Critères de sélection d'un contrat Madelin
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Critères de sélection d'un contrat Madelin
Bonjour,
La plupart d'entre vous a un contrat retraite en loi Madelin, mais peu nombreux sont ceux qui savent déjouer les pièges des discours commerciaux et choisir un bon contrat. Je vais essayer de vous y aider :
Il y a trois types de contrats :
le monosupport (comportant seulement un fonds en euro), le multissupports (fonds euro plus fonds en sicavs, en actions, en scpi, en obligations …) et le contrat par points que je ne développerai pas ici, ou seulement en MP, car il est très rare d'en rencontrer et que c'est une loterie digne de votre retraite obligatoire. Pour ma part, sur les multisupports, je déconseille vivement actuellement les fonds de type « bourse » pour des raisons que je tenterai de vous expliquer dans un autre post (trop long pour le faire ici, mais je résumerais en disant que je crains un krach boursier et que, même sans cela, est-il utile de prendre autant de risques pour un tel résultat ? : CAC 40 3787,19 points le 5 mars 2013, 2655,07 le 5 mars 2003 (soit 3,58 % net par an sur 10 ans), 3395,80 le 5 mars 1998 (0,75 % net / an sur 15 ans), 1995,10 le 5 mars 1993 (3,26 % net / an sur 20 ans)).
Je vais peut-être vous mettre le doute mais on dit souvent qu’un fonds euro est sécurisé. Pourtant, ces supports sont truffés de dettes souveraines européennes sans qu'on puisse en avoir le détail. D'une manière générale, il faut bien avouer que l’information concernant la constitution et la gestion des produits financiers est soit inaccessible, soit opaque (une preuve ? : même le Livret A est touché par la crise des marchés actions et par la dette Grecque, lisez plutôt : http://www.challenges.fr/finance-et-mar ... ncais.html).
En dehors des supports financiers utilisés, les critères à étudier concernent les « taux techniques », il en existe 3 :
1) Le taux minimum garanti. C’est le taux de rémunération minimum de l’épargne sur un fonds euro, pour lequel l’assureur est obligé de constituer des provisions et auquel il ajoute chaque année une « participation aux bénéfices » dont le taux est indiqué dans les conditions générales du contrat (ceux qui ont souscrit leur contrat depuis suffisamment longtemps peuvent bénéficier d’un taux minimum de 3,5 % voire 4,5 %, avec souvent une table de mortalité garantie mais souvent une participation limitée à 85 % des bénéfices).
2) Le taux de transformation du capital en rentes (calculé par l’actuaire de la compagnie par rapport à l’espérance de vie fixée par les tables de mortalité de l’INSEE) qui peut être soit fixé au départ, soit fixé à l’arrivée (au moment de toucher la rente), soit fixé au départ mais seulement jusqu’à une certaine date ou seulement pour un nombre d’années données ou encore jusqu’à un certain âge à la souscription… faites votre marché !
Prenons un exemple :
Imaginons que, juste avant de prendre votre retraite, il y ait 100 000 € sur le contrat, que le taux de conversion du capital en rentes soit fixé au début du contrat et qu’il se base sur une espérance de vie de 20 ans. L’assureur fera le calcul suivant (c’est en fait un peu plus compliqué mais à peine plus) :
100 000 € divisé par 20 = une rente annuelle de 5 000 €
Supposons maintenant un contrat qui vous indique que le calcul consistant à transformer le capital en rentes se fera en fonction des tables de mortalité du jour où vous prendrez votre retraite. Sachant que l’espérance de vie en France continue à augmenter, vous pourriez vous retrouver dans la situation suivante (supposons une espérance de vie de 25 ans) :
100 000 € divisé par 25 = une rente annuelle de 4 000 €
Cela fait une différence de 25 % (4 000 + 25 % = 5 000) alors que le capital était le même à la fin de la période d’épargne.
3) Le taux minimum annuel de revalorisation de la rente (minimum 0 %) auquel l’assureur va ajouter chaque année (ou non) un taux complémentaire en fonction de ses résultats financiers (les bénéfices ou pertes qu’il a réalisés en plaçant l’argent) et de ses résultats techniques (en gros, sur une rente : bénéfice quand un client décède avant d’avoir touché en rentes tout le capital constitué sur son contrat, perte quand le client vit plus vieux que prévu par les tables de mortalité)
On peut penser, comme il est fréquent de le lire, qu’un taux de conversion du capital en rentes ou un taux technique minimum de revalorisation de la rente garantis dès la signature du contrat se paie sur la revalorisation moindre des rentes dans le temps. Mais On peut aussi supposer que l’on profite plutôt mieux d’une valeur de rente élevée pendant ses premières années de retraite (voyages, resto, loisirs…) que plus tard (sauf en cas de dépendance s’il faut se payer une place en EHPAD).
