L'affect dans tout ça ?
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L'affect dans tout ça ?
bonjour à tous/toutes!
Je me pose des "questions" depuis mon entrée en IFSI, ou du moins , depuis mon second stage ( réeduc neuro : AVC/SEP...)
J'étais AS avant d'etre ESI, j'ai travaillé dans diverses structures, notamment en soins palliatifs. Meme si j'étais humainement touchée par les diverses situations rencontrées, jamais de pleurs de ma part ou d'émotions trop dures.
Depuis que je suis sur ce terrain de stage, je rencontre des personnes qui me touchent ( plus qu'elles ne le devraient??)
A l'entrée ds le service d'une jeune fille de 20 ans renversée par un camion( avec des conséquences importantes sur le plan moteur et neuro.. ), je suis partie faire le recueil de données et lorsque j'ai voulu transmettre à l'ide en poste = pleurs. je me suis isolée un moment et me suis ressaisie.
Cas quasi similaire pour un patient aphasique ( post AVC), une jeune fille de 18 ans également (AVC)... et j'en passe!!
Je n'arrive pas trop à mettre un nom sur les émotions que je rencontre: transfert? projection? perte de mes capacités pro? fatigue?
J aimerai savoir s'il vous est deja arrivé des choses pareilles? quelle analyse vous en avez faite?
merci à ceux qui répondront..
Je me pose des "questions" depuis mon entrée en IFSI, ou du moins , depuis mon second stage ( réeduc neuro : AVC/SEP...)
J'étais AS avant d'etre ESI, j'ai travaillé dans diverses structures, notamment en soins palliatifs. Meme si j'étais humainement touchée par les diverses situations rencontrées, jamais de pleurs de ma part ou d'émotions trop dures.
Depuis que je suis sur ce terrain de stage, je rencontre des personnes qui me touchent ( plus qu'elles ne le devraient??)
A l'entrée ds le service d'une jeune fille de 20 ans renversée par un camion( avec des conséquences importantes sur le plan moteur et neuro.. ), je suis partie faire le recueil de données et lorsque j'ai voulu transmettre à l'ide en poste = pleurs. je me suis isolée un moment et me suis ressaisie.
Cas quasi similaire pour un patient aphasique ( post AVC), une jeune fille de 18 ans également (AVC)... et j'en passe!!
Je n'arrive pas trop à mettre un nom sur les émotions que je rencontre: transfert? projection? perte de mes capacités pro? fatigue?
J aimerai savoir s'il vous est deja arrivé des choses pareilles? quelle analyse vous en avez faite?
merci à ceux qui répondront..
Dernière modification par Juju5544 le 28 avr. 2011 07:43, modifié 1 fois.
Raison : Titre modifié
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3eme année!!!
. S1 EHPAD, S2 neuro, S3 ligue contre le cancer/libéral, S4 psy, S5 USIC, S6 neurochir/hémato-cancero
Plus que 9 mois!!!

Plus que 9 mois!!!
Re: et l affect dans tout ca? vous en faites quoi vous?
Ben c'est du transfert ça.
Je suis aussi en 1ere année, et certaines histoires de vie m'ont beaucoup touché, on noue avec certains patients un lien difficilement explicable "rationnellement"...
Ceci dit je pense pas qu'on puisse l'analyser tout seul
et encore moins sur un forum. Mais c'est quelque chose de normal !
Je suis aussi en 1ere année, et certaines histoires de vie m'ont beaucoup touché, on noue avec certains patients un lien difficilement explicable "rationnellement"...
Ceci dit je pense pas qu'on puisse l'analyser tout seul

"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
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Re: et l affect dans tout ca? vous en faites quoi vous?
J'ai eu le cas avec une patiente, dans mon premier stage, j'en ai pleuré. Pourtant il y a des patientes que je voyais tous les jours, aux soins d'hygiène etc.. et elle je la voyais que quelques fois, quand je lui donnais à manger. Pourtant je me suis vite attachée.
C'était une patiente qui avait toute sa tête. Elle ne savait plus déglutir, et avait des gros problèmes respiratoires. Quand elle parlait, c'était un très faible chuchotis. C'est vrai qu'il était difficile de l'entendre, mais moi en me penchant et en rapprochant mon oreille, j'arrivais à la comprendre ; alors j'estimais que les AS et IDE aussi, en essayant, pouvaient y arriver. Je ne généralise pas pour le service, loin de là, mais plusieurs fois j'ai vu des soignantes entrer, lui dire deux mots, et partir. C'est pas un crime, mais en voyant la patiente qui s'efforçait à leur répondre, se prenant un "vent"...
