Playing for Change ???

[Asperanza]

Je suis tombee malencontreusement sur le témoignage d une infirmière dépassée par les évènements ( et par les réductions budgétaires de l hopital surtout ).
J ai copié collé son témoignage ici ( en dessous ) pour que vous, qui êtes directement ou indirectement concernés puissiez me donner votre opinion :

- Selon vous, l' élection de François Hollande va t'elle "enrayé ce phénomène" ?
- Etes vous, vous mêmes dans ces conditions de travail ? Si oui, dans quel service etes vous, comment faites vous pour pallier à ces manques d' effectif, etes vous solidaires entre collègues, avez vous des plans d action spécifique ?

Merci

AnjelaniMugo angels
Mes anges et moi…vivre simplement
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Temoignage d une infirmiere desesperee a lire absolument.

Je suis assez catastrophée en ce moment, car dans aucun média, aucune presse, même dans les discours de nos chers politiques, personne ne parle de ce qui se passe du côté de l’hôpital public…
Et pourtant, moi qui le vis de l’intérieur, je vous garantis qu’il y a de quoi sauter au plafond (peut-être autant que les fautes d’orthographe dans ce mail, je m’en excuse…!).

> Tout ce qui va suivre est un peu compliqué, peut-être, mais nécessaire pour vous expliquer ce qui se passe sur le terrain.

> Je suis infirmière dans un service de Médecine adulte avec une capacité d’accueil de 21 patients, dont 95% est muté directement des urgences. Autrement dit, la plupart ne sont pas encore très stabilisés sur le plan médical et ont donc besoin d’une surveillance étroite et efficace de la part des infirmiers et aide-soignants. Les femmes de ménage (ASH) ont elles aussi un rôle important, car au détour d’un couloir ou pendant qu’elles nettoient une chambre, elles peuvent être les premiers signaux d’alarme d’un patient en détresse. Sans parler de leur travail primordial pour assurer l’hygiène des services, rôle majeur dans la lutte des infections nosocomiales.

> Nos équipes s’organisent ainsi : (les équipes de jour et de nuit sont indépendantes, je ne travaille que le jour matin-soir)2 infirmières + 2 aide-soignantes + 1 ASH le matin2 infirmières + 2 aide-soignantes + 1 ASH le soir1 infirmière + 1 aide-soignante la nuit

> Ceci est ce qu’on appelle le service minimum, autrement dit, c’est le minimum réglementaire pour assurer la sécurité des patients. Or il faut savoir que nous n’avons jamais de personnel en plus et que la tendance actuelle est de nous faire tourner en sous-effectif de manière presque systématique les soirs et les week-ends, soit un seul infirmier pour 21 patients.
>
> Depuis 2 mois, une de mes collègues infirmières a démissionné et n’est pas remplacée, une autre est en arrêt de travail qui risque d’être prolongé et n’est pas non plus remplacée. Nous ne sommes donc plus que 6 infirmiers au lieu de 8 à assurer un roulement sur 4 semaines, jours de semaine, week-end et fériés compris. Alors nous effectuons 1 puis 2 puis 3 week-end supplémentaires (nous en travaillons déjà 2 sur 4 habituellement) et ainsi de suite pour que le service tourne, avec des jours de repos qui sautent et des alternances de rythme incessantes. Si bien qu’ il devient impossible de prévoir quoi que ce soit en dehors de la vie au CHU, sous peine de devoir annuler au dernier moment pour cause : boulot!


> Samedi dernier, une autre collègue s’est arrêtée et, étant la seule infirmière du soir, il n’y avait donc personne pour prendre la relève du matin… C’est un infirmier des urgences qui a été détaché de son service pour venir dans le nôtre, qui a assuré les soins de nos 21 patients, alors qu’il ne les connaissait pas, et qui a dû faire face en plus à une situation d’urgence vitale de l’un d’eux…

> Une des ASH est arrêtée depuis 1 an en étant remplacée de manière très ponctuelle, obligeant les 3 ASH restantes du service à se partager un roulement sur 4 semaines, jours de semaine, week-end et fériés compris. Leur tâche est de nettoyer à elles seules, tous les jours, la totalité des 16 chambres du service de fond en comble (vitres, mobilier, murs, WC), les bureaux médicaux, les pièces de vie (office, douche, WC, couloirs), la salle de soins…

> Il faut savoir que le CHU est en pleine réorganisation, puisqu’un gros complexe est en fin de construction à l’hôpital Nord, promettant parait-il des technologies de pointe, des locaux modernes et surtout des soins efficaces et de qualité…

> Alors expliquez-moi comment être à la hauteur de ces exigences quand le personnel est déjà largement en sous-effectif? L’hôpital refuse d’embaucher, car déficit budgétaire, mais préfère faire appel à l’intérim, qui coûte plus cher que des contractuels…

