Dr (psy) répond à notre Président...
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- Blondin
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- Inscription : 10 juil. 2004 18:04
- Localisation : C'est quand qu'on va où?
Dr (psy) répond à notre Président...
Une lettre d'un psy adressée à Monsieur le Président:
Eluard écrit dans Souvenirs de la Maison des Fous « ma souffrance est
souillée ».
Après le meurtre de Grenoble, votre impatience à répondre dans
l'instant à l'aspiration au pire, qu'il vaudrait mieux laisser dormir
en chacun d'entre nous, et que vous avez semble t-il tant de difficulté
à contenir, vous a amené dans votre discours du 2 décembre à l'hôpital
Erasme d'Antony à souiller la souffrance de nos patients.
Erasme, l'auteur de « L'Eloge de la Folie » eut pu mieux vous
inspirer, vous qui en un discours avez montré votre intention d'en
finir avec plus d'un demi siècle de lutte contre le mauvais sort fait à
la folie : l'enfermement derrière les hauts murs, lui appliquant les
traitements les plus dégradants, leur extermination en premier, quand
la barbarie prétendit purifier la race, la stigmatisation au quotidien
du fait simplement d'être fou.
Vous avez à Antony insulté la mémoire des Bonnafé, Le Guillant, Lacan,
Daumaison et tant d'autres, dont ma génération a hérité du travail
magnifique, et qui ont fait de leur pratique, œuvre de libération des
fécondités dont la folie est porteuse, œuvre de libération aussi de la
pensée de tous, rendant à la population son honneur perdu à maltraiter
les plus vulnérables d'entre nous. Lacan n'écrit-il pas « l'homme
moderne est voué à la plus formidable galère sociale que nous
recueillions quand elle vient à nous, c'est à cet être de néant que
notre tâche quotidienne est d'ouvrir à nouveau la voie de son sens dans
une fraternité discrète, à la mesure de laquelle nous sommes toujours
trop inégaux ».
Et voilà qu'après un drame, certes, mais seulement un drame, vous
proposez une fois encore le dérisoire panégyrique de ceux que vous
allez plus tard insulter leur demandant d'accomplir votre basse
besogne, que les portes se referment sur les cohortes de patients.
De ce drame, vous faites une généralité, vous désignez ainsi nos
patients comme dangereux, alors que tout le monde s'entend à dire
qu'ils sont plus vulnérables que dangereux.
Mesurez-vous, Monsieur le Président, l'incalculable portée de vos
propos qui va renforcer la stigmatisation des fous, remettre les
soignants en position de gardiens et alarmer les braves gens habitant
près du lieu de soin de la folie ?
Vous donnez consistance à toutes les craintes les moins rationnelles,
qui désignant tel ou tel, l'assignent dans les lieux de réclusion.
Vous venez de finir d'ouvrir la boîte de Pandore et d'achever ce que
vous avez commencé à l'occasion de votre réplique aux pêcheurs de
Concarneau, de votre insulte au passant du salon de l'agriculture,
avilissant votre fonction, vous déprenant ainsi du registre symbolique
sans lequel le lien social ne peut que se dissoudre. Vous avez donc,
Monsieur le Président, contribué à la destruction du lien social en
désignant des malades à la vindicte, et ce, quelques soient les
précautions oratoires dont vous affublez votre discours et dont le miel
et l'excès masquent mal la violence qu'il tente de dissimuler.
Vous avez donc, sous l'apparence du discours d'ordre, contribué à créer
un désordre majeur, portant ainsi atteinte à la cohésion nationale en
désignant à ceux qui ne demandent que cela, des boucs émissaires, dont
mes années de pratique m'ont montré que justement, ils ne pouvaient pas
se défendre.
Face à votre violence, il ne reste, chacun à sa place, et
particulièrement dans mon métier, qu'à résister autant que possible.
J'affirme ici mon ardente obligation à ne pas mettre en œuvre vos
propositions dégradantes d'exclure du paysage social les plus
vulnérables.
Il en va des lois comme des pensées, certaines ne sont pas
respectables ; je ne respecterai donc pas celle dont vous nous annoncez
la promulgation prochaine.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, la très haute considération que
je porte à votre fonction.