Enfin, il faut savoir que la Loi Madelin date de 1994 et le PERP de 2003 (réforme des retraites Fillon) et donc que peu d’assureurs, de conseillers, de CGP, de clients ont un réel recul sur le sujet des rentes et de leur pérennité. La question est de savoir comment vont se comporter les assureurs et leurs rentes dans le temps avec les départs massifs en retraite qui ne font que commencer (regardez la pyramide des âges de la population française, celle des médecins, celle des experts comptables… pour ceux qui le souhaitent ce sont des données qui se trouvent sur mon site internet dédié à la retraite et dont je peux vous transmettre le lien en privé, car sinon, ce serait de la pub).
Pour conclure, les compagnies d’assurance ne pratiquant pas la philanthropie (je suis au courant, j’y ai « baigné » pendant 16 ans mais, promis, je suis guéri), je préfère « tenir que courir ». Ainsi, un taux de conversion en rentes garanti au départ allié à un taux de revalorisation minimum de la rente, même s’il se paie à travers des frais, est pour moi préférable à un contrat sans aucunes garanties qui laisse « carte blanche » à l’assureur.
Enfin, vus la faiblesse des rendements servis aujourd’hui sur les fonds en euro et le risque de perte en capital sur les supports « bourse », les contrats de type « Madelin » ou « PERP » ne sont, à mon sens, qu’une alternative complémentaire à d’autres solutions pour compléter sa retraite. Il faut en effet ajouter le manque de disponibilité du capital (compensé par un avantage fiscal mais qui est plafonné et d’autant plus faible que le taux marginal d’imposition est faible), le fait que la réversibilité de la rente sur la tête du conjoint se paie sur le montant des rentes servies (surtout si vous avez eu « l’audace » de choisir un conjoint beaucoup plus jeune que vous) et que ce type de solution ne laisse rien aux héritiers.
Bonne journée.
La plupart d'entre vous a un contrat retraite en loi Madelin, mais peu nombreux sont ceux qui savent déjouer les pièges des discours commerciaux et choisir un bon contrat. Je vais essayer de vous y aider :
Il y a trois types de contrats :
le monosupport (comportant seulement un fonds en euro), le multissupports (fonds euro plus fonds en sicavs, en actions, en scpi, en obligations …) et le contrat par points que je ne développerai pas ici, ou seulement en MP, car il est très rare d'en rencontrer et que c'est une loterie digne de votre retraite obligatoire. Pour ma part, sur les multisupports, je déconseille vivement actuellement les fonds de type « bourse » pour des raisons que je tenterai de vous expliquer dans un autre post (trop long pour le faire ici, mais je résumerais en disant que je crains un krach boursier et que, même sans cela, est-il utile de prendre autant de risques pour un tel résultat ? : CAC 40 3787,19 points le 5 mars 2013, 2655,07 le 5 mars 2003 (soit 3,58 % net par an sur 10 ans), 3395,80 le 5 mars 1998 (0,75 % net / an sur 15 ans), 1995,10 le 5 mars 1993 (3,26 % net / an sur 20 ans)).
Je vais peut-être vous mettre le doute mais on dit souvent qu’un fonds euro est sécurisé. Pourtant, ces supports sont truffés de dettes souveraines européennes sans qu'on puisse en avoir le détail. D'une manière générale, il faut bien avouer que l’information concernant la constitution et la gestion des produits financiers est soit inaccessible, soit opaque (une preuve ? : même le Livret A est touché par la crise des marchés actions et par la dette Grecque, lisez plutôt : http://www.challenges.fr/finance-et-mar ... ncais.html).
En dehors des supports financiers utilisés, les critères à étudier concernent les « taux techniques », il en existe 3 :
1) Le taux minimum garanti. C’est le taux de rémunération minimum de l’épargne sur un fonds euro, pour lequel l’assureur est obligé de constituer des provisions et auquel il ajoute chaque année une « participation aux bénéfices » dont le taux est indiqué dans les conditions générales du contrat (ceux qui ont souscrit leur contrat depuis suffisamment longtemps peuvent bénéficier d’un taux minimum de 3,5 % voire 4,5 %, avec souvent une table de mortalité garantie mais souvent une participation limitée à 85 % des bénéfices).
2) Le taux de transformation du capital en rentes (calculé par l’actuaire de la compagnie par rapport à l’espérance de vie fixée par les tables de mortalité de l’INSEE) qui peut être soit fixé au départ, soit fixé à l’arrivée (au moment de toucher la rente), soit fixé au départ mais seulement jusqu’à une certaine date ou seulement pour un nombre d’années données ou encore jusqu’à un certain âge à la souscription… faites votre marché !
