1984

[Chris17]

Je vais vous compter une belle histoire, l'histoire d'un joli monde où tout paraît beau vu de l'extérieur. Un monde d'amour et d'entraide, où chaque dirigeant à "Le soucis de l'autre".
Trois slogans régissent cet univers : "Empathie", "Non-directivité", "Authenticité".
L'accès à ce monde magique n'est pas donné à tous, il faut au préalable passer par une étape déterminante pour en faire partie. Cette étape, très étrange au demeurant, nous amène devant des épreuves qui n'auront que peu de rapport avec ce que ce lieu d'amour et de paix aura à nous offrir mais qu'importe... le bonheur n'est pas à la portée de tous, ça se saurait.
Une fois emprunt des maximes humanistes dispensées par les dirigeants de ce havre de beauté, l'étudiant (car c'est bien aux étudiants que cet endroit est destiné et qui dit étudiant dit souvent jeune, naïf, un peu idéaliste, sans le sou et prêt à donner le meilleur de lui-même pour parvenir à ses fins) est comblé... jusqu'à ce qu'il s'aperçoive des failles outrageuses du système.
Formation professionnelle oblige, cette formation "de qualité", bâtie sur un programme vieux de 16 ans, compte de nombreuses personnes plus âgées, souvent d'anciens aide-soignants ayant accès à une promotion, mais aussi des informaticiens, des commerciaux sur-diplômés croyant trouver un enseignement "humain". Ces baroudeurs du monde du travail, habitués à voir des petites magouilles en tous genres se trouvent eux-mêmes estomaqués devant tant d'hypocrisie, tant de belles paroles sans action pour les accompagner, tant de mépris de l'ESI, qu'ils déchantent vite et parviennent à se demander ce qu'ils sont venus faire dans cette mélasse infâme, pompeusement baptisée Institut de Formation en Soins Infirmiers.
Car c'est bien de mépris qu'on peut parler, quand un formateur rit à l'annonce d'une ESI qui va pour la 5ème fois en gériatrie et qui plus est, sur le même lieu de stage. "Vous allez frictionner au Mont St-Michel et gratter dans la cuvette des WC" lui dit-il le sourire en coin. C'est bien de mépris également qu'il est question quand, en parlant d'un service de soins, un autre formateur dit à une étudiante qui s'apprête à y partir en stage "Eh ben j'espère que vous aimez le café et les petits gâteaux. Et si vous ne savez pas jouer à la belotte vous risquez de perdre des points sur la note de stage".
D'hypocrisie quand on voit que les formateurs fêtent en grande pompe le départ d'une cadre de l'école (une des seules à mon souvenir à avoir su enseigner à ses élèves les VRAIS valeurs de respect et d'empathie) et la descendent en privé, allant même jusqu'à contester sa crédibilité en corrigeant à nouveau toutes les copies dont elle avait la charge. Elle ne faisait plus partie de la secte... pardon de l'IFSI. D'hypocrisie quand une autre des enseignantes, proche de ses élèves et prête à faire des sacrifices pour les voir réussir se voit encensée en public et calomniée dans le dos, même par certains élèves, résolument formatés pour être des parfaits petits soldats de l'hôpital.
Enfin, pourquoi 1984 ? La liste est longue mais sachez que l'œil des formateurs est partout. Sur votre parcours personnel quand ils vous ré-évaluent en MSP (ce qui ne devrait pas se faire mais bon) en tenant compte de vos erreurs de la fois d'avant, quand un enseignant piste les "sècheurs" de cours dits "non-obligatoire" (eux-mêmes le soulignent en affirmant qu'ils préfèrent nous savoir chez nous en train de travailler plutôt que participant à des cours qui ne nous intéressent pas). Ce dernier sort de la salle, sort même du bâtiment... et le trombinoscope indiquera où mettre le smiley qui fait la gueule sur sa liste noire. Mais ces bougres ne s'arrêtent pas là en s'incrustant même dans les contacts d'un des réseaux sociaux les plus célèbres du net. Ils peuvent ainsi savoir quelles sont les affinités entre les personnes de la promotion et ne se privent pas pour leur rappeler.
Je terminerai cette diatribe par cette réflexion. J'aime mon futur métier, celui que les VRAIS professionnels de terrain m'ont enseigné et appris à appliquer... mais je méprise ma formation. Formatage, bruits de couloirs, magouilles entre formateurs... voilà ce que j'aurais retenu de mes années en IFSI. Sur ce, mesdames et messieurs les cadres formateurs en IFSI, je ne vous salue pas.

[AJazz]

Waouh Chris--c'est fort.

Je n'ai pas envie de vous contredire, seulement de vous demander d'aller encore plus loin:

Utilisez votre expérience--et votre colère--- pour faire en sorte que dans 'votre' coin du terrain, les choses se passent autrement pour les ESI qui vous suivent. C'est en faisant ainsi que l'on arrivera peut-être à faire évoluer bien plus que les modalités et le statut de la formation.

