La place de l'infirmier en psychiatrie

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brrruno
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La place de l'infirmier en psychiatrie

Message par brrruno »

Bonjour a tous,

après plusieurs heures de questionnement sur les multiples sujets qui viennent interroger notre travail, notre fonction, notre perception et bien d'autres choses, ma réflexion à fini par m'imposer ceci : quel est donc la place de l'infirmier dans un service de psychiatrie.
Il y a plusieurs raison à cette question : Tout d'abord parce que j'ai, à plusieurs reprise, entendu de la part de collègues infirmier une position assez tranchée sur le travail des éducateurs. Il me semble pourtant que notre travail d'infirmier dans un service de psychiatrie est bien loin de celui dévolu à nos collègues des services somatiques. Ne pourrait'il pas en être autant pour d'autres corps de métier ?
Je pense également que de cette question découle de nombreux débat qui ont eu lieu précédemment quant au positionnement, à la manière d'être ainsi qu'aux références théoriques (et oui je ne peux pas m'empêcher de glisser ce mot dans la plus part de mes post)

C'est à ce moment que je me dis qu'il y a, avant ce sujet, un autre qui pourrait être : qu'est ce que la psychiatrie. Mais là il appartient à chacun de se renseigner sur l'histoire de la psychiatrie et de pouvoir nommer les grands courants de pensées qui l'entoure.
dan65
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Re: La place de l'infirmier en psychiatrie

Message par dan65 »

Autant de services autant de places différentes selon moi. En unités intra on pourrait dire gestion du quotidien et apport clinique par observation, animation d'ateliers thérapeutiques ou activités occupationnelles, à visée diagnostique, respect du projet de soin, administration médocs et surveillance. Mais en extrahospitalier on pourrait ajouter gestion du lien avec l'extérieur, aide au retour dans la ville, à l'autonomisation. Rajoutons la partie entretiens infirmiers pour les deux et on aurait une petite idée de la place de l'infirmier en psychiatrie.
Après se pose la question de la place dans l'interdisciplinarité, et notamment avec les éducs (dans mon équipe on trouve infirmiers et éducs). Parfois les rôles sont bien définis, parfois on a du mal à voir la différence (en dehors du rôle prescrit), mais est-ce grave ? Chaque apport a sa valeur et vouloir placer l'un ou l'autre dans une case (je sais que ce n'est pas ton cas brruno :) ) n'a pas trop d'intérêt pour moi. La vraie différence peut se trouver dans la partie théorique peut-être mieux appréhendée par les infirmiers, chose évidente avec les ISP mais actuellement :roll: ...
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Re: La place de l'infirmier en psychiatrie

Message par AmThLi »

Sur la question de la place de chaque corps de métier, voir comment le travail est organisé à la Borde et à la Chesnaie... Ca laisse à réfléchir.

Question intéressante que celle de la fonction soignante en psychiatrie.
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J. Oury
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Re: La place de l'infirmier en psychiatrie

Message par brrruno »

A Dan65 je songeais effectivement à la place au sein d'une équipe en pluriprofessionnalité, plutôt qu'un déroulé des actions possibles au sein d'un service. Quel regard apporte l'infirmier, j'entend souvent des phrases du genre "de mon regard d'infirmier" ou "de ma place d'infirmier". Effectivement il me semble qu'il y avait un sens lorsque les ISP avaient une formation de psychiatrie à laquelle s'ajoutait une connaissance infirmière concernant les médicaments et quelques gestes spécifiques, mais à l'heure actuelle peut on dire que cette place est identique ? et sinon qu'elle est elle ? Qu'est ce que ce "regard" infirmier quand la psychiatrie est survolé durant la formation. Je suis d'accord de ne pas mettre les gens dans des cases mais il y'en a tellement qui cherche à s'y retrouver dans ces cases au travers du genre de réflexions citées ci dessus que ce n'est peut être pas un mal que de se (re)poser la question de temps en temps.
AmThLi que peux tu nous en dire en regard de l'organisation dans ces deux structures de thérapie institutionnelle ?
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augusta
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Re: La place de l'infirmier en psychiatrie

Message par augusta »

Je ne peux m'empêcher Bruno, de sentir un peu de jugement dans ton dernier post.
Quand bien même les apports en psy seraient "survolés" (et ils le sont) durant la formation, penses-tu que les nouveaux diplomés n'aient aucune connaissance et soient par conséquent de mauvais infirmiers?

Je peux te dire que lorsqu'on est motivés (et curieux) pour exercer dans cette discipline, les connaissances, on est capable de les chercher, de les trouver et de les assimiler.

L'expérience, j'en reviens un peu.
Je vois (sans être la seule), au sein de l'équipe dont je fais partie, des IDE avec quelques années de pratique en psy faire un bien meilleur boulot que certains ISP.
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Re: La place de l'infirmier en psychiatrie

Message par AmThLi »

Oui car les soignants aussi se chronicisent, se reposent sur leurs lauriers... Et finissent par être aussi stéréotypés que les patients.

Donc l'expérience ok, mais ça dépend de ce qu'on en fait.

