faute professionelle

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ithaque62
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faute professionelle

Message par ithaque62 »

je suis nouvelle sur ce site. J'ai recherché un site où je pourrais trouver un eu de réconfort je crois!
je suis infirmière depuis 20 ans et CRAC, la faute! je n'ai pas d'excuse mais ma vie risque bien de voler en morceaux.
Y a t il quelqu'un à qui s'est arrivé?
Merci d'avance
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augusta
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Message par augusta »

je n'y connais rien..mais elle est grave ta faute? c'est quoi si c'est pas indiscret?
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Mcb_band
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Message par Mcb_band »

L'erreur est humaine...
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Gengis
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Message par Gengis »

Mcb_band a écrit :L'erreur est humaine...
Certes mais est-ce bien approprié de dire cela ici alors même qu'on ne sait pas de quoi il s'agit ...
La pensée vole, et les mots vont à pieds.
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mimil
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Message par mimil »

dis nous en plus :clin:
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Casey
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Message par Casey »

J'ai un collègue à qui c'est arrivé il y a 1 an et demi. Le patient a eu de graves séquelles neuro et est toujours hospitalisé. Son procès est en cours et il risque de perdre son diplome (il exerce en interim depuis ce problème). Il est très entouré mais la direction cherche à se couvrir.

Bon courage à toi.
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dino
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Message par dino »

