vos ressentis d'E.S.I....

[libellulay]

Bonjour,

Je sais que la question a dû etre abordée à plusieurs reprises, d'ailleurs je parcours le forum mais je me demandais quel décalage il y avait eu entre:
-vos représentations de la formation /du métier avant l'entrée en IFSI et maintenant...
En effet, je suis dans une démarche de reconversion professionnelle qui s'avère être le parcours du combattant. J'ai au moins obtenue le concours, ce qui me semblait le + difficile mais je galère pour le financement et je vais devoir prendre des décisions et des risques.
Et cet entre-2 est hyper dur à gérer car j'ai le temps de me poser plein de questions, de doutes, d'appréhensions, bien sûr alimentées par l'entourage qui me renvoit le burn-out des soignants, la charge de travail etc

Du coup là j'avoue que je suis un peu paumée. J'ai pourtant rencontré plusieurs professionnels et étudiants passionnés qui m'ont bien reboostée mais le doute est quand même là en attendant...
Est-ce que je serai capable de me remettre dans les études etc?Par ex, la mémorisation des cours me fait très peur alors que je ne me posais pas la question quand j'ai fait mes études à l'epoque...

Je ne sais pas si je suis claire, j'aimerais avoir vos témoignages, retours, conseils!

Merci beaucoup!

[Patt]

Il est compliqué de te répondre tant tes problématiques personelles te sont personelles...

Ma vision du métier d'IDE n'a pas vraiment changé entre l'avant concours et la fin de mes études, je n'étais pas naïve de la réalité. Le changement s'est opéré en post-DE. D'abord dans une phase un peu de lune de miel, le fait de rester des mois dans un service (et non quelques semaines) m'a confronté à la réalité. On ne perçoit pas les même difficultés en 3 ou en 10 mois d'exercice dans un même lieux. J'ai vu un tier des effectifs de mon service faire un burn-out, j'ai vu mes collègues (et moi même) craquer de façon au minimum hebdomadaire, j'ai été en danger et j'ai mis en danger,... On nous a reproché de ne pas faire assez de chiffre, alors que le rendement du service où j'étais explose depuis quelques années. J'ai changé de service et en quelques jours l'accumulation de bug se fait déjà sentir. Le monde de l'hopital est loin d'être parfait, l'humanité ? Elle est dans l'état d'esprit des soignants (et pas tous) mais certainement pas au niveau de la direction. Une AS pour 15 patients en soins pallia ? Pas de souci !

Est ce que je pense durer des années dans ce métier ? C'est loin d'être sur, j'ai déjà vu ma santé prendre un coup alors que je suis jeune DE (oh j'aime ce que je fais mais pas comment je le fais). Est ce que je referrrai ce choix ? Je n'en sais rien, je ne regrette pas de tenter cette aventure mais ce n'était peut être pas la plus belle.

Dans tous les cas la vie n'est pas parfaite. J'ai beaucoup grandi avec ce début de carrière. J'ai aussi apprit à voir "l'autre" et pas seulement me cantonner dans mon milieu social. J'ai eu beaucoup, vraiment beaucoup de joies ! J'ai fait et fait toujours des rencontres enrichissantes.

[saxie59]

Je me permets de répondre à ton post je suis Aide-soignante depuis 14 ans et je suis rentrée en formation en septembre dernier. je termine ma première année dans quelques semaines.

pour ce qui est des cours... je ne sais pas ton âge du tout mais je te rassure tous est une question de méthode : travail régulier un petit peu tous les jours... un peu plus en période partiel... écoute en cours... recherches avant les cours...

je suis dans le groupe des "vieux" de la promo et nous avons tous valider le premier semestre. nous n'avons pas a rougir devant les bacheliers... bien qu'il nous apportent aussi leurs connaissances.

la vision de l'infirmier déjà en première année évolue et muri ... ou pas. je suis rentrée dans cette formation car j'avais un burn out du métier d'aide-soignante. je savais la réalité du métier d'infirmière... quoi que... je découvre des nouveaux services. le profil de chacun évolue pendant la formation : il y a les gens plutôt basé sur le relationnel d'autre plus technique... j'avoue que ce n'est pas le métier dont je rêvais ni mon domaine de prédilection... je voulais faire de l'histoire en étant jeune... mais en regardant le bon côté des choses c'est un métier enrichissant une fois qu'on a trouvé le bon service. puis après la licence tu peux encore évoluer.

bon courage dans ton choix.

