Question des effectifs en service de pneumologie :
Il n’existe aucun texte légal ou réglementaire imposant un nombre minimal d’infirmiers dans un service, à l’exception de certains domaines strictement réglementés par le code de la santé publique (réanimation, obstétrique, anesthésie, chirurgie cardiaque et soins intensifs de cardiologie, hémodialyse).
L’absence de texte particulier n’autorise pas pour autant l’établissement à fonctionner en sous effectif. En cas de survenue d’un accident médical du fait d’un manque de personnel, et de demande de dommages et intérêts du patient, le juge pourra retenir la responsabilité de l’établissement de santé s’il estime que le nombre d’infirmiers présents n’était pas adapté aux contraintes du service, et que ce défaut d’organisation a été à l’origine d’un préjudice pour le patient. L’existence de contraintes budgétaires ne suffit pas à exonérer l’établissement de sa responsabilité.
Des recommandations établies en janvier 2009, consultables sur
http://www.infirmiers.com/pdf/Recommand ... dicaux.pdf, permettent d’apprécier les besoins en personnels paramédicaux.
Question de la conduite à tenir en cas de sous effectif:
Si l’infirmier doit, comme tout salarié ou agent public, s’accommoder des contraintes inhérentes à sa mission et est réputé accepter ses conditions de travail, il peut (doit) les « contester » lorsque le manque de moyens mis en œuvre par l’employeur contrarie la mission confiée et engage la sécurité des personnes (personnels et/ou patients).
Pour signaler une situation de sous-effectif, il est conseillé:
- de rédiger un courrier, destiné au supérieur hiérarchique direct;
- de préférer une démarche collective à une démarche individuelle, qui peut être mal interprétée et stigmatisante pour son auteur;
- de remettre de préférence ce courrier à l'occasion d'une réunion, afin que sa remise soit consignée dans un compte rendu;
- de conserver un double pour être en mesure d'apporter la preuve des démarches effectuées.
Enfin, il est souhaitable de renouveler régulièrement la demande d’augmentation d’effectif, tant qu'elle n'est pas satisfaite.
Question du déclenchement du plan blanc en cas d'afflux aux urgences
La mise en oeuvre du plan blanc, instauré par la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique et le décret d'application du 30 décembre 2005, suppose qu'il existe une "situation d'urgence sanitaire".
Comme le rappellent les fiches de recommandations du ministère de la Santé, consultables sur
http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/hopital_tension.pdf, le plan blanc (qui permet effectivement l'ajout de lits supplémentaires dans les services) nécessite une "situation de tension" conjuguée à une "activité soutenue et une capacité d'accueil restreinte", définis à partir d'"indicateurs de tension" (nombre de passages aux urgences, nombre de patients de plus de 75 ans ou de moins d'un an, seuil de patients présents aux urgences en attente d'examens, taux d'occupation, etc.). Avant son déclenchement proprement dit, une cellule de crise restreinte peut être constituée pour apprécier les mesures à prendre pour remédier à la situation rencontrée et l'opportunité de déclencher le plan blanc.
Au regard des fiches du ministère de la Santé, cette cellule de crise peut, préalablement au déclenchement du plan, prendre un certain nombre de mesures (dont l'ajout de lits).
Il ne me semble donc pas que l'ajout de lits dans un service ne soit possible qu'à la condition que le plan blanc ait été déclenché.
Toutefois, l'ajout doit rester "raisonnable", afin d'éviter de mettre en péril la sécurité des patients pris en charge dans ces conditions.
Juriste MACSF