impuissance des soignants
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impuissance des soignants
Bonjour,
suite à une situation que voici, je me poses des questions sur la collaboration interne/infirmière:
Je suis revenue de repos mardi. Une de mes patientes, âgée de 35 ans, que je n'ai jamais vu, atteinte du VIH entrée pour altération de l'état général, épigastralgie et oesophagite était en permission jusqu'à 18 H ce jour-là. Arrive le soir. De retour avec son mari, je lui demande comment ça s'est passé à la maison. Je la trouve fatiguée voire vidée. Elle me dit qu'en principe elle n'aurait pas dû sortir en permission mais à cause des grèves de l'éducation nationale, elle a dû rentrer chez elle pour s'occuper de ses deux filles âgées de 15 et 5 ans. Je la laisse se reposer dans sa chambre avec son mari une dizaine de minutes avant d'aller lui prendre la tension. Le mari vient frapper à la porte de la salle de soin ... en pleurs. Gloups! Qu'est-ce qu'il se passe? Je lui propose de venir s'assoir pour discuter. Il m'explique que lui aussi est VIH ainsi que sa fille de 15 ans. Ils n'ont pas de problèmes pour continuer leurs activités contrairement à madame. Il me répète qu'il est persuadé que c'est le foie de sa femme qui ne va pas. Continue à pleurer de plus belle. Je lui demande ce qui s'est passé à la maison: il commence à me parler des tensions entre sa femme et sa fille. Celle-ci a parlé de sa maladie à ses copines dans son école privée. ça s'est répandu comme une trainée de poudre jusqu'aux oreilles de la directrice qui l'a convoqué pour lui dire qu'elle racontait n'importe quoi, que ce n'était pas possible qu'elle ait cette maladie, qu'elle raconte ça pour se rendre intéressante. Résultat: les parents ont dû la mettre dans une école publique. J'ai fini par lui dire que sa fille est une adolescente. Elle a beau se confier à lui, il reste le papa et l'adulte. Et que si elle a eu besoin d'en parler à ses copines c'est qu'elle a besoin de partager tout ça avec des personnes de son âge. Je l'ai aiguillé vers une association où il ya des groupes de paroles composés d'ado. Cette discussion lui a fait du bien me dit-il. Mais il s'inquiète parce que sa femme n'a rien mangé depuis trois jours et n'a pu prendre ses anti-rétroviraux. Je vais voir mon interne pour lui dire que le mari voudrait la voir. Je lui propose d'attendre dans la chambre. Mais un moment donné je me dis que la première personne concernée est sa femme. Je n'ai pas encore parlé une seule fois avec elle.
Je me décide à aller lui prendre la tension: mon interne arrive à ce moment et semble soulagée de ne pas être seule avec la patiente et son mari. Le mari insiste pour qu' une perfusion soit prescrite et redemande si les résultats hépatiques sont arrivés. Par la suite, je saurai qu'il est infirmier. Il est prévu qu'elle ait une fibro gastro le lendemain matin ... qui ne donnera rien de concluant. Echec thérapeutique sur échec thérapeutique, cette patiente se trouve au pied du mur selon elle. Mercredi soir, vers 18H30, je ne comprends pas: mon interne vient me voir pour me dire que Mme M. Sort ... en permission? définitif? oui définitif. Contre-avis médical? Non. Heu ... là je ne comprend pas et ne suis pas trop d'accord . Cette patiente est arrivée le dimanche pour AEG , a eu une perm le mardi et repart ce soir, mercredi, dans le même état. Y a un problème de prise en charge là.
Mon interne se trouve aussi dans une impasse.
Je vais voir la patiente. Je lui demande de m'expliquer ce qui s'est dit avec l'interne. Elle me dit qu'elle est condamnée, qu'il n'y a rien d'autre à faire et c'est mieux ainsi pour tout le monde. Elle me dit que la fibro n'a rien donné et que c'était sa dernière chance. Elle sent toujours une grosse boule au niveau de la gorge. Dans mon for intérieur je me suis demandée comment l'interne a pu prendre une décision seule comme ça sans nous demander notre avis. Pour moi ce noeud dans la gorge relevait d'un problème psychologique et non médical certes mais de là à laisser une patiente sortir dans cet état, non!. Je discute avec la patiente pendant une demi-heure ( tant pis si les autres patients sonnent, j'ai des collègues qui prennent le relais heureusement). Je lui raconte ce qu'il s'est passé la veille avec son mari et ce qu'il m'a raconté sur leur fille de 15 ans. Elle fond en larmes. j'ai touché le point sensible. Elle veut mourir parce qu'elle se sent incapable d'être une bonne mère. Les problèmes avec sa fille lui sapent le moral. Le traitement ne convient pas à son mode de vie ... Faire une consultation d'observance thérapeutique me semble inappropriée vu les circonstances. Mais tout s'enchaine et je n'ai pas le temps de prendre du recul. ça m'énerve. La patiente rentrera en taxi chez elle au lieu d'attendre que son mari arrive à 20H30. Tout s'est enchainé. J'ai vu tout se défilé entre mes mains: la situation, les informations, la patiente ... Elle a laissé ses traitements du soir dans son pilulier ...