[libellulay]

Merci d'avoir pris le temps d'apporter vos témoignages.
Ils traduisent mon ressenti du moment même si je ne suis pas encore dedans, reste à savoir si je me place du coté de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine finalement.
Je suis déjà dans un métier "impossible" , dans le social et je n'en peux plus!
Du coup, je me demande si ma gestion des situations difficiles qui sont mon quotidien vont m'aider ou au contraire me faire saturer en me rajoutant du stress...
Je tiens à garder cette relation d'aide mais + centrée sur les soins, + concrète .
J'ai tellement peur de me planter dans mon choix , cela aurait été tellement + simple si j'avais eu mon cif qui est fait pour cela.
Bref, je continue ma réflexion, n'hésitez pas à venir l'alimenter.

[misspauline]

Bonjour,
Etant étudiante en première année au CHU de Grenoble. Je peux te dire que le premier semestre est plus intense que le deuxième, en effet il y a beaucoup de connaissances a mobiliser (2.1-2.2-2.11.2-4) pour la compétence 4. Nous les cours sont ceux de la FAC de médecine, mais ont travail grâce a des guides d'apprentissages.
Tu vas aussi beaucoup travailler sur les concepts ( communication, empathie...)
C'est beaucoup de travail personnel, et de remise en question sur ses propres valeurs.
Au premier semestre tu travailles essentiellement ( biologie, grandes fonction, traumato, pharma, légi, psycho...) deuxième sa sera plus : (antropho, sociaux, psycho, psychopatho, démarche & projet de soins,)

Voila
En espérant que j'ai pu t'aider.

[Lenalan]

Infirmière depuis 2 ans (le mois prochain) après avoir été AS pendant 10 ans (au bord du burn out sur la fin) je rejoins Patt. La formation s'est très bien passée (je l'ai trouvée ennuyeuse parfois, pesante souvent mais pas vraiment difficile sur les 6 semestres) par contre la douche froide est venue avec les premiers postes, où je me suis rendue compte que ni la formation ni les stages ne nous arme à assumer la réalité du terrain (j'ai maudit la formation et toutes ces heures perdues à étudier des concepts à la noix, à se prendre la tête sur des théories sans intérêt sans nous préparer à notre métier, qu'on apprend réellement sur le tas). Au bout de 6 mois de DE j'ai fait un burn out, avec arrêt maladie obligatoire et changement d'établissement qui s'impose (hôpital = machine à broyer, je ne peux plus). Depuis, je suis en CDI dans le même établissement depuis 16 mois, je reste "au moins pire" (même s'il y a plein de mauvais côtés et de mauvaises périodes). j'ai voulu partir, j'ai même posé ma démission, et puis en recherchant un autre poste et en voyant les conditions de travail proposées ailleurs (dont 1 EHPAD où on était une IDE pour 101 résidents) mes angoisses sont revenues, et je ne connais que bien les conditions proposées... J'ai dit niet et je reste où je suis
Travailler comme infirmière pendant les 20 prochaines années (temps qu'il me reste jusqu'à la retraite): certainement pas! Mais je ne sais pas quoi faire d'autre, et je suis vieille.
Si cétait à refaire? Certainement pas.
Je suis peut être pessimiste, mais je n'aimerais pas être à la place des jeunes de 21 ans qui débutent une carrière et ont encore 40 ans et plus à travailler... Je suis quasi-sûre que la majorité fera une reconversion très vite (déjà en 2 ans, beaucoup de gens diplômés la même année que moi n'exercent plus).

[Estienne]

Je ne voudrais pas te casser la motivation mais je ne vais pas te vendre du rêve comme ils le font au début à l'IFSI.
Je me retrouve beaucoup dans les propos ci-dessus de Lenalan.
J'ai passé ma formation à douter, pas de moi mais du métier et de la formation dite, qui ressemble plus à du formatage, on apprend en effet 80% du métier sur le tas. Mon expérience pro n'a fait que confirmer ce que je craignais, ayant le sentiment en plus d'avoir une véritable épée de Damoclès concernant les responsabilités, faire toujours plus avec moins augmentant considérablement les risques.
Alors mon sentiment est partagé, suivant les journées, entre perdre et avoir perdu mon temps ou vivre une expérience enrichissante (pas financièrement ).
Il y a un choix de secteurs, mais je ne veux plus remettre les pieds dans un CH et me contente d'une place dont je ne suis pas vraiment satisfait mais conscient qu'ailleurs c'est souvent pire. En générale les très bonnes places sont chères, réservées aux carriéristes et ou pistonnés. Sinon il faut vraiment beaucoup de chance pour trouver un poste qui te correspond dans une structure ou les conditions de travail sont correctes.
Aujourd'hui, j'exerce mais je cherche à faire autre chose. J'aime ce métier mais ne supporte plus de le faire dans les conditions actuelles. Mais chacun à ses limites et son seuil de tolérance. Ma vérité n'est pas la tienne, tout est question de personnalité. Savoir si tu fais le bon choix, tu ne pourras hélas le savoir que plus tard. Faut aussi accepter que parfois on mise sur l'avenir avec une part de risque, et que l'on peux gagner ou perdre.

