Ne le prends pas mal Cosmos, mais certains éléments dans tes réponses me donnent envie de rebondir de nouveau sur cette situation délicate :
cosmos a écrit :Je pense que ce n'est pas l'usure de son travail en EHPAD qui est en cause dans la dépression de Jeanne.
Certes, mais ça n'empêche pas le travail en ehpad d'être vécu comme "usant" en l'etat actuel des choses. Les conditions de travail difficiles dont elle parle, il me semble qu'elles devaient exister avant, mais que déprimée, aujourd'hui elle ne peut pas les relativiser.
Cette dépression est , somme toutes, normale...
Se sentir déprimé durant une période de deuil est tout à fait normal, mais Jeanne parle de grave dépression, et si son psychiatre s'est prononcé contre sa reprise du travail un an après, il me semble qu'on peut en déduire qu'elle a souffert d'un deuil dit pathologique ( l'expression n'est pas jolie, mais elle existe ) et qu'elle en souffre toujours à l'heure actuelle. Ce sont l'intensité et la durée de la dépression qui permettent de la caractériser de grave.
Ni le changement de poste, ni le temps (temps d'arrêt-maladie) ne changeront l'état de Jeanne.
Si la situation est invivable pour elle en ce moment il vaut mieux espérer que si, car elle n'a pas 36 solutions non plus...après il est certain que ce sont des ébauches de solutions qui ne se suffisent pas en elles mêmes !
Lorsqu'on est dépressif, il est souvent difficile d'accepter le fait d'être malade. On peut très vite culpabiliser de ne pas travailler, avoir envie de vite retourner "s'occuper" pour ne pas tourner en rond chez soi à ruminer des idées noires.
Retourner travailler, ça peut être très bénéfique, mais à condition que le travail soit compatible avec l'état de santé... Au risque de se retrouver en difficulté rapidement
( mon travail me dégoûte / je n'ai plus envie / je ne veux pas démissionner / je ne veux pas être en arrêt = équation complexe )
Jeanne ressent sans doute le besoin de travailler, comme elle ressentirait le besoin d'aller mieux... Et s'occuper en soignant, ça change les idées et ça revalorise un peu l'ego meurtri, on se sent utile de nouveau...alors y'a forcément du bénéf...mais cela me semble risqué si l'environnement n'est pas reellement propice ( conditions de travail difficiles, soucis d'équipe... )
Elle se devra de trouver en elle, la force de réagir, et ça, c'est difficile.
Je ne suis pas completement d'accord avec ça, autant dire "elle se devra de guérir" ! Pour l'instant elle cherche une solution, elle trouve le courage d'aller bosser malgré une maladie grave. ( n'ayons pas peur des mots...) et résultat, elle se retrouve en difficulté en cherchant à réagir justement, car la volonté ne suffit pas toujours.
il y a dans la dépression, comme dans toute maladie, des facteurs qui échappent completement à la volonté du patient. Il ne faut pas oublier qu'un désordre d'ordre chimique s'installe. Parfois on peut trouver la force d'aller mieux...et parfois on ne peut tout simplement pas. Rarement cela peut se régler sans traitement ni suivi mais hélas ça peut aussi prendre des mois et des mois avant de trouver le bon traitement ( voire le bon psychiatre ! ) et d'enfin en guérir.
Elle le dit : elle aime son travail, celui-ci la tient , même....la porte...
seulement elle n'est plus du tout dans le même état d'esprit.
Ce n'est pas ce qu'elle dit..." mon travail me fait du bien, juste le fait d'être occupée (...) je me rends compte que je n'aime plus mon travail, c'est presque du dégoût"
Encore une fois, il faut être prudent, car ne plus aimer faire ce qu'on aimait faire avant, cela peut être un symptôme dépressif et pas la réalité.... Hélas !
la depression ça change l'état d'esprit, c'est exactement ça, on ne pense plus comme lorsqu'on est dans son etat "normal". D'où la difficulté de savoir ce qui est bien pour soi ou pas. Et la nécessité de se faire aider.
Le souci, c'est que tu travailles dans un endroit où la mort est très présente, tous les jours, la vieillesse, la fin de vie, etc...;
Exactement ! Et en poussant plus loin, peut être que le psy ne lui aurait pas déconseillé de retourner travailler si le contexte avait été différent...plus "facile" pour elle.
Jeanne est sans doute capable de beaucoup de choses à l'heure actuelle, elle a eu le courage de retourner travailler... Mais est ce réellement une bonne chose pour elle ? Qu'en pense son psychiatre à l'heure actuelle ?