> Hier, j’étais normalement en ‘repos’ et j’ai passé une bonne partie de ma journée à démarcher la Médecine du Travail, les syndicats et à parler avec notre chef de service, pour essayer de trouver des solutions pour que notre direction nous entende…

> Nous sommes par chance soutenus par notre chef de service, qui connaît la valeur de notre travail et sait que nous ne protestons pas pour rien. Il nous connaît suffisamment pour lui même remuer ciel et terre pour qu’on s’occupe du sort des soignants à l’hôpital. Il nous soutient par ce que lui-même est très inquiet de la situation et voit notre gouvernement asphyxier le service public hospitalier, or lui a choisi de travailler au CHU par foi en ce service public et dans le respect du serment d’Hippocrate.


> Je dors très mal et pour être honnête je pense au boulot constamment. J’ai peur que le stress me fasse oublier un soin, que la pression m’empêche de prendre le temps avec un patient déprimé, que la fatigue me fasse faire un mauvais calcul de dose, administrer un produit au mauvais patient… J’ai peur que ce métier que j’aime me transforme en assassin, involontairement, par ce qu’on aura laissé la situation se dégrader. Parce que nous sommes tous responsables : je suis l’infirmière d’aujourd’hui mais nous sommes tous les patients de demain. VOUS pouvez être au bout de ma seringue, ou votre mari, votre enfant, votre proche.Je vis l’insécurité dans mon travail, alors que je le maîtrise pourtant. Mais je suis humaine avant tout.Vous serez ceux qui pâtirez du manque de soignants dans les services : je n’aurai pas pu prendre le temps de vous donner des nouvelles du patient que vous aimez, je n’aurai pas pu gérer 2 situations d’urgence à la fois… Faut-il attendre qu’il y ait des morts pour réagir et prendre conscience de ce qui se passe dans les hôpitaux???

> Aujourd’hui, j’ai besoin de vous. Merci de bien vouloir transférer ce mail de manière la plus large possible, pour informer le plus de monde possible. Si vous connaissez des personnes du monde hospitalier, journalistique, politique ou autre, n’hésitez pas à les solliciter.

> Il faut se mobiliser en masse pour être plus efficace, moi toute seule, je n’intéresse personne.
> Merci pour votre attention!

[charliebigpotatoe]

167 vues et aucune réponse.

C'est bien triste.

Comme ce témoignage.
Triste, revoltant, inquietant, et à peu près ce qu'un pourcentage conséquent de para médicaux vivent au quotidien.

Je ne sais pas si Hollande changera quoique ce soit, pas plus que ceux d'avant.

C'est bien de vouloir remettre des flics dans les rues et des profs dans les classes, pour leurs conditions de travail tout aussi déplorables, mais nous, juste on pue de la gueule. Droite ou gauche au pouvoir.

[f*l*o*r*i*a*n*e]

Je l'avais lu, je l'avais reçu par mail il y a plusieurs mois !
Je constate moi-même malheureusement, étant dans le public aussi, que ça ne va pas en s'améliorant... Enfin moi j'ai de la chance je pense que mon hôpital est un peu épargné, on a la chance d'avoir une super direction, des cadres et des médecins qui se soucient vraiment des patients avec un vrai projet de service dans celui où je suis...
Mes conditions de travail sont plutôt pas mal, on est en effectif complet pour les IDE, et on a un ratio soignant-patient acceptable, par contre le plus dur est pour les ASD qui tournent plus, dans un des services où je suis l'équipe n'arrive pas à se stabiliser et pour les plus anciens c'est lourd de devoir gérer à chaque fois la formation des nouveaux, etc...
Mais son témoignage à elle fait peur... On peut avoir besoin de se faire soigner demain et atterrir dans ce type de service
Je ne pense pas que Hollande fera plus ou moins que les autres.

[Pifoo]