ETRETAT

19 janvier, 16 h 45. Boosté par une impatience non dissimulée, je pousse mon petit chariot dans le couloir.
« Bonbons, chocolats, eskimos glacés… »
En fait, j’embellis un peu la réalité ; mes sucreries ressembleraient mieux à des flacons de perfusion et autres produits dérivés. De plus, j’entame le tour d’après-midi à l’heure où il devrait se finir. Je te raconte pas comme c’est pratique. Le patron a encore effectué sa visite avec trois plombes de retard ; il se fout de l’organisation du service, autant que de sa première couche-culotte…
Bref, le temps de recopier les classeurs et de sortir les friandises prescrites, mon planning de soins est en vrac. Com dab.
J’attaque donc la première ligne droite, accompagné de Sandrine, la collègue
aide-soignante. Celle-ci, selon les cas, distribue les thermomètres ou bien les met à l’endroit propice, avec une précision chirurgicale. Le mercure, à la recherche d’un peu de chaleur humaine, rend bientôt son verdict : Si la plupart des personnes concernées a une fluctuation thermique conforme aux normes européennes, le monsieur de la chambre 8 batifole vers la zone des 40 ° C.
Super. Me voilà bon pour une série d’hémocultures ; en effet, avant de soulager sa fièvre, il me faut d’abord lui faire trois prises de sang. Histoire de débusquer les petites bêtes qui lui pourrissent la vie, cachées derrière ses globules…
Enchanté par cet imprévu, je lui explique les réjouissances et je file au camp de base récupérer le matériel adéquat. Pendant ce temps, Sandrine prend le virage du hall à la corde et continue le circuit « Pouls, tension, température, diurèse, relations publiques, recueil de doléances… »
A l’instant où mon aiguille fouineuse s’enfonce dans l’hémoglobine, le carillon d’appel retentit. Longuement.
Tiens ; encore un qui a un spasme, le doigt collé sur la sonnette. Etant donné la situation, je laisse à ma collègue le soin d’aller aux nouvelles. Pendant une petite
minute je traque les microbes fébriles en jouissant d’une relative tranquillité d’esprit. Après tout, ce n’est pas la première fois que le tour de 16 h se finira à 18 h 30…
Ce bien-être intérieur est fracassé par l’arrivée de Sandrine qui me semble des plus contrariée.
« Didier… tu peux venir en chambre 12, j’ai besoin de toi ; je t’expliquerai. »
Sitôt dit, je remballe ma caisse à outils et je la rejoins au lieu de rendez-vous. Le spectacle est grandiose ; Mr x, partagé entre une démence sénile, un radiateur en fonte et un lit d’hôpital, a tout envoyé promener. Il s’est débarrassé de la perfusion et aussi, pourquoi pas, du contenu de son gros intestin. Son voisin de chambre est recroquevillé sous les draps, livide.
Le problème, c’est que la dite perfusion a volé en éclats à travers la pièce. Pour ce qui est du contenu susnommé, il est répandu harmonieusement sur la descente de lit. Cheeze.
J’hésite un instant ; mon désir récurrent d’aller vendre des gaufres à Etretat m’assaille brutalement. Que faire ? Sandrine m’arrache à la tentation et me refile une serviette. Nous nous attelons à la tâche sans enthousiasme excessif. Mais bientôt, les réflexes professionnels prennent le pas sur notre sensibilité déplacée.
En fait, c’est une question d’habitude ; si on arrive à oublier l’odeur, ça ne sent rien de particulier…
Nous prenons donc les choses avec philosophie, et avec des gants en latex. Quand même… Ce petit intermède flingue définitivement l’organisation temporo-spatiale de cette fin d’après-midi. Dés que Mr x a retrouvé des critères d’hygiène respectant les consignes de Bruxelles, je me précipite à l’office pour me laver les mains et faire la deuxième hémoculture. Au passage, la famille d’un patient me harponne et je ne peux pas me défiler. Je dois leur consacrer 54 secondes de mon précieux temps.
Au pas de course, je reprends ensuite le circuit où je l’avais laissé. Me voilà
bientôt chambre 14, avec mon petit chariot. Deux dames charmantes, 160 ans
cumulés, m’attendent en souriant. Je savoure cet accueil durant 1/2 seconde et leur saute dessus pour les injections ; insuline à gauche, anticoagulant à droite. Banzaï… Puis je ressors de la pièce.
Et la terre s’effondre.
En classant les fichiers des malades, l’erreur me saute à la figure : J’ai interverti les produits. La personne diabétique a reçu l’anticoagulant, alors que l’autre, souffrant d’une phlébite, a bénéficié d’insuline ! C’est un cauchemar.
Tel Martin Luther King sur l’esplanade du Capitole, j’ai une vision. Mais pas du même style : Un croque-mort vient chercher la dame décédée d’un coma hypoglycémique, tandis qu’à l’horizon, un avocat sort son fusil et plombe mon CAP d’infirmier projeté dans les airs ; ça y est, j’aperçois les gendarmes… en fait d’Etretat, ça sera Fleury-Mérogis !
Il me faut quatre secondes pour réagir. Blême, je vais dans le bureau de Sylvain, l’interne du service. Avec un discours aux antipodes de l’arrogance, je lui raconte les évènements.
Il se gratte le cuir chevelu.
« Génial… »
On serait sur un bateau, on dirait même que c’est super coule.
Mais on peut encore éviter le naufrage ; Sylvain me donne des consignes précises et je retourne chambre 14 afin de renflouer le navire. Je refais les injections, je pose une perfusion glucosée à une des dames et vérifie la coagulation de sa voisine.
Ceci dit, mes victimes sont un peu surprises par le scénario. Je minimise l’ampleur des dégâts, inutile de les affoler, et je leur présente toutes mes excuses pour ce changement de programme dû à la défaillance d’une certaine catégorie de personnel…
Quand je rentre à la maison, ma tête est aussi vide que le projet de société d’un
candidat à la présidentielle. Mes illusions sur mes compétences professionnelles sont en phase terminale…
Je repense à une collègue infirmière dont j’ai pu admirer les exploits au journal de 20 h ; en se trompant de virgule dans un putain de dosage, elle a envoyé un môme chez saint-Pierre. En sortant de prison, elle a sûrement demandé sa mutation aux îles Kerguelen.
Pour soigner les pingouins.
Ceci dit, le réconfort de Simone et la vue de mes gamins en train de s’étriper sur la moquette me ramènent doucement vers l’hémisphère Nord.
Errare humanum est, n’est-ce pas, Ernest ?
Si je baigne dans la culpabilité en permanence, je ne rendrai service à personne. Je décide donc de me donner une seconde chance ; j’arrête de nager, je quitte mon maillot et je sors de la piscine.
Plutôt que d’aller vendre des gaufres, je vais m’acheter une conduite : redoubler de précautions, prendre le temps nécessaire pour ne pas faire n’importe quoi. Le tour de 16 h va bientôt finir à 20 h et des brouettes… Tant pis.
Mais si je me vautre encore, je change de métier ; steward à Air France ! Je serai déjà habitué aux décalages horaires et aux turbulences inopinées…
Et je pousserai mon petit chariot dans l’allée centrale.
« Thé, café, journaux… »
Ni insuline, ni calciparine !
Que du bonheur.