[libellulay]

Bon, c'est vraiment chaud et confirme un peu mes craintes...
J'ai l'impression d'être dans une impasse avec un quasi burn out actuel et la peur d'en refaire si je prends cette voie qui pourtant m'appelle depuis des années et j'y suis presque...
Je suis persuadée que ce métier me plaira(it) mais finalement ce qui pose problème semble être les conditions de travail .
Je dirais que pour l'instant j'ai l'un mais pas l'autre, du coup comment savoir si cela me permettrait de retrouver un équilibre.
Je n'arrive pas à savoir si le fait d'avoir exercé pendant des années un boulot plutot pénible, parfois surréaliste serait plutot une force ou une faiblesse dans le sens où j'ai deja accumulé pas mal de mauvais stress, essentiellement car je ne trouve plus de sens à ce que je fais qui est assez ingrat.
Pourtant je ne me projette plus du tout dans mon métier actuel et j'ai exploré je pense toutes les pistes de reconversion qui me mènent toujours au paramédical et vers infirmière.

Du coup, vous pensez que tous les services hospitaliers sont à fuir? est-ce si difficile de trouver un service dans le privé ou extra-hospitalier?
Je suis paumée!

[Lenalan]

Bon, c'est vraiment chaud et confirme un peu mes craintes...
J'ai l'impression d'être dans une impasse avec un quasi burn out actuel et la peur d'en refaire si je prends cette voie qui pourtant m'appelle depuis des années et j'y suis presque...
Je suis persuadée que ce métier me plaira(it) mais finalement ce qui pose problème semble être les conditions de travail .
Je dirais que pour l'instant j'ai l'un mais pas l'autre, du coup comment savoir si cela me permettrait de retrouver un équilibre.
Je n'arrive pas à savoir si le fait d'avoir exercé pendant des années un boulot plutot pénible, parfois surréaliste serait plutot une force ou une faiblesse dans le sens où j'ai deja accumulé pas mal de mauvais stress, essentiellement car je ne trouve plus de sens à ce que je fais qui est assez ingrat.
Pourtant je ne me projette plus du tout dans mon métier actuel et j'ai exploré je pense toutes les pistes de reconversion qui me mènent toujours au paramédical et vers infirmière.

Du coup, vous pensez que tous les services hospitaliers sont à fuir? est-ce si difficile de trouver un service dans le privé ou extra-hospitalier?
Je suis paumée!

Le problème c'est qu'il y a beaucoup trop d'infirmiers sur le marché, ils ont augmenté les effectifs dans les IFSI au début des années 2000 au temps de la pénurie. Cette pénurie n'est plus d'actualité mais ils n'ont rien changé, donc des quantités de nouveaux diplômés sortent des IFSI tous les ans, et le chômage est bien présent. Fini le temps où on avait le choix du service, maintenant on va là où ils ont besoin (et généralement c'est des services où personne ne veut aller). Vous me direz "et la génération du baby boom qui part à la retraite?" et là on parle d'un autre problème: les postes sont supprimés car l'hopital est en faillite et il faut faire des coupes sur tout. Les "bons" services, tout est relatif, il faudrait que ce soit un service avec des moyens (LOL à l'hôpital public je n'avais parfois même pas d'aiguilles pour piquer et une boite de gants pour faire la semaine) et le nombre de personnel suffisant. A l'heure actuelle, que ce soit dans le public ou le privé, c'est pas ce qui se fait de plus courant (CF actualités). Donc se dire "je vais faire les études, je trouverai bien ce qui me convient en sortant" est plus qu'utopique (d'autant que la FPH ne titularise plus, c'est même plus la sécurité de l'emploi).
Selon moi, quitter un secteur où on frôle le burn-out ou avoir connu le burn out pour aborder un secteur en grande souffrance et qui part à la dérive n'est pas une force mais plutôt un risque que ce burn-out survienne encore plus vite et encore plus violent (dans mon cas personnel je trouve très très inquiétant d'avoir "réussi" à faire un vrai burn-out au bout de seulement 6 mois).