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Bonjour à toute !
je vous expose mon problème ( cela fait 3 jours que je rumine!)
j'ai au départ une formation d'esthéticienne mais les hazards de la vie ont fait que je me suis retrouvée à m'occuper d'une dame âgée dépendante durant les 2 dernières années (alzheimer). Maintenant qu'elle est placée en EHPAD, je me retrouve au chômage. L'anpe me propose de financer une formation AS. Tout serait parfait si je n'avais pas une peur panique à l'idée de toucher un cadavre... vous devez me trouver puérile ( j'ai 38 ans!!!), mais je n'ai jamais été confrontée à la mort et ça me bloque, surtout depuis que j'ai lu que les AS font la toilette mortuaire( bourrage des orifices compris) avec les IDE. Rien que d'en parler, j'ai les poils qui se hérissent. Mon mari me dit qu'on s'habitue à tout, mais il est médecin et les corps ne lui ont jamais posés aucun problème.
Voilà pourquoi je tourne en rond: j'ai les qualités de coeur pour faire ce métier ( j'aime aider et prendre soin des autres, je suis douce et très patiente) mais je ne veux pas non plus aller travailler avec la "boule au ventre" et des collègues qui se moquent de mes peurs enfantines.
Si vous étiez dans mon cas et que vous avez réussi à dépasser vos peurs je serais ravie de connaître vos expériences.
Autre question: 38 ans ce n'est pas trop vieux pour démarrer cette profession car je sais qu'en institution le ryhtme de travail est très speed...
merci par avance pour vos réponses.

Je pense que si tu utilisais un vocabulaire différent (cf le titre du sujet), cela t'aiderait à avoir une autre approche de ce qui te préoccupe...

Sinon, pas d'âge pour faire une reconversion professionnelle...seule la motivation est primordiale.
Bon courage pour la suite!

Moi, ça me fait flipper les cadavres alors je m'arrange pour qu'ils ne meurent pas avec moi

c'est vrai que te mot "cadavre" a une consonnance négative, mais c'est ainsi que je ressens les choses. Je ne suis absolument pas croyante et pour moi, lorsque la personne est décédée il ne reste que sa dépouille charnelle qui va se dégrader et pourrir, d'où ma répulsion à toucher un corps dur et froid. Même si je sais que mon attitude est stupide...

Non, ton attitude n'est pas puérile, lilou21.
Il est normal d'avoir peur de ce que l'on n'a jamais vu, ni connu.
La mort fait peur à tout le monde, en général, et c'est normal. Et chacun se débrouille avec ce qu'il a pour essayer de gérer ça au mieux. Certains y arrivent bien et d'autres non.

Je te rassure en disant qu'on ne voit pas de défunts tous les jours, c'est même rare en tant qu'aide-soignante. et tu peux toujours passer le relais aux collègues si tu n'es pas à l'aise.
Il est sûr que c'est impressionnant, je pense qu'avec le temps et les expériences, on s'apaise avec l'idée de la fin.

Concentres-toi sur le positif de la formation, tu dis que tu es empathique, c'est très bien et très valorisant, c'est tout bon pour toi, et mets ton énergie dans cela.
et relativises au niveau de ton problème, tu peux en parler avec d'autres pour "exorciser", le fait d'en parler fait beaucoup déja. et tu peux aussi t'intéresser sur le problème du devenir du corps et aussi du phénomène de mort.
Ce n'est pas du tout morbide ce que je dis, c'est justement en apprenant sur la chose qu'on peut mieux l'apréhender. Car quand on ne connait pas, on se fait de mauvaises idées, et on extrapole , on accentue le truc...

Relativiser, et ne pas penser qu'au corps. Certes, il y a un corps, mais , perso, je vais bien au-delà de ça, je prends du recul et me dis que la personne est apaisée et ailleurs.


38 ans, ?
mais non , pas trop tard, dans ma formation , beaucoup avaient passé la quarantaine..

et profites du fait que l'ANPE te paye la formation ! tu as une sacrée chance , là !!!!!!! j'en connais beaucoup qui galèrent justement pour ça !!!!!!

allez courage lilou, et tiens nous au couant

liloub21 a écrit :c'est vrai que te mot "cadavre" a une consonnance négative, mais c'est ainsi que je ressens les choses. Je ne suis absolument pas croyante et pour moi, lorsque la personne est décédée il ne reste que sa dépouille charnelle qui va se dégrader et pourrir, d'où ma répulsion à toucher un corps dur et froid. Même si je sais que mon attitude est stupide...

