TÉMOIGNAGE

Infirmière intérimaire : «C’est vrai qu’il y a de l’incertitude mais un salaire majoré et la liberté»

Publié le 01/12/2025

L’exercice en intérim présente ses avantages. Mais s’il peut convenir à un certain moment de son parcours professionnel, il peut aussi engendrer des périodes d’insécurité. Kathleen, 33 ans, intérimaire à l'hôpital public de Saint-Denis (93) fait le récit de son expérience.

Infirmière en centre de santé

Auxiliaire de puériculture depuis 2012, Kathleen a intégré un IFSI pour devenir infirmière. Diplômée en 2019, elle a, la même année, pris un poste en réanimation pédiatrique à l’hôpital Necker à Paris sur un rythme de deux mois de jour et deux mois de nuit. La charge de travail était alors telle qu’elle ne pouvait pas adapter son planning à sa vie personnelle. Plus précisément, elle ne parvenait avec ce planning à s’organiser pour s'occuper de son père malade.

Le choix de l’intérim

« Je travaillais sur un rythme "petite semaine, grande semaine", qui était assez rigide. Ce rythme tend d’ailleurs à disparaître car il très contraignant et très fatigant. J’ai alors songé à me mettre en disponibilité. À l'hôpital public, il y a plusieurs façons de le faire, explique-t-elle. Il y a notamment la convenance personnelle qui repose sur le bon vouloir de l’employeur. Lorsque j’ai fait ma demande au motif de devoir prendre soin d’un proche, on m'a littéralement ri au nez en me disant que comme je n’avais pas d’enfant, ma demande ne serait pas recevable. J’ai eu beau mettre en avant mon statut d’aidante familiale, rien n’y a fait. J'ai donc décidé de quitter l’hôpital Necker.» 

Quand on se lance dans l’intérim, le fait d’avoir une spécialité ou un domaine de prédilection peut être un plus.

Le seul moyen pour Kathleen d’avoir un planning adapté aux besoins de son père, était d’opter pour l'intérim. Elle a aujourd’hui 33 ans et est intérimaire à l'hôpital public de Saint-Denis (93). Elle exerce principalement dans en service pédiatrique et en néonatalogie. 
« Quand on se lance dans l’intérim, le fait d’avoir une spécialité ou un domaine de prédilection peut être un plus, souligne-t-elle. Je me suis donc naturellement tournée vers les sociétés d’intérim en contrat avec des hôpitaux pratiquant la pédiatrie.»
Elle s’est inscrite dans plusieurs agences et a rapidement été contactée. Elle a effectué des missions au sein de divers hôpitaux publics et privés. Elle a également travaillé en laboratoire et est parvenue à négocier son planning pour travailler les matinées, ce qui lui laissait du temps pour prendre soin de son père. 

Attention au choix de l’agence !

Kathleen est inscrite dans une agence qui s'appelle Express Intérim santé. Elle dit s’y retrouver et se sent notamment rassurée par l’échange avec l’agent et le côté professionnel de la vérification : «C'est important que l’agence vérifie bien nos compétences et notre adéquation avec le service visé. Aux urgences pédiatriques, par exemple, nous avons eu plusieurs cas d’intérimaires qui n'avaient jamais fait de pédiatrie de leur vie. C’est évidemment extrêmement dangereux. Certaines agences ne vérifient absolument pas les compétences des infirmières qu'ils envoient en mission. Il m’est arrivé un jour de rencontrer une soi-disant infirmière recrutée par agence qui avait donné un faux diplôme ! L’agence n’avait pas cru bon de vérifier.»

En cas d’annulation d’une mission, les contrats n’incluent pas de clause d’indemnisation.

« Lorsque mon papa est décédé, je suis partie du laboratoire pour rejoindre l’hôpital, toujours à travers des missions d’intérim. Et pour parler d’incertitude, à ce moment-là, je l’ai vraiment ressentie, confie-t-elle. Je faisais huit gardes par mois et ça m’allait très bien. Jusqu’au jour où on m’a annoncé qu’à partir de la semaine suivante, on n’aurait plus besoin de moi pour le reste du mois. Je m’étais heureusement inscrite dans d’autres agences d’intérim et j’ai rapidement retrouvé quelques nouvelles missions. Globalement le travail ne manque pas dans notre secteur. Cela m'est aussi arrivé ici à l’hôpital public de Saint-Denis d’être annulée du jour au lendemain. Le hic est que nos contrats n’incluent pas de clause d’indemnisation.»

Davantage de liberté

Si l’incertitude fait partie des mauvais côtés, l’intérim présente l’avantage de permettre de choisir les moments où l’on souhaite travailler. 
Dans son service, Kathleen a des collègues qui ont choisi de ne travailler ni les nuits, ni les week-ends. Uniquement du lundi au vendredi. «De mon côté, n’ayant plus mon père, je suis beaucoup plus flexible sur les week-ends. En revanche, je n’accepte toujours pas les nuits.»
Ce que Kathleen trouve particulier est que, de par son statut d’intérimaire, elle collabore avec des infirmières contraintes de travailler jour et nuit, en alternance : «Moi je ne fais que des journées. En outre, je suis mieux payée grâce aux 10% d’indemnités de fin de contrat et aux 10% de congés payés.»
Alors, si elle n’a effectivement pas de congés payés, elle s’arrange pour travailler plus intensément durant une période pour pouvoir se permettre ensuite quelques jours de repos.

Changements de services

Au sujet des changements réguliers de services dus à son statut, Kathleen explique qu’à titre personnel, cela lui convient très bien : «Cela me va de découvrir différents services à condition, dans la mesure du possible, de rester dans le même hôpital.» En général, elle dit être bien accueillie dans les services. 
Elle ne se remémore que d’une seule mauvaise expérience. «J’ai été confrontée à une équipe réticente aux intérimaires. Dès le début, on m’a clairement fait savoir que les intérimaires déstabilisaient les équipes… De mon côté, j’avais plutôt la sensation de venir en renfort pour les aider».

Élise Kuntzelmann

Source : infirmiers.com