Docteur
Chef de service
De psychiatrie générale de l'Essonne,
Psychanalyste.
Ca, c'était une lettre adressée à notre Nicolas... Elle m'a été envoyée par un collègue un peu plus actif que moi dans... la révolte.
Après avoir lu ça, je me demande si je ne devrais pas être moins passif, moi qui laisse tout couler depuis 6 ans...
Des réactions?
[Nom supprimé pour préserver l'anonymat => Juju5544]
Eluard écrit dans Souvenirs de la Maison des Fous « ma souffrance est
souillée ».
Après le meurtre de Grenoble, votre impatience à répondre dans
l'instant à l'aspiration au pire, qu'il vaudrait mieux laisser dormir
en chacun d'entre nous, et que vous avez semble t-il tant de difficulté
à contenir, vous a amené dans votre discours du 2 décembre à l'hôpital
Erasme d'Antony à souiller la souffrance de nos patients.
Erasme, l'auteur de « L'Eloge de la Folie » eut pu mieux vous
inspirer, vous qui en un discours avez montré votre intention d'en
finir avec plus d'un demi siècle de lutte contre le mauvais sort fait à
la folie : l'enfermement derrière les hauts murs, lui appliquant les
traitements les plus dégradants, leur extermination en premier, quand
la barbarie prétendit purifier la race, la stigmatisation au quotidien
du fait simplement d'être fou.
Vous avez à Antony insulté la mémoire des Bonnafé, Le Guillant, Lacan,
Daumaison et tant d'autres, dont ma génération a hérité du travail
magnifique, et qui ont fait de leur pratique, œuvre de libération des
fécondités dont la folie est porteuse, œuvre de libération aussi de la
pensée de tous, rendant à la population son honneur perdu à maltraiter
les plus vulnérables d'entre nous. Lacan n'écrit-il pas « l'homme
moderne est voué à la plus formidable galère sociale que nous
recueillions quand elle vient à nous, c'est à cet être de néant que
notre tâche quotidienne est d'ouvrir à nouveau la voie de son sens dans
une fraternité discrète, à la mesure de laquelle nous sommes toujours
trop inégaux ».
Et voilà qu'après un drame, certes, mais seulement un drame, vous
proposez une fois encore le dérisoire panégyrique de ceux que vous
allez plus tard insulter leur demandant d'accomplir votre basse
besogne, que les portes se referment sur les cohortes de patients.
De ce drame, vous faites une généralité, vous désignez ainsi nos
patients comme dangereux, alors que tout le monde s'entend à dire
qu'ils sont plus vulnérables que dangereux.
Mesurez-vous, Monsieur le Président, l'incalculable portée de vos
propos qui va renforcer la stigmatisation des fous, remettre les
soignants en position de gardiens et alarmer les braves gens habitant
près du lieu de soin de la folie ?
Vous donnez consistance à toutes les craintes les moins rationnelles,
qui désignant tel ou tel, l'assignent dans les lieux de réclusion.
Vous venez de finir d'ouvrir la boîte de Pandore et d'achever ce que
vous avez commencé à l'occasion de votre réplique aux pêcheurs de
Concarneau, de votre insulte au passant du salon de l'agriculture,
avilissant votre fonction, vous déprenant ainsi du registre symbolique
sans lequel le lien social ne peut que se dissoudre. Vous avez donc,
Monsieur le Président, contribué à la destruction du lien social en
désignant des malades à la vindicte, et ce, quelques soient les
précautions oratoires dont vous affublez votre discours et dont le miel
et l'excès masquent mal la violence qu'il tente de dissimuler.
Vous avez donc, sous l'apparence du discours d'ordre, contribué à créer
un désordre majeur, portant ainsi atteinte à la cohésion nationale en
désignant à ceux qui ne demandent que cela, des boucs émissaires, dont
mes années de pratique m'ont montré que justement, ils ne pouvaient pas
se défendre.
Face à votre violence, il ne reste, chacun à sa place, et
particulièrement dans mon métier, qu'à résister autant que possible.
J'affirme ici mon ardente obligation à ne pas mettre en œuvre vos
propositions dégradantes d'exclure du paysage social les plus
vulnérables.
