Le sinistre de la psychiatrie.

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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

Cher(e) signataire de la pétition **"La Nuit
Sécuritaire",*<http://www.collectifpsychiatrie.fr/phpP ... petition=1>
**
*Le mouvement continue, et s'organise.*
**
*Rappelons les faits : *
*Depuis plusieurs mois, des réformes concernant la psychiatrie sont en
préparation, et se sont accélérées depuis le discours du Président de la
République le 2 décembre 2009. La psychiatrie y est abordée sous le seul
angle sécuritaire, sans aucun égard pour le soin !*
*Quelques semaines plus tard paraissait déjà la circulaire d'application de
ces projets pas encore discutés avec les professionnels : la circulaire du
22 janvier 2009, qui attribue déjà les budgets par région pour la créations
de chambres d'isolement supplémentaires, d'unités fermées, de
vidéosurveillance, de bracelets électroniques.*
*Depuis décembre également, les "évasions" de patients hospitalisés sont de
plus en plus médiatisées, virant même à la chasse à l'homme à grand renforts
d'hélicoptères (Hôpital de St Avé, témoignage en pièce jointe) ! Des
hôpitaux psychiatriques sont "sécurisés" avec bareaux aux fenêtres,
interdictions de promenades dans les parcs, annulation arbitraires de
permission pour des patients en HO.*
**
*Nos Actions : *

1. *La pétition a déjà plus de 23 000 signatures. Continuez à la
diffuser, à la faire signer : *SIGNEZ LA PETITION "LA NUIT SECURITAIRE"
<http://www.collectifpsychiatrie.fr/phpP ... petition=1>
2. *Refus de la "manne avilissante" de la circulaire du 22 janvier :
nous nous engageons tous à nous opposer à l'application de la circulaire,
à ne pas accepter d'argent pour enfermer quand on en aurait besoin pour
soigner. Notre texte ici : *"NON merci nous ne voulons PAS DE CETTE MANNE
AVALISSANTE", <http://www.collectifpsychiatrie.fr/spip.php?article41>
3. *Nous appelons à l'opposition aux processus d'évaluation, de
certification, dont les critères déshumanisants sont incompatibles avec le
soin en psychiatrie.*
4. *Nous appelons tous les soignants et citoyens à reprendre la parole en
écrivant au Président de la République (détails ci-dessous)*
5. *Nous avons créé un collectif d'avocat, prêts à être interpellés
notamment lorsque que l'hospitalisation d'office serait maintenue par le
prefet malgré les demandes de l'équipe soignante. Nous rappelons l'article
3211-3 du Code de Santé Publique, que nous vous invitons à rappeler dans
tous vos certificats d'HO : *<< *Lorsqu'une personne atteinte de troubles
mentaux est hospitalisée sans son consentement en application des
dispositions des chapitres II et III du présent titre ou est transportée en
vue de cette hospitalisation, les restrictions à l'exercice de ses
libertés individuelles doivent être limitées à celles nécessitées par son
état de santé et la mise en oeuvre de son traitement. En toutes
circonstances, la dignité de la personne hospitalisée doit être respectée et
sa réinsertion recherchée*.>>
6. *Nous avons participé à l'Appel des Appels depuis sa création *
7. *et aux Etats Généraux de la Justice Pénale, dont une des 5
commissions porte sur "Responsabilité Pénale et maladie mentale". Vous
trouverez l'appel du 20 juin en pièce jointe, document concluant cette
première journée d'Etats Généraux.*
8. *Aujourd'hui, nous demandons un **MORATOIRE d'un an accompagné d'un
vrai débat public national, sur les réformes engagées en psychiatrie. Vous
trouverez en pièce jointe le courrier précisant le sens de cette nécessité.
*

**
*Nos rencontres continuent avec vous, et se déplacent partout en France : *

1. *Après le meeting de Montreuil le 7 février (vidéo en ligne ici
<http://la-formation-clinique.fr/Travail ... TAIRE.html>
)*
2. *et le forum de l'association UTOPSY auquel nous étions présents (vidéo
en ligne ici<http://la-formation-clinique.fr/Travail ... TOPSY.html>
)*
3. *Le prochain forum aura lieu à Montpellier grace à l'association
Isadora <http://www.isadora-vignogoul.com/spip.php?article47>. Programme
en pièce jointe. Le vendredi 15 mai après-midi est consacré au forum de
"La Nuit Sécuritaire" (entrée gratuite et inscription en ligne ici),
<http://www.collectifpsychiatrie.fr/phpP ... ition=6>et
le samedi 16 mai au colloque de l'association sur le thème "La création au
risque de l'Institution" (inscription et information
ici).<http://www.collectifpsychiatrie.fr/IMG/ ... i_2009.pdf>
*
4. *Et le suivant à Reims le 12 juin 2009 grace à l'association "la
criée" : "l'hétérogène dans la clinique et dans la culture". Programme et
bulletin d'inscription en pièce jointe.*

**
*Vos lettres au Président de la République et aux députés nous arrivent et
sont souvent des témoignages d'une psychiatrie vivante, créative, exigeante.
Les détails du projet de lettres sont ici : *lettre au Président de la
République <http://www.collectifpsychiatrie.fr/spip.php?article40>
*Vous pouvez en lire une partie déjà mise en ligne sur le site web : *Les
premières lettres sont disponibles sur le
site<http://www.collectifpsychiatrie.fr/spip.php?rubrique15>
.
*ECRIVEZ VOUS AUSSI VOTRE LETTRE. A envoyer : *
* - à l'Elysée directement en cliquant ici : *" *Ecrire au
Président* <http://www.elysee.fr/ecrire/>* ". **(attention, une fois envoyé,
le texte n'est plus accessible, il faut faire un copier/coller
avant d'envoyer). **Vous pouvez également le faire, notamment si votre
correspondance est accompagnée de pièces jointes, par voie postale à
l'adresse suivante:
Monsieur le Président de la République
Palais de l'Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris*
* - à votre député, qui devra examiner les projets de loi à venir,
et qu'il faut donc informer.*
* - à notre collectif pour diffusion sur notre site web, à *
<span class="contextEntry" id="lanuitsecuritaire@collectifpsychiatrie.fr_body">lanuitsecuritaire@collectifpsychiatrie.fr</span>

**
*D'autres infos sur le site http://www.collectifpsychiatrie.fr*" target="_blank

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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

Enfin une bonne nouvelle!
Conflits d'intérêts entre psychiatrie et industrie: l'APA pose un geste
(É-U)
PsychoMédia - Publié le 26 mars 2009

Alors que le Congrès américain examine la question des conflits d'intérêts
entre les psychiatres et l'industrie pharmaceutique, l'American Psychiatric
Association (APA) a annoncé mercredi qu'elle mettait fin aux séminaires et
aux repas financés par l'industrie à son congrès annuel. Les expositions
commerciales y seront toujours présentes.

