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À Lille, un hôpital de jour propose une prise en charge intensive du psychotraumatisme

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Publié le 13/07/2025

Le projet REPII, importé des Pays-Bas, conjugue différentes psychothérapies pour une prise en charge intensive des patients qui souffrent de troubles de stress post-traumatique, une première en France.

psychotrauma / Lille

Accidents graves de la route, traumatisme sexuel, militaire, agressions… Le Centre Hospitalier de Lille a ouvert au mois de décembre 2024 un hôpital de jour spécifiquement dédié au psychotraumatisme, autour d'une méthode innovante : l'association de plusieurs psychothérapies sur un mode intensif pour des patients qui souffrent de stress post-traumatique.

Découvrez notre reportage à l'hôpital de jour du CHU de Lille >>

 

Psychothérapie intensive et rotation des thérapeutes 

«Il y a un mouvement global dans le monde, en particulier aux États-Unis et aux Pays-Bas, qui met en avant la psychothérapie intensive pour traiter le psychotraumatisme», explique Arnaud Leroy, psychiatre et responsable de l’hôpital de jour REPII du Centre Régional du Psychotraumatisme. C'est lui qui a importé le modèle des Pays-bas. «Il y a un hôpital de jour et une hospitalisation à temps complet aux Pays-Bas qui montrent des résultats très intéressants, je suis donc allé voir et je suis revenu avec pas mal d'idées, pas mal de concepts qu'on a repris ici, et notamment l'idée de proposer un module de psychothérapie complet sur 2 fois 5 jours, soit deux semaines».  

Sur indication d’un médecin psychiatre, les patients volontaires se confrontent à leur traumatisme, accompagnés par une équipe pluri-professionnelle, des infirmiers, des psychologues, des psychiatres ou encore des éducateurs en activité physique adaptée, qui s’engagent à leur côté pendant 15 jours d’un programme particulièrement éprouvant.

 

psychotraumatisme
Adéline Serez et Davina Nogé, infirmières à l'hôpital de jour REPII. 

Ce côté très adaptatif, quasiment heure par heure, en fonction de l'évolution du patient et notre approche psyco-corporelle, très poussée, sont deux spécificités qui n'existent pas ailleurs.

Une première en France 

«Plusieurs psychothérapies sont validées pour le traitement du trouble de stress post-traumatique, mais l'hôpital de jour REPII en utilise plusieurs en même temps», confie Arnaud Leroy : Mouvements alternatifs pluriels ou EMDR, thérapie d’exposition par l’imagination, thérapies brèves, thérapies d’exposition par la narration, thérapies psychocorporelles avec la psychomotricienne, ou via l’activité physique adaptée... «On fait notre cuisine. On utilise uniquement des ingrédients qui sont reconnus comme efficaces dans le trouble de stress-post-traumatique, mais d'une façon qui est complètement individualisée et adaptée en fonction de l'évolution des patients». Cette nouvelle offre de soins s'adresse notamment à des patients plus complexes pour lesquels la prise en charge en consultation est insuffisante.

Le rôle prépondérant des infirmières 

Dans cette unité, les infirmières ont un rôle pivot. Elles accueillent et accompagnent le patient tout le long de son parcours de soin, elles assurent la surveillance clinique du patient tout le long du cycle. Elles animent également des ateliers de psycho-éducation. Comme elles sont aussi formées en thérapie, elles participent aux entretiens à visée psychothérapeutique, elles assistent l'éducatrice en activité physique adaptée et administrent les traitements si besoin. «On a aussi la trans-disciplinarité, c'est à dire qu'on a vraiment intégré les savoirs pluri-professionnels, dans la limite de nos compétences, mais ça nous permet d'avoir une vision globale sur des situations complexes et d'accompagner au mieux le patient», précise Adéline Serez. La place qui leur est accordée dans le service relève d'une vision militante, assure Arnaud Leroy. «Avec ce principe de rotation des thérapeutes, on a besoin de personnes qui soient les piliers de l'unité et qui aient une vision globale, ce qui est le cas des infirmières puisqu'elles assurent une continuité des soins. Et d'autre part, au-delà des tâches administratives, elles utilisent des outils thérapeutiques en étant supervisées par des psychothérapeutes, elles sont en capacité de proposer des activités à médiation corporelle sous supervision de la psychomotricienne, elles sont en capacité d'animer des groupes... On a donc vraiment une vision très polyvalente du poste d'infirmière et c'est pour ça qu'elles ont le temps de présence le plus important sur la structure».  

psychotrauma

Le projet REPII, késaco ?

Porté par le Centre Régional du psychotraumatisme (CRP) Hauts-de-France, ce projet, dénommé REPII, est financé par la Direction Générale de l’Offre de Soins 2023 (DGOS) dans le cadre de l’appel à projet Fond d’Innovation Organisationnel en Psychiatrie (FIOP), pour une durée de 3 ans.  


Source : infirmiers.com