Peur de travailler avec des enfants

[muchacha]

Bonjour,

J'aurais besoin de vos conseils de professionnels :
J'envisage de commencer la formation en soins infirmiers en septembre 2012. C'est une reconversion pour moi, je suis très motivée, et par les études en elles-mêmes, et par la profession, sa diversité...
Je réfléchis à ce projet depuis quelques années, c'est ma situation familiale qui me fait remettre à plus tard. J'ai eu l'occasion de faire un stage d'observation de 15 jours dans un service d'hospitalisation long séjour qui m'a confirmé dans mon choix. Les patients étaient essentiellement des personnes agées, dépendantes. J'ai beaucoup aimé être à leur contact, m'occuper d'elles. Je ne peux pas dire que ce stage me permette de me faire une réelle idée du métier, mais je me sens à peu près sûre de moi, si ce n'est sur un point.

J'ai peur de ne pas pouvoir supporter la douleur, et à fortiori, la mort d'un enfant. En attendant le début de ma formation, je mets le temps à profit en lisant sur le métier. Je lisais sur la toilette mortuaire, bon, ok, ça doit être difficile, mais bon, il faut bien le faire, sauf que je me suis mise à penser "et si c'est un enfant?"
ça fait quelques jours que je bloque sur cette idée. Du coup, je me remets en question. Parce que si je ne veux pas travailler par la suite en pédiatrie, ou aux urgences, pendant ma formation, il y aura forcément un moment où les stages m'amèneront auprès des enfants. Alors, j'imagine pouvoir apprendre à gérer certaines choses, mais en fait, j'en suis pas si sûre.
Quand j'ai fait mon stage, la cadre m'a dit qu'il fallait être bienveillant envers soi-même, ne pas se jeter d'un coup dans des situations difficiles (escarres, trachéo...) que tous les soignants trouvaient certaines choses insurmontables au début, et puis que c'est comme tout, on s'y fait.... Mais là, j'ai un gros doute.
Du coup, je me demande si je fais vraiment le bon choix, je ne suis peut-être pas assez forte, à supposer que quelqu'un puisse l'être.

Qu'en pensez-vous vous qui exercez ? Avez-vous fini par vous faire à des situations que vous trouviez vraiment insurmontables ?
D'avance merci pour vos réponses

[augusta]

Je suis étudiante mais je te réponds quand même.
Il n'est pas certain que durant ta formation tu ailles en stage en pédiatrie (surtout vu le peu de stages qu'il y a dorénavant dans le nouveau programme).
Il n'est pas certain que si par malheur pour toi, tu allais en stage en pédiatrie ou aux urgences tu sois confrontée à la maladie grave ou au décès d'un enfant.

Moi j'ai fait 14 stages de 4 semaines et je n'ai vu qu'une fois un patient décédé, une personne très âgée(c'est un exemple) alors que j'ai fait un stage en pédiatrie et un autre aux urgences!

Après si ça t'intéresse, tu peux toujours creuser ta peur.
Pourquoi tu y penses? Pourquoi tu te dis "oh mais si c'étais un enfant".

Moi je pars du principe qu'il ne faut pas trop lire de choses ici ou ailleurs tant que tu n'es pas dans la formation. Le avant et le pendant N'ONT RIEN A VOIR;
Et puis dis-toi aussi que dans la formation ide tu ne seras pas seule : il y a tes collègues esi, les formateurs, les soignants sur le terrain...
Bon courage pour le concours!!!

[jvc]

Bonjour à toi future collégue méga motivée!!
Mon premier contact avec l'hopital au début de mes études a été un service de pédiatrie pendant 3 jours.
A peine arrivée, je me retrouve avec devant moi un enfant hurlant entouré par une alése avec 2 IDE en train d'essayer de le prélever, du sang en veux'tu en voilà, résultat.................je suis tombée dans les pommes, et je me suis dis que JAMAIS je ne travaillerai avec les enfants.

J'ai fait mon stage enfant dans une créche, donc ouf
Et une fois mon De en poche, on m'a envoyé......chez les prématurés!!!!!
Bonjour l'angoisse!!
Finalement j'y suis restée 6 ans, ça s'est trés bien passé et je me dis qu'il vaut mieux pour soigner des enfants une personne qui s'inquiéte de leur spécificité que quelqu'un qui s'en fout.
14ans plus tard, je suis toujours dans des services d'enfants.
Méme si là, je sature et que je retournerai volontiers chez les adultes.

Ne te biles pas trop, fonçe, tu verras bien.

[Leopold Anasthase]

J'ai peur de ne pas pouvoir supporter la douleur, et à fortiori, la mort d'un enfant.

Personne ne supporte la douleur et la mort d'un enfant. La seule chose qu'on puisse faire, c'est rester pragmatique : qu'est-ce que je peux faire pour aider cet enfant ?

Quand j'ai fait mon stage, la cadre m'a dit qu'il fallait être bienveillant envers soi-même, ne pas se jeter d'un coup dans des situations difficiles

C'est un bon conseil. Votre premier stage ne se passera pas en réanimation pédiatrique.

Avez-vous fini par vous faire à des situations que vous trouviez vraiment insurmontables ?

Je pense pas qu'on s'y fasse. On apprend à ne pas se détruire, à continuer d'agir...

