psychiatrie: des patients moins satisfaits des soins?

[cedr1c]

Bonjour (je profite de ce que je suis en vacances pour m'intéresser à mon dada : la psy !)

Cédric : je n'ai pas très bien compris ton deuxième argument. Tu veux dire qu'en vouloir aux soignants ou aux infirmiers permet de s'éloigner pour un moment de ses troubles psychiques ? Peut-être.

TitFéline : je pense que quand on est hospitalisé contre son gré et qu'on ne veut pas se soigner, ni voir de psychologue et qu'on a juste des idées noires en tête, les infirmiers et médecins ne savent pas trop quoi faire et sont réduits à faire du gardiennage plutôt qu'autre chose.


Mais il y a quand même un problème de diagnostic en psy, trop aléatoire et basé juste sur la parole (qui fait fi de l'environnement de la personne, de ses moyens sociaux, financiers pour se sortir d'une situation). Donc il y a des HO ou HDT trop sévères. Si quelqu'un veut éviter l'HDT pour se suicider, il n'a qu'à accepter bien sagement l'hospitalisation et se tenir tranquille, pour remettre ses funestes projets à plus tard (faire la comédie quoi !)

alors, paragraphe par paragraphe:

- je pense qu'il y a un mécanisme de projection qui s'opère, je ne suis pas guéri car eux ne m'ont pas bien soigné. Le patient peut omettre le contexte de l'action pour ne retenir qu'un refus, qu'une remarque.

- On n'est pas hospitalisé contre son gré juste pour des idées noires...mais pour un péril imminent, notion importante.
De même à en écouter certains, tous les patients soignés en psychiatrie le sont pour une dépression, ou pour un pétage de plomb, mais très peu parlent de Schizophrénie, de BDA, de troubles bipolaires. Il y a encore des difficultés à admettre un diagnostic du fait de la hierarchiasation de ceux ci: il vaut mieux etre dépressif que toxico, et toxico que psychotique, d'ou certaines conduites toxicophiles chez les psychotiques, d'ou un toxicomane qui va se présenter comme "phobique social".

- les diagnostiques en psy ne sont pas basés que sur la parole, mais sur des examens somatiques (diagnostique d'élimination), sur l'observation (attitudes d'écoute, barrage, dissociation), et sur les dires du patient qui est un acteur du soin. Il suffit de regarder les critères du DSM IV pour observer que les critères ne reposent pas sur la parole uniquement...drole de constat.
Des HO ou HDT abusifs, j'en ai vu deux trois en quelques années de travail dans des unités ne recevant que des hospitalisations sous contrainte...Toutes les prisons sont remplies d'innocents, les patients hospitalisés sous contrainte voient quelquefois cela comme une peine et adoptent le même comportement.
Encore une fois: la maladie psychiatrique peut entrainer une perturbation du discernement, de la vision que l'on a de la réalité et de son existence. Arretons donc de penser que des personnes mises en placement le sont alors qu'elles ont eu un raisonnement, clair, net, entaché d'aucune pathologie ou atteinte psychologique, et que ces personnes ont choisi sciemment de vouloir en finir. C'est limite un déni de leur pathologie que de dire cela, on n'est pas loin de considèrer cela comme une fatalité, un choix de vie.

Certaines organisations le pensent aussi, et sont dans ce déni des pathologies psy, la scientologie par exemple qui sait très bien que les anciens patients trainent sur les forums parlant de psy, et qui essaient de faire leur pub sur ces forums (il y a eu un problème de pub concernant la scientologie sur un petit forum de psy ou je vais, il y a quelques temps).

Autre questionnement: les associations d'anciens patients, il me semble qu'il faut etre stabilisé afin de pouvoir en faire partie, ce qui est logique.
Que font donc les autres pour se faire entendre? Il y a pas mal de chances qu'ils viennent sur le net. Nous sommes souvent confrontés à des questions perso, juste des monologues parfois, et d'autres choses (je pense qu'on est pas mal ici à recevoir des mp demandant de l'aide face à une situation perso, ou demandant un contre avis sur une décision médicale, voire une expertise judiciaire...que répondre quand on n'a pas tous les éléments??). Je trouve cela assez dangereux comme mode d'action, car ce sont des propos lus après et pris comme parole d'évangile. On retrouve les mêmes propos chez les ESI: "dans tel service, ils sont méchants" suite à une mauvaise expérience perso. Le bien, le mal, c'est simpliste et je n'y crois pas.

