Le droit des femmes à disposer d’elles-mêmes sera-t-il jamais définitivement acquis ? Gagnée de haute lutte, dans les pays occidentaux, la tendance générale est actuellement en faveur du droit à l'interruption volontaire de grossesse. Mais qui demeure si fragile. En témoigne la menace de voir dans les prochains jours la Cour suprême américaine le remettre en question. Faut-il répéter encore, à l’instar du directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), que "l'accès à des avortements sûrs sauve des vies" ? Alors que 25 millions d'avortements non sécurisés se produisent chaque année dans le monde et sont à l'origine de 39.000 décès*. Faut-il bien faire entendre que dans les pays où les restrictions sont les plus sévères, seul un avortement sur quatre est sécurisé, contre près de neuf sur dix dans les pays où la procédure est largement légalisée ? En France, la loi relative à l'interruption volontaire de grossesse, dite loi Veil, a été promulguée le 17 janvier 1975. Est-il audible, près d’un demi-siècle après, d’entendre des propos relativisant sa validité morale ? Peut-être faut-il tout simplement rappeler ce que Simone Veil, forte de son courage et d’une conviction ancestrale, déclarait à une Assemblée nationale insultante et hostile face à son projet : "Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes."
*Selon l'OMS |