Infirmier et bipolarité
Modérateurs : Modérateurs, Infirmiers
Infirmier et bipolarité
Bonjour à tous,
J'ai envie d'ouvrir ce post pour à la fois témoigner mais aussi avoir d'autres avis, d'autres témoignages, des conseils.
Voilà je suis IDE depuis mars 2017. J'ai commencé l'école en 2011 et j'ai du interrompre ma formation en 2014 suite à des rattrapages de stage.
Je travaille en psychiatrie. C'est un choix. J'ai toujours été plus attirée dans cette discipline, avec moins de soins techniques (que j'aime bien mais je ne voyais pas tenir ma cadence de certains services) et plus de soins relationnels (entretien, éducation, groupe thérapeutiques).
Mon vécu n'est pas simple avec cette profession. J'ai toujours eu des périodes de dépression dans ma vie. Je suis aujourd'hui en arrêt maladie et suivi dans un structure de soins ambulatoires pour dépression.
Le coup de massu est arrivé en début de semaine. On m'a posé un diagnostic. J'ai des troubles bipolaires. Je vais devoir suivre un traitement lourd avec des effets secondaires.
J'ai pleins de questions qui me viennent à l'esprit. Comment moi, en tant que soignante atteint d'une pathologie psychiatrique dont je suis confrontée au quotidien, je vais pouvoir soigner des patients atteints de la même pathologie. Comment faire la part des choses et arriver à se mettre à distance ?
Actuellement je suis en quête de réorientation en biologie car j'ai du mal à me projeter dans ce métier. Mais ce métier au fond je l'aime et j'ai quand même l'envie de le pratiquer. Ne serait ce que ponctuellement si je change de métier. Structure bénévole ou quelques heures par ci par là.
J'aurais souhaité avoir des témoignages de soignants ayant la même pathologie, mais aussi de soignants ayant côtoyé des collègues ayant cette pathologie. Des avis extérieurs de personnes qui n'en on pas côtoyé du tout.
Forcément cette maladie impacte aussi la vie sociale. Parce que dans certaines phases, on a un comportement différent (même si pour moi les phases sont dites hypomane et ça se voit moins qu'un épisode maniaque fort). Comment on l'intègre dans une vie d'équipe ? Est ce qu'il vaut mieux le garder pour soi ? Ou au contraire en parler sans tabou en acceptant les jugements que peuvent avoir certains ?
J'ai l'impression que c'est encore plus tabou quand on travaille en psy justement.
Cette maladie va aussi impacter la vie du service car oui à des moments, j'ai besoin d'un arrêt maladie. Or on sait tous que dans ce métier où on manque de personnel, l'arrêt maladie est mal perçu.
C'est un peu brouillon, c'est plein de questionnements. Ce post est aussi une envie d'échanger ce vécu de soignant malade, atteint de bipolarité ou autre. Les maladies somatiques impactent aussi.
J'ai envie d'ouvrir ce post pour à la fois témoigner mais aussi avoir d'autres avis, d'autres témoignages, des conseils.
Voilà je suis IDE depuis mars 2017. J'ai commencé l'école en 2011 et j'ai du interrompre ma formation en 2014 suite à des rattrapages de stage.
Je travaille en psychiatrie. C'est un choix. J'ai toujours été plus attirée dans cette discipline, avec moins de soins techniques (que j'aime bien mais je ne voyais pas tenir ma cadence de certains services) et plus de soins relationnels (entretien, éducation, groupe thérapeutiques).
Mon vécu n'est pas simple avec cette profession. J'ai toujours eu des périodes de dépression dans ma vie. Je suis aujourd'hui en arrêt maladie et suivi dans un structure de soins ambulatoires pour dépression.
Le coup de massu est arrivé en début de semaine. On m'a posé un diagnostic. J'ai des troubles bipolaires. Je vais devoir suivre un traitement lourd avec des effets secondaires.
J'ai pleins de questions qui me viennent à l'esprit. Comment moi, en tant que soignante atteint d'une pathologie psychiatrique dont je suis confrontée au quotidien, je vais pouvoir soigner des patients atteints de la même pathologie. Comment faire la part des choses et arriver à se mettre à distance ?
Actuellement je suis en quête de réorientation en biologie car j'ai du mal à me projeter dans ce métier. Mais ce métier au fond je l'aime et j'ai quand même l'envie de le pratiquer. Ne serait ce que ponctuellement si je change de métier. Structure bénévole ou quelques heures par ci par là.