Toutefois, les symposiums déjà cédulés pour le congrès annuel de 2009 qui se
tiendra en mai à San Francisco auront lieu. Il est également possible que
certains aient lieu en 2010.

Chaque année, les psychiatres, comme les autres médecins, doivent assister à
un certain nombre de ces séminaires, dans le cadre de leur formation
continue obligatoire pour conserver leur permis de pratique. Mais ces
séminaires, qu'ils se déroulent aux congrès annuels ou ailleurs, sont
souvent financés par des fabricants de médicaments ou appareils médicaux et
peuvent ainsi être biaisés en faveur de leurs produits.

"Nous avons décidé que notre éducation professionnelle devrait être
entièrement séparée des industries qui sont impliquées en psychiatrie", a
déclaré la présidente de l'association, Dr. Dr. Nada L. Stotland, dans un
entretien téléphonique au New York Times.

À travers les années, dit-elle, l'association a chargé $50.000 aux
compagnies pour sponsoriser un symposium, et certains congrès incluaient une
trentaine de symposiums, pour un total de $1,5 million.

D'autres revenus de l'association provenant de l'industrie sont les
publicités dans les revues médicales. En 2006, la dernière année pour
laquelle les chiffres sont disponibles, l'industrie du médicament a fourni
environ 30% du financement de $62.5 millions de l'organisation.

L'APA serait la première association médicale à éliminer les séminaires
sponsorisés de son congrès annuel.

Psychomédia avec sources:
New York Times
Medpage Today
Rappelons qu'en France il existe une association qui lutte également contre ces dérives et qui est à encourager!
:fleche: http://www.formindep.org/" target="_blank
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par dan65 »

sans déconner, ma psy va plus pouvoir partir à Cuba, vous allez me l'énerver :roll: ...
je soigne tout ce qui bouge ! Et parfois même ceux qui ne bougent pas...
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par dedid »

Un psy énervé :!: :!: :!: :?:

Je veux voir :lol: :lol:

Il y a des pratiques de labo qui sont effectivement très critiquables...

Par exemple, le Risp..... Con... a été introduit dans les hôpitaux et, au début, les "vendeurs" ne se gênaient pas pour dire aux médecins : "surtout, il faut en prescrire beaucoup car quand il y aura suffisamment de patients dehors, ils seront obligés de le mettre dans les pharmacies de ville" :evil:
Mais bon, les médecins ont un code de déontologie... Et on aura, peut-être le notre (le votre, en tout cas pas le mien)... L'ordre (or)donne l'exemple, c'est sûr :fache:
Mais pourquoi Coluche est mort???
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

Effectivement le Formindep a régulièrement dénoncé les pratiques de l'odm dans ce genre d'affaires... et je crois même que le responsable est passé devant le tribunal de l'ordre.
L'odm lui ne voit rien à redire a ces pratiques.
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

Lettre au Président : de Mathieu Bellahsen, interne en psychiatrie
par Groupe des 39 ⋅ dimanche 22 février 2009

Mathieu Bellahsen, le 21 février 2009-Interne en psychiatrie

Monsieur le Président,

Je vous écris en tant que citoyen. Cette lettre se termine avec une question, pourrez vous y répondre ?

Je le souhaite.

Il m’a été offert la possibilité de rencontrer des existences remettant en cause radicalement ce que l’on est, ce que je suis, ce que l’on pense vivre, ce sur quoi il semble commun de s’entendre et que l’on dénomme réalité.

Dans ce monde de la normalité supposée, alors même que celui qui tenterait d’être le plus normal serait soit mort soit le dernier des fous, que faîtes vous de cette part de folie présente dans chaque homme, celle qui leur fait accomplir les horreurs tant décriées mais aussi les créations les plus incroyables, les plus sublimes dont notre culture regorge ?

Que vous a fait la folie pour la mettre uniquement sur le dos des fous ?

Que vous ont fait les fous pour que vous les chargiez de tous les maux victimaires contemporains. Vous avez attaqué notre folie commune par celle bien plus grande de la normopathie. Le bruit des mises à l’écart nous rappelle avec honte une partie de la psychiatrie française durant la collaboration. A cette cruauté envers nos semblables, nous n’avons de cesse que de penser.

Ne l’oubliez pas, ne les oubliez pas.

Laissez à ces morts leur sépulture, humus honteux de notre civilisation.

Laissez aux fous la folie nécessaire pour s’attaquer à cette normalité dévastatrice qui ronge le monde contemporain.

Laissez nous compter avec des chiffres qui ne seraient pas zéro (risque zéro, tolérance zéro), avec des chiffres qui seraient poétiques et non de petits comptages bureaucratiques.

Repensez aux trains.

Au zéro de l’opinion, nous entendons substituer l’infini de nos possibles.

Le rouleau compresseur gestionnaire « pour le bien », « pour assainir » de votre politique se heurte donc à ces arrachés de la Raison, citoyens qui prennent soin et brodent en fine dentelle les détails infimes de l’existence.

Nous prendrons les aiguilles pour tisser ensemble ce lien social précaire qu’il s’agit à chaque minute de refaire, nous ne prendrons pas seulement les aiguilles pour piquer, injecter, enfermer.

Nous construirons des murs, pour des maisons avec une ambiance chaleureuse, bien loin de la froideur déserte des asiles, nous ne construirons pas vos cachots indignes de la folie.

Nous surveillerons, avec notre sensibilité, notre accueil, notre veillance et non avec ces caméras persécutantes, avilissantes, faisant l’impasse sur la nécessité relationnelle du travail psychique.

Nous aurons des bracelets pour offrir au plus grand nombre, confectionnés avec des petites ficelles marquant un travail précieux et nécessaire, et non votre boulet avec sa chaîne électronique.

Nous aurons des lieux fermés oui, mais pour ces secrets qui ne peuvent voir le jour sans provoquer de la peine, de la rage, du désespoir, ces secrets regorgeant d’une souffrance qui doit s’enterrer patiemment, ensemble.

Nous aurons des moments difficiles, des moments de joie, des moments de colère, d’errements, de contemplation, de sidération, de poésie.

Nous aurons comme dans toute vie, des moments difficiles.

Nous devrons supporter les malheurs, les tragédies, nous sommes obligés « c’est la vie », la fatalité, le Destin.

A moins que la meilleure façon de vivre soit de ne pas exister ?

