Pose cathéter ou prise de sang patient adulte anxieux

[Bridine]

Bonjour, je débute dans mon métier. Je suis IDE en service de médecine hospitalière.
Je voulais votre expérience face a un patient adulte qui refuse la prise de sang ou la pose de cathéter par peur des aiguilles.
J'ai eu récemment le cas d'une jeune femme qui était vraiment dans un état d'extrême angoisse et retire le bras quand j'approche l'aiguille.
Comment faites vous? Si rassurer ne fonctionne pas? J'ai du appeler une AS pour la tenir ...
Donnez moi vos expériences
Merci

[Leopold Anasthase]

Je voulais votre expérience face a un patient adulte qui refuse la prise de sang ou la pose de cathéter par peur des aiguilles.

Bonjour,

La réponse ne peut pas être univoque, parce que ça peut être plein de situations différentes. Par exemple :

-le refus vient d'un doute sur l'intérêt du soin ; dans la plupart des cas, le patient acceptera si vous lui expliquez l'intérêt du soin ;

-le refus vient du fait que le patient se sent dépossédé de toute décision ; il s'oppose pour dire qu'il a encore son mot à dire ; une écoute active permet de replacer le patient au centre des soins et d'obtenir son assentiment ;

-il s'agit d'une phobie ; l'hypnose peut aider ;

-il s'agit d'une demande d'attention, de réassurance ; à vous de jouer...

Et ainsi de suite... Sans oublier que, excepté en cas de pathologie psychiatrique avérée, de danger imminent, ou d'un état ne permettant pas au patient de prendre une décision éclairée (intoxication, ou tout simplement état critique perturbant ses facultés de jugement), le patient a le droit de refuser un soin, un traitement. Vous devez l'informer et informer le médecin prescripteur.

[Bridine]

Merci pour cette réponse bien complète.
Je précise que pour ce cas, avec le dialogue, la patiente reconnaissait avoir besoin de ce soin mais la phobie des aiguilles la poussait a agir ainsi.
Donc retirer le bras a l'approche du cathéter..
Dans une situation d'urgence l'hypnose est compliqué surtout que le cathéter devais étre posé rapidement.
Est ce que les IDE sont autorisés a faire intervenir un autre soignant pour maintenir le patient ? Ou le maintenir lui même dans l'urgence ?

[Leopold Anasthase]

Bonjour,

La première arme, c'est la communication positive. Voilà des exemples de phrases, à vous de choisir :

-madame je vais vous piquer, ça va faire mal,
-madame, je vais vous poser une petite perfusion,
-madame, je vais poser un cathéter,
-c'est bientôt fini,
-ne bougez plus,
-faites comme si vous étiez paralysée,
-il se peut que ça soit un peu désagréable,
-madame, je vais mettre un tuyau dans votre veine,
-j'ai besoin de votre collaboration pour réaliser ce geste,
-si quelque chose vous gêne, vous pouvez le dire, et même crier, mais l'idéal serait que vous restiez immobile,
-avec ce tuyau, je vais pouvoir vous administrer tous les médicaments dont vous avez besoin.

Dans une situation d'urgence l'hypnose est compliqué surtout que le cathéter devais étre posé rapidement.

Pour aller vite, il faut prendre son temps. Si vous prenez trois minutes pour vous aider par une technique hypnotique, vous irez beaucoup plus vite que si vous ratez trois tentatives parce qu'elle retire sa main ou son bras.

Est ce que les IDE sont autorisés a faire intervenir un autre soignant pour maintenir le patient ? Ou le maintenir lui même dans l'urgence ?

Inversez la situation, c'est vous la patiente. Suite à un mouvement involontaire, alors que vous êtes en pleine possession de vos moyens, trois malabars entrent dans la chambre, l'un d'eux vous plaquent un oreiller sur le visage, l'autre s'assoit sur votre torse, et le troisième sur votre bras. Et l'infirmière vous dit « alors, si la dame ne veut pas être sage, eh bien on va la tenir ». Avez-vous la réponse à votre question ?