J'aurais souhaité avoir des témoignages de soignants ayant la même pathologie, mais aussi de soignants ayant côtoyé des collègues ayant cette pathologie. Des avis extérieurs de personnes qui n'en on pas côtoyé du tout.
Forcément cette maladie impacte aussi la vie sociale. Parce que dans certaines phases, on a un comportement différent (même si pour moi les phases sont dites hypomane et ça se voit moins qu'un épisode maniaque fort). Comment on l'intègre dans une vie d'équipe ? Est ce qu'il vaut mieux le garder pour soi ? Ou au contraire en parler sans tabou en acceptant les jugements que peuvent avoir certains ?
J'ai l'impression que c'est encore plus tabou quand on travaille en psy justement.
Cette maladie va aussi impacter la vie du service car oui à des moments, j'ai besoin d'un arrêt maladie. Or on sait tous que dans ce métier où on manque de personnel, l'arrêt maladie est mal perçu.
C'est un peu brouillon, c'est plein de questionnements. Ce post est aussi une envie d'échanger ce vécu de soignant malade, atteint de bipolarité ou autre. Les maladies somatiques impactent aussi.
IDE Mars 2017
Infirmier en psychiatrie (Equipe Mobile)
Infirmier en psychiatrie (Equipe Mobile)
Re: Infirmier et bipolarité
Bonjour
Remarque simplette mais trouves tu que la pathologie rend plus empathique envers les patients ?
Remarque simplette mais trouves tu que la pathologie rend plus empathique envers les patients ?
Re: Infirmier et bipolarité
Bonjour,
Je pense qu'un RDV avec le médecin du travail, pourrais déjà t'aider à y voir plus clair quand à l possibilité de pouvoir continuer le métier d'IDE. Tu peux demander un RDV sans que ton employeur soit au courant. Tu pourras également évoquer avec le médecin le dossier travailleur handicapé et si nécessaire un dossier d'invalidité 1er catégorie qui te permet de travailler à temps partiel.
Pourquoi ne pas envisager par exemple de travailler dans un labo, souvent les postes sont à temps partiel, et pourrais éventuellement te laisser le temps d'aller en hôpital de jour 1j/semaine par exemple afin d'avoir un suivi régulier malgré la reprise du travail.
Je pense qu'un RDV avec le médecin du travail, pourrais déjà t'aider à y voir plus clair quand à l possibilité de pouvoir continuer le métier d'IDE. Tu peux demander un RDV sans que ton employeur soit au courant. Tu pourras également évoquer avec le médecin le dossier travailleur handicapé et si nécessaire un dossier d'invalidité 1er catégorie qui te permet de travailler à temps partiel.
Pourquoi ne pas envisager par exemple de travailler dans un labo, souvent les postes sont à temps partiel, et pourrais éventuellement te laisser le temps d'aller en hôpital de jour 1j/semaine par exemple afin d'avoir un suivi régulier malgré la reprise du travail.
Infirmière depuis Avril 2010
IDE en entreprise depuis le 01/07/2014. Trop contente !
IDE en entreprise depuis le 01/07/2014. Trop contente !
Re: Infirmier et bipolarité
Bonjour,
deux trois remarques au fil de l'eau ...
Avant que le couperet (diagnostic) ne tombe, vous pouviez travailler ... alors le diagnostic peut-il remettre en question ce que vous faisiez avant, ou au contraire ne pourrait-il pas vous permettre de mieux appréhender les difficultés que vous pouviez rencontrer avant et rendre votre travail plus serein ?
Une deuxième remarque, elle est en lien avec ce que j'ai déjà pu pointer pour la question d'être "'infirmier et autiste" : les évolutions diagnostics sont des critères importants dans le retentissement actuel. La dénomination "trouble bi-polaire" (tout comme la dénomination TSA pour l'autisme) a permis un élargissement massif du diagnostic que l'on ne nommait pas par hasard psychose maniaco-dépressive avant. De ce fait, de nombreuses personnes ont été à des postes, il y a 20 ans, d'infirmiers ou de psychiatres, sans que de telles questions soient posées mais qui aujourd'hui pourraient avoir l'annonce d'un diagnostic similaire.