C'était aussi une patiente qui crevait de faim. Les mots sont crus, mais ils reflètent très bien. Elle ne savait plus avaler, et elle recevait quand même tous les midis, sa popote, sa compote et sa boisson lactée protéinée. Elle ne mangeait rien, çà stagnait dans la bouche.
C'était aussi une patiente dépendante (escarre -> douleur +++) qui devait s'ennuyer à mourir, et pourtant elle ne quittait jamais sa chambre, donc seule sauf quand les soignants venaient la trouver.
Je peux comprendre, de plus avec l'oxygène, mais je me dis que pour les quelques minutes que passaient la soignante dans sa chambre, elle aurait pu faire un effort pour l'écouter, ou pour la nourrir aussi d'une autre manière.
C'était une patiente en fin de vie..
Enfin voila, c'est normal d'être touchée ! Après il y a la phrase "Ce qui se passe au travail reste au travail". Il faut savoir mettre des limites à ce qu'on ressent, car ramener la peine chez soi, et pourrir notre vie privée, c'est pas l'idéal. Après mettre des limites certes, mais pas devenir insensible ! Il y aura toujours des choses qui nous toucheront, çà fait partie du métier et de notre condition d'humain (on a un coeur
), mais c'est à nous de trouver un équilibre.
Voila aussi pourquoi je me suis trop vite attachée à cette patiente, c'est parce que c'était mon premier stage et tout était nouveau aussi pour moi, le relationnel en premier. Après je pense que c'est encore différent pour ceux qui sont diplômés et travaillent en EHPAD par exemple depuis longtemps, qui connaissent bien leur patient, les liens sont différents.
Puis il y a aussi les cas qu'on rencontre qui nous rappelle quelque chose, que ce soit le visage du patient, sa pathologie ou autre ...
J'ai un peu beaucoup développé mon anecdote, désolée (quand je suis lancée ...) enfin voila ! Bon courage en tout cas à toi et à tous ceux qui rencontrent çà
C'était une patiente qui avait toute sa tête. Elle ne savait plus déglutir, et avait des gros problèmes respiratoires. Quand elle parlait, c'était un très faible chuchotis. C'est vrai qu'il était difficile de l'entendre, mais moi en me penchant et en rapprochant mon oreille, j'arrivais à la comprendre ; alors j'estimais que les AS et IDE aussi, en essayant, pouvaient y arriver. Je ne généralise pas pour le service, loin de là, mais plusieurs fois j'ai vu des soignantes entrer, lui dire deux mots, et partir. C'est pas un crime, mais en voyant la patiente qui s'efforçait à leur répondre, se prenant un "vent"...
C'était aussi une patiente qui crevait de faim. Les mots sont crus, mais ils reflètent très bien. Elle ne savait plus avaler, et elle recevait quand même tous les midis, sa popote, sa compote et sa boisson lactée protéinée. Elle ne mangeait rien, çà stagnait dans la bouche.
C'était aussi une patiente dépendante (escarre -> douleur +++) qui devait s'ennuyer à mourir, et pourtant elle ne quittait jamais sa chambre, donc seule sauf quand les soignants venaient la trouver.
Je peux comprendre, de plus avec l'oxygène, mais je me dis que pour les quelques minutes que passaient la soignante dans sa chambre, elle aurait pu faire un effort pour l'écouter, ou pour la nourrir aussi d'une autre manière.
C'était une patiente en fin de vie..
Enfin voila, c'est normal d'être touchée ! Après il y a la phrase "Ce qui se passe au travail reste au travail". Il faut savoir mettre des limites à ce qu'on ressent, car ramener la peine chez soi, et pourrir notre vie privée, c'est pas l'idéal. Après mettre des limites certes, mais pas devenir insensible ! Il y aura toujours des choses qui nous toucheront, çà fait partie du métier et de notre condition d'humain (on a un coeur

Voila aussi pourquoi je me suis trop vite attachée à cette patiente, c'est parce que c'était mon premier stage et tout était nouveau aussi pour moi, le relationnel en premier. Après je pense que c'est encore différent pour ceux qui sont diplômés et travaillent en EHPAD par exemple depuis longtemps, qui connaissent bien leur patient, les liens sont différents.
Puis il y a aussi les cas qu'on rencontre qui nous rappelle quelque chose, que ce soit le visage du patient, sa pathologie ou autre ...
J'ai un peu beaucoup développé mon anecdote, désolée (quand je suis lancée ...) enfin voila ! Bon courage en tout cas à toi et à tous ceux qui rencontrent çà

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.
Eh ben...
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- Eydis
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Re: et l affect dans tout ca? vous en faites quoi vous?