Oui monsieur, je me déclare schizophrène dangereux si c’est le nom contemporain de l’exclusion, de l’abandon, de la vindicte.

Nous serons de plus en plus nombreux à le clamer pour éparpiller les ténèbres que vous essaimez. Pour que ce vocable, nous rappelant l’odeur des gaz de la mort, perde son sens infâmant.

Pour que cette supposée « dangerosité » soit synonyme du risque inhérent à la vie.

Pour que cette campagne de destruction du lien social, cette politique de la peur dont vous n’êtes que l’une des petites statuettes à ranger au panthéon des crimes contre la dignité humaine, périsse d’elle-même.

Je vous souhaite que la normalité supposée saine dont vous vous parez se heurte à l’intimité d’une rencontre avec un « fou », votre semblable.

Dans ce miroir humain que vous n’osez regarder, méfiez vous du reflet sombre de votre inconséquence.

Méfiez vous de l’ombre populiste colportée par la poussière des opinions.

Méfiez vous du bruit des drames quotidiens des Hommes et de leur misère.

Méfiez vous surtout de leur écho et de la rumeur qui s’infiltre dans vos appartements dorés.

Si vos annonces sont suivis de faits, que les cris de la foule enflent au point de vouloir enfermer, reléguer, exterminer nos semblables, alors prévoyez nous une place à côté d’eux.

Prévoyez également beaucoup de police, beaucoup de violence, de terreur et d’horreur.

Prévoyez plus de vies gâchées que vos « dangereux » n’en auraient faits.

Prévoyez notre résistance.

Vous pourrez nous provoquer, nous insulter, nous bannir, nous parquer.

Mais penser à l’après.

Penser quand l’Histoire vous demandera : « pourquoi ? »

Quelle sera votre réponse à la « solution » que vous mettez en place ?
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Argrath
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par Argrath »

Très bon texte lu sur mediapart.fr
L'échappée belle

Vendredi 20 février: deux jeunes hommes dont l'un mineur, quittent sans
autorisation, l'unité de soin fermée où ils étaient hospitalisés sous
contrainte. Direction, préfecture sont aussitôt informées, procédure
habituelle dans ce contexte de rupture de soin.

La réaction est immédiate police, gendarmerie, hélicoptère de la sécurité
civile, société de gardiennage avec vigiles et chiens à l'intérieur de
l'hôpital et mise à contribution des médias.

En moins de 48 heures, l'hôpital met en place une série de mesures :
fermeture des volets en attendant la pose de barreaux en forme de rosaces,
poignées des fenêtres sciées, grillages rehaussés.

Mercredi 25 février : succession de visiteurs dans l'hôpital : expert en
sécurité missionné par le ministère de la santé, directeur du cabinet du
préfet, vice procureur, colonel de la gendarmerie, directeur de la DDASS.

Vendredi 27 février : la direction de l'établissement de santé, suite à la
circulaire de janvier pour la sécurisation des hôpitaux psychiatriques,
sollicite un budget exceptionnel de 342 887 euros pour investissements :
barreaux, fumoirs sécurisés, barrières infrarouge, expérimentation de
bracelets électroniques pour patient, etc... et recrutement de 4 vigiles
pour un mois.

Épilogue : Les deux jeunes hommes ne sont plus hospitalisés. Les mesures de
contrainte de soins étaient finalement, comme souvent, temporaires !

Cette «échappée belle» s'est déroulée dans l'Établissement Publique de Santé
Mentale de Saint-Avé département du Morbihan en France métropolitaine de
cette année 2009.

Froid déroulement de procédures administratives exterminant le soin !

Retour au grand enfermement asilaire maintenant certifié par la Haute
Autorité de Santé !

Et l'humanité bordel !

Nous sommes consternés !! Ce qui aurait pu être considéré comme la
manifestation d'un défi aux règles d'une institution, a basculé soudainement
en sordide chasse à l'homme entraînant un hôpital dans le tourbillon
infernal du sécuritaire. L'histoire nous l?a montré : déployer du
sécuritaire dans un hôpital, paradoxalement, attaque l'indispensable
sécurité nécessaire au soin.

La violence de cet assaut stigmatise encore la psychiatrie et nous laisse en
état de choc, patients, familles, personnels hospitaliers, avec ce vieux
cliché du fou dangereux ! C'est une terrible régression de la conception de
la maladie mentale. L'approche humaniste de la souffrance psychique est
brutalement anéantie et retourne à l'enfermement asilaire.

Comment comprendre ce retour aux heures sombres de l'histoire ?

La psychiatrie est intimement liée aux contextes économiques et politiques
d'une société. Elle en reflète son degré de civilisation, son humanisme. Il
est donc important d'analyser quelles idéologies gouvernent la psychiatrie
et plus généralement la santé.

L'après guerre a vu naître dans un contexte de résistance, un système de
protection révolutionnaire : la Sécurité Sociale. Un système solidaire
indépendant, géré par des élus du salariat et du patronat pour garantir une
protection sociale à tous travailleurs et leurs familles. « Chacun en
bénéficie selon ses besoins et y contribue selon ses moyens ».

Depuis plus de trente ans, les choix politiques successifs offrent en pâture
ce principe humaniste à la logique mercantile du libéralisme.
Progressivement, l'Etat a pris les rênes de notre sécurité sociale la
livrant, elle et notre hôpital public, à des intérêts privés : de grands
groupes financiers.

Assurances privées, firmes pharmaceutiques, groupes de santé font
d'impressionnants profits. Et, nous, nous payons de plus en plus pour notre
santé !

Maintenant, l'hôpital à grands coups de stratégies de management, de
certification, d'accréditation, de diminution des budgets et des personnels
est devenu une entreprise où patients et maladies sont sélectionnés selon
leur rentabilité. Oui, aujourd'hui, dans les hôpitaux publics français, le
patient et sa maladie sont réduits à un produit qui rapporte ou pas de
l'argent ! Avec la loi Patient Territoire Santé dite loi Bachelot, l'hôpital
perd même sa mission de service public ! Et avec les propositions du
«rapport Couty», Conseiller Maître à la cours des Comptes, le dispositif de
soins de la psychiatrie publique est liquidé.

Poussé par la toute puissante Organisation Mondiale du Commerce tout est une
marchandise même la santé. Démantelés, les services publics ne garantissent
plus un accès aux soins de qualité pour tous les citoyens. Ils sont relégués
à la place de vulgaires contrôleurs sociaux. Le sécuritaire répond alors
économiquement à tous problèmes sociaux quitte à faire fi des libertés
individuelles. Ce sont les fondements d'une société ultra violente qui
élimine toutes questions humaines.

