Pas de jugement sur les parents

[merryfunk]

Bonjour,

Je n'ai pas trouvé un poste (je n'ai peut être pas remonté assez dans le temps) sur ce sujet, donc je me lance.

Je suis en premier stage de la deuxième année en service pédiatrique.

De ma part je n'ai pas de difficulté pour gérer le sujet d'enfants gravement malades, mais je bataille pour ne pas juger parfois les parents.

Hier une mère m'a interpellé dans le couloir. Son enfant a vécu 15 ans avec une pathologie terminale et VIENT juste de recevoir une greffe d'organe. La mère s'interpelle sur le poids que son enfant a pris ce dernier temps (nota bene sa fille je la trouve déjà assez mince, à la limite inférieure IMC). Elle se demande même s'il faut couper des calories dans ses repas.

Hein ?!?!?

Plus tard la mère notait les dvd que sa fille souhaitait commander par l'hôpital pour sa chambre. Elle voulait Totally Spies, et quelques autres dessins animés. Sa mère lui répondait "ce sont des films pour des petites filles, tu ne veux pas plutôt un film du genre...?"

Il me semble que la mère souhaite soit vivre à travers l'adolescence de sa fille soit elle nie tant son état de santé qu'elle pousse sa fille à être une ado "parfaite".

Pour ajouter à cette jolie histoire sa fille a retourné en réa la nuit dernière pour OAP.

Ok, je peux me dire que les parents qui ont démenagé laissant leurs enfants pour être gérés par la DDASS ou par des grand parents/ tantes et oncles.. je peux me dire qu'ils souffrent devant la maladie de leurs enfants et ainsi supprimer une tentation de juger.

Mais ce dernier exemple devant l'ado greffée, j'ai du mal. Au secours

[puer75]

C'est toute la difficulté de la pédiatrie
Il est difficile de rester impartial et il est toujours "facile" de vouloir "juger", en bon ou en mauvais

[fibie]

Allez je vais faire l’avocat de la partie adverse :

Elle se demande même s'il faut couper des calories dans ses repas.

Et si c’était juste une mauvaise interprétation des infos qu’on lui a données.
Exemple : un surpoids est nuisible à la greffe, ou bien trop de protéine risque d’endommager le greffon ….

Sa mère lui répondait "ce sont des films pour des petites filles, tu ne veux pas plutôt un film du genre...?"

Et si elle se dit que sa fille a beaucoup de chose à voir et pas beaucoup de temps…
Ca fait peut être 15 fois qu’elle le regarde…
Dur, dur d’être parents qui plus est d’un enfant malade.

Toujours essayer de prendre un peu de recul sur la situation. Tu peux en parler en équipe et/ou au psychologue du service (autres avis, autres façon de voir les faits, comment ils font face à des situations similaires...). Ton impression peut être aussi la bonne.
C'est l'une des plus grandes difficultés de notre métier rester professionnel et empathique face à des comportements humains que l’on ne cautionne pas.

[merryfunk]

Intéressant sur l'information sur le poids. Je ne le savais même pas. Alala difficile d'être stagiaire dans un service avant même d'avoir effectué et le module concernant les pathologies et le module pédiatrie !!! Je me noie déjà dans les informations.

Bon point.

Oui, en tout cas je trouve cet aspect de votre metier le plus intéressant et difficile pour moi. Il est très dur de savoir que DEUX enfants dans notre service ont été abandonnés par leurs parents qui n'ont pas pu faire face à la maladie grave. Le DDASS a été contacté.

Dur, dur, mais j'ai moins du mal à ne pas juger, car peut être quelque part j'attendais découvrir de telles drames dans ce service.

Vendredi j'ai découvert de nouveaux vêtements dans la chambre d'un bébé et ai appris qu'une mère d'un autre enfant les avait achetés pour lui (je vois qu'elle s'interroge sur l'absence des parents, j'ignore si l'équipe lui a revelé sa situation sociale, mais surtout que cela la dérange).

C'est surtout les parents qui ne sont point compliants dans les traitements ou les parents qui paraissent avoir des relations "étranges" avec leurs petits qui m'interpellent.

Oui, je devrais en parler avec l'équipe.