Loi du 5 juillet 2011

[Setsuko]

Bonjour,

Dans le cadre d'un exposé sur les soins psychiatriques sans consentements, j'aurais aimé avoir quelques témoignages et impressions sur la mise en application pratique de la loi du 5 juillet 2011.

Merci pour vos réponses

[parexemple]

Dans le fond, c'est légitime pour les personnes soignées d'avoir des droits, d'avoir les bonnes info sur leur hospitalisation MAIS dans la forme et dans la réalité, c'est parfois un non-sens et impossible à mettre en oeuvre !!!!

En effet, les patients hospitalisés sous contraintes sont pour la plupart dans un état psychique tel ("en crise") que souvent il ne leur permet pas de faire les démarches, faute de les comprendre car trop envahis par leurs troubles psy.... mais ils signent l'accusé de réception du document (info sur leur situation et leurs droits de recours) qu'on leur donne.... (mais n'en font généralement rien malgré nos explications)....

et quand ils sont dans l'impossibilité de signer, 2 soignants signent ce document (l'accusé de réception) en précisant "le patient refuse" ou "est dans l'impossibilité de signer".... d'autant plus que ce doc est à rendre vite, vite, vite à l'administration (12 j depuis 2014).... délai souvent trop court : le patient ne va pas forcément mieux 12 j après son admission pour signer et comprendre ses droits !!!!....

En équipe, on trouve cela complètement illusoire pour la plupart des patients ... mais leurs droits sont reconnus, ça c'est sûr !!!!

Concrètement, cette gestion de papiers qui incombe encore une fois à l'infirmier (chez nous en tout cas), est encore une fois de plus chronophage et SURTOUT NON SOIGNANTE pour bcp de patients !!!! Au revoir la relation de confiance soignant-soigné si difficile, et longue parfois, à instaurer....

Un exemple : faire signer un document chez une personne souffrant de délire paranoïaque, qui lit JLD (Juge des Libertés et de la Détention).... et qui comprend ce qu'il croit..... Hmmm, bonjour la méfiance.... le temps qu'il comprenne que ce n'est pas contre lui (min 15 j... bon ça dépend des gens mais quand même, les gens vont rarement suffisamment bien au bout de 12 jours !!!!) !!!! Bref, à ses yeux, on peut devenir rapidement ses persécuteurs... RIEN donc qui aille dans le sens du soin, comme je le connais en tout cas !!!!!!

[parexemple]

et pour aller encore plus loin dans notre observation (je pense à toute l'équipe soignante), quand les patients font valoir leurs droits, càd lorsqu'ils rencontrent le JLD, souvent, voire jamais, il n'y a aucun changement pour eux !!! Le JLD maintient l'hospitalisation sous contrainte et ce malgré la présence d'un avocat que les patients auront pour certains choisi eux-mêmes et payés eux-mêmes de leur poche !!!! Pour un patient souffrant d'une PMD (vu dans mon service), il débourse bcp d'argent sous nos yeux et on peut rien faire !!! Un non-sens !!!! Il est en phase maniaque, il dépense bcp d'argent et personne ne peut le protéger s'il n'a pas encore de tuteur, de curateur !!!!

En pratique en plus, un infirmier doit accompagner ce patient chez le JLD ce qui prend du temps !!!! Des progrès ont été cependant apportés, faut le dire !!! Avant, on se déplaçait en VSL ou avec un véhicule de l'hôpital pour se rendre au tribunal de la grande ville à proximité (30 km x2 pour nous).... je vous laisse imaginer le coût, le temps que cela engendrait plus l'absence du soignant dans le service et ses conséquences !!!! A noter, que si l'on arrivait en retard (patient difficile ou service en ébullition ou embouteillage ou problème de parking...), ben le JLD n'attendait pas !!!!! Aujourd'hui, le JLD vient 1x/sem dans le centre hospitalier où nous accompagnons le patient !!!!
C'est moins loin, moins long mais faut tout de même compter minimum une heure !!!!!

[parexemple]

Je serais assez intéressée de connaître le vécu d'autres soignants !!!! A bientôt !

[AmThLi]

Le problème est surtout que ça entérine le caractère carcéral de l'hospitalisation sous contrainte.

Surtout que rien n'entame la toute-puissance médicale et ne remet en cause les hospis abusives : on vérifie que les papiers sont signés correctement et à l'heure. Pas si ce qui motive l'hospi est pertinent. Je trouve même que ça légitime les abus puisqu'il suffit de signer en temps et en heure et l'hospi est entérinée.

À l'inverse un patient bien fou, un papier mal signé et paf l'hospi est levée. C'est du vécu et ça s'est très mal fini !