Une personne sur quatre a eu, a ou aura une pathologie mentale au cours de
sa vie. Il est temps que la psychiatrie publique redevienne un vrai débat de
citoyens.


« Si tu joues au policier, ils joueront aux bandits,

si tu joues au bon Dieu, ils joueront aux diables,

si tu joues au geôlier, ils joueront aux prisonniers,

si tu es toi-même, ils seront embêtés. »

Fernand DELIGNY
Ya que deux sortes d'infirmiers: les infirmiers psy et ceux qui rêvent de l'être.
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par dedid »

texte plein de pertinences...

Non seulement je le transmet, mais je l'affiche dans mon unité (celui-là et quelques autres, tout aussi révélateur du déclin de la psy)
Mais pourquoi Coluche est mort???
rabobil
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par rabobil »

Si la question de la décrépitude de la psy vous intéresse, je vous conseille le livre du camarade psychiatre Yves Buin:"Psychiatries. L'utopie, le déclin "

Ceci dit, je comprends la colère et la souffrance de nombreux soignants. De mon côté ( je suis ISP de puis 1980 et IDE depuis 1997), j'ai pris la tangente en devenant intérimaire car je ne supportais plus l'horreur quotidienne.
Malgré de solides convictions politiques et syndicales, j'ai préféré la la fuite à l'impression de me conduire comme un nazi ordinaire qui participe à l'absence de prise en charge actuelle des fous.
Quand je dis absence, je veux dire la disparition du soin pensé au profit de la clochardisation, la prison , les turn-over incessants et autres passages par la case chambre d'isolement.
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

texte trouvé sur le site http://www.collectifpsychiatrie.fr/" target="_blank

*OU ALLONS NOUS EN PSYCHIATRIE ? *

(Texte prononcé le 21 mars 2009 lors d?un débat public à TOURS)

Il faudrait que l?ensemble du monde psychiatrique arrive à se mettre
d?accord sur la question suivante : Qu?est-ce qu?on fait, qu?est-ce qu?on
devrait faire en psychiatrie ?

Il est évident que cette question en soulève bien d?autres et même,
tellement, que cela produit une inhibition patente, particulièrement au
moment où nous sommes confrontés à une véritable charge contre les malades
et le service public de psychiatrie de secteur.

Je vais essayer de vous dire quelque chose et, pour ce faire, je vais vous
poser cinq questions. J?ai écrit l?essentiel de ce petit texte en revenant
de Paris samedi dernier d?une journée organisée par UTOPSY et où est
intervenu le collectif de « la nuit sécuritaire ».

Ce serait vous mentir si je vous disais que je n?avais pas quelques réponses
à ces cinq questions. Mais se poser quelques questions peut donner une
direction aux réponses.

Iére QUESTION

Pensez-vous qu?il puisse y avoir une clinique sans politique ? Pensez-vous
que la clinique, c?est à dire la façon, le chemin qu?on emprunte pour poser
un diagnostic, même à titre d?hypothèse, et pour réfléchir à la façon dont
on va soigner le patient, pensez- vous que tout cela n?a rien à voir avec le
politique, c?est-à-dire la façon dont on envisage le rapport de chacun avec
la chose publique ? Cette chose publique, c?est celle qui organise le
fonctionnement économique et touche donc aux grands secteurs de la chose
publique dont nous connaissons la triade : santé, éducation, justice. Mais
on peut y ajouter la culture, etc?

2ème QUESTION

Pensez-vous qu?il soit possible de passer d?un système public de soins dont
les coûts sont répartis sur l?ensemble des couches sociales à un système où
l?organisation des soins, du diagnostic à la guérison ou à la stabilisation,
ne soit réglée que par l?objectif de produire de l?argent et donc de
soumettre l?ensemble du système de soins à une logique de production
financière ?

3ème QUESTION

Pensez-vous qu?on puisse fonder un système de soins, donc des pratiques de
soins, articulé autour d?objectifs de rentabilité, de profits financiers et
parvenir ainsi, un jour, à trier les patients en fonction de ce qu?on
pourrait appeler leur coefficient de rentabilité ?

4ème QUESTION

Pensez-vous que la maladie mentale puisse être abordée exclusivement à
partir d?une clinique dite objective, quantifiée, standardisée,
statistisée ? Pensez-vous que les soins des maladies mentale puissent subir
le même traitement évaluatif et être organisés à partir de ces seuls
critères d?objectivité dite scientifique, avec interchangeabilité des
personnels, discontinuité des soins, multiplications des intervenants ?
Pensez-vous que les soins des maladies mentales puissent être encore des
soins dans la logique des produits financiers et dans le repérage et la
surveillance continue de la dangerosité potentielle des malades.

5ème QUESTION

Si vous répondez oui à ces trois questions, pourriez-vous préciser
[image: -] votre choix de société ?
[image: -] votre conception de la maladie mentale ?
[image: -] les actions que vous comptez entreprendre pour réaliser ces
objectifs ?

Avant de vous laissez répondre à ces questions, je vais vous faire part de
mes propres réponses ;

A la première, je réponds : Pas de clinique, pas de soins, en dehors du
politique. Les malades en prison, les malades à la rue, les malades renvoyés
chez eux, les malades dont on ne s?occupe pas, les enfants qu?on veut
désignés dès leur petite enfance comme potentiellement dangereux ou
potentiellement malades, je pourrais continuer la liste, tout cela se
soutient d?une clinique qui ne va pas sans le politique. De la clinique et
du politique, je me sens responsable à la place où je travaille. Je ne peux
pas m?en laver les mains ou me contenter de dire que je dois me faire à tout
cela !

A la deuxième et troisième question, je réponds : Rentabilité financière
dans le domaine de la santé signifie que chacun doit faire face
individuellement à ses problèmes de santé et non collectivement. Baisse des
remboursements, franchises, augmentation des mutuelles et des assurances,
dépassements d?honoraires, forfaits, dessous de table, sont les moyens
politiques de nous faire accepter un système de soin à plusieurs vitesses
avec de graves conséquences sur la santé et la vie même des individus. 25%
des cancers, des personnes atteintes d?un cancer, ne reçoivent pas les soins
qu?ils devraient recevoir soit à cause des durée d?attente pour un
diagnostic soit parce qu?ils ne bénéficient pas des soins qu?ils devraient
recevoir. Et, on nous parle de qualité des soins ! Il y a aujourd?hui un tri
explicite (malades sans papiers ou ayant la CMU, malades à la rue, malades
en prisons etc?malades ayant besoin de soins psychiatriques). Et, nous
savons qu?il va s?accentuer du fait de la mise en place de la T2A à
100%.Lorsque qu?on parle de repérage, de détection à la place de prévention
ou avant la prévention, dans le rapport COUTY , c?est le TRI qu?on a comme
objectif. Lorsqu?on parle dans le document sur les indicateurs en
psychiatrie des malades consommateurs de soins, il s?agit toujours du tri
qui implique bien sûr exclusion des soins. Les vieux et les malades mentaux
ont peu de chance d?être sélectionnés comme une matière première propre au
plus grand profit. Ceux qui ne rentrent pas dans le système normatif, même
enfant, doivent être séparés des normés et punis plutôt qu?éduqués ou
soignés. Tout ceci est inacceptable. Mettre en danger la logique du profit
financier dans le domaine de la santé, du fait même de notre mauvais état de
santé, finira bien par nous faire tous, un jour, être considérés comme
potentiellement dangereux pour le système.

