Maltraitance Institutionnelle
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- Maximousse1989
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Maltraitance Institutionnelle
Bonjour à tous et toutes,
Je suis infirmier depuis 3 ans et quelques, je travaille en SSR Gériatrique.
Depuis le début de l'été mon hosto connaît une situation de sous-effectif sans précédent, presque quotidiennement il manque dans mon service comme dans tout le pôle gériatrie au moins 1 AS ou 1 IDE.
Ceci s'explique tout simplement par le fait qu'il faut dépanner les autres services, tous ont connu de nombreux départs, sans compter les habituels congés annuels et arrêts.
Le problème est qu'on déshabille A pour habiller B, A se retrouve en sous-effectif mais comme B est plus en tension on priorise B,ce qui est logique.
Sauf que cette situation est quotidienne, tous les jours les cadres déterminent quel service est le plus en galère et déplacent les soignants, il ne s'agit pas juste de "serrer les fesses" une journée et cela n'a rien à voir non plus avec ce que j'ai pu connaître les étés précédents dans le même hôpital.
Les conséquences vous vous en doutez se font durement ressentir pour les patients comme pour les soignants, mes collègues et moi sommes donc très régulièrement amenés à rédiger des rapports d'événements indésirables.
J'en arrive au coeur du problème.
J'ai récemment rédigé deux rapports d'événement indésirable où j'ai parlé de maltraitance institutionnelle en cochant bien la case "risque de maltraitance" (c'est informatisé), l'un pour une unité de long séjour où j'ai dépanné, l'autre pour mon service actuel.
J'ai été factuel, quand des patients restent des heures dans leurs selles ou ne sont pas levés pendant 3 jours parce que personne n'est disponible (deux exemples parmi d'autres) il y a maltraitance, non pas par malveillance ou négligence de la part des soignants mais bien parce qu'il est impossible de faire autrement et que le résultat est une situation indigne, que personne ne voudrait vivre.
D'où le choix de l'expression "maltraitance institutionnelle".
Hier, j'ai été convoqué par la DRH et la cadre sup et on m'a gentiment mais très clairement dit que je ne devais pas cocher la case "risque de maltraitance"
, car les situations décrites ne relèvent pas de la maltraitance voyons, d'ailleurs est-ce que j'ai vraiment compris à quoi servent les feuilles d'événement indésirable ? Vraiment ?
J'ai eu droit à 30 minutes d'entretien doucereux où j'ai eu l'impression d'être pris pour un imbécile par deux responsables qui ne semblaient avoir jamais entendu parler du terme "maltraitance institutionnelle" .
Elles ont d'ailleurs eu l'air surprises de voir que je savais très bien pourquoi j'avais écrit tout cela.
Il y a eu quelques échanges surréalistes, la DRH m'a quand même demandé pourquoi je me préoccupais de la qualité des soins (parce que c'est mon boulot peut-être ?) et m'a répondu qu'un patient qui reste dans les selles ce n'est pas tolérable mais au moins "il n'est pas en insécurité" (et alors ?).
En gros c'était un coup de pression, selon elles j'aurais dû cocher la case "autres", certainement parce que cette catégorie fourre-tout est moins problématique.
Le soir-même suivant l'entretien j'ai rédigé un nouveau rapport sur le même thème (pour les deux derniers jours, également en sous-effectifs) ; ce n'était pas pour les provoquer mais tout simplement parce que je n'avais pas eu le temps de le faire plus tôt et parce qu'en me remémorant ces deux journées oui j'estime qu'il y a risque de maltraitance, j'estime même qu'on est déjà dedans en fait.
Bref, je n'ai pas obtempéré, j'ai prévenu les syndicats, mes collègues et je ne compte pas me laisser faire.
Certains d'entre vous ont-ils déjà subi des pressions de ce genre?
Merci d'avance.
