Question de vocation/non vocation ?
Modérateurs : Modérateurs, Infirmiers
- Anoukaelle
- Forcené
- Messages : 308
- Inscription : 27 nov. 2003 12:59
J'avais un boulot tout pourri pour lequel, grâce à un emploi subventionné à 80%, j'avais été engagée à ne rien faire (véridique : 35h/sem, seule dans un bureau où la T° variait entre 12°C l'hiver et 40°C l'été ; avec parfois une lettre à taper pour tout travail) Un jour de désoeuvrement, je suis arrivée sur ce forum, consciemment ou inconsciemment.
Je ne parlerai pas de vocation pour moi puisqu'à l'époque, je cherchais désespérément un vrai travail. Je voulais travailler, me rendre utile, me sentir exister dans ce que je ferais, être reconnue, pouvoir changer de métier dans le métier, avoir un métier exportable, ne jamais plus me retrouver au chômage avec l'angoisse du lendemain...
Je suis une bosseuse et je ne me fais pas d'illusions, en travaillant 40 ans, on a forcément des hauts et des bas! Et je suis une adepte du "quand il faut y aller, il faut y aller!" Au final, que ça me plaise ou non, j'empoigne...
J'ai fait mes études sans trop me plaindre et en me disant que c'était pas tous les jours facile (les études et les conditions de travail que j'observais), mais sans jamais penser à arrêter...
Certains étudiants interviennent sur ce post. C'est intéressant, mais pour avoir tenu les mêmes discours pendant mes études, je sais qu'entre étudiant et infirmier diplômé il y a un fossé énorme...
La position de stagiaire est particulière et parfois difficile surtout quand tu as déjà été dans la position d'encadrer. Je ne vais pas revenir dessus...
Mais quand tu es infirmière, c'est complètement différent. Car il y a tes patients, leurs familles, les soins mais aussi toute l'organisation (faire les bons, prendre les RDV, commander les brancardiers, faire les commandes de matériel, de pharmacie, tenir à jour les classeurs, s'ocupper des toxiques...), les relations avec les collègues : ASH (gérer avec eux/elles les départs des patients), les AS qui travaillent ou non en binôme avec toi et qui sont pour certains actes sous ta responsabilité (parfois ils/elles en savent plus que toi sur le service mais quelques un(e)s sont à surveiller comme le lait sur le feu!), les médecins (externes, internes, chefs...) et en chirurgie il y a les chirurgiens et les anesthésistes (quand dans le service où je suis actuellement ils ne peuvent pas se blairer et se renvoient la balle, c'est trèèès inconfortable car c'est toujours à l'autre de s'en occuper et parfois les choses n'avancent pas!) et tes cadres (le cadre de ton service, le cadre supérieur). Je ne parle pas des guéguerres dans les équipes perce que je n'y ai jamais été confrontée, mais ça fait parfois partie de ton quotidien!
Alors maintenant que je travaille comme une "vraie" infirmière (en CHU), voilà le bilan.
Parfois je m'éclate, parfois j'égorgerais bien un ou 2 patients qui se comportent comme si tout leur était dû et qu'ils étaient seuls au monde... Notre société individualiste ne va pas nous aider sur ce coup-là et je crois que ça va être de pire en pire!
Globalement, je suis arrivée à prendre suffisamment de distance dans les situations de soins difficiles (soins palliatifs, décès, chronicité...).
Par contre, je ne sais pas faire face à certaines situations :
les conditions de travail : on nous demande de travailler plus vite, plus efficacement, moins nombreux mais sans dépasser les horaires.
Résultat : beaucoup de stress soit 1kg/mois depuis 8 mois, pas le temps de boire, manger ou pisser certains jours (quand on travaille en néphrologie et urologie, ça paraît risible!) ; l'impression d'être pressée comme un citron tant qu'on n'ose pas dire quoi que ce soit (on a tous conscience, surtout en période de vacances, qu'il faut faire des efforts, qu'il manque du personnel, qu'il y a des barrières financières...) ; aucune impression d'être reconnue pour ce que je fais (et là, c'est à toi que je m'adresse Droopy59, ne fais pas ce métier pour la reconnaissance! Je suis tombée de très haut!)
J'arrive désormais à culpabiliser de moins en moins qand je n'ai pas réussi à tout faire...
Par contre, on nous demande d'écrire dans le dossier du patient tout ce qui a été fait et de notifier les incidents survenus car les gens étant devenus de plus en plus procéduriers, "ce qui n'est pas noté, n'est pas fait". Je le comprend, c'est important. Mais je le fais quand??? Losque le journée est calme et qu'il ne s'est pas passé "grand-chose", j'aurais le temps mais je n'ai rien à dire. Par contre, lors des journées cataclysmiques où je rencontre des 10aines de problèmes, je n'ai pas le temps de tout retranscrire pour me protéger pour un éventuel procès!
certains personnels qui ne font pas leur travail correctement (mais est-ce que ce n'est pas dû au manque de personnel où chacun fait ce qu'il peut...) et qui se répercute sur tes conditions de travail, tes patients. Et ce, plus la structure est grande, plus la machine est difficile à manipuler.
J'avoue que certains médecins m'horripilent car j'ai l'impression que ce que je leur transmet entre par une oreille et ressort par l'autre et que le sort de certains patients les indiffèrent totalement... Et parfois (c'est ce que je trouve le plus stressant) il faut être ultra-vigilant et vérifier tout ce que font certains car ils peuvent être dangereux pour les patients. Quand tu débarques dans un service et donc que tu ne connais pas tout, je t'assure que c'est très angoissant!
je prends soin des autres, mais qui prend soin de moi?