:clin:
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augusta
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Message par augusta »

Merci Dino pour ton texte.....Hyper agréable à lire (comme d'habitude :clin: )....du coup j'ai vachement les jetons de commencer :pleure: ....
Enfin si un jour tu écris ton auto-biographie...fais moi signe :clin:
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mimil
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Message par mimil »

Dino, tu écris remarquablement bien, je me régale en te lisant. Et oui, une erreur est si vite arrivée.
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Mcb_band
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Message par Mcb_band »

Cela est approprié dans le sens où l'homme n'est pas infaillible même si dans se métier la moindre erreur peut être irréversible mais le manque d'effectif et de moyen augmente les risques et c'est vraiment triste aussi bien pour celui qui subit l'erreur que pour celui qui l'a commise.
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Message par Panthera78 »

Aucunes IDE n'est a l'abris d'une erreur, le tout est de savoir si elle est grave ou trés grave :?
maman depuis le 28/04/2008 aprés 37 heures de travail et une césarienne. Mais cela restera un merveilleux souvenir!
Travail repris le 1/08/2008
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Gengis
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Message par Gengis »

Je n'ai pas cette vision des choses

J'ai beaucoup reflechi à la question parce que justement au bout de nombreuses années de pratique, on peut penser qu'on est ancré dans ses certitudes, dont celle notamment qu'on est à l'abri d'une erreur ou plutôt qu'on est davantage à l'abri qu'un jeune DE, or pour ma part, je pense exactement l'inverse

C'est à partir de là que j'y pense souvent , sans pour autant que ce soit obsessionnel, et je reste vigilant

Je ne pense pas qu'on puisse se retrancher derrière le manque de moyen ou d'effectif car si justement on en arrive à penser cela c'est qu'il y a des alertes en amont et donc des actions à entreprendre avant d'en arriver à l'erreur.

Évidemment l'échelle des erreurs est variable toutefois je pense qu'il n'est pas nécessairement bon de raisonner en ces termes : quand on commet une erreur on n'en connait pas forcément tout de suite les implications et les conséquences
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Message par dino »

...il y a quand même quelque chose qui me gêne ; employer le mot "faute" (sous-entendant une négligence, voire une malfaisance), alors que le terme "erreur" conviendrait souvent bien mieux. Même si les conséquences peuvent être dramatiques.
:?
Les mots ont leur importance et il ne faut pas tout mélanger ; qui n'a jamais fait d'erreur ? Si on devait enlever le diplôme à tous ceux qui se sont plantés un jour, il n'y aurait plus personne pour bosser dans les hôpitaux :!:
Tu dis ne pas avoir d'excuses, ithaque ; Ah bon, tu as frappé un malade ? Tu as injecté du potassium intraveineux en connaissance de cause ? Effectivement, ce sont des fautes...
Mais les gens qui en font n'ont pas tes scrupules...
Bon courage. Et fais toi aider juridiquement et humainement... :clin:
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Gengis
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Message par Gengis »

dino a écrit :...il y a quand même quelque chose qui me gêne ; employer le mot "faute" (sous-entendant une négligence, voire une malfaisance), alors que le terme "erreur" conviendrait souvent bien mieux. Même si les conséquences peuvent être dramatiques.
On ne peut pas supputer puisqu'on ne sait pas de quoi il s'agit...

Toujours est-il que l'expression "faute professionnelle" est le terme consacré dans les textes par exemple.

Sans savoir de quoi il est question, difficile de faire la part des choses

Pour ma part je ne réagissais pas par rapport au message d'origine
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Norma Colle
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Message par Norma Colle »

Gengis a écrit :Je n'ai pas cette vision des choses



Je ne pense pas qu'on puisse se retrancher derrière le manque de moyen ou d'effectif car si justement on en arrive à penser cela c'est qu'il y a des alertes en amont et donc des actions à entreprendre avant d'en arriver à l'erreur.
Le problème c'est que les agents parfois tirent la sonnette d'alarme +++++ sur le manque d'effectif et celà sans résultat! Avec une cerise sur le gâteau lorsque la cadre sup vous répond (quand il n'y a personne d'autre comme témoin de la scène):"la sécurité ce n'est pas mon problème"!!! Alors là il n'y a qu'une chose à faire :c'est se tirer loin ce "merdier"....En deux ans,dans mon ex-service la quasi totalité du personnel est partie.....sans que celà n'interpelle les hautes sphères(bien au contraire: la haute sphère semble croire que les récalcitrants au changement ont baissé pavillon!)
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