hyperémotivité et profession d'infirmiere

[maroilleau]

Pensez vous que l'hyperémotivité puisse être un obstacle pour devenir infirmière? Les études ne vont elles pas me permettre de surmonter cette émotivité, ce stress, ou est ce vraiment une profession à me déconseiller?
Merci pour vos réponses

Estell

[sorlock83]

je pense que pendant les études tu vas apprendre à faire la part des choses. et pouvoir surmonter les choses.
mais bon on est des humains avant tout, et il arrive que l'on puisse craquer.Il ne faut pas en avoir honte

[Clyn]

Salut Estelle,
pour te repondre, je pense qu'il te faut etre un maximum motivée pour pouvoir surmonter des instants qui seront difficiles, si tu n'es pas sure de ton choix cela te paraitra trop dur.
Bien sur, il y a les mises en situation professionnelle hyperstressantes pendant lesquelles les formatrices ne te disent pas toujours courtoisement ce qui ne va pas mais il faudra aussi que tu fasses face à des équipes, qui par raz-le-bol des étudiantes, te meneront la vie dure et surtout à des situations de soins.
La rencontre de personnes grabataires, fortement handicapées ou la perte de ton premier patient (et des suivants)... sont toujours difficiles, il faut y etre préparé.
Tu apprendras à te proteger, ne pas te projeter dans la situation mais ca ne s'acquiert qu'avec l'experience alors ne te fais pas trop mal !
Essaye peut etre de faire un stage de quelques jours dans un hopital ou une clinique pour etre confrontée aux patients, à leurs douleurs, leurs problemes et voire si tu es capable de vivre ce métier au quotidien.
Bonne chance à toi, et sache que c'est une profession extraordinaire et hyperenrichissante.

[puer75]

Je tenais à t'apporter mon expérience. J'ai toujours été très émotive et j'avais peur de ne pouvoir supporter certaines choses à l'IFSI. Or, comme ça me plait énormément, je me surpasse et j'arrive à faire des choses dont je me serais cru incapable.
Par contre, le point négatif, c'est que l'IFSI a généré énormément de stress en moi et j'angoisse à l'idée d'échouer.. Mais c'est le signe que je suis motivée

[mimil]

Pensez vous que l'hyperémotivité puisse être un obstacle pour devenir infirmière? Les études ne vont elles pas me permettre de surmonter cette émotivité, ce stress, ou est ce vraiment une profession à me déconseiller?
Merci pour vos réponses

Estell

Tout dépend de ton âge aussi je dirais. tu peux au cours de tes études aquiérir plus de maturité, du fait de ton avancement en âge et du fait de la confrontation au milieu hospitalier, maturité qui te permettra de mieux appréhender ton hyperémotivité.
tite question : Qu'est-ce que signifie pour toi être hyper émotive ? Quel est ton degré d'émotivité ? Tu pleures souvent ? Devant les films par exemple ? Si on te fais un reproche ???
Pour répondre à ta question, tout comme la timidité, l'émotivité n'est pas un obstacle infranchissable pour obtenir son diplome et exercer en tant qu'infirmier, faut se dire que tu as quand même trois ans d'étude pour évoluer !

[lililik]

bonsoir Maroileau,
je suis infirmiere depuis 5 ans maintenant. Ton message a attiré mon attention car j'ai vécu une situation inverse et plutot renversante... j'explique : j'ai toujours été froide , insensible et je ne connaissais pas l'émotion. mon métier au fil du temps m'a rendu hypersensible et émotive et je suis contente de ça meme si maintenant je dois apprendre à gerer mes émotions. ce métier m'a appris la vie et les gens tout simplement. finalement tout ça a enormement enrichi ma vie et ma compréhension de moi meme. je pense que quelque soit sa personnalité initiale il permet d'avancer, mais surtout il ne faut pas ni trop se proteger , ni trop s'impliquer. il faut aussi je pense sans arret se remettre en question et connaitre ses limites; a plusieurs reprises je les ai franchies, à plusieurs reprises j'ai tout plaqué mais toujours je suis revenue et je sais maintenant que c'est un metier difficile et que souvent on peut tomber dans la désilusion, le sentiment d'inneficacité, d'inutilité...

[cedr1c]

l'important dans ce métier de relation est de faire preuve d'empathie, de ne pas vivre ses problemes a travers ceux des autres.D'ou l'importance de bien se connaitre et de ne pas calquer ses affects sur le vécu de l'autre car si tu fais cela, tu n'es pas dans sa realité, mais dans la tienne.

[virgule]

l'hyper emotivité en fait c'est pas grave SAUF que tu ne peux pas te le permettre devant les patients Tu dois avoir l'image de quelqu'un de serein et rassurant (meme quand tu ne controles rien du tout et ce sera souvent.!.....)Tu te controleras sans effort, c'est quelque chose de "naturel" qui viendra tout seul si tu aimes ton job. Bien sur il y aura toujours des moments ou tu pleureras toute seule dans les premiers WC trouvés ou dans ta voiture mais çà devient moins fréquent avec le temps et surtout la technicité qui est quand meme un bon rempart( on se concentre sur les gestes donc on pense moins) Bien sur c'est une opinion qui n'engage que moi mais je l'ai remarqué au fil des ans( suis vieille... )

[cedr1c]

avis contraire de ma part car ton emotivité, même si tu arrive a la cacher une fois peut rejaillir sur ta qualité de travail, surtout pour le relationnel, pas mal de bouquins de carl rogers evoquent ce sujet si cela intéresse quelqu'un sinon il y a la theorie de transfert et contre transfert, un peu moins abordable si on la creuse..

