1er décès en tant qu'IDE

[Mamzelle-uh]

Bonjour,

Pour vous expliquez un peu ma situation, j'ai été diplomée en juin et je travaille depuis début juillet dans un service de pneumologie.
J'ai du gérer "mon premier décès" la nuit dernière, et j'ai du mal à " l'accepter".
J'arrête pas d'y penser, la famille en pleur qui me pose beaucoup de questions, et moi qui suis là sans savoir trop quoi dire ! =S

Pouvez vous me donner quelques conseils, pour passer " ce cap" ?
Pour pouvoir réussir à parler à une famille en deuil ?

Merci d'avance.

[poiloden]

bonjour,

tout d'abord, il serait bon que tu saches en quoi tu n'acceptes pas ce décès.
comment veux tu prendre en charge l'autre si tu as déjà tout même un malaise.
réfléchie au pourquoi tout d'abord.

ensuite, face à une famille en deuil, c'est bien préparer le corps,préparer la chambre: fauteuils, chambre propre.
et se montrer disponible.

tu dis ne pas pouvoir répondre à leurs questions, mais lesquelles ?
ensuite, tu as le droit de dire "je ne sais pas", "je vais aller me renseigner", "il faut voir avec l'assistante sociale" voilà des exemples.

et dire aussi: que tu comprends leur douleur, et que l'équipe, le service les médecins sont là. car euh, tu n'es pas seule !!!!!

bien à toi.
poilou

[Leopold Anasthase]

Pour vous expliquez un peu ma situation, j'ai été diplomée en juin et je travaille depuis début juillet dans un service de pneumologie.
J'ai du gérer "mon premier décès" la nuit dernière, et j'ai du mal à " l'accepter".

Mon conseil : ça n'est pas sur le forum que vous trouverez les meilleures réponses, mais dans votre service. Généralement, quand j'ai vécu quelque chose de difficile pendant mon travail, j'ai tendance à rester sur place. Quand je peux, je discute avec des collègues, mais même quand je ne peux voir personne (les collègues peuvent être occupés), je reste un peu (cinq minutes, un quart d'heure, une heure, c'est comme on veut), le temps d'évacuer un peu. Un peu comme si je déposais au boulot ce qui appartient au boulot, ça me permet d'en ramener un peu moins à la maison.

J'arrête pas d'y penser, la famille en pleur qui me pose beaucoup de questions, et moi qui suis là sans savoir trop quoi dire !

La famille comprend très bien que vous soyez gênée. Vous pouvez leur dire "je ne sais pas quoi vous dire pour vous aider", ils le comprennent aussi. À "je suis désolé", je préfère "je partage votre peine" ou n'importe quoi qui montre que vous aussi ce décès vous touche.

Quant aux questions, vous pouvez répondre de la même façon qu'avant son décès : vous pouvez vous exprimer sur ce qui relève des soins et vous évitez de vous exprimer sur ce qui relève du diagnostic (une seule source d'information médicale, c'est un bon principe). À "je ne peux rien vous dire", préférez "le médecin vous répondra" ou "je ferai part de vos questions au médecin" ou "voici comment vous pouvez entrer en contact avec le médecin".

Penser à des choses simples :

-après un décès, rien n'est urgent ; dites à la famille qu'ils ont le temps, le temps pour prévenir le reste de la famille, le temps pour venir quand ils ne sont pas sur place, le temps pour faire les papiers et autres formalités...

-éviter qu'une personne ne se retrouve seule ; le reste de la famille habite loin ? proposez de trouver un voisin, un ami, un collègue de travail, la concierge, n'importe qui, mais éviter de se retrouver seul avec personne à qui parler.

[Mamzelle-uh]

Je n'ai pas de malaise par rapport à la mort en elle même !
Ce patient était en fin de vie (Néo. pulmo avec métas. hépatiques, osseuses...), ce n'est pas sa mort qui me "gène" car il est désormais apaisé.
Mais c'est la souffrance que celle-ci engendre qui me pose problème, notamment la souffrance de sa famille. En les voyant dans cet état de souffrance, j'ai du prendre beaucoup sur moi pour ne pas pleurer avec eux, et de ce fait j'ai eu du mal à leur parler, à trouver les mots, à dire qu'il n'a pas souffert ...
C'est peut etre un trop plein d'émotivité je ne sais pas ...
J'aimerai reussir à prendre du recul pour mieux appréhender ce genre de situation


J'en ai parler à mes collegues, mais leur reaction a été : "Tu vas t'habituer, ça ira" "Faut pas le prendre pour toi ..." Donc vola =S

En tout cas merci pour vos réponses !

[piloupilou]

Je n'ai pas de malaise par rapport à la mort en elle même !
Ce patient était en fin de vie (Néo. pulmo avec métas. hépatiques, osseuses...), ce n'est pas sa mort qui me "gène" car il est désormais apaisé.
Mais c'est la souffrance que celle-ci engendre qui me pose problème, notamment la souffrance de sa famille. En les voyant dans cet état de souffrance, j'ai du prendre beaucoup sur moi pour ne pas pleurer avec eux, et de ce fait j'ai eu du mal à leur parler, à trouver les mots, à dire qu'il n'a pas souffert ...
C'est peut etre un trop plein d'émotivité je ne sais pas ...
J'aimerai reussir à prendre du recul pour mieux appréhender ce genre de situation


J'en ai parler à mes collegues, mais leur reaction a été : "Tu vas t'habituer, ça ira" "Faut pas le prendre pour toi ..." Donc vola =S

En tout cas merci pour vos réponses !