Au boulot, je prend sur moi quand les gens sont agressifs, exigeants, revendicatifs, demandeurs et je fais preuve d'empathie car ils ont leurs raisons et n'ont trouvé que ce moyen pour s'exprimer.
Mais lorsque je me retrouve "dehors", dans le monde des gens sains et que l'on m'agresse (la boulangère qui ne répond pas à mes bonjours, les gens qui me bousculent, me klaxonnent, mon garagiste qui me rend mon scooter sans me le réparer en me disant que je ne sais pas y faire...), je trouve que c'est injuste et je me met en colère! Je passe ma journée à rendre la vie des patients agréables et personne ne me rend la pareil!
Ca paraît un peu con, mais j'ai aussi besoin qu'on me chouchoute!
Et il est très difficile de raconter à mon entourage que je fais parfois un métier de con : tout le monde me répond (pour me remonter le moral, sûrement) que je suis très courageuse et que je fais le plus beau métier du monde. Alors le petit soldat ferme sa gueule, va travailler et garde pour lui ses émotions...
Pour ces raisons, je me dis que j'aurais mieux fait de faire autre chose : quitte à ne pas être reconnue, autant choisir un métier où je ne travaille pas le WE, à des horaires de bureau, où je n'ai affaire qu'à des dossiers muets et sans émotions... Souvent, je me dis que j'ai été con de faire 3,5 ans d'études où j'ai mis de nombreux projets entre parenthèses (d'aileurs, je ne remercierez jamais assez mon amoureux qui a été très patient) pour finalement rentrer tous les soirs/après-midi fatiguée, stressée et parfois démoralisée!
Mais le métier me plaît : je ne peux pas vivre sans ce contact humain. Il faut juste que je fasseun travail sur moi, que j'apprenne à développer d'autres mécanismes de défense (t'inquiète, si tu ne connais pas, tu va découvrir ça en long en large et en travers quand tu seras à l'école!). Dans mes bons jours, je me dis que ça ne peut être qu'enrichissant!
Quant à l'aspect financier, je suis convaincue que c'est un faux problème. Ceux qui ont la "vocation", trouvent honteux et inapproprié de parler d'argent... Ceux qui parlent d'argent le font parce qu'ils ne savent plus comment faire remonter que leur travail leur pèse. Ils pensent que seule une compensation financière leur permettra de tenir.
Je compare ça à la demande d'euthanasie. (ATTENDEZ AVANT DE VOUS INSURGER!
) En fin de vie, les gens souffrent énormément physiquement et moralement. Or, des études montrent que lorsque la douleur physique et psychique est réduite, les demandes de mort diminuent. Pour le salaire, c'est un peu pareil, quand les gens ne souffrent pas trop, ils ne revendiquent pas pour leur salaire... Je sais que c'est un peu bizzarre comme comparaison réfléchissez-y! Et puis, tout le monde pense qu'il est moins payé qu'il ne devrait : c'est un thème universel!
Je ne parlerai pas de vocation pour moi puisqu'à l'époque, je cherchais désespérément un vrai travail. Je voulais travailler, me rendre utile, me sentir exister dans ce que je ferais, être reconnue, pouvoir changer de métier dans le métier, avoir un métier exportable, ne jamais plus me retrouver au chômage avec l'angoisse du lendemain...
Je suis une bosseuse et je ne me fais pas d'illusions, en travaillant 40 ans, on a forcément des hauts et des bas! Et je suis une adepte du "quand il faut y aller, il faut y aller!" Au final, que ça me plaise ou non, j'empoigne...
J'ai fait mes études sans trop me plaindre et en me disant que c'était pas tous les jours facile (les études et les conditions de travail que j'observais), mais sans jamais penser à arrêter...
Certains étudiants interviennent sur ce post. C'est intéressant, mais pour avoir tenu les mêmes discours pendant mes études, je sais qu'entre étudiant et infirmier diplômé il y a un fossé énorme...
La position de stagiaire est particulière et parfois difficile surtout quand tu as déjà été dans la position d'encadrer. Je ne vais pas revenir dessus...
Mais quand tu es infirmière, c'est complètement différent. Car il y a tes patients, leurs familles, les soins mais aussi toute l'organisation (faire les bons, prendre les RDV, commander les brancardiers, faire les commandes de matériel, de pharmacie, tenir à jour les classeurs, s'ocupper des toxiques...), les relations avec les collègues : ASH (gérer avec eux/elles les départs des patients), les AS qui travaillent ou non en binôme avec toi et qui sont pour certains actes sous ta responsabilité (parfois ils/elles en savent plus que toi sur le service mais quelques un(e)s sont à surveiller comme le lait sur le feu!), les médecins (externes, internes, chefs...) et en chirurgie il y a les chirurgiens et les anesthésistes (quand dans le service où je suis actuellement ils ne peuvent pas se blairer et se renvoient la balle, c'est trèèès inconfortable car c'est toujours à l'autre de s'en occuper et parfois les choses n'avancent pas!) et tes cadres (le cadre de ton service, le cadre supérieur). Je ne parle pas des guéguerres dans les équipes perce que je n'y ai jamais été confrontée, mais ça fait parfois partie de ton quotidien!
Alors maintenant que je travaille comme une "vraie" infirmière (en CHU), voilà le bilan.
Parfois je m'éclate, parfois j'égorgerais bien un ou 2 patients qui se comportent comme si tout leur était dû et qu'ils étaient seuls au monde... Notre société individualiste ne va pas nous aider sur ce coup-là et je crois que ça va être de pire en pire!
Globalement, je suis arrivée à prendre suffisamment de distance dans les situations de soins difficiles (soins palliatifs, décès, chronicité...).
Par contre, je ne sais pas faire face à certaines situations :