Je pense qu'on aurait pu faire autrement. Mais comme d'habitude par manque de communication et de concertation, j'ai vécu cette situation comme une catastrophe.
suite à une situation que voici, je me poses des questions sur la collaboration interne/infirmière:
Je suis revenue de repos mardi. Une de mes patientes, âgée de 35 ans, que je n'ai jamais vu, atteinte du VIH entrée pour altération de l'état général, épigastralgie et oesophagite était en permission jusqu'à 18 H ce jour-là. Arrive le soir. De retour avec son mari, je lui demande comment ça s'est passé à la maison. Je la trouve fatiguée voire vidée. Elle me dit qu'en principe elle n'aurait pas dû sortir en permission mais à cause des grèves de l'éducation nationale, elle a dû rentrer chez elle pour s'occuper de ses deux filles âgées de 15 et 5 ans. Je la laisse se reposer dans sa chambre avec son mari une dizaine de minutes avant d'aller lui prendre la tension. Le mari vient frapper à la porte de la salle de soin ... en pleurs. Gloups! Qu'est-ce qu'il se passe? Je lui propose de venir s'assoir pour discuter. Il m'explique que lui aussi est VIH ainsi que sa fille de 15 ans. Ils n'ont pas de problèmes pour continuer leurs activités contrairement à madame. Il me répète qu'il est persuadé que c'est le foie de sa femme qui ne va pas. Continue à pleurer de plus belle. Je lui demande ce qui s'est passé à la maison: il commence à me parler des tensions entre sa femme et sa fille. Celle-ci a parlé de sa maladie à ses copines dans son école privée. ça s'est répandu comme une trainée de poudre jusqu'aux oreilles de la directrice qui l'a convoqué pour lui dire qu'elle racontait n'importe quoi, que ce n'était pas possible qu'elle ait cette maladie, qu'elle raconte ça pour se rendre intéressante. Résultat: les parents ont dû la mettre dans une école publique. J'ai fini par lui dire que sa fille est une adolescente. Elle a beau se confier à lui, il reste le papa et l'adulte. Et que si elle a eu besoin d'en parler à ses copines c'est qu'elle a besoin de partager tout ça avec des personnes de son âge. Je l'ai aiguillé vers une association où il ya des groupes de paroles composés d'ado. Cette discussion lui a fait du bien me dit-il. Mais il s'inquiète parce que sa femme n'a rien mangé depuis trois jours et n'a pu prendre ses anti-rétroviraux. Je vais voir mon interne pour lui dire que le mari voudrait la voir. Je lui propose d'attendre dans la chambre. Mais un moment donné je me dis que la première personne concernée est sa femme. Je n'ai pas encore parlé une seule fois avec elle.

Je me décide à aller lui prendre la tension: mon interne arrive à ce moment et semble soulagée de ne pas être seule avec la patiente et son mari. Le mari insiste pour qu' une perfusion soit prescrite et redemande si les résultats hépatiques sont arrivés. Par la suite, je saurai qu'il est infirmier. Il est prévu qu'elle ait une fibro gastro le lendemain matin ... qui ne donnera rien de concluant. Echec thérapeutique sur échec thérapeutique, cette patiente se trouve au pied du mur selon elle. Mercredi soir, vers 18H30, je ne comprends pas: mon interne vient me voir pour me dire que Mme M. Sort ... en permission? définitif? oui définitif. Contre-avis médical? Non. Heu ... là je ne comprend pas et ne suis pas trop d'accord . Cette patiente est arrivée le dimanche pour AEG , a eu une perm le mardi et repart ce soir, mercredi, dans le même état. Y a un problème de prise en charge là.