Le mot cadavre ne me parait pas du tout approprié dans le cadre du travail que tu souhaites faire.
Il n'y a aucun lien avec une quelconque religion.

Ton attitude n'est pas stupide du tout.
Laisse-toi le temps de la durée de l'école pour mieux comprendre de quoi il s'agit vraiment....

liloub21 a écrit :c'est vrai que te mot "cadavre" a une consonnance négative, mais c'est ainsi que je ressens les choses. Je ne suis absolument pas croyante et pour moi, lorsque la personne est décédée il ne reste que sa dépouille charnelle qui va se dégrader et pourrir, d'où ma répulsion à toucher un corps dur et froid. Même si je sais que mon attitude est stupide...

Pardon, mais ton intervention me fait sourire !
Je crois que tu as davantage peur d'une situation inconnue que des cadavres.
Car, non, nos malades, quand ils meurent, ne sont pas "durs et froids" (sauf si tu veux bosser au dépositoire, où il y a des postes d'aide-soignants ). Et ils seront inhumés bien avant d'être "dégradés et pourris".

Et, comme déjà dit, nous employons peu le mot "cadavre", parce que nous soignons des gens, vivants, et que les toilettes mortuaires sont vécues par certains (dont moi) comme le "dernier soin", l'aboutissement de notre accompagnement... et je ne suis pas non plus du tout croyante !

Par contre, il est vrai que dans certains services la mort est très présente (en réalité ou symboliquement), et si c'est la mort qui te pose problème, tu auras à "travailler" là-dessus pour ne pas te laisser envahir par l'angoisse... en fonction du service où tu bosseras.
En ce qui me concerne, certaines expériences (poste en Polynésie où la mort est vécue très sereinement) ou services (onco-hématologie) m'ont énormément fait avancer sur ma relation à la mort.

liloub21 a écrit :les AS font la toilette mortuaire( bourrage des orifices compris)

Cela se fait de moins en moins et même déconseillé par les thanatopracteurs de même qu'un certain nombre d'autres vieilles habitudes.
En ville, je ne fais pas.
Ce qui me dérange, ce sont des demandes voire des exigences en rapport avec des rites (pseudo) religieux que certains voudraient tenter de nous imposer.

Depuis 9 ans que je suis AS je n'ai jamais "bourré les orifices", les agents des pompes funèbres nous demandent de ne pas le faire, et même de faire le moins de choses possibles pour qu'ils puissent faire leurs éventuels soins de conservations correctement. On fait une toilette succinte, on met une double protection (à cause du relâchement des sphincters), on met le dentier en place, éventuellement une bande pour tenir la mâchoire (mais ça se fait moins, il y a des dispositifs pour garder la bouche fermée), on leur met une jolie tenue et on prépare la chambre pour les visites (lit propre, drap bien lissé, objets de la vie courante rangés, volets baissés, chaises installées). Les personnes décédés restent très peu de temps dans l'établissement, les pompes funèbres viennent très vite les chercher mais les familles viennent visiter leur parent dès l'annonce du décès.
En maison de retraite je dirai qu'on a en moyenne 2 décès par mois, parfois on restera 6 mois sans un seul, parfois on en aura 3 dans la semaine, c'est variable...
Ce sont les AS qui font les toilettes mortuaires chez nous. Je ne les considère pas non plus comme des cadavres (ils ne sont pas froids, ni rigides, et il n'y a aucune odeur), ça ne m'a jamais gêné de les toucher (on porte des gants de toute façon!). Au contraire, c'est un soin que je tiens à faire, parce que comme c'est exprimé plus haut, je le vis comme l'aboutissement des soins que j'ai effectué sur la personne vivante (parfois pendant des années), c'est ma manière de lui dire adieu. Je vis mieux un décès quand c'est moi qui étais en poste que quand je rentre de congés et que la personne n'est même plus dans les murs (si elle y est encore, je vais la voir pour lui dire au revoir).

Je ne suis pas croyante non plus, mais on respecte les demandes du style avoir un crucifix ou un chapelet dans les mains , ou couvrir le visage (chez les juifs). Mais on a jamais eu de demande plus "poussée"....