Je suis infirmier depuis 3 ans et quelques, je travaille en SSR Gériatrique.
Depuis le début de l'été mon hosto connaît une situation de sous-effectif sans précédent, presque quotidiennement il manque dans mon service comme dans tout le pôle gériatrie au moins 1 AS ou 1 IDE.
Ceci s'explique tout simplement par le fait qu'il faut dépanner les autres services, tous ont connu de nombreux départs, sans compter les habituels congés annuels et arrêts.
Le problème est qu'on déshabille A pour habiller B, A se retrouve en sous-effectif mais comme B est plus en tension on priorise B,ce qui est logique.
Sauf que cette situation est quotidienne, tous les jours les cadres déterminent quel service est le plus en galère et déplacent les soignants, il ne s'agit pas juste de "serrer les fesses" une journée et cela n'a rien à voir non plus avec ce que j'ai pu connaître les étés précédents dans le même hôpital.
Les conséquences vous vous en doutez se font durement ressentir pour les patients comme pour les soignants, mes collègues et moi sommes donc très régulièrement amenés à rédiger des rapports d'événements indésirables.
J'en arrive au coeur du problème.
J'ai récemment rédigé deux rapports d'événement indésirable où j'ai parlé de maltraitance institutionnelle en cochant bien la case "risque de maltraitance" (c'est informatisé), l'un pour une unité de long séjour où j'ai dépanné, l'autre pour mon service actuel.
J'ai été factuel, quand des patients restent des heures dans leurs selles ou ne sont pas levés pendant 3 jours parce que personne n'est disponible (deux exemples parmi d'autres) il y a maltraitance, non pas par malveillance ou négligence de la part des soignants mais bien parce qu'il est impossible de faire autrement et que le résultat est une situation indigne, que personne ne voudrait vivre.
D'où le choix de l'expression "maltraitance institutionnelle".
Hier, j'ai été convoqué par la DRH et la cadre sup et on m'a gentiment mais très clairement dit que je ne devais pas cocher la case "risque de maltraitance"
, car les situations décrites ne relèvent pas de la maltraitance voyons, d'ailleurs est-ce que j'ai vraiment compris à quoi servent les feuilles d'événement indésirable ? Vraiment ?
J'ai eu droit à 30 minutes d'entretien doucereux où j'ai eu l'impression d'être pris pour un imbécile par deux responsables qui ne semblaient avoir jamais entendu parler du terme "maltraitance institutionnelle" .
Elles ont d'ailleurs eu l'air surprises de voir que je savais très bien pourquoi j'avais écrit tout cela.
Il y a eu quelques échanges surréalistes, la DRH m'a quand même demandé pourquoi je me préoccupais de la qualité des soins (parce que c'est mon boulot peut-être ?) et m'a répondu qu'un patient qui reste dans les selles ce n'est pas tolérable mais au moins "il n'est pas en insécurité" (et alors ?).
En gros c'était un coup de pression, selon elles j'aurais dû cocher la case "autres", certainement parce que cette catégorie fourre-tout est moins problématique.
Le soir-même suivant l'entretien j'ai rédigé un nouveau rapport sur le même thème (pour les deux derniers jours, également en sous-effectifs) ; ce n'était pas pour les provoquer mais tout simplement parce que je n'avais pas eu le temps de le faire plus tôt et parce qu'en me remémorant ces deux journées oui j'estime qu'il y a risque de maltraitance, j'estime même qu'on est déjà dedans en fait.
Bref, je n'ai pas obtempéré, j'ai prévenu les syndicats, mes collègues et je ne compte pas me laisser faire.
Certains d'entre vous ont-ils déjà subi des pressions de ce genre?
Merci d'avance.
Dernière modification par Maximousse1989 le 06 sept. 2018 12:21, modifié 4 fois.
La gériatrie c'est la vie!
Re: Maltraitance Institutionnelle
Bonjour BlaireauSagace
Je n'ai jamais vécu une telle chose mais vous avez raison d'alerter les syndicats.

