EHPAD/ c'est grave docteur?
Publié : 20 août 2017 10:58
Bonjour,
je suis une infirmière qui découvre le monde des EHPAD en France...
Au bout que quelques semaines, j'ai besoin d'avoir des réponses. Je compte sur vous... (Merci d'avance)
1. quand j'ai été engagée, en CDD, dans l'urgence, on m'expliquait que "la faute au personnel", que "les congés de maladie pour 2016 sont de 3500 jours", ... et qu'on serait ravi que je vienne et que je mette en place de l'humanitude.
En 15 jours, j'ai effectué 125heures de travail sans parler des heures bénévoles faites pour parfaire mes lacunes: car bien sur au départ j'étais persuadée que si je ne m'en sortais pas c'est que je devais être maladroite.
Aujourd'hui, je comprends que ce n'est pas le cas... on nous donne un horaire de 12h/ jours et du travail pour 18h...
Comment défendre son métier et préserver une vocation dans de telles conditions?
Est ce ainsi ailleurs?
je résume le travail
Entre 7h15 et 9h30 il faudrait avoir lu les mails (il m'est arrivé d'en avoir 52), lu les transmissions, préparé les morphines, contrôlé les médicaments du matin de 52 patients, administré les médicaments, fait les prises de sang "à jeun", il faut aussi répondre aux urgences, répondre aux problèmes de la cuisine, appeler les médecins si besoin, faire les glycémie, injecter les insulines,priendre les paramètres demandés par le médecin, et des patients DEG.
Entre 9h30 et 11h30 il faut avoir mis les bandes de contentions, (7), et avoir réalisés les pansements (selon les jours entre 12 et 21 pansement), terminer les prises de sang, ranger la pharmacie du matin, faire les SC, réaliser les aspi si nec,
bien entendu ne pas oublier tout au long de la journée de compléter les dossiers informatisés.
Ranger les charriots, et les rechercher de matériel.
Entre 11h30 et 12h il faut terminer les dossiers, et répondre aux médecins, reprendre les glycémies et paramètres nécessaires.
12 à 13h: contrôle des médicaments et administrations
13h à 13h30 pause repas que je fais devant ordinateur car sinon je n'ai pas le temps de réajuster, de réactualiser les données liées aux plaies.
13h30 transmission du secteur 1, ensuite du secteur 2 puis du secteur 3, puis du secteur 4 (transmission à suivre concernant 70 patients.). on doit ensuite contrôler la pharmacologie, les dossiers, faire les commandes, répondre aux urgences, chutes, blessures, bagarres, ... faire les préparations "gouttes", ranger les documents administratifs, répondre aux exigences de la direction, répondre aux familles, contrôler les résultats des prises de sang et adaptation des traitement, ... reprises de glycémies à 17h30, 18h controle et administrations des médocs du soir, rangement, controle de la phamaco du soir (livraison), répondre aux médecins. Sortir les poubelles, ...
En prenant les exigences de base, j'ai découvert qu'on me laissait 3 minutes 20 secondes par patient. Bien entendu je n'ai pas décompter le temps des trajets dans le couloirs, ascenseurs, ni les urgences, ni le temps passé avec les médecins ... je sais juste par une collègue que nous effectuons 12 à 14 km par jour.
L'humanitude dans de telles conditions es tune utopie et surtout cette philosophie n'est pas applicable si le soignant lui même ne reçoit pas de l'humanitude de sa direction... les 14 BF sont pour tous les etres humains, même pour les soignants... enfin tant que les soignants ne sont pas des robots.
2. Aujourd'hui pour arriver à faire mon travail correctement en suivant les principes de base qui nous lient à la profession IDE, je prends mon service à 5h30 du matin. Ce qui me permet de lire les trans et les mails. Ce qui me permet aussi ainsi de croiser les veilleurs de nuit car sinon...
Il n'est pas prévu dans les horaires que je croise un infirmier ou les veilleurs de nuit. Donc aucune transmission orale.
Est ce normal? Est ce que en France on travaille souvent ainsi (sans trans orale)?
Pour les heures du matin, je ne comptais aucune heure sup, vu que je pensais que c'était moi qui était lente... (Cela va changer...)
3. Alors que je ne m'en sors pas ( et je ne suis pas la seule; d'où les brun out, d'où les départs), d'un coté on me dit "on vous voit tellement travailler" et d'un autre côté on rajoute du travail...
On explique à la direction que cela devient dangereux: en réponse on nous annonce l'arrivée de deux nouveaux patients. Un monsieur en Palliatif et une dame démente et agitée+++ . J'explique que je ne suis pas en mesure de les accueillir car je n'ai pas le temps, (preuve: en 9 semaines, j'ai pris une pause de 10 minutes et une autre de 15: aucune autre. Alors que je viens chaque jour 1h30 plus tot et que je quitte généralement avec une heure de retard (les heures de retard, je les impose en heures sup, contrairement à mes collègues.)