Pour te répondre, Bruno, dans ces cliniques, tout le monde fait le même taf et est moniteur. Le rôle purement dévolu aux infirmiers consiste à filer les traitements et faire les pansements. Pour le reste on peut parler de positionnement soignant, car chacun, qu'il soit infirmier, psychologue, aide soignant, électricien ou secrétaire, fait le même boulot. Mais pas de positionnement spécifiquement infirmier puisque l'idée, c'est, plutot que de segmenter entre "professions complémentaires", de rassembler dans l'idée qu'on fait tous le même taf soignant.
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Re: La place de l'infirmier en psychiatrie

Message par brrruno »

Il y'a certainement une part de jugement (mais il n'est pas systématisé) au travers de mon questionnement, mais la question est sincère. Je ne doute absolument pas que l'intérêt et les recherches, porté individuellement à la discipline soit d'une richesse et d'un apport considérable. Mais on parle la d'une démarche individuelle (la réflexion est également valable pour les ISP ou quelque formation que ce soit, l'intérêt porté de façon individuel prime) qui manque du soutien de la formation pour, au stade de ma réflexion, parler d'une place d'infirmier. L'exemple évoqué par AmThLi, je trouve, parle plutot bien de ça : des temps bien défini d'un travail spécifique infirmier autour des traitements, et pansements mais en dehors c'est autre chose. Dan65 quant à lui dans son déroulé des actions évoque (sans doute par raccourci) les entretiens infirmiers, je dis par raccourci car je suis sur qu'il y met quelque chose de plus précis derrière. La où je veux en venir c'est que si ce sont des entretiens infirmiers alors ce ne sont pas des entretiens d'éducateurs. Les entretiens font parti de notre décret de compétences, mais il n'en fait pas l'exclusivité.
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Re: La place de l'infirmier en psychiatrie

Message par dan65 »

Tu parles des entretiens infirmiers, mais je pense qu'en plus notre spécificité est plus dans le projet de soin infirmier, c'est-à-dire que nos actions sont sous tendues par l'observation avec des éléments cliniques à apporter, la psychopathologie à prendre en compte pour fournir des éléments pertinents à la prise en charge.
Si j'étais éduc (ça tombe bien, on a les deux dans mon service et on passe notre temps à en parler :) ), mon entretien éducatif aurait un autre objectif, mes ateliers prendraient plus en compte la socialisation, la capacité de vivre ensemble.
En tant qu'infirmier, mon entretien va certes porter sur le quotidien ou sur ce dont l'ado a envie de parler, ce que je vais en ressortir sera différent.
Les ateliers thérapeutiques vont me permettre d'affiner la vision clinique, notamment dans des cas où la structure n'est pas évidente. La recherche d'étrangetés, de passages du coq à l'âne, d'angoisses, de rires immotivés etc. lors de ces activités est de mon ressort, sachant qu'on voit les patients beaucoup plus de temps que les médecins, que certains psychiatres ont une formation minimale voire sont faisant fonction.
Pour finir, je n'ai pas non plus le "regard psychologue" :lol: , le "regard assistant social" etc. mais il n'empêche que je peux être à certains moments tous ceux-là sans oublier ma fonction première.
Un mot à Augusta : ce n'est pas être médisant que de penser que la formation actuelle forme peu à la psychiatrie. Je n'ai que 10 ans de DE, j'ai le souvenir d'une formation systémique (à laquelle je ne comprenais pas grand chose à l'époque :lol: ), de notions comportementalistes, d'interventions de pros pour la prise en charge d'enfants présentant des pathos psy, que je ne retrouve (d'après ce que disent les stagiaires que je vois) pas actuellement. Qu'après, des jeunes DE fassent le boulot de formation eux-mêmes, c'est tout à leur honneur, je me forme tous les jours encore maintenant :) .
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Re: La place de l'infirmier en psychiatrie

Message par AmThLi »

Oui enfin la vraie question c'est la fin de la transmission de la psychanalyse aux infirmiers allant bosser en psychiatrie.

On peut parler de tous les oecuménismes et de toutes les chapelles thérapeutiques possibles, le référentiel analytique est indispensable à la compréhension de ce qui se passe chez le patient ET chez le soignant, ainsi qu'une bonne base pour une réflexion sur le symptôme ou la formation élémentaire.

Or QUI s'intéresse à la psychanalyse aujourd'hui ?
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Re: La place de l'infirmier en psychiatrie

Message par brrruno »

Travaillant également avec des éducateurs soit directement dans le service soit par une collaboration étroite entre le service et des structures type ITEP puisque je suis également en pédopsychiatrie. Et sans être d'une thérapie institutionnelle franche (c'est plutôt un reliquat historique) l'ensemble des entretiens qu'ils soient directif, non directif, d'aide, d'accueil ou assistant le médecin pouvaient être dévolu à l'un ou l'autre. Pour les entretiens à visé psychothérapique une formation spécifique (même si ca ne fait pas tout) est indispensable.
Il en est de même pour le projet de soin infirmier, laisse-t-on les autres professions de côté ? il ne me semble pas. Qu'il soit projet thérapeutique et/ou plan de soin il fait intervenir l'ensemble des professions, on a parlé d'infirmiers, d'éducateurs mais il ne faut pas oublier l'ergothérapeute, le psychomotricien, l'art-thérapeute, le psychologue, le médecin ... tout un arsenal réflexif (qui au passage peut avoir tendance a oublier la demande du principal intéressé).
Ce que je veux dire c'est que ce ne n'est pas en tant qu'infirmier que je vais voir les choses différemment, mais en tant qu'individu avec un parcours de formation personnel ou par la formation continue qui est ouverte à l'ensemble des professions.

La psychanalyse ne se transmet plus aux infirmiers mais aux médecins non plus. Quelle ne soit pas utilisé comme outil thérapeutique directement, à chacun ses choix. mais effectivement au moins dans la compréhension de l'autre ainsi que de la pathologie cet outil semble indispensable. Malgré ça je pense également comme Dan65 qu'il appartient également à la formation initiale de faire découvrir les grands courants de pensées, phénoménologie et gestalt pour la partie historique mais aussi organo-dynamique, courant humaniste, TCC ou encore systémique pour se situer dans les prises en charge le plus couramment rencontrées et aider les patients à s'orienter vers les professionnels de leur choix.
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