitalière: avez-vous un défibrillateur sur votre lieu d'exercice? Je serais curieuse de savoir.

[mariclairi]

bonjour,je travaille dans une MAS pour handicapés physiques sur 2 bâtiments et nous avons un défibrillateur dans les 2 depuis 3 ans environ.Je pense que c'est utile pas seulement pour les résidents mais aussi pour le personnel et les visiteurs .Si un de vos collègue fait un arrêt il sera peut être content d'être sauvé grace au défibrillateur.

[danette_c]

Merci de ta réponse. Oui c'est un des arguments que j'ai entres autres avancé, mais bon une réponse toute bête est que n'importe quel employé, même en dehors du santé/social aimerait avoir un défibrillateur sur son lieu de travail au cas où. Mais c'est pas pour autant que l'on en met partout. ^^

[Leopold Anasthase]

[...] n'importe quel employé, même en dehors du santé/social aimerait avoir un défibrillateur sur son lieu de travail au cas où. Mais c'est pas pour autant que l'on en met partout.

Il est clairement démontré que diminuer le délai de la défibrillation améliore la survie dans l'acr.

1) L'arrêt cardiaque inopiné de l'adulte, ou mort subite de l'adulte, est un problème de santé publique. Avec 50 000 victimes par an (dix fois plus que les accidents de la route), autour de 1 500 survivants, ça laisse de la marge pour faire des progrès.

2) Ça ne concerne pas seulement les vieux et les moribonds. L'âge moyen aux ÉU est de 55 ans (probablement un peu plus en France, mais je n'ai pas de données). Ça veut dire qu'il y a autant de victimes de plus de 55 ans que de victimes de moins de 55 ans. Autrement exprimé, en terme de santé publique, on peut épargner des vies chez les actifs.

3) Dans un service que je connais, une personne hospitalisée est décédée de façon inattendue. La prise en charge a été mauvaise, par manque de formation de l'équipe, par manque d'organisation interne de la prise en charge des urgences vitales, et par manque de matériel adapté (chariot d'urgence, défibrillateur).

La famille a eu une idée admirable : elle a promis de ne pas porter plainte (alors qu'il y avait clairement matière) si des efforts visibles étaient faits dans ce domaine. C'est une façon de donner un sens à la mort d'un proche, se dire qu'il n'est pas mort pour rien.

4) Organiser des choses concernant la prise en charge des urgences est toujours une bonne chose.

Qui dit défibrillateur et chariot d'urgence dit formation, et la formation profitera non seulement pour l'urgence telle que l'acr, mais aussi pour toutes les autres urgences, voire pour améliorer la prise en charge de bien d'autres problèmes ; en effet, ça permet de revoir des choses simples comme l'appel à l'aide, l'organisation d'une équipe autour d'un team-leader, mais aussi le rôle de chacun comme personne pouvant participer au recueil d'informations et à la prise de décisions ; sans oublier la force d'action d'une équipe cohérente.

5) D'un point de vue juridique, même s'il n'y a pas d'obligation légale, un établissement peut se voir reprocher au civil l'absence de moyens. Il ne faut quand même pas perdre de vue qu'une structure médico-sociale prend en charge des personnes a priori plus vulnérables que l'individu lambda. Et les dommages et intérêts, ça coûte beaucoup plus cher qu'un défibrillateur.

6) Dernier point, tout participe à tout. La formation du personnel participera peut-être à améliorer la prise en charge d'un patient à l'extérieur de l'établissement.

[danette_c]

Alors la Léopold je suis 100% d'accord avec toi. J'ai eu la chance de suivre une très bonne formation sur l'arrêt cardio respiratoire et j'ai essayé d'expliquer aux membres de l'équipe qui ne sont pas très "chauds" qu'effectivement, il est clairement démontré que diminuer le délai de la défibrillation améliore la survie. La défibrillation est beaucoup plus efficace que le massage mécanique...
Mais bon, vu le prix d'un défibrillateur(eh oui), dur dur de faire entendre raison à tout le monde, surtout que la structure n'en a jamais eu et s'en ai toujours sorti sans...
Merci pour ce résumé très clair et synthétique point par point, ça me fait de l'argumentation en plus