Alors que la pandémie de Covid-19 a eu un impact majeur sur la santé mentale des populations en France et à l’international, l'étude publiée par Santé Publique France vise à estimer la prévalence des états anxieux dans la population générale adulte en France hexagonale en 2021, à identifier les facteurs qui leur sont associés et à analyser les évolutions observées depuis 2017. Elle teste notamment l’hypothèse selon laquelle les états anxieux auraient pu augmenter à la suite de la crise sanitaire, comme cela a été observé pour les épisodes dépressifs caractérisés.
La fréquence des états anxieux est restée stable
«Contrairement aux épisodes dépressifs dont la prévalence a significativement augmenté entre 2017 et 2021 (...), la fréquence des états anxieux est restée stable», résume pourtant l'étude de Santé Publique France, battant en brèche l'hypothèse selon laquelle «les états anxieux auraient pu augmenter à la suite de la crise sanitaire». La pandémie de Covid, qui s'est traduite en 2020 par des restrictions sanitaires d'une ampleur sans précédent avec de stricts confinements dans de nombreux pays, est généralement considérée comme un facteur qui a aggravé de nombreux troubles mentaux. Un vaste travail de synthèse, publié en 2021 dans The Lancet, avait notamment conclu à une aggravation des troubles dépressifs comme anxieux dans le cadre de la pandémie.
«Contrairement à l’augmentation observée pour les épisodes dépressifs caractérisés, nos résultats ne montrent pas d’évolution significative de la prévalence des états anxieux entre 2017 et 2021. Ils suggèrent cependant une prévalence élevée des états anxieux, associée à de fortes inégalités sociales et à des comorbidités importantes. Ces résultats invitent à faciliter l’accès de la population, et notamment des plus défavorisés, aux dispositifs de prévention et de prise en charge des troubles anxieux». Les résultats ne sont donc pas probants pour confirmer l'hypothèse d'un impact majeur de la pandémie sur ces troubles, à long terme. A l'issue de l'étude, menée par sondage téléphonique auprès de milliers de Français sur la base d'un questionnaire mesurant les principaux symptômes anxieux, les chiffres sont globalement restés les mêmes entre 2017 et 2021. Les sept questions posées comprenaient par exemple la fréquence à laquelle la personne fait l'expérience d'une «sensation de peur comme si quelque chose d'horrible allait (...) arriver», ou sa capacité à «rester tranquillement assise à ne rien faire et (se) sentir décontractée».
Des résultats jugés malgré tout préoccupants
Les résultats sont toutefois jugés préoccupants par les chercheurs, avec 12,5% des personnes interrogées qui présentent des symptômes anxieux. «En 2021, 12,5% des personnes âgées de 18 à 85 ans présentaient un état anxieux au moment de l’enquête, avec une prévalence trois fois plus élevée chez les femmes (18,2%) que chez les hommes (6,4%)», observe Santé Publique France. L'étude fait également le lien avec les inégalités sociales : ils apparaissent plus fréquents chez les personnes en difficulté financière ou d'un faible niveau d'éducation. En revanche, la pandémie de Covid n'a pas aggravé les choses. Ce qui paraît ainsi contre-intuitif, puisqu'aux premiers temps de la pandémie, des études rapides avaient témoigné d'un bond des sentiments d'anxiété en France, s'explique pourtant : «les fortes prévalences observées au début de la phase pandémique ont pu être transitoires», avancent les chercheurs. Pour autant, les épisodes dépressifs, eux, semblent souvent avoir pu être aggravés de manière durable.
Quelle méthode pour cette enquête ?
Les données sont issues du Baromètre de Santé publique France, enquête déclarative menée par téléphone, selon un sondage aléatoire, auprès de 4 829 personnes âgées de 18 à 85 ans en 2021 et de 6 413 personnes âgées de 18 à 75 ans en 2017. La présence d’un état anxieux a été évaluée à partir de la sous-échelle anxiété de la « Hospital Anxiety and Depression scale » (HAD-A). L’analyse des évolutions entre 2017 et 2021 a été restreinte à la population des 18-75 ans.
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