Résultat : beaucoup de stress soit 1kg/mois depuis 8 mois, pas le temps de boire, manger ou pisser certains jours (quand on travaille en néphrologie et urologie, ça paraît risible!) ; l'impression d'être pressée comme un citron tant qu'on n'ose pas dire quoi que ce soit (on a tous conscience, surtout en période de vacances, qu'il faut faire des efforts, qu'il manque du personnel, qu'il y a des barrières financières...) ; aucune impression d'être reconnue pour ce que je fais (et là, c'est à toi que je m'adresse Droopy59, ne fais pas ce métier pour la reconnaissance! Je suis tombée de très haut!)
J'arrive désormais à culpabiliser de moins en moins qand je n'ai pas réussi à tout faire...
Par contre, on nous demande d'écrire dans le dossier du patient tout ce qui a été fait et de notifier les incidents survenus car les gens étant devenus de plus en plus procéduriers, "ce qui n'est pas noté, n'est pas fait". Je le comprend, c'est important. Mais je le fais quand??? Losque le journée est calme et qu'il ne s'est pas passé "grand-chose", j'aurais le temps mais je n'ai rien à dire. Par contre, lors des journées cataclysmiques où je rencontre des 10aines de problèmes, je n'ai pas le temps de tout retranscrire pour me protéger pour un éventuel procès!