Je crois que ta peur vient de l'inconnu et c'est bien normal.
Mais il y a une dimension que tu oublies et qui fait toute la différence : on ne se retrouve pas comme ça avec un "cadavre" inconnu. Il s'agit du corps d'une personne qu'on a connue vivante et dont on a pris soin auparavant et cela change complètement l'approche qu'on en a. Dans ce cas-là, tu es focalisée sur le fait de prendre soin d'elle une dernière fois, pour que ses proches puissent garder d'elle la meilleure image possible...

Bon et bien à la limite, perso je "préfèrerai" encore 1 personne dcd inconnue.

Je te rassure tu n'es pas trop veille pour commencer cette formation comme une autre .Par ailleurs,si tu sais que cet aspect des soins peut te répugner il vaut mieux ne pas commencer cette formation.Certains parle de l'inconnue mais tu as quand même 38 ans et tu connais tes limites.Donc écoute ton corps et ne commence pas cette formation si tu risques de te confronter à un échec.Lors de ma formation je connais des personnes de ma promo qui ont validé le diplôme mais cette confrontation avec le deuil et les cadavres ont fait qu'ils n'ont jamais exercé et ont abandonné le métier.Ils n'auraient jamais pu prendre cette responsabilité en tant que professionnel.Bien sur ils étaient jeune et ne connaissaient pas leur limite mais toi tu as cette chance donc ne te met pas en difficulté pour rien.

J'avoue, moi non plus je ne suis pas rassuré à la vue des cadavres.

Entre Nosferatu et ta signature Loulic, je commence à flipper

Moi les morts ça va, mais j'ai quand même un petit coup de flip quand on est dans l'ascenseur, on se dit "tu tombes surtout pas en panne maintenant"

Bonjour,
Nouvelle sur le forum je tenais a te porter mes expériences avec la mort.

Pendant longtemps je n avais eu comme rapport avec un mort étaient mes beaux parents décédé à l hôpital pendant que c était mon tour de les veiller. Dès que j ai pu voir que quelque chose "clochait" j ai sonné et les soignants ont pris le relais immédiatement. Pour moi l expérience avait été fugace.

Par les hasards de la vie j ai trouvé un boulot d agent à domicile, soit femme de ménage auprès de personnes âgées. J avais 2 adorables sœurs de 87 et 89 ans à choyer, célibataires sans enfants, une était Alzheimer et la seconde quasi sourde et aveugle. L une est décédée dans mes bras alors que j étais là depuis 10 minutes. J ai prévenu son infirmier qui a été absolument odieux, je me suis énervée et l ai viré comme un malpropre. Mais le hic c est que la sœur attendait pour voir la défunte. Alors j ai chialé un bon coup et j ai du mieux que je pouvais et surtout avec le cœur. Je l ai lavée habillée et coiffée et parfumée et donné son chapelet puis j ai fait venir la sœur!!!!! et bien je peux te dire que là toutes mes angoisses se sont envolées quand j ai vu le soulagement de cette dame qui a pu dire au revoir à sa sœur en toute sérénité

Ma seconde expérience est toute récente. Mon parcours à domicile m a dirigée vers le concours d AS que j ai commencé en septembre. Mon 2eme stage s est déroulé de mi septembre à mi décembre dans un service de soins palliatifs, et là la mort est presque quotidienne et dès le premier décès j ai demander à assister. De toute façon on n a peur que de ce qu on ne connait pas. J ai eu le plaisir de voir que les soignants expérimentés ne faisaient pas mieux que ce que j avais fait (sauf le bourrage des orifices)
En conclusion je te dirais FONCE pour les raisons suivantes

tu peux choisir un service ou la mort est peu présente

le travail de soignant est un travail d équipe, et on doit prendre chez chacun ses meilleures capacités, donc en cas de problème arrange toi avec tes collègues et habitues toi si possible tout doucement avec leur aide
le bourrage est de moins en mois conseillé donc les soins sont juste une toilette et une présentation soignée du défunt et de son environnement

ET ENFIN C EST QUOI CETTE HISTOIRE D AGE JE VIENS DE FETER MES 55 ANS ET JE SUIS EN RECONVERSION ELEVE AS FIERE HEUREUSE ET PAS TOUTE SEULE DANS MA PROMO ON EST AU MOINS 5 DE PLUS DE 50 ANS
ALLEZ PLONGE ET PRENDS LES PROBLÈMES AU FUR ET A MESURE