Je n'ai jamais vécu une telle chose mais vous avez raison d'alerter les syndicats.
Infirmier D.E 2017
Re: Maltraitance Institutionnelle
Vous avez raison. C'est de la maltraitance institutionnelle.Maximousse1989 a écrit :J'ai été factuel, quand des patients restent des heures dans leurs selles ou ne sont pas levés pendant 3 jours parce que personne n'est disponible (deux exemples parmi d'autres) il y a maltraitance, non pas par malveillance ou négligence de la part des soignants mais bien parce qu'il est impossible de faire autrement et que le résultat est une situation indigne, que personne ne voudrait vivre. D'où le choix de l'expression "maltraitance institutionnelle".
Quelle essaie de faire caca au lit et de baigner dedans ne serait-ce que 10 minutes, et elle en reparle après, cette andouille.Maximousse1989 a écrit :la DRH m'a quand même demandé pourquoi je me préoccupais de la qualité des soins (parce que c'est mon boulot peut-être ?) et m'a répondu qu'un patient qui reste dans les selles ce n'est pas tolérable mais au moins "il n'est pas en insécurité" (et alors ?).


La sécurité n'est qu'un aspect de la FI, il y en a beaucoup d'autres.
Ah ! la fameuse case "autres" ou "divers", elle est pratique celle-là.Maximousse1989 a écrit :En gros c'était un coup de pression, selon elles j'aurais dû cocher la case "autres",
Cette case ne devrait pas figurer sur une FI car cette FI, si elle est travaillée en équipe, doit tenir compte de tous les évènements possibles (y compris l'attaque nucléaire ou le tremblement de terre) et les classer.
C'est bien.Maximousse1989 a écrit :Bref, je n'ai pas obtempéré, j'ai prévenu les syndicats, mes collègues et je ne compte pas me laisser faire.
"Il suffit de nous regarder pour voir comment une forme de vie intelligente peut se développer d'une manière que nous n'aimerions pas rencontrer."
Stephen HAWKING
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Re: Maltraitance Institutionnelle
je suis d'accord avec tout ce qui a été dit mais je voudrais surtout vous dire que je vous trouve courageux. Oui , courageux d'oser dire, d'oser vous battre pour vos valeurs professionnelles, d'oser lancer un pavé dans la mare.
Bravo! c'est tellement rare que ça mérite le respect!
Maintenant il serait bon que vos collègues aussi fassent également des FI, ceux du matin, du soir, et même de nuit car ils doivent rencontrer eux aussi des difficultés...L'union fait la force...c'est le moment de le rappeler.

Bravo! c'est tellement rare que ça mérite le respect!
Maintenant il serait bon que vos collègues aussi fassent également des FI, ceux du matin, du soir, et même de nuit car ils doivent rencontrer eux aussi des difficultés...L'union fait la force...c'est le moment de le rappeler.


souriez...et vous recevrez autant en retour
Re: Maltraitance Institutionnelle
Abusé, je compatis !
Nous aussi sommes en galère de personnel et cela semble concerner tous les services de notre petit hôpital.
En médecine, nous avons un arrêt IDE non remplacé depuis des mois. (un seul, ça pourrait être bien pire...)
Au tout début, nous nous auto remplacions en revenant bosser. Maintenant, d'un commun accord, c'est fini donc nous nous retrouvons en sous effectifs de temps à autre (alors que nous courrons déjà partout quand nous sommes en nombre avec des heures sup 'à gogo, c'est dire
)
Il existe bien un pool de remplacement mais trop light !
A chaque fois, je fais une feuille d'événements indésirables et je balance.
J'ai déjà du utiliser les termes de maltraitance institutionnelle...
Lundi, j'ai fini ma FEI en leur demandant s'ils n'attendaient que la faute grave (la "big erreur para/médicale" ou le gros oubli - qui plane au dessus de nos têtes en permanence) pour bien vouloir faire bouger les choses...
Mais pour moi, ces FEI étaient anonymes, non ??
Je n'ai jamais été convoquée, mais nous avions le maigre appui de notre ancienne cadre également...
Nous n'avons pas la case "maltraitance", je fais les miennes dans "danger pour les patients" ou quelque chose du genre...

Nous aussi sommes en galère de personnel et cela semble concerner tous les services de notre petit hôpital.
En médecine, nous avons un arrêt IDE non remplacé depuis des mois. (un seul, ça pourrait être bien pire...)
Au tout début, nous nous auto remplacions en revenant bosser. Maintenant, d'un commun accord, c'est fini donc nous nous retrouvons en sous effectifs de temps à autre (alors que nous courrons déjà partout quand nous sommes en nombre avec des heures sup 'à gogo, c'est dire