[Bridine]

Merci pour toutes ces petites phrases.
A tester pour le prochain...

Une collègue IDE m'a dit que sans avoir recours a une personne du service pour maintenir le patient, elle s'appuie un peu sur le bras ou maintient le bras fermement en prévenant le patient que c'est pour éviter les mouvements involontaires tout en parlant et rassurant le patient.
Après c'est sur que ça dépend du gabarit du patient. Pour ce cas, la patiente était faible gabarit à peine 50kg...

Est ce que ça vous paraît mieux d'agir ainsi ?

Après j'ai eu aussi le cas d'un patient en état de malaise et très agité on a du le tenir pour ECG, le déshabiller en urgence, poser une voie veineuse...
La on était dans l'urgence donc peut être différent...

Merci pour vos retours...

Je vous remercie en tout cas ça fait du bien de se sentir soutenue j'ai l'impression que je ne sais pas gérer pourtant ça paraît une situation simple pour un geste technique simple.

[Leopold Anasthase]

Une vieille histoire qui m'est arrivée. Une fois, j'ai annoncé à un patient que j'allais le perfuser et il m'a répondu qu'il allait me mettre une droite. Je lui a dit que je n'étais pas là pour ça, et je me suis éloigné. À force de persuasion (plusieurs personnes s'y sont mises), il a accepté la perfusion et ça s'est très bien passé.

Merci pour toutes ces petites phrases.

Euh, il faut faire le tri : il y a des exemples de bonnes et de mauvaises phrases. Il faut se poser la question, quand on communique, de ce qui peut être négatif (ou entendu, perçu comme...) négatif, et ce qui peut être positif.
Quand on dit « ne vous inquiétez pas », le patient entend « inquiet », et se demande de quoi il faudrait qu'il s'inquiète.

Une collègue IDE m'a dit que sans avoir recours a une personne du service pour maintenir le patient, elle s'appuie un peu sur le bras ou maintient le bras fermement en prévenant le patient que c'est pour éviter les mouvements involontaires tout en parlant et rassurant le patient.

Ce qu'il faut, c'est obtenir mieux que le consentement, il faut obtenir la collaboration. Ensuite, la forme n'a pas d'importance tant que tout le monde est d'accord.

Après j'ai eu aussi le cas d'un patient en état de malaise et très agité on a du le tenir pour ECG, le déshabiller en urgence, poser une voie veineuse...
La on était dans l'urgence donc peut être différent...

On se rend compte, avec l'expérience, que les moments d'agitation ne sont que rarement permanents. On arrive à perfuser un patient agité, dans le coma agité, en delirium tremens, à condition d'attendre le bon moment.

Ensuite, il faut mesurer le risque. Si pour perfuser un patient je prends le risque d'être blessé, une autre solution est peut-être d'attendre qu'il ne soit plus en état de me blesser...

[Bridine]

Merci on fait un monologue j'ai l'impression...
Je précise que cette patiente n'était pas du tout menaçante ni violente.. elle avais juste très peur des aiguilles et ne voulais pas me laisser son bras pour la piquer...

[Leopold Anasthase]

Merci on fait un monologue j'ai l'impression...

Nous sommes deux, donc il s'agit d'un dialogue ;-)

Et il y a les “read only”, 143 personnes ont vu ce sujet.

[Juul_ie]

Tu aimerais qu’on te bloque le bras pour te piquer ? Pas certaine.
C’est hyper traumatisant et encore plus angoissant.


Même les enfants, terrifiés des aiguilles, sont capables de se laisser faire et de ne pas bouger quand on adopte les bonnes techniques, alors un adulte aussi... de même chez les personnes démentes qui refusent les soins. S’assoir avec eux, discuter, rester calme, ne pas donner l’impression d’être pressé permet l’adhésion aux soins...