J'avoue que certains médecins m'horripilent car j'ai l'impression que ce que je leur transmet entre par une oreille et ressort par l'autre et que le sort de certains patients les indiffèrent totalement... Et parfois (c'est ce que je trouve le plus stressant) il faut être ultra-vigilant et vérifier tout ce que font certains car ils peuvent être dangereux pour les patients. Quand tu débarques dans un service et donc que tu ne connais pas tout, je t'assure que c'est très angoissant!

Au boulot, je prend sur moi quand les gens sont agressifs, exigeants, revendicatifs, demandeurs et je fais preuve d'empathie car ils ont leurs raisons et n'ont trouvé que ce moyen pour s'exprimer.
Mais lorsque je me retrouve "dehors", dans le monde des gens sains et que l'on m'agresse (la boulangère qui ne répond pas à mes bonjours, les gens qui me bousculent, me klaxonnent, mon garagiste qui me rend mon scooter sans me le réparer en me disant que je ne sais pas y faire...), je trouve que c'est injuste et je me met en colère! Je passe ma journée à rendre la vie des patients agréables et personne ne me rend la pareil!
Ca paraît un peu con, mais j'ai aussi besoin qu'on me chouchoute!
Et il est très difficile de raconter à mon entourage que je fais parfois un métier de con : tout le monde me répond (pour me remonter le moral, sûrement) que je suis très courageuse et que je fais le plus beau métier du monde. Alors le petit soldat ferme sa gueule, va travailler et garde pour lui ses émotions...
Pour ces raisons, je me dis que j'aurais mieux fait de faire autre chose : quitte à ne pas être reconnue, autant choisir un métier où je ne travaille pas le WE, à des horaires de bureau, où je n'ai affaire qu'à des dossiers muets et sans émotions... Souvent, je me dis que j'ai été con de faire 3,5 ans d'études où j'ai mis de nombreux projets entre parenthèses (d'aileurs, je ne remercierez jamais assez mon amoureux qui a été très patient) pour finalement rentrer tous les soirs/après-midi fatiguée, stressée et parfois démoralisée!
Mais le métier me plaît : je ne peux pas vivre sans ce contact humain. Il faut juste que je fasseun travail sur moi, que j'apprenne à développer d'autres mécanismes de défense (t'inquiète, si tu ne connais pas, tu va découvrir ça en long en large et en travers quand tu seras à l'école!). Dans mes bons jours, je me dis que ça ne peut être qu'enrichissant!
Quant à l'aspect financier, je suis convaincue que c'est un faux problème. Ceux qui ont la "vocation", trouvent honteux et inapproprié de parler d'argent... Ceux qui parlent d'argent le font parce qu'ils ne savent plus comment faire remonter que leur travail leur pèse. Ils pensent que seule une compensation financière leur permettra de tenir.
Je compare ça à la demande d'euthanasie. (ATTENDEZ AVANT DE VOUS INSURGER!