Il existe bien un pool de remplacement mais trop light !
A chaque fois, je fais une feuille d'événements indésirables et je balance.
J'ai déjà du utiliser les termes de maltraitance institutionnelle...
Lundi, j'ai fini ma FEI en leur demandant s'ils n'attendaient que la faute grave (la "big erreur para/médicale" ou le gros oubli - qui plane au dessus de nos têtes en permanence) pour bien vouloir faire bouger les choses...
Mais pour moi, ces FEI étaient anonymes, non ??
Je n'ai jamais été convoquée, mais nous avions le maigre appui de notre ancienne cadre également...
Nous n'avons pas la case "maltraitance", je fais les miennes dans "danger pour les patients" ou quelque chose du genre...
IDE 2009
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Re: Maltraitance Institutionnelle
Merci à celles et ceux qui ont répondu, vos réactions me confortent dans ma ligne de conduite.
En effet ces fiches sont anonymes...à l'impression, mais il faut rentrer un nom lors de la validation sur le logiciel.
Lorsque nous faisons collectivement un EI nous signons généralement "équipe de l'étage X unité truc" mais ici il s'agissait bien de moi, je ne me suis pas caché.
Je n'en suis pas à mon premier EI mais c'est la première fois qu'on me convoque pour ça.
Cependant dès le début je n'ai pas voulu me laisser marcher sur les pieds, on m'a initialement convoqué à 9h mais j'ai appelé ma cadre pour lui dire que ce n'était pas possible, que mon tour ne serait jamais fini et que vu le retard accumulé ces derniers jours je ne voulais pas demander à mes collègues de le terminer pour moi.
Elle a commencé par péter un câble en me disant que pour "ces gens-là" (sic) l'heure c'est l'heure.
J'ai répondu "et bien les soins c'est les soins", résultat l'entretien a été décalé à 9h30.
Comme quoi quand on veut on peut.
Un sketch dès le début en somme
Je suis loin d'être le seul à faire des EI concernant le sous-effectif et ses conséquences, heureusement.
Mes collègues ont lu les rapports en question, elles me soutiennent d'autant plus qu'elles écrivent aussi et que certaines ont parfois eu droit à ce genre de petits entretiens, plusieurs fois dans certains cas.
La question réside plutôt dans le choix des termes; j'ai parlé de maltraitance institutionnelle et j'ai coché la case "risque de maltraitance" parce que quand on est en sous-effectif chronique on s'épuise, on risque de faire des erreurs et (encore une fois) on impose aux patients un rythme qui est parfois contraire à leur dignité.
J'ai donc écrit qu'il y avait maltraitance des patients ET des soignants que la charte de la personne âgée hospitalisée n'était pas respectée.
Certaines collègues utilisent des manières plus détournées, par exemple cocher "autres" mais écrire en gros dans le titre "MALTRAITANCE DUE AU SOUS-EFFECTIF"; ça fait réagir aussi.
Lors du dernier CHSCT (juillet) de nombreux collègues sont revenus sur leur jour de repos pour assister à la réunion, qui était notamment consacrée au manque de personnel; la directrice a du fermer la salle car il y avait une capacité maximale de 50 personnes.
J'ai discuté de tout ça avec une représentante du personnel, je lui ai donné une copie du rapport qui m'a valu une convocation et la question de la maltraitance institutionnelle sera posée au prochain CHSCT, puisque visiblement ces deux responsables n'en ont pas la même définition que les soignants ça lui a paru utile.
De plus je connais bien la toubib référente pour les questions de maltraitance, j'ai travaillé avec elle.
Dès qu'elle revient de congé je l'appelle, ce sera un soutien de poids.
Vu que je n'ai pas obéi et que j'ai reparlé de maltraitance immédiatement après ma convocations je m'attends à un nouveau coup de pression d'ici peu.
Cependant soyez rassurés sur un point, je ne suis pas seul, du tout.
Vos encouragements (et vos réponses de manière générale) m'ont été très utiles, si vous avez d'autres conseils ou expériences à me donner surtout ne vous gênez pas.
Je vous remercie encore.
En effet ces fiches sont anonymes...à l'impression, mais il faut rentrer un nom lors de la validation sur le logiciel.
Lorsque nous faisons collectivement un EI nous signons généralement "équipe de l'étage X unité truc" mais ici il s'agissait bien de moi, je ne me suis pas caché.
Je n'en suis pas à mon premier EI mais c'est la première fois qu'on me convoque pour ça.
Cependant dès le début je n'ai pas voulu me laisser marcher sur les pieds, on m'a initialement convoqué à 9h mais j'ai appelé ma cadre pour lui dire que ce n'était pas possible, que mon tour ne serait jamais fini et que vu le retard accumulé ces derniers jours je ne voulais pas demander à mes collègues de le terminer pour moi.
Elle a commencé par péter un câble en me disant que pour "ces gens-là" (sic) l'heure c'est l'heure.
J'ai répondu "et bien les soins c'est les soins", résultat l'entretien a été décalé à 9h30.
Comme quoi quand on veut on peut.
Un sketch dès le début en somme

