La mort du petit Rayan annoncée ce 6 février, après plusieurs jours d’espoir de le retrouver vivant dans le puits dans lequel il était tombé au Maroc, nous a plongés par millions dans une véritable tristesse.
L’incident, suivi en direct sur plusieurs jours, illustré par un flux incessant de commentaires, photos, vidéos, relayé par les médias et les réseaux sociaux, a tenu en haleine le monde entier. Et ses funérailles ont été vécues comme un événement international. Loin du sentiment de détachement, d’indifférence autrefois inspiré par la distanciation géographique, l’instantanéité de l’information et son relais incessant défient désormais les lois de proximité. Et c’est tant mieux. Il n’est plus de « morts kilométriques », nous ressentons l’appartenance à la même humanité. La mort d’un petit garçon à l’autre bout de la planète nous émeut et nous est rendue aussi proche que si nous habitions le même village. Notre peine, notre compassion sont sincères. Mais à quel titre nous trouvons-nous propulsés aux premières loges du drame, auprès de ses parents, famille, amis ? Avec quelle légitimité partageons-nous ainsi l’intimité d’une tragédie avec ceux qui la vivent et dont le cœur et le destin se brisent ? Cette intimité que tout professionnel du soin respecte et apprend à respecter autant qu’il peut dans sa pratique. Ces instants suspendus d’une famille au dernier souffle d’un des siens, ces moments de recueillement auprès d’une dépouille sont autant de situations desquelles il sait se détourner pour laisser cette intimité aux intimes. Ethique professionnelle ou tout simplement délicatesse humaine. Une délicatesse dont on aimerait aussi que les professionnels de l’information, tous comme les amateurs éclairés, et tout un chacun, se saisissent.
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