Ben c'est comme ça, on est tous plus touchés par certains que par d'autres, on se sent mieux dans certains services, on distance mieux dans certains services.
Moi en ce moment je suis en soins palliatifs, et croyez le ou non, ça me déprime beaucoup moins que la maison de retraite... d'ailleurs les soins palliatifs je suis comme toi, ça va (c'est même mon projet pro...).
Après en stage c'est pas pareil, dès qu'on est stressés, on se contrôle beaucoup moins bien. Tu n'as pas forcément pleuré que pour ta patiente, tu étais peut être à bout de nerf, avec tout le stress qu'on a dans cette formation, le manque de sommeil, etc.
On est tous comme toi, aides-soignants ou pas, même après une longue carrière, on ne peut pas être tout le temps à la bonne position, on est humains ça c'est sûr. Ceux qui ne sont jamais touchés un peu trop, c'est pas forcément les meilleurs soignants au contraire, franchement...
On est tous comme toi, c'est normal, c'est positif même.
Moi en ce moment je suis en soins palliatifs, et croyez le ou non, ça me déprime beaucoup moins que la maison de retraite... d'ailleurs les soins palliatifs je suis comme toi, ça va (c'est même mon projet pro...).
Après en stage c'est pas pareil, dès qu'on est stressés, on se contrôle beaucoup moins bien. Tu n'as pas forcément pleuré que pour ta patiente, tu étais peut être à bout de nerf, avec tout le stress qu'on a dans cette formation, le manque de sommeil, etc.
On est tous comme toi, aides-soignants ou pas, même après une longue carrière, on ne peut pas être tout le temps à la bonne position, on est humains ça c'est sûr. Ceux qui ne sont jamais touchés un peu trop, c'est pas forcément les meilleurs soignants au contraire, franchement...
On est tous comme toi, c'est normal, c'est positif même.
Infirmière
♥ Miss Inf.com 2010 ♥
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Re: L'affect dans tout ça ?
@AmThLi : pourquoi penses tu qu'on ne puisse pas l'analyser seul? je trouve ca, au contraire, interressant de comprendre les inter actions qui peuvent résulter d'une prise en charge..
je sais pas si c'est la formation qui me "ramolli" comme ca..
En tous cas, ca va mieux.. enfin, j essaie de prendre du recul face à tout ce que je vois..
je me suis toujours dit que je n aimerai pas travailler en pédiatrie, ben je me rends compte que meme les jeunes ( 18 , 22.. et meme plus ) me touchent plus profondément.. ca passera peut etre, ou pas!
je sais pas si c'est la formation qui me "ramolli" comme ca..
En tous cas, ca va mieux.. enfin, j essaie de prendre du recul face à tout ce que je vois..
je me suis toujours dit que je n aimerai pas travailler en pédiatrie, ben je me rends compte que meme les jeunes ( 18 , 22.. et meme plus ) me touchent plus profondément.. ca passera peut etre, ou pas!
3eme année!!!
. S1 EHPAD, S2 neuro, S3 ligue contre le cancer/libéral, S4 psy, S5 USIC, S6 neurochir/hémato-cancero
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Re: L'affect dans tout ça ?
Ben en fait sans rentrer trop dans des détails, le transfert met en jeu des mécanismes difficiles à appréhender seul car on se met soi même des résistances. Après il y a plusieurs strates. C'est assez facile d'analyser le fait qu'on est touché par l'histoire de monsieur ou madame X car on se met facilement à sa place (madame X a 3 enfants, j'ai son âge et trois enfants aussi), mais ça c'est le superficiel. Ce qui est plus profondément refoulé, et qui est à la base du transfert, à mon avis on peut pas l'analyser tout seul (exemple : madame x me rappelle inconsciemment ma mère, j'ai été amoureux de ma mère quand j'avais 3 ans mais cette idée m'est insupportable).
Avis perso, bien entendu, d'autres pensent sans doute que ça n'est pas une relation de cette nature qui s'opère dans ce que tu décris, que ça n'est pas le transfert au sens analytique qui se joue dans la relation soignant/soigné... chacun son point de vue !
Avis perso, bien entendu, d'autres pensent sans doute que ça n'est pas une relation de cette nature qui s'opère dans ce que tu décris, que ça n'est pas le transfert au sens analytique qui se joue dans la relation soignant/soigné... chacun son point de vue !
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
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Re: L'affect dans tout ça ?
Ce texte me parait intéressant, c'est un ESI qui a fait son TFE sur le sujet :
http://www.serpsy.org/etudiants/ecriture/dorsaf1.html
http://www.serpsy.org/etudiants/ecriture/dorsaf1.html
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J. Oury
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