Je vais voir la patiente. Je lui demande de m'expliquer ce qui s'est dit avec l'interne. Elle me dit qu'elle est condamnée, qu'il n'y a rien d'autre à faire et c'est mieux ainsi pour tout le monde. Elle me dit que la fibro n'a rien donné et que c'était sa dernière chance. Elle sent toujours une grosse boule au niveau de la gorge. Dans mon for intérieur je me suis demandée comment l'interne a pu prendre une décision seule comme ça sans nous demander notre avis. Pour moi ce noeud dans la gorge relevait d'un problème psychologique et non médical certes mais de là à laisser une patiente sortir dans cet état, non!. Je discute avec la patiente pendant une demi-heure ( tant pis si les autres patients sonnent, j'ai des collègues qui prennent le relais heureusement). Je lui raconte ce qu'il s'est passé la veille avec son mari et ce qu'il m'a raconté sur leur fille de 15 ans. Elle fond en larmes. j'ai touché le point sensible. Elle veut mourir parce qu'elle se sent incapable d'être une bonne mère. Les problèmes avec sa fille lui sapent le moral. Le traitement ne convient pas à son mode de vie ... Faire une consultation d'observance thérapeutique me semble inappropriée vu les circonstances. Mais tout s'enchaine et je n'ai pas le temps de prendre du recul. ça m'énerve. La patiente rentrera en taxi chez elle au lieu d'attendre que son mari arrive à 20H30. Tout s'est enchainé. J'ai vu tout se défilé entre mes mains: la situation, les informations, la patiente ... Elle a laissé ses traitements du soir dans son pilulier ...
Je pense qu'on aurait pu faire autrement. Mais comme d'habitude par manque de communication et de concertation, j'ai vécu cette situation comme une catastrophe.
on peut être intelligent toute sa vie et stupide un instant.
tu devrais aérer ton texte, ce serait + facile et agréable à lire... là ça ne donne pas envi...
Je n'ai pas dépassé les 10 premières lignes
pas d'accord avec toi gengis ... car ce témoignage est malgré tout bien écrit et facile à lire.
effectivement, glico, la situation que tu décris montre un manque de concertation et je me pose une question : l'interne à pris une décision de ce type tout seul ? qu'en est-il des médecins de ton service ? qu'est-il révu pour le suivi de cette dame, etc ... avez-vous pu e parkler en équipe soignante ? avec le cadre ? c'est sur ça laisse perplexe.
nat
- majorhouse
- Forcené
- Messages : 338
- Inscription : 12 avr. 2008 17:03
- Localisation : toujours là pour aider
salut glico!
j'ai lu tout le texte; et je trouve que tu as raison, l'interne n'aurait pas dû prendre cette décision seul, il aurait dû en parler en équipe avec sa hierarchie et tout, car c'est quand même une lourde responsabilité, tu n'en est pas responsable certes mais c'est vrais tu es en colère et tu te sent impliquer car c'est quand meme ta patiente et c'est comme si tu avais pris cette décision toi aussi vu que tu fais partie de l'équipe. je pense que tu vas culpabiliser; surtout aussi il faut t'attendre à ce que cette patiente revienne un jour pour altération de son état général; ou qu'elle n'aura pas pris ses traitement et tu te sentira responsable quelque part,
mais garde a l'esprit que ce n'est pas toi qui a pris la décision et que tu fais ton travail convenablement, tu a tout fait pour cette patiente et son mari tu les a aider le reste n'a pa été de ton ressort malheureusement,
mon conseil serait que tu en parle avec ton interne pour qu'une telle situation ne se reproduise pas.
bon courage
j'ai lu tout le texte; et je trouve que tu as raison, l'interne n'aurait pas dû prendre cette décision seul, il aurait dû en parler en équipe avec sa hierarchie et tout, car c'est quand même une lourde responsabilité, tu n'en est pas responsable certes mais c'est vrais tu es en colère et tu te sent impliquer car c'est quand meme ta patiente et c'est comme si tu avais pris cette décision toi aussi vu que tu fais partie de l'équipe. je pense que tu vas culpabiliser; surtout aussi il faut t'attendre à ce que cette patiente revienne un jour pour altération de son état général; ou qu'elle n'aura pas pris ses traitement et tu te sentira responsable quelque part,
mais garde a l'esprit que ce n'est pas toi qui a pris la décision et que tu fais ton travail convenablement, tu a tout fait pour cette patiente et son mari tu les a aider le reste n'a pa été de ton ressort malheureusement,
mon conseil serait que tu en parle avec ton interne pour qu'une telle situation ne se reproduise pas.
bon courage