En réponse à cela, la direction a fait rentrer la dame démente le jour de ma reprise de travail, comme si la direction souhaitait me rabaisser et m'obliger à reconnaitre qu'ils sont les chefs suprêmes.
La patiente est entrée, contre ma volonté et sans qu'on me remette le dossier médical du patient.
Est ce qu'ils ont le droit de mettre ainsi les IDE en difficulté et les patients en danger?
4. La direction m'a fait savoir oralement que je pourrais me passer du controle des médicaments et faire confiance.
- Les pilulier sont préparés par une personne sans la présence d'un pharmacien.
- la personne qui prépare les 70 piluliers le fait seule de 7h30 à 17h30 voire dix huit heures, avec un pause de 30 minutes à midi.
-plusieurs médicaments sont anonymes, sortis d'une boite, d'un blister, parfois coupés en deux... anonymes et parfois méconnaissables.
- les médicaments sont préparés une semaine à l'avance, certains médicaments commencent à se désagréger et à fondre dans les piluliers.
- je suis responsables de la distribution des médicaments de 52 patients et pour les autres distribution , ce sont les ASH ou les As qui s'en chargent sans jamais les controler.
- des médicaments sont administrés en même temps alors que certains devraient etre administrés ajeun ou à 2h des autres médocs.
- il y a un moyenne de 8 erreurs par semaine, liée à letre humain ou à l'informatique.
Que faites vous en France pour vous protéger et pour faire appliquer la loi, le code de déontologie?
5. La direction veut nous persuader qu'elle fait tout cela pour le bien de l'établissement, qui est endetté. Parfois elle a même le souci de nous informer que si la maison est en déficit c'est à cause des soignants qui exagèrent... et qui profitent...
Quelqu'un m'a demandé si la direction ne chercherait pas à faire craquer les infirmières. Ce serait selon cette personne une excellente façon de fermer la maison de retraite (faute d'infi: si il n'y a plus d'infi, on ne peut plus continuer). Ce qui permettrait alors de mettre tout le personnel au chomage et d'ici quelques mois de recommencer à zero... sans les dettes et surtout sans les anciens contrats. Est ce que ce raisonnement est valable ou totalement absurde?
La réflexion vient du fait que chaque fois qu'une infirmière semble montrer de la bonne volonté et s'accrocher pour le bien de la maison, on la couvre de travail au point que l'une apres l'autre s'écrasent comme des mouches... et finissent en burnout, ou donnent leur démission.
Merci d'avance pour vos réponses et commentaires
je suis une infirmière qui découvre le monde des EHPAD en France...
Au bout que quelques semaines, j'ai besoin d'avoir des réponses. Je compte sur vous... (Merci d'avance)
1. quand j'ai été engagée, en CDD, dans l'urgence, on m'expliquait que "la faute au personnel", que "les congés de maladie pour 2016 sont de 3500 jours", ... et qu'on serait ravi que je vienne et que je mette en place de l'humanitude.
En 15 jours, j'ai effectué 125heures de travail sans parler des heures bénévoles faites pour parfaire mes lacunes: car bien sur au départ j'étais persuadée que si je ne m'en sortais pas c'est que je devais être maladroite.
Aujourd'hui, je comprends que ce n'est pas le cas... on nous donne un horaire de 12h/ jours et du travail pour 18h...
Comment défendre son métier et préserver une vocation dans de telles conditions?
Est ce ainsi ailleurs?
je résume le travail
Entre 7h15 et 9h30 il faudrait avoir lu les mails (il m'est arrivé d'en avoir 52), lu les transmissions, préparé les morphines, contrôlé les médicaments du matin de 52 patients, administré les médicaments, fait les prises de sang "à jeun", il faut aussi répondre aux urgences, répondre aux problèmes de la cuisine, appeler les médecins si besoin, faire les glycémie, injecter les insulines,priendre les paramètres demandés par le médecin, et des patients DEG.
Entre 9h30 et 11h30 il faut avoir mis les bandes de contentions, (7), et avoir réalisés les pansements (selon les jours entre 12 et 21 pansement), terminer les prises de sang, ranger la pharmacie du matin, faire les SC, réaliser les aspi si nec,
bien entendu ne pas oublier tout au long de la journée de compléter les dossiers informatisés.
Ranger les charriots, et les rechercher de matériel.
Entre 11h30 et 12h il faut terminer les dossiers, et répondre aux médecins, reprendre les glycémies et paramètres nécessaires.
12 à 13h: contrôle des médicaments et administrations
13h à 13h30 pause repas que je fais devant ordinateur car sinon je n'ai pas le temps de réajuster, de réactualiser les données liées aux plaies.