Anoukaelle, Merci d'avoir sorti tout ce que tu avais sur le coeur. Toutes les expériences que je peut lire sont sont interressantes.
Pour la reconnaissance, ça fait longtemps que je ne me fait plus d'illusion !! Que ce soit dans n'importe quel travail (moi je suis dans le privé (industrie)), il fait vraiment arrêter de croire que vous aurez droit à la moindre reconnaissance dans votre travail. Le plus important, c'est d'être contente/fier de soi, du travail que l'on fait et arrêter d'attendre apres le moindre mot ou geste de remerciement de ses patrons car forcément vous tomberais de haut. Et il m'a fallu plusieurs années pour comprendre ça...
c'est + ou - 1kg par mois? parceque si c'est en - ça m'interresse bcp. LOL je plaisante je plaisante...Anoukaelle a écrit : Résultat : beaucoup de stress soit 1kg/mois depuis 8 mois, pas le temps de boire, manger ou pisser certains jours (quand on travaille en néphrologie et urologie, ça paraît risible!) ; l'impression d'être pressée comme un citron tant qu'on n'ose pas dire quoi que ce soit (on a tous conscience, surtout en période de vacances, qu'il faut faire des efforts, qu'il manque du personnel, qu'il y a des barrières financières...) ; aucune impression d'être reconnue pour ce que je fais (et là, c'est à toi que je m'adresse Droopy59, ne fais pas ce métier pour la reconnaissance! Je suis tombée de très haut!)
Pour la reconnaissance, ça fait longtemps que je ne me fait plus d'illusion !! Que ce soit dans n'importe quel travail (moi je suis dans le privé (industrie)), il fait vraiment arrêter de croire que vous aurez droit à la moindre reconnaissance dans votre travail. Le plus important, c'est d'être contente/fier de soi, du travail que l'on fait et arrêter d'attendre apres le moindre mot ou geste de remerciement de ses patrons car forcément vous tomberais de haut. Et il m'a fallu plusieurs années pour comprendre ça...
Idem dans d'autres secteurs que le médical. La différence c'est que la santé ou la vie des patients peut en pâtir, et ça c'est plus grave...Anoukaelle a écrit :certains personnels qui ne font pas leur travail correctement (mais est-ce que ce n'est pas dû au manque de personnel où chacun fait ce qu'il peut...) et qui se répercute sur tes conditions de travail, tes patients. Et ce, plus la structure est grande, plus la machine est difficile à manipuler.
ça aussi le travail sur moi j'ai déjà fait. mais sans la théorie. j'ai frolé la dépression plusieurs fois depuis quelques mois. Il a fallu que j'apprenne à moins prendre les choses à coeur, à prendre du recul, à me poser les question essentielles... c'est pour cela que maintenant j'ai compris que je VEUT changer de métier, faire un virage à 180°.Anoukaelle a écrit : Mais le métier me plaît : je ne peux pas vivre sans ce contact humain. Il faut juste que je fasseun travail sur moi, que j'apprenne à développer d'autres mécanismes de défense (t'inquiète, si tu ne connais pas, tu va découvrir ça en long en large et en travers quand tu seras à l'école!). Dans mes bons jours, je me dis que ça ne peut être qu'enrichissant!
C'est effectivement trés pertinent comme point de vue...[/quote]Anoukaelle a écrit : Quant à l'aspect financier, je suis convaincue que c'est un faux problème. Ceux qui ont la "vocation", trouvent honteux et inapproprié de parler d'argent... Ceux qui parlent d'argent le font parce qu'ils ne savent plus comment faire remonter que leur travail leur pèse. Ils pensent que seule une compensation financière leur permettra de tenir.
- augusta
- Star VIP
- Messages : 10435
- Inscription : 23 mai 2008 19:29
- Localisation : Dans les livres et aussi ailleurs.
Très beau témoignage d' anoukaelle.......
une question....pourquoi ne passes-tu pas le concours cadre pour pouvoir être formatrice par exemple?.....
Je me retrouve un peu dans ton début de message.....envie de prendre ma vie en main, envie de me sentir utile, envie d'avoir un job où je ne m'ennuierai pas, envie d'un job où je ne serai pas "enfermée".....concours réussi....rv dans quelques années (si je réussis) pour mes impressions!!!
En attendant bon courage à toi,oui tu fais un très beau métier!
une question....pourquoi ne passes-tu pas le concours cadre pour pouvoir être formatrice par exemple?.....
Je me retrouve un peu dans ton début de message.....envie de prendre ma vie en main, envie de me sentir utile, envie d'avoir un job où je ne m'ennuierai pas, envie d'un job où je ne serai pas "enfermée".....concours réussi....rv dans quelques années (si je réussis) pour mes impressions!!!
En attendant bon courage à toi,oui tu fais un très beau métier!
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
- Tatoobatta
- Messages : 9
- Inscription : 29 juil. 2008 16:06
Salut Droopy59,
Tu n'imagines pas à quel point j'ai été heureuse de lire tes messages et les réponses qui t'ont été données...
Je suis à peut près dans le même cas de questionnement sur une reconversion professionnelle.
J'ai eu Parcours atypique (finalement pas tant que ça
)
bac+4, puis "éduc spé" bénévole dans un foyer pendant un an,
puis cadre relations humaines dans un CAT,
puis rencontre avec Grand Chéri
donc on démissionne et on déménage,
chômage pendant 2 ans (l'horreur
),
cumul de petits boulot depuis (de téléactrice, en passant par vendeuse en boulangerie, serveuse, plongeuse...)
Le dernier en date: une horreur!!! Je voudrait tuer mes supérieurs devant leur manque d'humanité
Donc, un constat: trouver un métier (pour moi, c'est une vocation...on va pas revenir dessus, on se comprend
) où je peux enfin me donner aux autres et améliorer le bout de monde qui m'entoure.
Donc, une conclusion: infirmière!!! Quelle bonne idée! Quelle galère aussi! Plus j'en parle autour de moi, plus je me rend compte que la réponse t'appartient, que personne ne te dira "oui c'est là que tu dois aller", que c'est à toi de prendre le risque ou pas...
En ce qui me concerne, ce qui me fait le plus peur, c'est l'endurance face à la souffrance, tous les jours, tout le temps: certes, on doit se blinder au bout d'un moment, mais MOI, est-ce que je vais réussir à me protéger suffisamment?
J'ai adoré mon expérience avec les personnes ayant un handicap mental, mais c'était parfois super dur de garder l'espoir et de ne pas craquer de temps en temps le soir, dans son coin
Et toi, c'est quoi tes craintes?
Voilà.
Bizzzz
A +
PS: encore merci à tout ceux qui ont bien voulu répondre et faire partager leur vécu.
Tu n'imagines pas à quel point j'ai été heureuse de lire tes messages et les réponses qui t'ont été données...
Je suis à peut près dans le même cas de questionnement sur une reconversion professionnelle.
J'ai eu Parcours atypique (finalement pas tant que ça

bac+4, puis "éduc spé" bénévole dans un foyer pendant un an,
puis cadre relations humaines dans un CAT,
puis rencontre avec Grand Chéri

chômage pendant 2 ans (l'horreur

cumul de petits boulot depuis (de téléactrice, en passant par vendeuse en boulangerie, serveuse, plongeuse...)
Le dernier en date: une horreur!!! Je voudrait tuer mes supérieurs devant leur manque d'humanité

Donc, un constat: trouver un métier (pour moi, c'est une vocation...on va pas revenir dessus, on se comprend

Donc, une conclusion: infirmière!!! Quelle bonne idée! Quelle galère aussi! Plus j'en parle autour de moi, plus je me rend compte que la réponse t'appartient, que personne ne te dira "oui c'est là que tu dois aller", que c'est à toi de prendre le risque ou pas...
En ce qui me concerne, ce qui me fait le plus peur, c'est l'endurance face à la souffrance, tous les jours, tout le temps: certes, on doit se blinder au bout d'un moment, mais MOI, est-ce que je vais réussir à me protéger suffisamment?


