soins douloureux

[littleSi]

D'après vous, qu'est-ce qui peut amener certaines infirmières à banaliser des gestes telle que la pose d'un cathéter ou la refection d'un pansement au point parfois de nier l'importance de la douleur provoquée par ces soins voire l'existence meme de cette douleur?

J'ai surtout remarqué cela chez certaines infirmières ayant deja quelques années d'expérience.

"à force d'en faire tu acquières une dextérité qui fait que ton patient n'a pas mal, des lors que tu lui montres que tu n'es pas sure de toi alors là forcément il aura mal"

ou alors devant le patient "ce n'est pas douloureux, ne vous inquiétez pas c'est juste désagréable" et malheureusement la douleur est bien présente et parfois massive

[augusta]

Ah déjà bravo pour ton post!!!!
Evidemment que certains soins sont douloureux....et à mon avis il y a plusieurs catégories de personnes:

1- celles qui se croient tellement fortes...et leur soin si bien fait que le patient NE PEUT PAS AVOIR MAL, et si il a mal c'est qu'il est chiant puisqu'il se plaint.

2- celles qui ont eu certains soins....et donc qui SAVENT que certains gestes font mal...et qui du coup sont délicates et attentives.

3- celles qui ont eu la chance de ne jamais avoir de soins perso....et qui sont incapables d'imaginer que oui ça puisse faire mal....

[augusta]

Je dis cela sans aucune prétention puisque je débute la formation et que je ne sais pas ce que c'est. Mais mon expérience perso me fait penser cela.
Qu'en pensez-vous?
C'est un sujet qui m'interesse bcp...

[laurep86]

Personnelement, j'ai plus tendance a dire aux patients que les soins effectués sont plus genants et pas agreables que douloureux...
Celà permet de les rassurer un peu...

Apres il faut savoir dire "Oui, c'est douloureux" et mettre les moyens en place... genre morphine (penser au S/c), meopa (même pour les adultes !!)

[augusta]

il y a aussi le fait d'avoir peur d'avoir mal.....alors que parfois un soin est désagréable comme vous dites....très désagréable même.....mais peut-être pas excessivement douloureux.

Je pense alors que c'est à l'ide de guider le patient....enfin de le mettre en confiance quoi.....vous comprenez?

[dallah]

augusta, j adhere totalement a ton analyse

Personnellement, je suis dans le cas 2

En plein milieu de mes etudes, j ai du etre hospitalisée pour une apendicite
Bien entendu, pose de catheter, et connaissant mes veines, je les aient prévenues que j avais un mauvais capital et donc pas evidente a piquer

L infirmiere de service a ce moment là m a prise de haut ( genre "la gamine qui croit m apprendre mon metier) et a nié complétement tout ce que je lui avait dit
Resultat 3 fois piquée pour poser un catheter ( forcement,è a la troisiéme fois, j avais mal a l idée d etre encore piquée) tant bien que mal, cath qui n a pas tenu et a du etre reposé une fois installée en service...

Depuis, je suis beaucoup plus sensible a ce probléme de douleur lors de soins "basiques". Quand les patients me demandent, je reponds franchement : oui ca peut faire mal, mais JE vais faire attention/doucement/par etape, et a tout moment vous avez le droit de m arreter ( en général,è je tente de dédramatiser en lancant des : si vous avez mal, vous me tapez pas hein, vous me le dites, et ca aide a destresser)

J ai meme été mettre de l EMLA pour des poses de caths aux personnes qui avaient vraiment trop peur d avoir mal

Au final, la plupart du temps, les patients sont "satisfaits" et meme apprécient que ce soit moi pour les PS et pose de cath. Comme quoi prendre le temps de discuter et autoriser la verbalisation lors de ce soin doit déjà permettre une bonne prise en charge

[augusta]

Ah merci dallah!!!! je suis trop contente de voir que tu as compris ce que je voulais dire....(j'ai plutôt l'habitude qu'on comprenne de travers ).

Et oui....quand on a eu mal.....on fait gaffe .....normal

[dallah]

je pense aussi que parfois, on est pris dans le rythme a tenir

Quand j etais en ambulatoire, on tournait a 30/40 entrées par jour, qui arrivaient en général quasi en meme temps entre 7 et 8 h du mat

La pression de devoir etre dans les temps pour leur départ au bloc, fait que parfois, on a tendance a vouloir aller tres vite

pas toujours facile de concilier la quantité de travail a faire et prendre le temps necessaire pour rassurer les gens et les mettre en confiance

[littleSi]

Pensez-vous que les représentations qu'une infirmière peut avoir de sa profession: l'ideal du soignant oeuvrant inlassablement au soulagement, à faire du bien etc se retrouve ici confronté à la réalité engendrant le déni de la douleur dans les soins pour éviter de n'avoir à souffrir de cette réalité...

c'est très théorique tout cela me direz-vous et en même temps...