A la quatrième question, je répons : Pas de clinique, pas de diagnostic, pas
de soins sans l?engagement du soignant qui va de l?accueil à la prise en
charge, comme on dit. On s?engage avec notre formation, notre culture, avec
ce que nous sommes, avec nos résistances, nos défenses, nos désirs, nos
angoisses?Pas de thérapeutique sans cette prise relationnelle sous
transfert. Clinique, diagnostic et soins ne peuvent se soutenir que du
transfert qui est à notre charge. C?est à cette condition qu?il n?y a pas
les fous d?un côté et nous, les soignants, de l?autre. De même, il n?y a pas
le politique d?un côté et notre pratique de l?autre. Je crois que la folie
est propre à ne pas nous le faire oublier.

A la cinquième question, je réponds :

Mon choix de société est le suivant : Une société où la parole puisse aller
le plus loin possible au c?ur même de son impossibilité à dire. Et, là
encore, la folie nous enseigne. C?est pour cela que ce que ce qu?on dit de
la folie engage l?ensemble de la société, engage la façon dont on envisage
constituer une société. Désigner les fous comme potentiellement dangereux,
ou l?enfant au début de sa vie ou un peu plus tard, c?est affirmer qu?on ne
croit pas à la parole, à ce qu?elle nous permet de construire. Répondons
leur que la folie que nous fréquentons nous a appris que c?était pourtant le
seul chemin, que la parole est notre seule possibilité d?être libre. Ce
qu?on nous propose n?est qu?enfermement stérile et lâche.

Il m?est difficile de concevoir un modèle de société sans avoir une
conception de la maladie mentale. La maladie mentale n?est pas une limite à
la créativité, elle nous pousse à l?inventivité, à l?ouverture, à la
construction.

Alors, pour conclure :

[image: -] Sommes-nous prêts à demander le retrait du rapport COUTY et à
imposer notre façon de concevoir l?avenir de la psychiatrie ?
[image: -] Sommes nous prêts à demander le retrait de la circulaire du 21
février 2009 ?
[image: -] Sommes nous prêts à rejeter la tarification à l?activité et à
désobéir à toute injonction de produire des éléments qui y contribuent ?
[image: -] Sommes nous prêts à rejeter les procédures d?accréditation et
d?évaluation de l?HAS qui méprisent autant les patients que le travail des
soignants ?
[image: -] Sommes nous prêts à informer tous les élus nationaux de ces
positions et à rencontrer le Préfet pour lui faire connaître ces mêmes
positions ?

Qu?avons-nous à exiger pour le service public de psychiatrie de secteur ?
[image: -] D?abord le maintien du secteur et d?une équipe formée, stable,
en nombre, capable d?assurer la continuité des soins, si essentielle en
psychiatrie, et les liens avec toutes les structures sociales et
médico-sociales qui ont leur missions propres, différentes du soin que nous
voulons réinscrire dans nos pratiques, en psychiatrie, de la prévention à
une réinsertion quelqu?elle soit. Le soin et l?accompagnement sont tout un
en psychiatrie et relève de l?équipe de secteur même si des soignants
extérieurs à l?équipe vont y participer ou des structures sociales ou
médico-sociale qui doivent disposer de personnels suffisamment formés pour
accueillir certains patients.
[image: -] Le maintien du lien étroit entre lieux d?hospitalisation et
l?extra-hospitalier.
[image: -] La nécessité de reconsidérer autant la formation des infirmiers
que celle des médecins et celle des psychologues.
[image: -] La réaffirmation que les hospitalisations sous contraintes n?ont
pour finalité que de permettre le soin et non répondre au dictat de l?ordre
public. Les patients doivent pouvoir avoir la possibilité d?un recours
rapide lorsqu?ils sont placés sous contrainte et avoir recours, si
nécessaire à un avocat. Des limites doivent être fixées à la durée de la
sortie d?essai. La mise sous tutelle ne devrait priver du droit de vote qu?à
titre exceptionnel. Les mesures de tutelles devraient être périodiquement
réexaminées.
[image: -] L?ALLOCATION d?Adulte Handicapé pourrait être renommée
Allocation d?Aide à la Vie Quotidienne et faire que les patients ne soient
plus sous le seuil de pauvreté.

Il y aurait tant de choses à dire, que je m?arrête là.

R. LEBRET
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

Communiqué du Collectif PSY 13 prochaine réunion mardi 7 avril 20 h à Mille Bâbords

« Toute personne qui se confie à nous doit avoir l'assurance de le faire sous le sceau du secret, dans le respect absolu de l'intimité de sa vie privée. C'est la condition *sine qua non* d'une relation de parole. Si on choisit d'offrir à quelqu'un la possibilité de parier en toute liberté de lui, ça ne peut être qu'en excluant d'exporter ce qui est dit dans le cadre de la rencontre. C'est une position spécifique pour le clinicien qui lui fait obligation de secret »
:fleche: http://www.millebabords.org/spip.php?article10900#nb1" target="_blank
Et pourtant ....

En 2007, avec « La nouvelle gouvernance hospitalière », la tarification à l'activité est mise en place à l'hôpital.

Pour la psychiatrie, de longs travaux montrent l'impossibilité d'appliquer, comme en Médecine Chirurgie Obstétrique (MCO) la tarification à l'acte : les données recueillies n'expliquent pas le coût de l'activité et il est impossible de relier un coût à un diagnostic. Devant cette impossibilité, un nouveau modèle de financement est proposé : la Valorisation de l'Activité en Psychiatrie (V.A.P). Ce modèle est composé de quatre compartiments dont le Recueil d'information Médicalisé en Psychiatrie, le RIMP.

Même si les travaux de définition de la VAP sont toujours en cours, l'application ne se ferait qu'en 2012, les services de psychiatrie et de pédopsychiatrie français sont dans l'obligation de renseigner pour chaque personne suivie des données nominatives et sont dotés de logiciel du type « cortexte ».