Et surtout, on évolue. Certains soignants qui ne voulaient pas faire de pédiatrie en font et aiment ça, et vice-versa.

Du coup, je me demande si je fais vraiment le bon choix

Arrêtez de vous mettre le doigt partout pour savoir si ça fait mal. Quand vous serez à l'ifsi, vous aurez trois ans pour répondre à cette question. Et si ça ne vous plaît pas, ça n'est pas un engagement jusqu'à ce que mort s'en suive.

[Jo_bis]

Par chance, durant mes études et ma carrière IDE, je n'ai jamais cotoyé des enfants malades (stricto sensu).

Mon stage pédia, je l'ai fait...dans une maison d'enfants pour asthmatiques, c'était bien les promenades, la cure thermale, les jeux, les goûters...

Par la suite je n'ai jamais voulu y travailler, et pour cause : je suis une inconditionnelle des "p'tits vieux"

[muchacha]

Merci à tous pour vos réponses, et désolée de ne pas avoir pu y répondre plus tôt.

Après si ça t'intéresse, tu peux toujours creuser ta peur.
Pourquoi tu y penses? Pourquoi tu te dis "oh mais si c'étais un enfant".

Moi je pars du principe qu'il ne faut pas trop lire de choses ici ou ailleurs tant que tu n'es pas dans la formation. Le avant et le pendant N'ONT RIEN A VOIR;
Et puis dis-toi aussi que dans la formation ide tu ne seras pas seule : il y a tes collègues esi, les formateurs, les soignants sur le terrain...
Bon courage pour le concours!!!

Merci pour tes encouragements.
Pourquoi ça me parait "plus grave" pour un enfant, pour deux raisons que j'arrive à identifier, d'une part c'est que j'ai deux enfants, et que depuis, l'idée que des enfants souffrent m'est encore plus insupportable. D'autre part parce que je peux admettre qu'une personne âgée décède, c'est dans l'ordre des choses. Un enfant, non, ça me parait anormal.
Après, il y a peut-être d'autres raisons plus profondes qui peuvent me faire réagir comme ça, mais je ne suis pas sûre qu'un travail d'introspection soit là nécessaire, le fait d'en parler sur ce forum, et d'avoir vos réponses m'a permis de "débloquer la situation" dans ma tête !

Merci pour ta réponse jvc, est-ce que je peux te demander pourquoi tu satures ?

Merci Leopold, en effet, je me pose sans doute trop de question. Il faut dire que j'ai hâte d'entreprendre cette formation que je retarde encore d'un an, alors, ça me parait interminable.

Et enfin, merci jo-bis. J'ai adoré être au contact des "p'tits vieux", c'est ce qui me motive. ça fait longtemps que tu travailles auprès d'eux ?

[execho]

je crois que tu sous estimes la détresse des personnes âgées qui à ce que je vois ne sont absolument pas majoritairement décidées à mourir.Avoir vécu tant d'aventures bonnes et mauvaises et en être récompensées par la maladie et la mort cela les écoeure profondément. Ne pas trouver cela "plus" normal et tu les comprendra mieux.Par contre c'est plus dur à avaler.Ils savent que nombre d'entre eux vont mourir d'une crise cardiaque en revenant d'arroser leurs salades à 90 ans et ils comprennent que le destin n'a pas été sympa pour eux.

[Jo_bis]

je crois que tu sous estimes la détresse des personnes âgées qui à ce que je vois ne sont absolument pas majoritairement décidées à mourir.

Je n'ai personnellement pas compris les propos de Muchacha ainsi...
Je suis d'accord avec elle quand elle dit que la mort d'une personne âgée est plus "dans l'ordre des choses" que celle d'un enfant.

Avoir vécu tant d'aventures bonnes et mauvaises et en être récompensées par la maladie et la mort cela les écoeure profondément

Nous sommes tous "récompensés" par la mort... personne n'y échappe, âgés ou non.

Ne pas trouver cela "plus" normal et tu les comprendra mieux.Par contre c'est plus dur à avaler.Ils savent que nombre d'entre eux vont mourir d'une crise cardiaque en revenant d'arroser leurs salades à 90 ans et ils comprennent que le destin n'a pas été sympa pour eux.

Pourquoi ? moi je trouve plutôt sympa de mourir d'une crise cardiaque à 90 ans en arrosant ses salades, qu'à 18 ans d'une rupture d'anévrisme!
Comme quoi, chacun a sa vision des choses : "comprendre" les PA n'a rien à voir avec cela.

Et enfin, merci jo-bis. J'ai adoré être au contact des "p'tits vieux", c'est ce qui me motive. ça fait longtemps que tu travailles auprès d'eux ?

Oooouuuuff ! bientôt 30 ans.

[execho]

Je voulais dire que les malades âgés auraient préférés mourir d'une crise cardiaque en ayant la santé pour arroser leurs salades,que d'être en moyens séjours avec leurs protections ,et qu'elles le disent.J'aime beaucoup la réflexion qui dit que on peut mettre son doigt partout,on trouvera un endroit qui fait très mal.Moi,qui travaille avec des personnes âgées je peux me faire pleurer de désespoir facilement en imaginant mes enfants comme vieillards malades et que je ne serais pas là.