Et toi, c'est quoi tes craintes?
Voilà.
Bizzzz
A +
PS: encore merci à tout ceux qui ont bien voulu répondre et faire partager leur vécu.

bonjour à tous,
Mais on peut tout aussi bien concilier vocation et revendication.
Tout ce que je demande c'est de tenir compte des heures de dépassement que je fais régulièrement.......
Mais on peut tout aussi bien concilier vocation et revendication.
Tout ce que je demande c'est de tenir compte des heures de dépassement que je fais régulièrement.......
Force et courage
Y FO LIRE
Pour la santé de mon budget personnel, je ne compte pas avec l'argent que je n'ai pas, première leçon de déontologie à avoir.
Y FO LIRE
Pour la santé de mon budget personnel, je ne compte pas avec l'argent que je n'ai pas, première leçon de déontologie à avoir.
Hello Tatoobatta,
apparemment on a un peu vécu les même choses. et c'est ce qui nous pousse à nous remettre en question.
Toi au moins tu as déjà une expérience dans le social et les relations humaines, et ton comportement face à la douleur des autres. Moi , je ne connais rien de tout ça, donc je ne sait pas comment je pourrais faire face à tout ça.
Pas facile de prendre une décision, hein. C'est vrai que personne n'est là pour me dire : ok vas-y c'ets le bon choix, ou non tu ne devrais pas faire ça, ça ne te ressemble pas. On ne doit compter que sur nous même pour prendre la décision. et ma plus grande crainte c'est de me planter d'orientation !! de m'appercevoir que ce n'est pas pour moi. Pourtant j'ai vaiment envie de faire un travail en rapport avec les autres (et plus avec les choses) et de servir à quelques chose d'utile (choses que je ne ressent plus depuis longtemps dans mon boulot actuel).
C'est pour cela que je vais chercher à faire un pt stage d'observation avant de me lancer dans le concours. Encore faut-il que j'en trouve un...
Sinon, je pense avoir la capacité d'adaptation nécessaire et la distance suffisante pour faire ce métier (enfin j'espere), mais j'ai peur qu'à la fin de la journée qd je rentrerais chez moi , je ne sache pas "faire la coupure" avec le boulot. Et il y a aussi le côté physique : ce métier est assez sportif. Je ne suis pas du tout sportive, et etre debout toute la journée, je sait pas trop ce que ça peut donner...
Moi aussi j'ai des doutes et c'est pour ça que je viens souvent sur ce forum. j'aimerais être sure à 100 % et me lancer sans me poser de questions mais je ne peut pas m'en empêcher...
Bon courage Tatoobatta !
Erick, tu as tout à fait raison! Tu fait un métier, pas du bénévolat.
apparemment on a un peu vécu les même choses. et c'est ce qui nous pousse à nous remettre en question.
Toi au moins tu as déjà une expérience dans le social et les relations humaines, et ton comportement face à la douleur des autres. Moi , je ne connais rien de tout ça, donc je ne sait pas comment je pourrais faire face à tout ça.
Pas facile de prendre une décision, hein. C'est vrai que personne n'est là pour me dire : ok vas-y c'ets le bon choix, ou non tu ne devrais pas faire ça, ça ne te ressemble pas. On ne doit compter que sur nous même pour prendre la décision. et ma plus grande crainte c'est de me planter d'orientation !! de m'appercevoir que ce n'est pas pour moi. Pourtant j'ai vaiment envie de faire un travail en rapport avec les autres (et plus avec les choses) et de servir à quelques chose d'utile (choses que je ne ressent plus depuis longtemps dans mon boulot actuel).
C'est pour cela que je vais chercher à faire un pt stage d'observation avant de me lancer dans le concours. Encore faut-il que j'en trouve un...
Sinon, je pense avoir la capacité d'adaptation nécessaire et la distance suffisante pour faire ce métier (enfin j'espere), mais j'ai peur qu'à la fin de la journée qd je rentrerais chez moi , je ne sache pas "faire la coupure" avec le boulot. Et il y a aussi le côté physique : ce métier est assez sportif. Je ne suis pas du tout sportive, et etre debout toute la journée, je sait pas trop ce que ça peut donner...
Moi aussi j'ai des doutes et c'est pour ça que je viens souvent sur ce forum. j'aimerais être sure à 100 % et me lancer sans me poser de questions mais je ne peut pas m'en empêcher...