Au sein de l'équipe d'un CMP, en infantojuvénile, de Marseille nous décidons, en 2007, de ne pas saisir les données tant que nous n'obtenons pas une garantie minimale d'anonymat, car nous ne voulons pas prendre des risques dangereux, tels la création et l'alimentation d'un véritable fichier contenant des données nominatives sensibles pour tous les patients dès le plus jeune âge
avec des éléments discutables : l'accès large aux données administratives, leur mode et leur durée de conservation, leur mode de partage dans la cas de la mise en réseau de plusieurs établissements.

*Risque d'un traitement autre de ces informations, détournées, perverties, comme par exemple rendre possible l'extraction de « statistiques ethniques » ( :fleche: http://www.millebabords.org/spip.php?article10900#nb2" target="_blank ) avec leurs conséquences ségrégatives.

*Risque d'interconnexion avec d'autres fichiers au vu du contexte politique actuel, du Dossier Médical Personnalisé. Nous réaffirmons la
spécificité des dispositifs de soins et la nécessité d'une distinction claire d'avec le conseil général, l'éducation nationale, la justice qui ne sauraient être partenaires que dans le cadre d'un projet d'accompagnement et non dans l'échange de données informatisées..

*La non prise en compte du droit à l'oubli et du droit d'opposition.
Le risque énorme que représente l'inscription définitive d'un diagnostic, dès la petite enfance. En effet, que dire de la problématique
d'un enfant, sujet en devenir par définition, dont on ne peut déterminer l'évolution future ? L'expérience auprès des enfants nous prouve leur possibilité de mobilité psychique. Nous refusons ce côté définitif de l'inscription d'un diagnostic « qui par sa construction oblige à adhérer, au moins implicitement, à une théorie causaliste et réductrice où le malade est pensé comme catégoriellement différent de soi
( :fleche: http://www.millebabords.org/spip.php?article10900#nb3" target="_blank ).

*Mise en péril d'un point essentiel de la pratique dans le soin : la confidentialité.
Le respect de chacun ; enfant, adolescent et leur famille et le respect de ce qui doit rester dans le champ du secret professionnel, conditionne éminemment la possibilité du soin.

*Risque de contribuer à la confusion entretenue entre troubles
psychiques, dangerosité et délinquance.

Aujourd'hui, après avoir obtenu du Dini, pour ce seul CMP, un dispositif spécial remis en cause un mois plus tard, nous avons décidé de nous constituer en collectif ouvert à ceux qui partagent ce questionnement.

D'abord nous souhaitons relancer le débat car nous ne pouvons négliger le contexte de fichage dans lequel nous sommes (fichiers STIC, Base élève ...).
La Ligue des Droits de L'homme fait à ce propos un constat accablant :
« ...depuis une dizaine d'années des fichiers fourre-tout dont l'utilité immédiate est incertaine se multiplient et s'entrecroisent au point que les personnes deviennent transparentes aux yeux du pouvoir, que la confidentialité prend des allures d'archaïsme et que l'on oublie les conséquences dramatiques que peut provoquer un fichage précis des personnes lorsque le régime politique vient à se durcir »*
Ensuite nous nous fédérerons à d'autres professionnels et associations.

*Le compte rendu de notre activité ne doit pas mettre en péril nos pratiques et en danger nos patients.*

19 mars 2009, Le Collectif psy 13
Pour prendre contact :
:fleche: collectifpsy13@voila.fr

:fleche: http://www.millebabords.org/spip.php?article10900#nh1" target="_blank ( « Présentation et historique de DELIS Santé Mentale Rhône Alpes »)

:fleche: http://www.millebabords.org/spip.php?article10900#nh2" target="_blank (Mise en garde de la C.N.I.L.)

:fleche: http://www.millebabords.org/spip.php?article10900#nh3" target="_blank (cité dans le rapport moral de DELIS SMRA déc 2008 : Claire GEKIERE « La passion classificatrice en psychiatrie », *La Lettre de psychiatrie Française*, p l317, N°164, avril 2007)
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

Des idées d'action pour lutter:
L'intersyndicale du CHS de Blain (CGT-CFDT-SUD) a décidé, hier, d'appeler
l'ensemble du personnel à la grève de la saisie des dossiers des patients
(sur psydoc) à partir du 9 juin (jour du CHSCT) si les conditions de travail
perdurent dans les unités intras et extras (congés d'été non validées,
départs en retraite et congés maladie non remplacés, gestion de l'urgence au
détriment du soin, sur occupation, sous effectifs, changements fréquents de
repos, impossibilités de poser des CA, appel à du personnel de l'extra pour
"jouer les bouche trous" en intra,...).

Une plateforme commune et revendicative sera élaborée demain matin sur la
base d'un souci d'assurer des prises en charge efficiente en restant
soignant dans le respect de nos vies privées.

L'établissement, suite au rejet de l'EPRD par le CA est dans l'attente d'une
décision de l'ARH sur le montant de la dotation 2009.
Mais le sinistre continue:
suroccupation des lits
*Psychiatrie: le directeur du CHS Saint-Jean-de-Dieu de Lyon s'inquiète
de la suroccupation des lits *
LYON, 26 mai 2009 (APM) - Le directeur du centre hospitalier spécialisé
Saint-Jean-de-Dieu de Lyon, Jacques Marescaux, s'inquiète d'une aggravation
de la suroccupation des lits de psychiatrie.

"C'est un mouvement que nous sentons depuis plusieurs mois. Nous avons
actuellement 12 lits supplémentaires installés dans des chambres à un lit ou
dans des salles d'activité", a-t-il déclaré à l'APM. Le CHS
Saint-Jean-de-Dieu compte 340 lits d'hospitalisation à temps plein et 150
places d'hospitalisation à temps partiel en psychiatrie.

"Toutes nos chambres d'isolement sont occupées en permanence, ce qui n'est
pas un fonctionnement normal". De même, toute chambre inoccupée, en raison
d'une sortie temporaire d'un patient, ne serait-ce que pendant 48 heures,
est immédiatement utilisée. "Il n'y a plus de chambre vide. Nous affichons
un taux d'occupation supérieur à 100% par rapport au nombre de lits
officiellement installés".

Lundi, une dizaine de patients étaient dans l'impossibilité d'être
hospitalisés et étaient maintenus "dans des services d'urgence ou dans des
cliniques", a indiqué à l'APM Jacques Marescaux.

L'hôpital a décidé d'aménager une salle à manger d'un bâtiment inutilisé en
dortoir de cinq lits.
"Dans la journée, les patients seront dans le service et ils rejoindront le
dortoir avec un infirmier affecté pour la nuit. C'est un équipement de
fortune mais nous ne pouvons plus faire autrement", a-t-il déclaré.