Ce que je trouve vraiment dommage c'est que je retrouve un peu de moi (voire beaucoup) dans ce témoignage...
Je suis une jeune IDE diplômée depuis 2010. J'ai intégrée le service dans lequel je travaille toujours aujourd'hui. Je suis arrivée pleine de motivation, et d'entrain avec une soif de m'investir comme pas permis. M'inclure dans des groupes de travail, essayer avec mes collègues de mettre certaines choses en place. Faire mon boulot avec tout l'amour que j'en ai malgré le peu de moyens. Essayer de toujours avoir un minimum de temps pour voir les familles ou pour parler avec mes patients et ne pas me cantonner à la "technique".
Mais voilà, l’hôpital public dans lequel je travail est le plus endetté de toute l'île de france (106 millions d'euros). Les locaux ont plus de 40 ans et ne sont plus aux normes depuis longtemps: Pour un service de réanimation nous avons des chambres doubles (ce que je n'ai jamais vu ailleurs). Ce qui vous l'imaginez pose bien des problème quand à 3h du matin (ou même dans la journée) vous faites une entrée côté fenêtre et que vous devez mettre contre le mur le patient d'à côté qui est ventilé voir même hémofiltré. Ou encore un patient tout à fait conscient avec un décès à gérer à côté. Certaines de mes collègues bossent depuis plus de vingt ans dans le service et entendent déjà depuis plus de dix ans les projets du "nouvel" hôpital. Nous sommes contraints de fermer des lits pour cause de sous effectif IDE (8,5 postes vacants) alors que les médecins eux, sont en surnombre. Résultat des courses, nous passons pour des feignasses quand on prévient l'administrateur de garde le week-end parce qu'on accepte un 15ème patient. Nous ne sommes absolument pas soutenu ni par la direction, ni même par notre cadre. Les infirmières s'en vont, ne sont pas remplacées.
Je commence à fatiguer tout simplement de remplacer mes collègues, de faire des plannings à la con qu'on ne nous donne que 15 jours à l'avance et de tourner jour/nuit. Quand j'accepte de faire 5jour/7 en 12h pour dépanner et ne pas laisser mes collègues en galère le lendemain parce qu'il manque déjà une aide soignante non remplacée et qu'on me balance "t'avais qu'a pas accepté" tout ça parce que j'ai le malheur de dire que je suis fatiguée, je me pose des questions.
Une chose est sûre, je n'ai plus envie de m'investir ni pour certaines de mes collègues, ni pour ma cadre qui n'ira jamais nous soutenir lors des réunions ou tout simplement venir nous aider quand il y a plus que besoin, ni pour la direction qui continuera de tirer sur la corde jusqu'au bout. Fini les heures supp' pour dépanner à 19h le soir pour le lendemain matin. C'est malheureux à dire mais moi qui jusqu'à maintenant vivait un peu pour mon boulot parce que c'est une passion avant d'être un travail, je viens maintenant au travail pour gagner ma vie (et encore je parle pas du salaire)

[binoute1]

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C'est bien triste.

Comme ce témoignage.
Triste, revoltant, inquietant, et à peu près ce qu'un pourcentage conséquent de para médicaux vivent au quotidien.

Je ne sais pas si Hollande changera quoique ce soit, pas plus que ceux d'avant.

C'est bien de vouloir remettre des flics dans les rues et des profs dans les classes, pour leurs conditions de travail tout aussi déplorables, mais nous, juste on pue de la gueule. Droite ou gauche au pouvoir.

1- il me semble avoir reçu ce texte il y a bien longtemps. Cela ne veut pas dire qu'il n'est plus d'actualité, mais comme bcp de choses, on a réagit une fois, 2 fois...pis tient le voilà encore ce machin...ça n'excuse pas, mais ça explique peut-être cette absence de réaction

2-les conditions de travail étant tellement pourries un peu partout, je crois que l'on commence de plus en plus à se préoccuper de Sa situation. Je généralise peut-être, mais parmi les ide que je connais (ou même en parcourant ce forum), c'est de + en + souvent, soit la déprime voire la dépression, ou bien je me barre pour me protéger moi.
Du coup il est vrai que la solidarité infirmière, que les + anciens ici on surement connue (j'ai le DE dps 12 ans, et j'ai le regret de dire que je ne l'ai pas connue ;( ) est "obsolète".

Et effectivement ds mon cas perso, je viens de pouvoir quitter l'hosto et son fonctionnement pourri, je reprends pied tout doucement, et pour le moment, qd on me parle des conditions de W hospitalière, j'ai envie de dire m.... Je le regrette.

[Asperanza]

Merci pour vos quelques messages. Je souhaite aussi m 'excuser d'avoir transmis ce message dans son intégralité, qui était ouvert à la (re)diffusion, mais qui a été ré édité.

En gros, la forme change mais pas le fond. Conclusion ?

Garder le peu d humanité que le système veut encore bien nous laisser (...)

S 'engager dans la voie/x corps et âme. Se battre, devenir des robots, des artificiers de la médecine moderne, des ouvriers de la chair et de l'esprit, de la conséquence, en espérant qu'elle nous mènera à la cause.

Obéir sans (jamais) se trahir...ni sois même ni les autres.

Tirer sur la corde, sans savoir ce qu'il y a au bout.

En fin de thèse, (de conte/de compte) l être Humain n'a jamais été si proche de l 'animal, ou peut être, ne s'en est il jamais réellement éloigné.

Vivent les nuits blanches avec "nature, chasse pêche et traditions".