Après l’hôpital de Thionville, c’est un autre hôpital de Moselle, privé à but non lucratif, celui-ci, qui témoigne de son ras-le-bol face à des conditions de travail particulièrement dégradée. L’établissement de Saint-Avold, rattaché au groupe SOS*, est désormais contraint de fermer son service des urgences la nuit, faute de personnel. 36 des 38 infirmiers qui y travaillent sont en effet en arrêt maladie pour épuisement.
« Les urgences sont fermées à partir de 19H00, par manque de personnel », a déclaré à l’AFP Fazia Boukhelifa, secrétaire médicale et déléguée CFDT au sein de l’hôpital. « Les soignants ont le sentiment d’être maltraités et se sentent maltraitants à l’égard des patients », a-t-elle ajouté, pointant « des temps d’attente incroyables et des locaux prévus pour 40 passages par jour » mais qui en enregistrent quotidiennement jusqu’à 110. « C’est ce qui a mené à ces arrêts maladie. On a l’impression qu’aucune leçon n’a été tirée depuis la crise du Covid. » L’accueil aux urgences en journée, lui, est par ailleurs assuré par des intérimaires.
Plusieurs appels à la grève
La situation avait déjà poussé la CFDT à lancer un mouvement de grève symbolique le 28 décembre dernier, mais c’est désormais un mouvement « illimité » qu’elle appelle à entamer ce mercredi 11 janvier. De leurs côté, CFTC et FO ont lancé une grève reconductible du 6 au 23 janvier pour l’ensemble des 13 établissements gérés par le groupe SOS en Moselle, au Creusot et à Paris. « Il y a un ras-le-bol complet des soignants. On demande des conditions de travail dignes, afin de prendre en charge en sécurité les patients, ainsi qu'une augmentation des personnels et des salaires », a déclaré à l'AFP Marc Reisdorf, délégué syndical central FO. « Le service public est déjà dans un sale état, mais en-dessous il y a nous, les établissements privés à but non lucratif : nous avons les mêmes obligations que le service public, mais sans les moyens. Et après nous, il reste la cour des miracles », s'est-il insurgé, pointant la crainte des soignants de commettre, dans ces conditions, de graves erreurs médicales.
« Nous entendons ces difficultés, nous allons essayer de trouver des solutions. Le dialogue existe », a réagi Denis Garcia, le directeur de l’hôpital de Saint-Avold. « Je pense que ça va aboutir, même si les choses ne vont pas se régler en quelques minutes. On ne peut pas faire avec ce qu’on n’a pas. » Vendredi, l'ARS a déclenché le plan blanc dans « l'ensemble des établissements de santé de Moselle » pour leur permettre de se réorganiser pour faire face à la crise.
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