Parallèlement, les médecins maintiennent en dehors de l'hôpital des dizaines
de patients dans des états difficiles, dont certains en crise délirante.
"Nous vivons avec deux craintes, celle de la reproduction du drame de Pau
[le meurtre de deux soignantes par un patient en crise qui n'était plus
suivi] et celle d'un patient dehors qui explose, se suicide ou fait une
bêtise".

Les autres hôpitaux psychiatriques de Rhône-Alpes sont dans la même
situation, a souligné Jacques Marescaux. "J'ai lancé il y a quinze jours un
appel au secours, tous les établissements m'ont dit qu'ils rencontraient les
mêmes difficultés".

Il cite notamment le centre hospitalier du Vinatier de Bron (Rhône), le
centre hospitalier de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or (Rhône), le centre
psychothérapique de l'Ain à Bourg-en-Bresse, le centre hospitalier Lucien
Hussel de Vienne (Isère) et le Centre psychothérapique Nord Dauphiné de
Bourgoin-Jallieu (Isère) (ex-CP du Vion).

"Nous avons l'impression que c'est une situation nationale de suroccupation
qui est en train de se dégrader. Nous la ressentons plus fortement,
peut-être parce que nous couvrons des zones où résident des populations en
grande précarité", au sud de Lyon.

Le directeur explique cette suroccupation par plusieurs causes. La
conjoncture économique difficile, comme toute période de crise, peut être à
l'origine de déclenchement de pathologies ou de rechutes de personnes
fragiles.

De façon plus structurelle, l'établissement a le même nombre de lits qu'il y
a dix ans alors que la population des secteurs qu'il couvre a augmenté (+9%,
soit 45.000 habitants de plus).

Le manque de places en structures d'aval de type foyer d'accueil médicalisé
(FAM), unité de soins de longue durée (USLD) et logement avec soutien
médicalisé (avec un service d'accueil médico-social Samsah) constitue un
facteur aggravant. "L'aval est bouché, nous sommes obligés de faire attendre
les patients qui pourraient sortir et de refuser d'autres qui devraient
entrer".

"Si nous ouvrions demain un FAM de 50 places, de 20 à 30 places seraient
immédiatement prises", estime-t-il.
faute de lits, les patients dorment au réfectoire!
Psychiatrie : faute de lits, les patients dorment au réfectoire

le progrès 28.05.2009

[image: Le directeur de l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu, Jacques Marescaux (à
gauche), et le président de la commission médicale d'établissement, Bernard
Joli, alertent les tutelles depuis plusieurs mois. / Richard Mouillaud]


<http://www.leprogres.fr/fr/images/get.a ... ia=6973237>

Le directeur de l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu, Jacques Marescaux (à gauche),
et le président de la commission médicale d'établissement, Bernard Joli,
alertent les tutelles depuis plusieurs mois. / Richard Mouillaud

Saturé depuis des mois et confronté à une hausse des demandes
d'hospitalisation, l'hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu à Lyon ne sait
plus où installer ses patients

<http://memorix.sdv.fr/5c/www.leprogres. ... 3238613630?>

Des ouvriers bricolent un semblant de salle de bains dans un coin du
réfectoire du centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu de Lyon. Inoccupée
depuis dix ans, cette salle de l'hôpital psychiatrique a été aménagée à la
hâte pour y faire dormir cinq patients, faute de lit disponible ailleurs.
Ces patients « stabilisés » ont dû quitter leur chambre individuelle pour la
laisser à d'autres, en crise. Même s'ils ont « bien dormi sauf un qui
souhaitait un paravent », racontent Valérian et Julien, infirmiers, pour le
directeur de l'hôpital, Jacques Marescaux, « c'est une abomination d'en
arriver là ».

Depuis six mois, c'est le casse-tête chaque lundi pour trouver un lit aux
nouveaux patients arrivés pendant le week-end. Certains sont installés
provisoirement dans les chambres de « permissionnaires » partis quelques
jours dans leurs familles, d'autres dorment dans des salles d'activité...
Les autres hôpitaux psychiatriques de la région ont été sollicités sans
succès. « Tous sont en difficultés. A Sain-Cyr au Mont D'or, des matelas ont
été installés à même le sol dans un bureau, à Bourg-en-Bresse, ils ont aussi
des couchettes », explique le Dr Bernard Joli, président de la commission
médicale d'établissement de Saint-Jean-de-Dieu. Pour le psychiatre, « il ne
s'agit pas seulement d'un problème de suroccupation des lits. C'est aussi un
problème de crédit auprès des malades ». L'hôpital lyonnais est confronté à
une forte hausse des demandes d'hospitalisation, due à l'augmentation du
nombre d'habitants sur le secteur mais aussi à la montée d'une certaine «
fragilité » dans la population, estime le Dr Joli. « Pour fonctionner
correctement, nous devrions être remplis à 80%, là, on est à 106%»,
explique-t-il. La suroccupation génère « une pression » pour faire sortir
plus vite les patients or il n'y a pas assez de structures en aval pour les
prendre en charge. Parfois l'établissement ne peut pas accueillir ses
patients suivis en ambulatoire - c'est le cas de 80% des 15 000 patients
annuels - lorsque leur état se dégrade et nécessite une hospitalisation.
Pour Bernard Joli, cette situation augmente le climat d'insécurité et la
violence à laquelle les soignants sont de plus en plus confrontés. D'autant
que Saint-Jean-de-Dieu est « positionné sur les patients les plus lourds ».
«On fabrique des bombes actuellement. Il y a un risque important d'accident
à l'intérieur, de suicides à l'extérieur », estime le Dr Joli.

Le directeur de l'hôpital a alerté les autorités de tutelles à plusieurs
reprises. « Il faut qu'ils nous trouvent une solution maintenant », conclut
Jacques Marescaux en regrettant qu'il faille « une catastrophe ou une
agression » pour faire bouger les choses.

Sylvie Montaron
Trois médecins agressés le mois dernier

En octobre dernier, un patient irascible avait agressé une infirmière à
l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu, provoquant une vive émotion au sein du
personnel qui avait organisé plusieurs manifestations. Alors que cette
infirmière n'a toujours pas complètement retrouvé la vue et souffre d'une
lourde incapacité, trois médecins ont été agressés en avril dont deux femmes
victimes de patientes. En janvier, une équipe de 14 infirmiers, en grande
majorité masculine, a été mise en place pour tenter d'enrayer la montée de
cette violence. « Quand un soignant sent que la tension monte, il anticipe
et fait appel à l'équipe », explique le directeur, Jacques Marescaux, pour
qui cette structure est considérée comme « un bien commun de l'hôpital ».
Après « un coup dur », l'équipe revient dans le service. « On fait beaucoup
pour rétablir un lien entre les équipes, pour rétablir la cohésion du corps
infirmier », explique Valérian et Julien, deux des infirmiers de la
structure.
S.M.
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

L'état "inquiétant" de la psychiatrie requiert des états généraux
PARIS - L'état de la psychiatrie en France est "des plus inquiétants" sous l'angle de la prise en charge des patients, estime un rapport parlementaire qui préconise l'organisation d'états généraux de la santé mentale.