Prenons un exemple :
Imaginons que, juste avant de prendre votre retraite, il y ait 100 000 € sur le contrat, que le taux de conversion du capital en rentes soit fixé au début du contrat et qu’il se base sur une espérance de vie de 20 ans. L’assureur fera le calcul suivant (c’est en fait un peu plus compliqué mais à peine plus) :
100 000 € divisé par 20 = une rente annuelle de 5 000 €
Supposons maintenant un contrat qui vous indique que le calcul consistant à transformer le capital en rentes se fera en fonction des tables de mortalité du jour où vous prendrez votre retraite. Sachant que l’espérance de vie en France continue à augmenter, vous pourriez vous retrouver dans la situation suivante (supposons une espérance de vie de 25 ans) :
100 000 € divisé par 25 = une rente annuelle de 4 000 €
Cela fait une différence de 25 % (4 000 + 25 % = 5 000) alors que le capital était le même à la fin de la période d’épargne.
3) Le taux minimum annuel de revalorisation de la rente (minimum 0 %) auquel l’assureur va ajouter chaque année (ou non) un taux complémentaire en fonction de ses résultats financiers (les bénéfices ou pertes qu’il a réalisés en plaçant l’argent) et de ses résultats techniques (en gros, sur une rente : bénéfice quand un client décède avant d’avoir touché en rentes tout le capital constitué sur son contrat, perte quand le client vit plus vieux que prévu par les tables de mortalité)
On peut penser, comme il est fréquent de le lire, qu’un taux de conversion du capital en rentes ou un taux technique minimum de revalorisation de la rente garantis dès la signature du contrat se paie sur la revalorisation moindre des rentes dans le temps. Mais On peut aussi supposer que l’on profite plutôt mieux d’une valeur de rente élevée pendant ses premières années de retraite (voyages, resto, loisirs…) que plus tard (sauf en cas de dépendance s’il faut se payer une place en EHPAD).
Enfin, il faut savoir que la Loi Madelin date de 1994 et le PERP de 2003 (réforme des retraites Fillon) et donc que peu d’assureurs, de conseillers, de CGP, de clients ont un réel recul sur le sujet des rentes et de leur pérennité. La question est de savoir comment vont se comporter les assureurs et leurs rentes dans le temps avec les départs massifs en retraite qui ne font que commencer (regardez la pyramide des âges de la population française, celle des médecins, celle des experts comptables… pour ceux qui le souhaitent ce sont des données qui se trouvent sur mon site internet dédié à la retraite et dont je peux vous transmettre le lien en privé, car sinon, ce serait de la pub).
Pour conclure, les compagnies d’assurance ne pratiquant pas la philanthropie (je suis au courant, j’y ai « baigné » pendant 16 ans mais, promis, je suis guéri), je préfère « tenir que courir ». Ainsi, un taux de conversion en rentes garanti au départ allié à un taux de revalorisation minimum de la rente, même s’il se paie à travers des frais, est pour moi préférable à un contrat sans aucunes garanties qui laisse « carte blanche » à l’assureur.
Enfin, vus la faiblesse des rendements servis aujourd’hui sur les fonds en euro et le risque de perte en capital sur les supports « bourse », les contrats de type « Madelin » ou « PERP » ne sont, à mon sens, qu’une alternative complémentaire à d’autres solutions pour compléter sa retraite. Il faut en effet ajouter le manque de disponibilité du capital (compensé par un avantage fiscal mais qui est plafonné et d’autant plus faible que le taux marginal d’imposition est faible), le fait que la réversibilité de la rente sur la tête du conjoint se paie sur le montant des rentes servies (surtout si vous avez eu « l’audace » de choisir un conjoint beaucoup plus jeune que vous) et que ce type de solution ne laisse rien aux héritiers.
Bonne journée.
Contrairement aux apparences, je ne suis pas aide soignant ! Je suis depuis 22 ans dans le conseil en protection sociale et les initiales de ma société sont AS 31... confusion involontaire!
Re: Critères de sélection d'un contrat Madelin
Bonjour,
Pour ceux que la retraite intéresse (infos pratiques et nombreuses questions posées), il existe un forum d'adhérents Carpimko (j'ai dit un forum, pas un lien commercial) d'un niveau exceptionnel (infos fournies et ambiance).
Voici le lien : http://orthogestion.forumactif.org/f3-epargne
Pour ceux que la retraite intéresse (infos pratiques et nombreuses questions posées), il existe un forum d'adhérents Carpimko (j'ai dit un forum, pas un lien commercial) d'un niveau exceptionnel (infos fournies et ambiance).
Voici le lien : http://orthogestion.forumactif.org/f3-epargne
Contrairement aux apparences, je ne suis pas aide soignant ! Je suis depuis 22 ans dans le conseil en protection sociale et les initiales de ma société sont AS 31... confusion involontaire!