Apparament, comme on en discutait récemment sur un autre forum de psy, il y a en ce moment une difficultés pour rencontrer l'autre, pour communiquer avec nos patients, cela se manifeste par l'envie de la société de voir nos fous enfermés, et une rupture dans le dialogue patient soignant, du moins un détournement via desobjets médiatiques. Je pars bien sûr de l'hypothèse que les plaintes exprimées ici ou ailleurs sont des plaintes qui n'ont jamais été dites directement.

Problème de soin, je ne pense pas, problème de communication soignant patient, oui. Induit par cette société qui stigmatise les malades, leur impose une hierarchisation de leur maladie, qui leur fait vivre une hospitalisation en psy comme une peine, dû aussi aux sectes et autres organismes malveillants qui essaient de faire croire que la pathologie psy n'existe pas (ce qui est rassurant pour le patient qui entend ça), dû aussi à nous tous qui nous projetons éternellement en l'autre, alors que nous ne vivons pas la même pathologie, essayant donc d'engloutir l'autre dans notre mode de fonctionnement si conventionel.
La différence avec un autre service est là: dans un service de chir par exemple, tout le monde est sur la même longueur d'onde, focalisé sur la fracture, tout le monde la conçoit pareil.

[invite584]

Complètement d'accord avec Cedr1c!
Et effectivement il faut se rendre compte que l'on est que très rarement hospitalisé en HP juste pour une TS. Le CAP les renvoie chez eux avec un suivi ambulatoire ou en clinique. Dans mon service nous avons surtout des patients schizophrènes très lourds ou des troubles bipolaires. Leur souffrance est inimaginable. Ils arrivent en général après que la famille ai tout essayé, s'y est cassée les dents, voire détruit le noyau familial!
Les 90% des patients arrivant en HDT disent:
"tout va bien, je gère!" et en même temps sont dans un état de délabrement physique, psychique et social inconcevable!
Pour citer un exemple nous avons eu un patient qui ne mangeait que des yaourts, déféquait dans le pot et alignait puis empilait tout ces pots afin de former de véritables murs chez lui.
Croyez moi il disait bien aller...

[TitFéline]

Alors question très bizarre mais tant pis : quel serai le comportement le plus adéquate d'une famille face à son proche malade afin de ne pas handicapé immédiatement l'équipe ? ( je ne sais pas si je me suis bien exprimé, mais si vous avez compris c'est l'essentiel )

[cedr1c]

ben, rester comme ils sont je dirais tout simplement, c'est à l'équipe de les prendre en compte (ou pas selon les cas).

[invite584]

Croire l'équipe.

[céfol]

[TitFéline]

L'amour ne résoud malheureusement pas tout !!!

Ma mère 35 ans de mariage d'amour avec mon père, et moi et mon frère on adulait notre mère donc tu vois malgré tout l'amour qu'on lui portait ça n'a pas suffit...

[cedr1c]

l'amour doit certainement stimuler certaines synapses qui étaient jusque là fermées (est ce que l'on secrète certains neurotransmetteurs à cause de l'amour ou de tout autre bonheur, certainement...).
Mais dire que l'amour peut guérir, je ne pense pas. (je ne vais pas plus détailler de peur de jouer les oiseaux de mauvaise augure)

[céfol]

TitFéline : je ne sais pas ce qu'elle a ta maman.
En attendant qu'elle aille mieux, à l'hôpital ça fait toujours plaisir d'avoir des visites (le temps est tellement long !), quand on apporte des objets qui plaisent, des bonnes choses à manger (un gâteau fait maison), des cigarettes si elle fume, de quoi écouter de la musique, de quoi se faire belle, c'est un peu de douceur dans la journée.
On peut rencontrer des gens pas trop recommandables à l'HP et on est en état de vulnérabilité donc sens critique moindre. En plus on évolue vraiment dans un autre monde. Cela peut être bien de la mettre en garde.
En lui souhaitant un bon rétablissement.

[TitFéline]

TitFéline : je ne sais pas ce qu'elle a ta maman.
En attendant qu'elle aille mieux, à l'hôpital ça fait toujours plaisir d'avoir des visites (le temps est tellement long !), quand on apporte des objets qui plaisent, des bonnes choses à manger (un gâteau fait maison), des cigarettes si elle fume, de quoi écouter de la musique, de quoi se faire belle, c'est un peu de douceur dans la journée.
On peut rencontrer des gens pas trop recommandables à l'HP et on est en état de vulnérabilité donc sens critique moindre. En plus on évolue vraiment dans un autre monde. Cela peut être bien de la mettre en garde.
En lui souhaitant un bon rétablissement.

Alors relis-bien les posts et tu verras que l'équipe m'a écartée...Enfin sujet à mainte reprise traité me concernant donc je ne vais pas me réécrire.