Des phobiques, j’en ai vu plein, et j’en vois encore. Bien souvent, quand on creuse, il y a eu une mauvaise expérience. Et donc en maintenant ta patiente, en appelant un collègue pour la maintenir, on ne fait que renforcer ce traumatisme : merci pour la prochaine collègue qui s’occupera de cette dame...


Utiliser des méthodes de diversion (proposer à la personne d’écouter une musique, vidéo), discuter avec la personne de choses complètement différentes pour détourner l’attention, lui proposer de ne pas regarder ce qu’on fait pour ne pas anticiper le geste, et piquer sans prévenir, au détour de la conversation... c’est la méthode la plus efficace, et même chez les personnes qui ne sont pas angoissées !

Le « attention j’y vais » ou « attention je pique ne bougeais pas » me stressé alors que je n’ai clairement pas peur des aiguilles...

Renseignes toi sur la communication positive, verbale et non verbale.

Clairement, une collègue qui m’appelle pour maintenir un patient pour pouvoir lui poser une perfusion « de force » (car c’est le mot pour moi...) je lui propose de sortir de la chambre et de m’en occuper... hors cas d’extrême urgence où le patient est incontrôlable (conscient ou non) avec des risques d’auto/heteroagressivité, on ne doit utiliser aucune contention à mon sens !

[Bridine]

Merci c'est vrai je regrette un peu d'avoir demandé a ma collègue de maintenir le bras.
Vos expériences sont toutes intéressantes..

[Bridine]

Merci on fait un monologue j'ai l'impression...

Nous sommes deux, donc il s'agit d'un dialogue ;-)

Et il y a les “read only”, 143 personnes ont vu ce sujet.

Oui pardon un dialogue merci beaucoup pour ce dialogue alors ça fait du bien de se sentir épaulé quand on débute

[loulic]

Merci c'est vrai je regrette un peu d'avoir demandé a ma collègue de maintenir le bras ..

On va pas refaire le match, c’est vous qui y étiez et vous avez fait ce qui vous semblait être le mieux dans l’intérêt de la patiente sur le moment.

Léopold vous a proposé des pistes très intéressantes, et je rajouterai que même en situation d’urgence l’hypnose marche très bien. Ça se fait même assez naturellement.

Il n’y a pas une recette, ça dépend de chaque situation, chaque patient, du moment, du jour, des horaires de marée...

Il y a aussi des moyens médicamenteux comme le protoxyde d’azote ou les patch d’anesthésique locaux.

Cordialement.

[Bridine]

Hypnose rapide ou phrases rassurant le patient ça peut être quelle genre de phrases...
Car entrer dans des grands oratoires quand il faut faire vite.. pas trop possible..
Merci pour tout en tout cas

[Juul_ie]

Hypnose rapide ou phrases rassurant le patient ça peut être quelle genre de phrases...
Car entrer dans des grands oratoires quand il faut faire vite.. pas trop possible..
Merci pour tout en tout cas

Tu pourrais décrire la situation à laquelle tu as été confrontée ? Pourquoi vouloir « faire vite », quel était le contexte ??

[Bridine]

Hypnose rapide ou phrases rassurant le patient ça peut être quelle genre de phrases...
Car entrer dans des grands oratoires quand il faut faire vite.. pas trop possible..
Merci pour tout en tout cas

Tu pourrais décrire la situation à laquelle tu as été confrontée ? Pourquoi vouloir « faire vite », quel était le contexte ??

Pour résumé la situation.
Patiente hospitalisé, le matin je me rend compte que son cathéter ne passe plus, donc retrait du cathéter puis préparation pour en poser un nouveau mais pas d'urgence juste du glucose a passer en attendant le passage au bloc du lendemain.
Et la, la patiente fait un malaise chute de tension hypoglycémie...
Ordre du médecin..pose du nouveau cathéter dans l'urgence pour pouvoir reperfuser rapidement et passer ce qu'il fallait...
Puis suite où il a fallu que je fasse intervenir ma collègue pour maintenir car grosse phobie d'être repiqué.. le premier cath avait été posé aux urgences...