13h30 transmission du secteur 1, ensuite du secteur 2 puis du secteur 3, puis du secteur 4 (transmission à suivre concernant 70 patients.). on doit ensuite contrôler la pharmacologie, les dossiers, faire les commandes, répondre aux urgences, chutes, blessures, bagarres, ... faire les préparations "gouttes", ranger les documents administratifs, répondre aux exigences de la direction, répondre aux familles, contrôler les résultats des prises de sang et adaptation des traitement, ... reprises de glycémies à 17h30, 18h controle et administrations des médocs du soir, rangement, controle de la phamaco du soir (livraison), répondre aux médecins. Sortir les poubelles, ...
En prenant les exigences de base, j'ai découvert qu'on me laissait 3 minutes 20 secondes par patient. Bien entendu je n'ai pas décompter le temps des trajets dans le couloirs, ascenseurs, ni les urgences, ni le temps passé avec les médecins ... je sais juste par une collègue que nous effectuons 12 à 14 km par jour.
L'humanitude dans de telles conditions es tune utopie et surtout cette philosophie n'est pas applicable si le soignant lui même ne reçoit pas de l'humanitude de sa direction... les 14 BF sont pour tous les etres humains, même pour les soignants... enfin tant que les soignants ne sont pas des robots.
2. Aujourd'hui pour arriver à faire mon travail correctement en suivant les principes de base qui nous lient à la profession IDE, je prends mon service à 5h30 du matin. Ce qui me permet de lire les trans et les mails. Ce qui me permet aussi ainsi de croiser les veilleurs de nuit car sinon...
Il n'est pas prévu dans les horaires que je croise un infirmier ou les veilleurs de nuit. Donc aucune transmission orale.
Est ce normal? Est ce que en France on travaille souvent ainsi (sans trans orale)?
Pour les heures du matin, je ne comptais aucune heure sup, vu que je pensais que c'était moi qui était lente... (Cela va changer...)
3. Alors que je ne m'en sors pas ( et je ne suis pas la seule; d'où les brun out, d'où les départs), d'un coté on me dit "on vous voit tellement travailler" et d'un autre côté on rajoute du travail...
On explique à la direction que cela devient dangereux: en réponse on nous annonce l'arrivée de deux nouveaux patients. Un monsieur en Palliatif et une dame démente et agitée+++ . J'explique que je ne suis pas en mesure de les accueillir car je n'ai pas le temps, (preuve: en 9 semaines, j'ai pris une pause de 10 minutes et une autre de 15: aucune autre. Alors que je viens chaque jour 1h30 plus tot et que je quitte généralement avec une heure de retard (les heures de retard, je les impose en heures sup, contrairement à mes collègues.)
En réponse à cela, la direction a fait rentrer la dame démente le jour de ma reprise de travail, comme si la direction souhaitait me rabaisser et m'obliger à reconnaitre qu'ils sont les chefs suprêmes.
La patiente est entrée, contre ma volonté et sans qu'on me remette le dossier médical du patient.
Est ce qu'ils ont le droit de mettre ainsi les IDE en difficulté et les patients en danger?
4. La direction m'a fait savoir oralement que je pourrais me passer du controle des médicaments et faire confiance.
- Les pilulier sont préparés par une personne sans la présence d'un pharmacien.
- la personne qui prépare les 70 piluliers le fait seule de 7h30 à 17h30 voire dix huit heures, avec un pause de 30 minutes à midi.
-plusieurs médicaments sont anonymes, sortis d'une boite, d'un blister, parfois coupés en deux... anonymes et parfois méconnaissables.
- les médicaments sont préparés une semaine à l'avance, certains médicaments commencent à se désagréger et à fondre dans les piluliers.
- je suis responsables de la distribution des médicaments de 52 patients et pour les autres distribution , ce sont les ASH ou les As qui s'en chargent sans jamais les controler.
- des médicaments sont administrés en même temps alors que certains devraient etre administrés ajeun ou à 2h des autres médocs.
- il y a un moyenne de 8 erreurs par semaine, liée à letre humain ou à l'informatique.
Que faites vous en France pour vous protéger et pour faire appliquer la loi, le code de déontologie?
5. La direction veut nous persuader qu'elle fait tout cela pour le bien de l'établissement, qui est endetté. Parfois elle a même le souci de nous informer que si la maison est en déficit c'est à cause des soignants qui exagèrent... et qui profitent...
Quelqu'un m'a demandé si la direction ne chercherait pas à faire craquer les infirmières. Ce serait selon cette personne une excellente façon de fermer la maison de retraite (faute d'infi: si il n'y a plus d'infi, on ne peut plus continuer). Ce qui permettrait alors de mettre tout le personnel au chomage et d'ici quelques mois de recommencer à zero... sans les dettes et surtout sans les anciens contrats. Est ce que ce raisonnement est valable ou totalement absurde?
La réflexion vient du fait que chaque fois qu'une infirmière semble montrer de la bonne volonté et s'accrocher pour le bien de la maison, on la couvre de travail au point que l'une apres l'autre s'écrasent comme des mouches... et finissent en burnout, ou donnent leur démission.
Merci d'avance pour vos réponses et commentaires