[laborde]

au bout de 35 ans d'activité je suis encore émotive et je touve que c'est Humain
il n'y a pas de honte à ça ..si tu arrives à canaliser tes émotions c'est tant mieux
aujourd'hui encore j'ai les larmes aux yeux en voyant un enfant venir au monde
bon courage

[lyselote]

je souhaitais remonter ce post, ma question n'est pas en lien directe avec l'hyperemotivité...mais presque

j'ai eu une situation de soin avec un patient ou j'ai pleuré..je m'explique
cet homme de 80 ans aujourd'hui a sa femme qui a un cancer, des histoires familiales et assez complexes, son état de santé qui n'est pas au meilleur de sa forme..et enfin une angoisse de mort pour lui et sa femme (qui est normal a son age..)
en l'écoutant et lui apportant un réconfort, il s'est enfin confié et s'est mis a pleuré...je n'ai pas pu résisté et j'ai versé une larme avec lui, a ce moment la j'ai enchainé en jouant sur de l'humour et disant "qu'il me faisait pleurer ce n'était pas cordial de la part d'un homme"...la conversation s'est terminée ensuite...plus ou moins en riant...

j'en ai parlé a une de mes collègues qui s'en contrefichait pas mal car pour elle c'est un facho donc ca s'arrete la...
une autre de mes collegues m'a dit que je m'étais trop impliquée dans la relation..
je ne sais plus sur quel pied danser, on nous apprend en formation qu'il faut savoir etre pres du patient et ne pas avoir honte de partager ses émotions du moment qu'on est dans sa relation et sa vision a lui et non dans la notre...
et aujourd'hui sur la réalité du terrain je me prends des baffes car j'ai versé une larme....
je tenais a préciser que souvent quand je pleure c'est parce que quelqu'un pleure devant moi....je ne me suis pas non plus affalée sur le lit avec le patient et pleuré de tout mon saoul!!!!

je voudrais que vous me disiez honnetement ce que vous en pensez...je n'arrete pas de me remettre en question depuis cette histoire...j'ai meme peur de transmettre des infos sur les patients qu'ils m'ont confiés important dans leur prise en charge....
merci

[pipine29]

il n'y a pas de honte à pleurer!!
tu as été touchée par son histoire, tu est humaine toi aussi.
nous ne sommes pas des robots dénués de tout sentiment!
ça ne me choque pas, c'est ton droit.
moi aussi ça m'est arrivé. une histoire trés triste d'une patiente que j'avais en charge et qui malheureusement est décédée.
t'es-tu trop impliquée ? non je ne pense pas, ça t'a touchée, point
je ne comprend pas la réaction de tes collègues!! bonjour le soutient!!!!

[lyselote]

merci pipine ca me rassure un peu alors et me dis que nous avons tout de meme le droit d'etre humain et de montrer nos émotions aux patients...d'autres personnes voudraient nous faire part de leur expérience? de leur avis?

[dino]

Bien sûr qu'on a le droit d'être humain, on en a même le devoir... Nous travaillons avec (et grâce) à nos émotions, d'ailleurs.
Ceci dit, il faut trouver un équilibre, afin de ne pas se ramasser la misère du monde en pleine tronche, tous les jours ; être touché par une situation, sans être atteint en profondeur... Compliqué, ma brave dame...
En tout cas, ceux qui te disent qu'on ne doit jamais pleurer avec un patient me font froid dans le dos...
Le jour où je serai dans la mouise, je préfèrerai être soigné par une infirmière un peu trop sensible que par un robot soignant inexpressif
Bonne continuation

[ManuelFB]

Je rejoins les avis donnés! Moi aussi j'ai subi une formation de ne pas montrer ses émotions, paraitre impassible devant les patients et leurs familles... Jusqu'à le jour où j'ai bel et bien pleuré avec la famille d'une dame à qui j'avais soignée jusqu'à la fin; oui, j'étais plus ou moins attaché à cette brave femme, atteinte d'un cancer de foie. Bref, après mes larmes je me suis en voulu. Une semaine plus tard, la surveillante de nuit arrive dans le service, et demande "qui s'est occupé de Mme X?" J'ai pensé tout de suite "ça y est, on va m'engueuler", mais j'ai répondu. "Les filles de cette dame sont de copines à moi, et elles ont été très touchées de ton geste et te remercient..." etc etc. Désormais, si j'ai envie pleurer, je pleure. Cela n'arrive pas tous les jours, heureusement
Dans mon service il y a de patientes qui reviennent souvent; avec quelques unes j'ai une relation excellente: bon, je ne m'empêche pas de les faire la bise quand je fais mon premier tour; question de montrer une émotion agréable! Comme bon Espagnol je suis assez de "contact".

Manuel