Je suis loin d'être le seul à faire des EI concernant le sous-effectif et ses conséquences, heureusement.
Mes collègues ont lu les rapports en question, elles me soutiennent d'autant plus qu'elles écrivent aussi et que certaines ont parfois eu droit à ce genre de petits entretiens, plusieurs fois dans certains cas.
La question réside plutôt dans le choix des termes; j'ai parlé de maltraitance institutionnelle et j'ai coché la case "risque de maltraitance" parce que quand on est en sous-effectif chronique on s'épuise, on risque de faire des erreurs et (encore une fois) on impose aux patients un rythme qui est parfois contraire à leur dignité.
J'ai donc écrit qu'il y avait maltraitance des patients ET des soignants que la charte de la personne âgée hospitalisée n'était pas respectée.
Certaines collègues utilisent des manières plus détournées, par exemple cocher "autres" mais écrire en gros dans le titre "MALTRAITANCE DUE AU SOUS-EFFECTIF"; ça fait réagir aussi.
Lors du dernier CHSCT (juillet) de nombreux collègues sont revenus sur leur jour de repos pour assister à la réunion, qui était notamment consacrée au manque de personnel; la directrice a du fermer la salle car il y avait une capacité maximale de 50 personnes.

J'ai discuté de tout ça avec une représentante du personnel, je lui ai donné une copie du rapport qui m'a valu une convocation et la question de la maltraitance institutionnelle sera posée au prochain CHSCT, puisque visiblement ces deux responsables n'en ont pas la même définition que les soignants ça lui a paru utile.

De plus je connais bien la toubib référente pour les questions de maltraitance, j'ai travaillé avec elle.
Dès qu'elle revient de congé je l'appelle, ce sera un soutien de poids.
Vu que je n'ai pas obéi et que j'ai reparlé de maltraitance immédiatement après ma convocations je m'attends à un nouveau coup de pression d'ici peu.