[emma29]

N'allez pas faire de certains cas une généralité

[AJazz]

...et ne banalisez pas une expérience perso (mais certainement pas isolée) sous le refrain de "ce n'est pas toujours ainsi, donc pas pertinent"

[guitare38]

Bientot 30 ans que je travaille dans 3 métiers differents...dans des sociétés differentes, les belles paroles l hypocrisie j ai retrouvé cela de partout. Rien de tout cela ne m etonne.

[perfalgan]

Formation professionnelle oblige, cette formation "de qualité", bâtie sur un programme vieux de 16 ans, compte de nombreuses personnes plus âgées, souvent d'anciens aide-soignants ayant accès à une promotion, mais aussi des informaticiens, des commerciaux sur-diplômés croyant trouver un enseignement "humain". Ces baroudeurs du monde du travail, habitués à voir des petites magouilles en tous genres ...etc...

Salut.
Il semble que je dois me trouver dans cette catégorie d'occupants des bancs de l'amphi. Je suis vieille et désabusée, mais pas encore fourbe (c'est bien ce que tu as voulu dire ? ) J'ai globalement les mêmes impressions que toi mais je m'en trouve moins amère. J'essaie chaque jour de me rappeler que je suis ici pour de bonnes raisons, qu'il y a des déstabilisateurs partout, et que je suis une grande fille forte qui n'a pas besoin de prouver ça à qqn d'autre qu'à elle-même.
Ta révolte est justifiée, compréhensible, etc... pour ta façon de dire les choses aussi. J'ose toutefois espérer que cette colère restera tjs un moteur !

[Emma50]

Je suis toujours sérieusement choquée quand je vois que ce qui paraissait etre une école ou on enseigne les valeurs ne se révéle être qu'une école ou se trame magouilles, hypocrisie et méchanceté.
Je suis peut être trop naive d'avoir pu pensé que ça serai le rêve (attention je ne veux pas dire que tout va me tomber du ciel, je sais que c'est dur, stressant et qu'il faut donner son maximum, je parle en ces termes de la formation qu'on aura ) de suivre ces études.
En tout cas je suis prévenue,merci, et j'éspére ne pas être confrontée a ce que tu décrit, ce n'est absolument pas comme sa que je voyais les choses...
Comme quoi..

[Eydis]

C'est très effrayant... mais je ne pense pas que ce soit une généralité non plus, des imbéciles, des con**ds, il y en a partout, tout comme les gens bien, compétents, désireux d'apporter un enseignement de qualité.
Et plus largement, ceci n'est pas réservé à l'enseignement des soins infirmiers, les BTS et autres universités sont pleines de *** finis, de personnel incompétent comme de maîtres de stage profiteurs, désagréables, frauduleux voire mesquins.
On ne vit pas chez les bisounours, je commence à me faire une vague idée de ce qui m'attend à la rentrée. C'est angoissant et cela me désole. Malgré tout j'ai confiance. Je pense que je tomberai sur des gens bien, et que les "mauvais côtés" me permettront de devenir plus forte, plus compétente, plus mature, et de savoir gérer, me débrouiller, et de cerner exactement ce que je ne veux pas être (si vous me pardonnez cette vision manichéenne des choses... car tout n'est pas blanc ou noir, il y a beaucoup de gris, et avec le recul on peut aussi se rendre compte que l'on avait mal vécu une réflexion ou un accrochage avec un professeur, qui finalement n'avait pour but que de nous endurcir...).
Je sais très bien que je vais souffrir pendant cette formation, mais j'ai confiance... en moi, et en ma capacité à affronter énormément de choses, mais aussi en la bonté humaine et en la présence de gens intelligents et désireux de bien faire sur Terre (et j'espère que je ne vais pas être détrompée et blasée trop tôt).
Pour la nouvelle réforme, ils nous ont annoncé qu'il y aurait "beaucoup de travail personnel". Pour moi, ça veut dire "vous devrez gérer seuls, vous débrouiller seuls, vous défendre seuls, vous "former" presque seuls, surtout au niveau de l'attitude, et du savoir vivre, vous serez seuls, marchez ou crevez".
Je ne sais rien de ce qui va se passer... j'espère juste que cette réforme a changé les choses en bien, même si elle n'empêchera pas certains de pourrir le système (même si j'ai du mal à dire ça, peut être que certains croient bien faire en méprisant les ESI, peut être que c'est pour nous endurcir, peut être aussi que ceux qui cassent Untel derrière son dos, on ne connaît pas toute l'histoire, etc.).
Loin de moi de mettre ta parole en doute, juste que j'espère, j'espère vraiment que pour moi ça ira. Je n'espère pas un enseignement "club med" mais pas non plus un chemin de croix.

[delphinette38]

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