sortie contre avis médical

Jurassik · Message par **Jurassik** » 30 août 2007 21:37

Bonjour,

travaillant aux services des urgences, je suis régulièrement confronté a des patients alcoolisés qui souhaitent quitter l'établissement et demandent à signer une décharge... ( faute de tierce personne pour venir les chercher et ainsi d'en prendre la responsabilité )

Dans ce cas nous refusons au patient sa sortie et laissons le temps faire baisser son alcoolémie... parfois contre son gré... et avec des contentions.

d'après la charte du patient hospitalisé, un patient ne peut être retenu de forces dans un hôpital, sauf si il y'a HDT ou HO ou bien si le patient est sous curatelle...

Dans ce cas qu'en est-il d'un patient alcoolisé dont le jugement peut être altéré ? existe -il un texte de loi prenant ce type de situation en compte ?

cedr1c · Message par **cedr1c** » 30 août 2007 22:01

C'est plus une question d'éthique: pourquoi ce mec est arrivé aux urgences? Un contre avis médical signé à 3g a t il une valeur? Qui est responsable si cette personne ressort alcoolisée fortement et s'écroule devant une auto? Présente t il un risque au niveau médical (si c'est un mec qui est toujours autour des 3g5 et qu'il est à 2g)? Il y a aussi l'IPM qui peut être traitée différemment, si plus de risque médical, et que la personne fait n'importe quoi sous l'emprise de l'alcool, alors il peut aller cuver et retrouver ses esprits dans un commissariat.

Pas de solution miracle, mais une réflexion au cas par cas.

ps: un HDT n'a aucune valeur quand une personne est fortement alcoolisée, difficile d'évaluer des troubles mentaux dans ce contexte.

invite584 · Message par **invite584** » 30 août 2007 22:16

Et de toute facon la sortie contre avis médical est apparemment de plus en plus mal vu des tribunaux. Il arrive qq chose a votre patient une fois sorti, le juge peut parfaitement dire au médecin:
"vous auriez du le garder et lancer une HDT d'urgence"
Théoriquement si le patient est en danger potentiel c'est ce que doit dire et faire le médecin.
Dixit un cadre sup de santé de mon hosto expert auprès des tribunaux.

cedr1c · Message par **cedr1c** » 30 août 2007 22:24

Vu le nombres d'HDT farfelus que l'on voit déjà...mamie ne veut pas faire ses examens cardio, parcequ'elle veut qu'on lui foute la paix, et qu'elle a 80 ans, elle sait qu'elle mourra d'autre chose bien avant, et bien, on signe un HDT comme ça elle va les faire ses examens, mais elle part en psy, et la famille ne comprend pas pourquoi, elle signa un CAM 30 minutes après, on lui admet que c'était la réaction que l'on attendait, du vécu il y a peu.

invite584 · Message par **invite584** » 30 août 2007 22:32

Ce sont les absurdités du système francais qui a bien besoin de réformes!

maxkruegger · Message par **maxkruegger** » 30 août 2007 22:37

Salutations !

Je travaille aussi aux urgences, la nuit, confronté exactement au même problème...

Une décharge de responsabilité signée par un patient en état d'ébriété n'a pas de valeur légale, donc ne couvre pas l'hôpital en cas de pépin une fois dehors...

Il nous arrive aussi de garder des patients "contre leur gré" en insistant lourdement :dispute:

... beaucoup acceptent, bien que ça les gonfle +++ mais finissent quand même par s'endormir :sleeping:

Ceux qui deviennent violents, ni contention ni pugilat, c'est Police direct ! :langue:

La plupart du temps, rien que la "menace" des képis :alien:

suffit à les calmer, ils comprennent qu'ils n'ont pas trop le choix, soit une nuit au chaud dans un lit d'hopital, soit la cellule de dégrisement...
Franchement, y'a pas photo :langue2:

Nous faisons les CNA (certificats de Non-admission) pour les gens pris par la police en état d'ébriété (au volant ou sur la voie publique) avant d'être placés en cellule de dégrisement ; leur déposition n'est prise que le matin (après avoir "décuvé") car légalement une déposition n'est valable QUE lorsque la personne est en pleine possession de ses moyens (donc à jeun ou dans les limites légales...).

En esperant avoir répondu à ta question, à bientôt !

Jurassik · Message par **Jurassik** » 30 août 2007 22:59

cedr1c a écrit :pourquoi ce mec est arrivé aux urgences?

le plus souvent ivresse sur voie publique avec en fonction des cas : chuttes ou baston

Un contre avis médical signé à 3g a t il une valeur?

Pour moi c'est non au vue de l'alcoolémie élevée et de la responsabilité de l'équipe qui est engagée... même si pour certains patient avec beaucoup de "bouteille"

un score de trois gramme n'altère que modérément ( tout est relatif... le jugement )

Qui est responsable si cette personne ressort alcoolisée fortement et s'écroule devant une auto?

une personne peut ressortir alcoolisée mais accompagnée par une tierce personne ( à jeûn... )

pour les personnes qui souhaitent sortir seules c'est justement le type de situation que l'on peut craindre... ce pourquoi on les retient !

Pas de solution miracle, mais une réflexion au cas par cas.

tout à fait d'accord

d'un point de vu éthique je comprend la prise en charge, je voulais savoir si elle était appuyée par des bases légales.

Nb : dans ces situations, il n'ya pas d'HDT de faites, il est juste gardé le temps de désaoulé. Le lendemain matin il est libre d'accepter ou de refuser la prise en charge proposée.[/quote]

dino · Message par **dino** » 31 août 2007 06:27

Douze ans d'urgence, je me retrouve bien dans l'ambiance décrite par Maxkruegger ; en fait, une sortie contre avis médical ne pose aucun problème tant que tout se passe bien :mrgreen:

Par contre, si il y a un coup de grisou, attention aux dégâts collétéraux :bang:

Bonne journée...