Bon courage Tatoobatta !
Erick, tu as tout à fait raison! Tu fait un métier, pas du bénévolat.

- Tatoobatta
- Messages : 9
- Inscription : 29 juil. 2008 16:06
Désolée de ne pas t'avoir répondu plus tôt... Je suis rentrée en conflit avec mon patron
Va ya avoir des morts si ça continue...
Juste un petit mot concernant ta crainte du "pas capable car pas sportive". J'ai été "gratte papier" aussi sportive qu'une huche à pain quand j'ai commencé à travailler, puis chômage et petit boulot: là, je suis devenue vendeuse en boulangerie. Porter des sacs de farine de 50kg, des plaques bouillantes en fonte à bout de bras, debour de 14h à 22h sans pause avec interdiction de s'asseoir (si si, faut pas croire, si les vendeuses sont parfois bougonnes, y a parfois une raison
), à courir comme une dératée parce que tu es seule à t'occuper de tout le magasin... J'ai été crevée 15 jours et après ton corps s'y fait. T'inquiète pas pour ça.
Voilà. Bises. A +

Juste un petit mot concernant ta crainte du "pas capable car pas sportive". J'ai été "gratte papier" aussi sportive qu'une huche à pain quand j'ai commencé à travailler, puis chômage et petit boulot: là, je suis devenue vendeuse en boulangerie. Porter des sacs de farine de 50kg, des plaques bouillantes en fonte à bout de bras, debour de 14h à 22h sans pause avec interdiction de s'asseoir (si si, faut pas croire, si les vendeuses sont parfois bougonnes, y a parfois une raison

Voilà. Bises. A +
MDR !!Tatoobatta a écrit : Juste un petit mot concernant ta crainte du "pas capable car pas sportive". J'ai été "gratte papier" aussi sportive qu'une huche à pain

c'est tout moi... avec mon pt derriere assis 8 h par jour derrière un bureau LOL
Merci Tatoo. je pensais bien qu'on s'habituais à force, mais ton message me rassure qd même.
Chacun développera tel ou tel aspect mais celui-ci (redevenir étudiant et en stage) est pour les "reconversions", du moins la mienne, le plus difficile. Ca n'est pas tant la fierté qui est mise en jeu mais quand tu te retrouves dans un service (médecine par exManeIDE a écrit :Pour ma part, je pense que pour faire ce métier, il faut être motivé et avoir une vocation.
Les études sont très difficiles, il faut vraiment s'accrocher pour tenir.
Le rythme n'est pas évident, la quantité de choses à apprendre est assez importante, en stage, ça n'est pas toujours simple, et puis si tu as été professionnelle dans un autre milieu, il va falloir accepter de redevenir étudiante et c'est un statut peu évident!!!

Réapprendre n'est pas chose simple, ça peut être hyper enrichissant, stimulant comme devenir un labeur notamment dans ces services où chacun pète un câble dans son coin, où ça cancane à 200km/h en salle de soin ou de désinfection, bref, toi tu es au milieu, entre les tensions.
Pour le moment ces études sont un 3/4 de bonheur certains et 1/4 de fatigue et de ras-le-bol (essentiellement en stage, quand celui-ci est moyen voire médiocre, heureusement que les patients et quelques professionnels sauvent le bateau qui tangue).
C'est une blague se raisonnement...Anoukaelle a écrit :
Quant à l'aspect financier, je suis convaincue que c'est un faux problème. Ceux qui ont la "vocation", trouvent honteux et inapproprié de parler d'argent... Ceux qui parlent d'argent le font parce qu'ils ne savent plus comment faire remonter que leur travail leur pèse. Ils pensent que seule une compensation financière leur permettra de tenir.
Je compare ça à la demande d'euthanasie. (ATTENDEZ AVANT DE VOUS INSURGER!) En fin de vie, les gens souffrent énormément physiquement et moralement. Or, des études montrent que lorsque la douleur physique et psychique est réduite, les demandes de mort diminuent. Pour le salaire, c'est un peu pareil, quand les gens ne souffrent pas trop, ils ne revendiquent pas pour leur salaire... Je sais que c'est un peu bizzarre comme comparaison réfléchissez-y! Et puis, tout le monde pense qu'il est moins payé qu'il ne devrait : c'est un thème universel!
heureux les pauvres... ou les fauchés... tant qu'ils sont heureux être fauché n'est pas un problème (CQFD)
Comment peux-tu comparer la "demande de mort" avec l'argent ? C'est à dire une tentative de réponse à une souffrance et un bien immatériel qui n'a pas pour vocation de réduire une souffrance mais d'acquérir des biens, de contribuer à son indépendance, aux siens et pourquoi pas à une forme de bonheur ?
Que dis -tu de cette famille heureuse qui suite à une perte de revenu (licenciement, maladie, handicap) sombre dans le desespoir faute de revenus suffisants ?
Tu as une image un peu "new age" de l'existence, le désir n'est que la résultante d'une souffrance. La souffrance entraine le désir (de mourir pour les patients).
Il y a de quoi comprendre la "souffrance' d'une IDE qui gagne 1600 euros en vivant sur Paris et qui paie 650 euros de loyer et qui souhaite une autre vie.
La vocation n'est pas synonyme de précarité. Tu as un nombre suffisant de courtiers en bourse qui ont la "vocation"... ou de footballeur