Cependant soyez rassurés sur un point, je ne suis pas seul, du tout.
Vos encouragements (et vos réponses de manière générale) m'ont été très utiles, si vous avez d'autres conseils ou expériences à me donner surtout ne vous gênez pas.
Je vous remercie encore.
La gériatrie c'est la vie!
Re: Maltraitance Institutionnelle
Je te confirme qu'on est bien devant un cas de maltraitance institutionnelle et bravo à toi de ne pas céder à l'intimidation.
J'ai connu un peu le même genre de problème à l'hôpital public, à tel point que je ne pouvais plus me regarder en face d'exercer ce métier dans ces conditions (même si je ne suis pour rien si on est 1 pour faire le travail de 3).
Je n'ai pas eu ta ténacité et j'ai fini très vite en burnout donc j'ai préféré partir... Il y avait 2 ou 3 postes vacants dans ce service (gériatrie court séjour et soins palliatifs), occupé uniquement par des nouveaux embauchés en CDD qui ne restent pas (aucune candidature sur les postes!). C'est pas le service en lui-même qui posait problème, mais être seule pour 26 patients en situation aiguë et en plus 5 ou 6 personnes en fin de vie alors que c'est prévu pour 3 IDE, c'est juste pas possible.... J'ai eu jusqu'à 18 prises de sang à faire par matinée, ils devaient être à jeun donc je me faisais jeter par l'AS qui ne pouvait pas faire déjeuner parce que j'étais "trop lente", après il fallait enchaîner tous les soins, avec un manque de matériel (faire un pansement sans pansement parce que ça a pas été commandé! Ou piquer sur PAC sans aiguille parce qu'il n'y en a pas! parfois j'avais même pas de tubulure pour mettre une perf), une désorganisation totale du service, c'était un véritable enfer (maltraitance pour les patients, maltraitance pour les soignants).
J'ai connu un peu le même genre de problème à l'hôpital public, à tel point que je ne pouvais plus me regarder en face d'exercer ce métier dans ces conditions (même si je ne suis pour rien si on est 1 pour faire le travail de 3).
Je n'ai pas eu ta ténacité et j'ai fini très vite en burnout donc j'ai préféré partir... Il y avait 2 ou 3 postes vacants dans ce service (gériatrie court séjour et soins palliatifs), occupé uniquement par des nouveaux embauchés en CDD qui ne restent pas (aucune candidature sur les postes!). C'est pas le service en lui-même qui posait problème, mais être seule pour 26 patients en situation aiguë et en plus 5 ou 6 personnes en fin de vie alors que c'est prévu pour 3 IDE, c'est juste pas possible.... J'ai eu jusqu'à 18 prises de sang à faire par matinée, ils devaient être à jeun donc je me faisais jeter par l'AS qui ne pouvait pas faire déjeuner parce que j'étais "trop lente", après il fallait enchaîner tous les soins, avec un manque de matériel (faire un pansement sans pansement parce que ça a pas été commandé! Ou piquer sur PAC sans aiguille parce qu'il n'y en a pas! parfois j'avais même pas de tubulure pour mettre une perf), une désorganisation totale du service, c'était un véritable enfer (maltraitance pour les patients, maltraitance pour les soignants).
Infirmière DE 2016 En EHPAD
Aide-Soignante DE 2004 En EHPAD
Aide-Soignante DE 2004 En EHPAD
- Maximousse1989
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Re: Maltraitance Institutionnelle
30 patients dont 25 d'aigu et 5 en soins Palliatifs pour une seule IDE
18 bilans à jeun
déjà qu'avec 6 je cours
Vous avez bien fait de partir, c'était infaisable, je sais de quoi je parle, j'ai fait un peu de gériatrie aiguë (UGA) aussi.
Dans mon hosto, devant le nombre de postes vacants on a fermé certains lits de SSR et UGA mais ça ne durera pas, le CH d'à côté (même groupe) étant encore plus dans la merde la direction veut que nous accueillons leurs patients relevant de l'UGA.
DU DÉLIRE.
En ce qui me concerne j'ai déjà fait un burnout, quand j'étais en USLD (45 patients dépendants pour 1 IDE, j'ai fini par craquer), déjà à l'époque moi et mes collègues écrivions beaucoup mais je n'avais jamais été convoqué, pourtant j'ai parfois eu des propos très durs.
Nous avions le soutien total de notre cadre, ça jouait certainement.
Non vraiment, pour moi cette convocation est une première
donc je ne leur ai pas donné d'occasion de me sacquer, je ne me suis pas énervé, j'ai répondu à leurs questions et ai posé les miennes.
En fait en apparence cet entretien était parfaitement courtois, presque anodin, ces deux cadres voulant juste expliquer à un jeune professionnel pourquoi il s'était trompé.
Là où je me suis retenu de sourire c'est quand la DRH m'a lu la définition de la maltraitance en arborant un air triomphant (du genre "vous voyez bien que ce que vous décrivez n'a rien à voir avec la maltraitance"), elle ne se rendait même pas compte que lorsqu'on parle de négligence volontaire ou provoquée, d' institutions ou d'individus, de traitement indigne on est en plein dans ce que j'ai énuméré.
Ce qui les a surprises c'est que je connaisse autant le fonctionnement du service pour lequel j'avais fait un rapport alors que je venais juste dépanner.
Le service en question était une USLD, mon ancienne unité donc oui je connais les effectifs et je sais que ce matin-là il manquait du monde malgré mon arrivée pour dépanner, il manquait une AS et je pouvais dire précisément quels patients étaient concernés parce que je connaissais la plupart d'entre eux
Je suis dans le public aussi, depuis le début et par conviction, néanmoins devant la dégradation que je constate (oui, même en 3 ans j'ai pu voir) je me tâte à partir.
Mais l'herbe est-elle plus verte ailleurs ?
Je lis très régulièrement ce forum même si je poste peu, j'ai lu des histoires de soignants ayant finalement trouvé un endroit leur convenant dans le privé, d'autres ayant le parcours inverse...