Troisième remarque : doit-on être exempt (et peut on être exempt) de toutes problématiques ? Le travail sur soi est important en psychiatrie, il permet justement de ne pas se confondre avec l'autre afin de lui laisser sa place pour exister. C'est primordial quelque soit le vécu de la personne dans notre travail. Ce qui ne nous empêche pas de pouvoir accepter de nous faire soigner par les patients, ou du moins accepter qu'ils aient des choses à nous enseigner de la vie quotidienne ou sur nous même. Vous pouvez regarder du côté des réflexions théorique de la psychothérapie institutionnelle et des écrits de Jean OURY.
Enfin pour faire suite au travail sur soi, je dirais qu'il permet de repérer nos préjugés, d'autant plus importants si notre problématique est similaire à celle du patient. Il ne s'agit pas de se mettre à distance, mais de faire une place à autrui. Tout comme il faut pouvoir repérer la place que l'autre nous laisse pour ne pas l’éjecter de la scène.
C'est à vous de voir ce que vous voulez en faire. Les deux ne sont pas antinomique mais il nécessite un préalable ... C'est à vous de le définir !
deux trois remarques au fil de l'eau ...
Avant que le couperet (diagnostic) ne tombe, vous pouviez travailler ... alors le diagnostic peut-il remettre en question ce que vous faisiez avant, ou au contraire ne pourrait-il pas vous permettre de mieux appréhender les difficultés que vous pouviez rencontrer avant et rendre votre travail plus serein ?
Une deuxième remarque, elle est en lien avec ce que j'ai déjà pu pointer pour la question d'être "'infirmier et autiste" : les évolutions diagnostics sont des critères importants dans le retentissement actuel. La dénomination "trouble bi-polaire" (tout comme la dénomination TSA pour l'autisme) a permis un élargissement massif du diagnostic que l'on ne nommait pas par hasard psychose maniaco-dépressive avant. De ce fait, de nombreuses personnes ont été à des postes, il y a 20 ans, d'infirmiers ou de psychiatres, sans que de telles questions soient posées mais qui aujourd'hui pourraient avoir l'annonce d'un diagnostic similaire.
Troisième remarque : doit-on être exempt (et peut on être exempt) de toutes problématiques ? Le travail sur soi est important en psychiatrie, il permet justement de ne pas se confondre avec l'autre afin de lui laisser sa place pour exister. C'est primordial quelque soit le vécu de la personne dans notre travail. Ce qui ne nous empêche pas de pouvoir accepter de nous faire soigner par les patients, ou du moins accepter qu'ils aient des choses à nous enseigner de la vie quotidienne ou sur nous même. Vous pouvez regarder du côté des réflexions théorique de la psychothérapie institutionnelle et des écrits de Jean OURY.
Enfin pour faire suite au travail sur soi, je dirais qu'il permet de repérer nos préjugés, d'autant plus importants si notre problématique est similaire à celle du patient. Il ne s'agit pas de se mettre à distance, mais de faire une place à autrui. Tout comme il faut pouvoir repérer la place que l'autre nous laisse pour ne pas l’éjecter de la scène.
C'est à vous de voir ce que vous voulez en faire. Les deux ne sont pas antinomique mais il nécessite un préalable ... C'est à vous de le définir !
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Re: Infirmier et bipolarité
Bonjour,brrruno a écrit :Avant que le couperet (diagnostic) ne tombe, vous pouviez travailler
C'est la première remarque qui m'est venue à l'esprit. Mais tout le post de brruno est intéressant.
Re: Infirmier et bipolarité
Moi aussi.Leopold Anasthase a écrit :C'est la première remarque qui m'est venue à l'esprit.
Exactement, la bipolarité peut tout à fait être compatible avec l'exercice professionnel IDE.brrruno a écrit :La dénomination "trouble bi-polaire" (tout comme la dénomination TSA pour l'autisme) a permis un élargissement massif du diagnostic que l'on ne nommait pas par hasard psychose maniaco-dépressive avant. De ce fait, de nombreuses personnes ont été à des postes, il y a 20 ans, d'infirmiers ou de psychiatres, sans que de telles questions soient posées mais qui aujourd'hui pourraient avoir l'annonce d'un diagnostic similaire.
"Il suffit de nous regarder pour voir comment une forme de vie intelligente peut se développer d'une manière que nous n'aimerions pas rencontrer."
Stephen HAWKING
Stephen HAWKING