Il en va des lois comme des pensées, certaines ne sont pas
respectables ; je ne respecterai donc pas celle dont vous nous annoncez
la promulgation prochaine.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, la très haute considération que
je porte à votre fonction.
Docteur
Chef de service
De psychiatrie générale de l'Essonne,
Psychanalyste.
Ca, c'était une lettre adressée à notre Nicolas... Elle m'a été envoyée par un collègue un peu plus actif que moi dans... la révolte.
Après avoir lu ça, je me demande si je ne devrais pas être moins passif, moi qui laisse tout couler depuis 6 ans...
Des réactions?
[Nom supprimé pour préserver l'anonymat => Juju5544]
Le sage ne dit pas ce qu'il sait, l'idiot ne sait pas ce qu'il dit... C'est pourquoi je me tais.
- Blondin
- Adepte
- Messages : 110
- Inscription : 10 juil. 2004 18:04
- Localisation : C'est quand qu'on va où?
Re: Dr Guyader (psy) répond à notre Président...
Je sais que le texte demande 2 doliprane après avoir été lu, mais il fait réfléchir...
Le sage ne dit pas ce qu'il sait, l'idiot ne sait pas ce qu'il dit... C'est pourquoi je me tais.
-
- Messages : 1
- Inscription : 23 janv. 2009 09:37
Re: Dr (psy) répond à notre Président...
Bonjour que ce discours est beau !....pas hermétique non mais un beau discours parmi d'autres [/i
]Je ne me permettrai pas de porter un jugement sur la sincérité de ce médecin ,sur sa pratique , ne le connaissant pas , mais j'ai exercé 30 ans avec divers psychiatres et peu avaient le respect de l'Humain , de ces personnes en souffrance et cela ne fait que s'aggraver ..
Demandez au personnel soignant dans les unités psy si le médecin rencontre le patient ou le personnel !.. Ce sont eux les responsables de la situation actuelle et des réponses de N Sarkozy
Qui , rejette à la rue les malades "posant problème" et les laisse vagabonder sans soin ? Certains ,oui, sont dangereux pour "eux même et la société " mais ces médecins argueront du manque de lits , oubliant que ce sont eux qui ont demandé la fermeture de ces lits sous prétexte du suivi à l'extérieur ...Mais ce suivi n'est qu'un leurre , ne servant que le confort de leur pratique ...
Bien sûr le regard sur les malades mentaux a changé (,encore heureux !) et je trouve choquant de faire référence à leur ancienne extermination car certains psychiatres ont largement contribué à cela....Actuellement ils se contentent de les mépriser ,installés dans leur statut social et leur confort..
L'intervention de N Sarkozy aura simplement l'intérêt de les réveiller de leur ron-ron hypocrite
Au revoir et courage à tous ceux qui ont l'empathie indispensable pour aider l'autre .....
]Je ne me permettrai pas de porter un jugement sur la sincérité de ce médecin ,sur sa pratique , ne le connaissant pas , mais j'ai exercé 30 ans avec divers psychiatres et peu avaient le respect de l'Humain , de ces personnes en souffrance et cela ne fait que s'aggraver ..
Demandez au personnel soignant dans les unités psy si le médecin rencontre le patient ou le personnel !.. Ce sont eux les responsables de la situation actuelle et des réponses de N Sarkozy
Qui , rejette à la rue les malades "posant problème" et les laisse vagabonder sans soin ? Certains ,oui, sont dangereux pour "eux même et la société " mais ces médecins argueront du manque de lits , oubliant que ce sont eux qui ont demandé la fermeture de ces lits sous prétexte du suivi à l'extérieur ...Mais ce suivi n'est qu'un leurre , ne servant que le confort de leur pratique ...
Bien sûr le regard sur les malades mentaux a changé (,encore heureux !) et je trouve choquant de faire référence à leur ancienne extermination car certains psychiatres ont largement contribué à cela....Actuellement ils se contentent de les mépriser ,installés dans leur statut social et leur confort..
L'intervention de N Sarkozy aura simplement l'intérêt de les réveiller de leur ron-ron hypocrite
Au revoir et courage à tous ceux qui ont l'empathie indispensable pour aider l'autre .....