1ère année en attente de validation pour la seconde
Ce que j'aime bien dans le terme de "vocation" c'est que c'est un truc que t'as en toi, tu vois, tu le sens, c'est un "power" inexplicable, d'ailleurs ceux qui l'ont "comprennent".
J'aimerai bien savoir entre un chèque de 4 millions d'euros et la "vocation" combien choisiraient ce farfelu chèque inutile
J'aimerai bien savoir entre un chèque de 4 millions d'euros et la "vocation" combien choisiraient ce farfelu chèque inutile

1ère année en attente de validation pour la seconde
Ça n’est que mon avis mais la profession infirmière n’échappe pas à l’une des caractéristiques de toutes les professions, c'est-à-dire qu’il faut bien un métier pour subvenir à ses besoins et tenter d’exister de façon harmonieuse et heureuse via une rétribution neutre (de l’argent, et non du pain, un gigot ou un mois de loyer offert)
Si demain nous supprimons le salaire infirmier dans le but d’attirer uniquement ceux qui ont une vocation, le terme « pénurie » serait un grand euphémisme.
Donc un nombre important de citoyens choisira une profession en fonction de multiples critères qui seront satisfaisants, ça, c’est l’idéal, je ne crois pas que tous les être humains ont cette possibilité, infirmière compris (vu le nombre qui arrête, la pénurie, l’état général des hôpitaux etc).
La vocation a deux définitions (il y en a peut-être d’autres) :
La « mystique » donc difficilement explicable (voix intérieur divine, providentielle), d’allure spirituelle. Puis soyons justes, les bonnes sœurs ne l’étaient pas toutes par « mysticisme », infirmière c’était aussi une forme de « sécurité » voire d’épanouissement personnelle (parfois d’obligation selon sa « caste ») pour les femmes, dans le contexte social et culturel de l’époque.
Et la plus « rationnelle » qui pourrait se limiter à avoir des aptitudes particulières à faire tel ou tel métier, il y a donc pas mal de facteurs qui prédisposent à ce que l’on soit infirmier plutôt que commercial en import-export.
Cette mise en avant de la « vocation » résume peut-être l’incapacité des infirmières à s’unir pour négocier sérieusement face aux pouvoirs publics comme privés. Il y a une culpabilité qui s'installe le "je suis infirmière par vocation", par devoir.
Si demain nous supprimons le salaire infirmier dans le but d’attirer uniquement ceux qui ont une vocation, le terme « pénurie » serait un grand euphémisme.
Donc un nombre important de citoyens choisira une profession en fonction de multiples critères qui seront satisfaisants, ça, c’est l’idéal, je ne crois pas que tous les être humains ont cette possibilité, infirmière compris (vu le nombre qui arrête, la pénurie, l’état général des hôpitaux etc).
La vocation a deux définitions (il y en a peut-être d’autres) :
La « mystique » donc difficilement explicable (voix intérieur divine, providentielle), d’allure spirituelle. Puis soyons justes, les bonnes sœurs ne l’étaient pas toutes par « mysticisme », infirmière c’était aussi une forme de « sécurité » voire d’épanouissement personnelle (parfois d’obligation selon sa « caste ») pour les femmes, dans le contexte social et culturel de l’époque.
Et la plus « rationnelle » qui pourrait se limiter à avoir des aptitudes particulières à faire tel ou tel métier, il y a donc pas mal de facteurs qui prédisposent à ce que l’on soit infirmier plutôt que commercial en import-export.
Cette mise en avant de la « vocation » résume peut-être l’incapacité des infirmières à s’unir pour négocier sérieusement face aux pouvoirs publics comme privés. Il y a une culpabilité qui s'installe le "je suis infirmière par vocation", par devoir.
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