Vous avez bien fait de partir, c'était infaisable, je sais de quoi je parle, j'ai fait un peu de gériatrie aiguë (UGA) aussi.
Dans mon hosto, devant le nombre de postes vacants on a fermé certains lits de SSR et UGA mais ça ne durera pas, le CH d'à côté (même groupe) étant encore plus dans la merde la direction veut que nous accueillons leurs patients relevant de l'UGA.
DU DÉLIRE.
En ce qui me concerne j'ai déjà fait un burnout, quand j'étais en USLD (45 patients dépendants pour 1 IDE, j'ai fini par craquer), déjà à l'époque moi et mes collègues écrivions beaucoup mais je n'avais jamais été convoqué, pourtant j'ai parfois eu des propos très durs.
Nous avions le soutien total de notre cadre, ça jouait certainement.
Non vraiment, pour moi cette convocation est une première

En fait en apparence cet entretien était parfaitement courtois, presque anodin, ces deux cadres voulant juste expliquer à un jeune professionnel pourquoi il s'était trompé.
Là où je me suis retenu de sourire c'est quand la DRH m'a lu la définition de la maltraitance en arborant un air triomphant (du genre "vous voyez bien que ce que vous décrivez n'a rien à voir avec la maltraitance"), elle ne se rendait même pas compte que lorsqu'on parle de négligence volontaire ou provoquée, d' institutions ou d'individus, de traitement indigne on est en plein dans ce que j'ai énuméré.
Ce qui les a surprises c'est que je connaisse autant le fonctionnement du service pour lequel j'avais fait un rapport alors que je venais juste dépanner.
Le service en question était une USLD, mon ancienne unité donc oui je connais les effectifs et je sais que ce matin-là il manquait du monde malgré mon arrivée pour dépanner, il manquait une AS et je pouvais dire précisément quels patients étaient concernés parce que je connaissais la plupart d'entre eux

Je suis dans le public aussi, depuis le début et par conviction, néanmoins devant la dégradation que je constate (oui, même en 3 ans j'ai pu voir) je me tâte à partir.
Mais l'herbe est-elle plus verte ailleurs ?
Je lis très régulièrement ce forum même si je poste peu, j'ai lu des histoires de soignants ayant finalement trouvé un endroit leur convenant dans le privé, d'autres ayant le parcours inverse...
Dernière modification par Maximousse1989 le 07 sept. 2018 12:06, modifié 1 fois.
La gériatrie c'est la vie!
Re: Maltraitance Institutionnelle
L'herbe n'est pas plus verte ailleurs, elle est juste parfois moins jaune
En privé il y a de tout et ça dépend des moyens de chaque établissement (j'ai connu le grand luxe de la grosse clinique privée comme la grande misère de la petite clinique qui vivote). En EHPAD c'est pareil, "ça dépend" de ce que veut en faire les patrons (s'en tenir au strict minimum en s'appuyant sur "ce que donne l'ARS" ou mettre du beurre dans les épinards).
Mais à ce jour, ma pire expérience reste le public, et pour rien au monde je n'y remettrai un pied (j'ai passé quelques entretiens dans d'autres CH "pour voir" mais j'ai pas dû tirer les bons numéros, c'était pareil, et en plus on affichait ouvertement le sous effectif permanent et mon obligation d'accepter d'être "toujours disponible", sous entendu répondre présente si jamais on me dit de venir, ce que je n'accepte plus).