Parce qu'on est bien d'accord aujourd'hui tous on s'accorde à dire que la douleur n'est plus présente à nos esprits comme étant utile, inévitable, la fatalité... ou alors dans les soins cette représentation de la douleur rédemptrice reviendrait à la charge???

je ne sais j'essai de trouver des pistes... parce que on s'accorde aussi tous à prendre en charge la douleur lié au cancer sans jamais avoir eu de cancer, alors pourquoi faudrait-il passer par la maladie pour comprendre que les soins peuvent faire mal?!

[augusta]

little.....je pensais à la douleur liée à certains soins: pose d'un catéther, ablation de redon, de mèche, prise de sang, pose de sonde urinaire....


Maintenant evidemment pour les douleurs liées aux pathologies....l'ide ne peut pas savoir ce que ressent une personne qui souffre d'un cancer, d'une polyarthrite rhumatoide.....par exemple.....cette douleur est d'ailleurs très subjective...elle dépend de la personne....comme la douleur liée aux soins tu me diras;

C'est un sujet très compliqué....je suis partie au quart de tour c'est vrai....
L'ide peut aussi se blindée comme tu le dis....pour mettre à distance cette douleur et ainsi ne pas souffrir de voir l'autre souffrir.

Quoi qi'il en soit....je pense qu'il ne faut pas perdre de vue le fait que l'autre a le droit d'avoir peur, d'avoir mal.

Lors de mon 1er stage...j'ai été siderée de voir comme les esi 3ème année qui passaient le De étaient "aux petits soins", à l'écoute....ils effectuaient leurs soins....mais en verbalisant, en communiquant avec le résident........alors que les ides de l'ehpad....arrivaient avec la seringue, piquaient et basta....alors que moi qui observais je voyais la résidente serrer les dents, se retenir de pleurer....

Peut-être suis-je naive après tout...

[littleSi]

Ah non non t'inquiète je parlais bien des "soins douloureux" tels que pansements, cath etc je voulais juste faire écho avec le fait que la solution n'est pas de vivre la douleur pour pouvoir la légitimer... je veux dire il y a bien des infirmières qui n'ont jamais été hospitalisée et qui pourtant font très attention à tous ces petits gestes lors des soins qui peuvent paraitre anodins mais soulage le patient le met en condition pour avoir le moins mal possible!!

au contraire tes remarques sont très interessantes, comme moi tu es étudiante donc ta vision et ma vision des choses sont peut etre diférentes de celles des infirmières qui pratiquent au quotidien... alors à ces infirmières je dis "venez nous en parler" le fait que vous ne vous exprimiez pas m'interpelle encore une fois... et croyez bien que mon but n'est pas de juger mais de comprendre pourquoi on en arrive là, pour essayer d'entrevoir des solutions ensemble...

[haricot vert]

Quoi qi'il en soit....je pense qu'il ne faut pas perdre de vue le fait que l'autre a le droit d'avoir peur, d'avoir mal.

Tu as raison .

C'est difficile d' appréhender quelque chose qu'on ne connait pas , surtout quand on souffre physiquement , que l' on est dans un milieu inconnu ( urgences , chambre d' hôpital ) , quand on ne connait rien du monde médical et para-médical , etc ....

Lors de mon 1er stage...j'ai été siderée de voir comme les esi 3ème année qui passaient le De étaient "aux petits soins", à l'écoute....ils effectuaient leurs soins....mais en verbalisant, en communiquant avec le résident........

On a tous fait ça durant nos stages et notamment lors du DE .

alors que les ides de l'ehpad....arrivaient avec la seringue, piquaient et basta....alors que moi qui observais je voyais la résidente serrer les dents, se retenir de pleurer.

Toutes les IDE ne sont pas comme ça heureusement et j'espère que cette espèce est minoritaire .
Tu en rajoutes un peu trop dans le patos aussi .

[Haegen]

le respect de la sensation de l'autre et très importante.

je ferais juste la remarque qu'elle ne doit pas déboucher sur la peur du geste qui pourrait faire mal. deux exemples pour etre clair:

1) tirer tout doucement sur le redon à retirer car c'est douloureux, c'est top le patient a mal plus longtemps

2) broncoaspirer aveces sondes de petits calibres c'est moins gros moins traumatisant mais on y retourne 3 fois plus c'est top le patient a mal un petit peu (et encore c'est pas certains) plein de fois au lieu d'avoir mal une fois pour toute

je crois que le fait de reconnaitre qu'un geste va être douloureux est un grand pas. cela permet soit de mettre en place des moyens de préventions soit d'expliquer au patient que cela va être douloureux mais qu'on va tout faire pour que ce soit le moins possible et que ça soit le plus court possible.

[littleSi]

Pensez-vous que réaliser que dans sa pratique l'infirmière peut faire mal puisse induire en elle un malaise et donc pour s'en protéger manifester du déni envers la douleur dans les soins qui serait un mécanisme de défense contre ce sentiment d'échec ??

[augusta]

haricot je n'invente rien et je jure sur mes enfants que ce que je dis je l'ai vu.