Les services de pneumo sont souvent trés éprouvants,d'autant que souvent tu as eu le temps de connaitre les patients,j'imagine ton ressenti,l'impuissance,se dire que tu ne peux pas faire grand chose pour les aider,les soulager...
Je ne sais comment t'aider,mais je sais que ca n'est pas facile,pour ma part(mais ca ne va pas t'aider)je refusais les vacations en pneumo,trop dur pour moi(par rapport a un décés dans ma famille qui relevait de la pneumo).

Sinon,comme Léopold,je ne sais pas pourquoi mais quand un événement me touche en service,je reste un peu plus en service,va savoir pourquoi ca me soulage,méme si aucun collégue n'est la pour en discuter...puis je marche parfois si c'est dur 1/2h sdeule avant de rentrer chez moi,et ca va mieux,j'avoue que je me suis non pas habituée mais adaptée et ca va.
La seule fois ou je n'ai pas parlé de suite d'un probléme(un copain d'école qui est venu se faire opérer,j'ai découvert dans son dossier que j'étais obligée de lire pour la PEC qu'il était séropositif)j'ai eu mal au ventre plusieurs jours,en plus je en pouvais pas en parler a mon mari qui le connait aussi,j'ai fini par en discuter avec une collégue avec qui je m'entends bien et qui a su me "décharger".

Tu as sans doute une collégue avec qui le courant passe et auprés de qui dire juste dire que tu es touchée,ca suffit souvent si elle ne minimise pas ton ressenti.
Sinon éventuellement le psychologue du service peut-étre?
Bon courage.

[Leopold Anasthase]

Mais c'est la souffrance que celle-ci engendre qui me pose problème, notamment la souffrance de sa famille.

Ce que vous décrivez est normal.

En les voyant dans cet état de souffrance, j'ai du prendre beaucoup sur moi pour ne pas pleurer avec eux, et de ce fait j'ai eu du mal à leur parler, à trouver les mots, à dire qu'il n'a pas souffert ...

La famille ne vous en voudra pas de pleurer, et même de ne pas arriver à trouver les mots.

C'est peut etre un trop plein d'émotivité je ne sais pas ...

C'est peut-être tout simplement de l'humanité.

J'aimerai reussir à prendre du recul pour mieux appréhender ce genre de situation

C'est ce que vous êtes en train de faire.

[sag??line]

et moi qui suis là sans savoir trop quoi dire ! =S

Parfois, il n'y a rien à dire, ça ne veut pas dire que vous êtes dénuée d'émotions. Beaucoup de choses se passent dans le regard, les attitudes non verbales.

Ce qui compte, c'est que la famille se soit sentie accompagnée, et pour celà, il n'y a pas besoin forcément de mots, les attitudes non verbales sont bien plus importantes parfois que des mots dits sans aucune conviction émotionnelle.

L'important c'est d'avoir su être vraie et être vous même.

Sur les questions que la famille se pose, vous pouvez effectivement répondre que vous ne savez pas, mais que vous allez vous renseigner. Différer des questions n'est pas gênant en soi à partir du moment où on revient voir la famille quand on a les réponses et la possibilité de le faire.

L'essentiel est que la famille ai eu le sentiment d'avoir été entendue, c'est aussi ça accompagner ceux qui restent lors d'un décès d'un de leur proche.

L'important, c'est surtout le "savoir être", être authentique comme vous l'avez été. La famille a forcément perçu que ce décès vous touchait, c'est ce qui compte.

Au cours de votre carrière certains décès vous toucheront plus que d'autres parce qu'il vous renverront des choses de votre histoire personnelle, puis certains autres décès ne vous toucheront pas forcément, dans ce cas, quand vous en avez la possibilité il est interressant de passer la main à une collègue, quand c'est possible bien sûr.

Ne culpabilisez pas sur ce que vous auriez dû dire ou ne pas dire, faire ou ne pas faire vis à vis de cette famille. Vous avez fait de votre mieux en étant authentique, et c'est déjà beaucoup.

[poiloden]

bonjour,

un livre intéressant, que j'ai "bossé" pour mon TFE c'est "julie ou l'aventure de la juste distance" de P;Prayer , à lire, à relire et à rerelire !!

ça pourra peut être t'aider dans ta situation.


poilou

[infirmierececile]

Mais c'est la souffrance que celle-ci engendre qui me pose problème, notamment la souffrance de sa famille.

Ce que vous décrivez est normal.

En les voyant dans cet état de souffrance, j'ai du prendre beaucoup sur moi pour ne pas pleurer avec eux, et de ce fait j'ai eu du mal à leur parler, à trouver les mots, à dire qu'il n'a pas souffert ...

La famille ne vous en voudra pas de pleurer, et même de ne pas arriver à trouver les mots.

C'est peut etre un trop plein d'émotivité je ne sais pas ...

C'est peut-être tout simplement de l'humanité.

J'aimerai reussir à prendre du recul pour mieux appréhender ce genre de situation

C'est ce que vous êtes en train de faire.

ben voilà leopold a tout bien resumé...
j'ai travaillé de nuit pdt 2 ans en pneumo, et il est vrai que nous avons beaucoup de déces dans ce type de service.
tes collegues ont dû te sembler "froide " quand elles t'ont dit que tu allé ty habitué, mais peut-etre ne savaient-elles pas quoi te repondre pour te rassurer.
on s'habitue ? non pas vraiment, on ne peut pas s'habituer à la mort quand on est "humain", mais il est vrai qu'avec l'experience des années tu va apprendre à gerer
il m'est arrivé de pleurer avec certaines familles tu n'as pas en avoir honte rassures toi
y-a-t-il un psy dans votre service ? en as tu parlé a ton(a) cadre ? peut etre que si vraiment tu n'arrives pas a gerer cela, quelqu'un pourrait t'aider.
dans certains services souvnet confrontes au deces de patients, il existe un aide par un psy
bon courage a toi
bye