Mais à ce jour, ma pire expérience reste le public, et pour rien au monde je n'y remettrai un pied (j'ai passé quelques entretiens dans d'autres CH "pour voir" mais j'ai pas dû tirer les bons numéros, c'était pareil, et en plus on affichait ouvertement le sous effectif permanent et mon obligation d'accepter d'être "toujours disponible", sous entendu répondre présente si jamais on me dit de venir, ce que je n'accepte plus).
Infirmière DE 2016 En EHPAD
Aide-Soignante DE 2004 En EHPAD
Aide-Soignante DE 2004 En EHPAD
Re: Maltraitance Institutionnelle
En tout les cas si vous avez été convoqué c’est que vous avez fait mouche et que vos fei sont lues.
Et les gens qui vous ont convoqué ont sûrement pris eux même une soufflante.
Et les gens qui vous ont convoqué ont sûrement pris eux même une soufflante.
Dès qu'il eut franchi le pont, les fantomes vinrent à sa rencontre.
Re: Maltraitance Institutionnelle
Et ça continue, demain nous serons encore en sous-effectif donc je serais seule officiellement de 16 à 21h dans un service de médecine poly de 30 lits. Je sais déjà que je ne vais surement pas rentrer chez moi à l'heure ; le service étant super lourd actuellement, et nous avons 6 patients en soins palliatifs...
Dans mon CH, nous avons pourtant un service dédié soins palliatifs mais quasi vide ! Puisqu'il n'y a plus de personnel en ce moment pour le faire tourner !
Par contre, j'aimerais savoir, chez vous, comment cela se passe ? Vous faites des CREX suite à vos feuilles d'événements indésirables ? En deux ans ici, je n'en ai jamais vu...
Maximousse, je crois que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Il y a de grosses difficultés partout maintenant
Dans mon CH, nous avons pourtant un service dédié soins palliatifs mais quasi vide ! Puisqu'il n'y a plus de personnel en ce moment pour le faire tourner !
Par contre, j'aimerais savoir, chez vous, comment cela se passe ? Vous faites des CREX suite à vos feuilles d'événements indésirables ? En deux ans ici, je n'en ai jamais vu...
Maximousse, je crois que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Il y a de grosses difficultés partout maintenant

IDE 2009
Re: Maltraitance Institutionnelle
Ça c’est le mantra qu’on se répète tous à longueur de journée pour pas peter un plomb.Crispett a écrit :
Maximousse, je crois que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Il y a de grosses difficultés partout maintenant
La réalité c’est que quand même si, il y’a des établissements où les agents ne travaillent pas systématiquement dans la souffrance, et dans chaque établissement il y a des services où la qualité du travail est moins dégradée qu’ailleurs.
La dégradation des conditions de travail vient en partie du fait que nous avons accepté pendant des années de faire plus avec moins.
Dès qu'il eut franchi le pont, les fantomes vinrent à sa rencontre.
- Maximousse1989
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Re: Maltraitance Institutionnelle
On connaît les causes oui, on se laisse faire, on confond exploitation et amour du travail bien fait donc on accepte des trucs complètement hallucinants.
Je ne vois que des actions collectives et massives pour peser, ceci étant dit je n'ai aucune idée de la manière de faire tant les soignants sont désunis, à part au niveau local, où il est plus facile de s'organiser.
Plein de syndicats, d'associations mais aucune organisation fédérant tout ça, un ordre qui n'a pas été créé pour défendre mais pour contrôler...
Je suis comme beaucoup, à part constater je ne sais pas quoi faire.
Je ne vois que des actions collectives et massives pour peser, ceci étant dit je n'ai aucune idée de la manière de faire tant les soignants sont désunis, à part au niveau local, où il est plus facile de s'organiser.
Plein de syndicats, d'associations mais aucune organisation fédérant tout ça, un ordre qui n'a pas été créé pour défendre mais pour contrôler...
Je suis comme beaucoup, à part constater je ne sais pas quoi faire.
La gériatrie c'est la vie!
- Maximousse1989
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Re: Maltraitance Institutionnelle
Aujourd'hui encore une AS en moins et demain c'est côté IDE que ça va manquer.
On va donc continuer à faire des FEI, que nos chères têtes pensantes nous convoquent si ça les amuse.
On va donc continuer à faire des FEI, que nos chères têtes pensantes nous convoquent si ça les amuse.
La gériatrie c'est la vie!
Re: Maltraitance Institutionnelle
Oui Loulic, je pense que tu as probablement raison.Ça c’est le mantra qu’on se répète tous à longueur de journée pour pas peter un plomb.
La réalité c’est que quand même si, il y’a des établissements où les agents ne travaillent pas systématiquement dans la souffrance, et dans chaque établissement il y a des services où la qualité du travail est moins dégradée qu’ailleurs.
La dégradation des conditions de travail vient en partie du fait que nous avons accepté pendant des années de faire plus avec moins.
Un peu comme le " c'est la crise", alors que les plus riches ne l'ont jamais autant été...
Après de l'extérieur, certains services ont l'air mieux lotis que d'autres mais à converser avec les soignants en place, on s'aperçoit que ce n'est pas forcément le cas pour x raisons...
IDE 2009