Jusqu'alors ministre des Armées, Sébastien Lecornu succède à François Bayrou à Matignon. Il s'agit du cinquième chef du gouvernement depuis le début du quinquennat en 2022. Du jamais-vu dans une Ve République longtemps réputée pour sa stabilité mais entrée dans une crise sans précédent depuis la dissolution de juin 2024. Dans ce contexte instable, le monde de la santé s'inquiète pour les dossiers en cours, le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2026 ou les revalorisations attendues...
Le Sniil espère une stabilité institutionnelle
«L’incertitude politique ne doit en aucun cas retarder les échéances sociales et budgétaires majeures à venir», observe le Syndicat National des Infirmières et Infirmiers Libéraux (SNIIL) qui alerte sur l'urgence de répondre aux attentes : «À très court terme, le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2026 constitue un rendez-vous déterminant. Ce texte doit absolument être à la hauteur des besoins de notre système de santé et des attentes des infirmières et infirmiers libéraux. Alors que les négociations conventionnelles sont en cours, le Sniil rappelle que les revalorisations attendues par la profession sont vitales et ne sauraient être compromises par un manque d’ambition budgétaire. Si l’Ondam 2026 n’était pas fixé à un niveau suffisant, le comité d’alerte pourrait être amené à geler les revalorisations obtenues dans le cadre des discussions conventionnelles. Un scénario inacceptable pour une profession qui attend ces avancées de pied ferme après des années de négligence de la part des pouvoirs publics».
En attente du PLFSS 2026...
Les fédérations des établissements de santé demandent au nouveau Premier ministre une présentation rapide du PLFSS 2026 et une loi de programmation en santé. Après avoir adressé «leurs félicitations à M. Sébastien Lecornu», les fédérations (FHF, FHP, Unicancer et Fehap*) l’appellent, dans un communiqué commun, «à placer la santé, deuxième priorité des Français après le pouvoir d’achat, en haut de la feuille de route gouvernementale. Cela doit se concrétiser dès les prochaines semaines par la présentation et l’adoption, dans des délais raisonnables, du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 et d’un ONDAM garantissant aux établissements de santé le juste financement de leurs coûts», précisent-elles. Rappelant que les établissements de santé ont dû faire face «à un sous-financement de l’inflation qui, cumulé, atteint désormais 1,8 milliard d’euros, elles demandent donc une hausse de l’ONDAM établissements de santé à +3 %, afin de couvrir les besoins réels et permettre un fonctionnement soutenable des établissements, au service de l’accès aux soins partout en France».
Elles évoquent également, le champ médico-social, pour lequel l’adoption du PLFSS 2026 est indispensable :
- Pour permettre la création d’emplois en EHPAD et structures d’accompagnement médico-social ;
- Le développement des dispositifs et services en faveur des personnes en perte d’autonomie ou en situation de handicap ;
- La refonte du modèle économique des établissements médico-sociaux.
...et d'une loi de programmation en santé
Face à l'instabilité politique actuelle, les fédérations rappellent par ailleurs l’importance d’adopter «une visibilité pluriannuelle, à travers une loi de programmation en santé ». Il s’agit « d’une condition sine qua non au soutien à la transformation en profondeur de notre système de santé et à sa soutenabilité, au maintien de la confiance et de l’engagement des acteurs, et à l’existence de perspectives pour investir, innover et relever le défi de la prévention».
«Cette loi de programmation est une invitation aux pouvoirs publics», rappelait justement la FHF dans son livre blanc en mai 2025, qui promettait de programmer pour «soigner mieux sans dépenser plus». «En faisant le choix du pilotage à long-terme, nous pouvons lever les blocages aux réformes structurantes qui demandent du temps pour produire leurs effets : le grand virage de la prévention, le défi du vieillissement, la bataille de l’accès aux soins, l’adaptation à la chronicisation des maladies, la transition écologique, la mobilisation de l’hôpital public dans notre stratégie de défense nationale, etc».
* La Fédération Hospitalière de France, la Fédération de l'Hospitalisation Privée, Unicancer et la Fédération des Établissements Hospitaliers et d’Aide à la Personne privés solidaires.
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