Le rapport, réalisé sous l'égide de l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé (Opeps), a été publié mercredi.

Selon le sénateur UMP Alain Milon, rapporteur du texte, "la psychiatrie, qui devrait être le pivot de la politique de santé mentale, est incapable d'assurer la prise en charge des patients".

Il incrimine à cet égard des politiques de prévention et d'information "presque inexistantes", une détection "souvent trop tardive", des moyens hospitaliers "insuffisants et mal articulés avec les soins de ville", des traitements "agissant plus sur les symptômes que sur leurs causes".

Il note aussi que même si les dysfonctionnements sont connus depuis longtemps, "aucune réforme profonde de l'offre de soins psychiatriques n'a été conduite en France" depuis 1960.

En 20 ans, près de 30.000 lits et places ont été supprimés en psychiatrie, ce qui a transféré aux proches la charge de l'accompagnement. En outre, la première personne vers qui se tourne quelqu'un souffrant de troubles est le médecin généraliste, estimant qu'il est le plus à même de traiter sa condition dans son ensemble et craignant aussi d'être "étiqueté comme fou". Mais le généraliste, note le rapport, est insuffisamment formé.

L'Opeps propose d'organiser des états généraux de la santé mentale qui réuniraient l'ensemble des professionnels concernés, au niveau régional puis national, et de mettre en place de façon expérimentale des groupements locaux pour la santé mentale.

Il demande de renforcer la formation des médecins généralistes en psychiatrie et les coopérations entre professionnels de santé mentale, et de former des infirmiers en psychiatrie au niveau master.

Il insiste sur la nécessité d'améliorer les traitements et de faire un effort en faveur de la recherche, la France étant "mal placée" sur le plan international, même si elle est en pointe sur certaines pathologies comme l'autisme.

Au terme des Etats généraux et des expérimentations, il suggère le dépôt d'un projet de loi sur la santé mentale pour adapter l'organisation territoriale de la psychiatrie aux besoins de la population.

Ce rapport sera suivi d'un deuxième s'intéressant aux maladies elles-mêmes et notamment à la prévention.

Selon Nicolas About, vice-président de l'OPEPS, les parlementaires espèrent ainsi "débloquer la réflexion" du gouvernement sur la loi attendue sur la santé mentale et le pousser à "avancer un peu plus vite".

(©AFP / 03 juin 2009 15h05)
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par dedid »

Pendant ce temps là, en préparation de l'accréditation, mon hôpital s'est muni de tous nouveaux...Distributeurs d' essuie-mains :!: :clap:
Mais pourquoi Coluche est mort???
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

France ? La psychiatrie contre la « nuit sécuritaire »

mis en ligne jeudi 11 juin 2009 par Louise Renard

De passage à Paris et à Montpellier vendredi 5 juin, le collectif des 39
contre la « nuit sécuritaire » ne cesse depuis décembre dernier de battre le
pavé pour inciter à la résistance et au refus de procédures qui transforment
les lieux psychiatriques en prison pour malades dangereux et pour réaffirmer
leur volonté de créer des lieux d?accueil de la folie respectueux et
humains.

La naissance du collectif remonte à décembre 2008. A cette période, le
président de la République se déplaçait dans une structure psychiatrique, à
Antony, pour annoncer des mesures qui dessinaient l?avenir de la
psychiatrie. Un avenir peu différent de celui du reste de la société? Fini
les valeurs de soin et d?accueil, la bienveillance vis-à-vis des patients,
vive la volonté de sécuriser la société par rapport à des patients perçus
comme dangereux, quand bien même ils seraient avant tout des victimes de
cette société. Un petit nombre de psychiatres a immédiatement réagi en
lançant l?appel des 39 contre la « nuit sécuritaire », tandis que d?autres
rédigeaient un texte intitulé « Non à la politique de la peur ».

Pour ce qui est du collectif des 39, il dénonce la volonté de multiplier les
chambres d?isolement, celle de contraindre des patients à porter des
bracelets de géolocalisation ? mesures annoncées le 2 décembre et qui
faisaient la substance du discours présidentiel ? mais aussi les obligations
de soin, les diagnostics de dangerosité, les fichiers informatiques
détaillés sur les patients ? fichiers qui ne servent à rien, puisque seul le
travail d?équipe peut permettre de soigner et non la transmission des
données d?un fichage. Conscients du tournant sécuritaire général qui
contraint tout un chacun à obéir ou à résister, psychiatres, professionnels
du soin, du travail social, autour de ce collectif, continuent d?affirmer
qu?ils « refusent de servir de caution à cette dérive idéologique de notre
société » et de devenir des « gardiens de fous ». L?espace psychiatrique ne
doit pas devenir un lieu d?exclusion sans retour, faute de pouvoir continuer
à faire des allers-retour et à vivre dans une société qui les considère
comme indésirables et dangereux.
Résistance au côté des Résistants

Au cours de leur forum itinérant partout en France, dans les hôpitaux, les
universités ou ailleurs, ils intervenaient simultanément à Paris et
Montpellier vendredi dernier. Surtout, fait emblématique de ce mouvement de
résistance, l?invitation du psychiatre Michaël Guyader par l?association
« Citoyens résistants d?hier et d?aujourd?hui » au plateau des Glières, haut
lieu de la Résistance, lors d?un rassemblement le dimanche 17 mai 2009, où
4000 personnes étaient réunies pour rappeller les valeurs d?égalité, de
solidarité, de liberté et de fraternité composant le programme du Conseil
National de la Résistance signé en mars 1944. Des paroles de résistance ont
été prononcées par d?anciens résistants, Raymond Aubrac et Stéphane Hessel
et par de plus jeunes impliqués dans des actions de résistance et de
désobéissance Alain Refalo, instituteur, et Michaël Guyader,
psychiatre. [1<http://www.hns-info.net/spip.php?article18839#nb1>
]

Voici des extraits de la déclaration de Michaël Guyader ce jour-là :

« Résister, une ardente obligation en psychiatrie aujourd?hui. Je parle ici
en mon nom certes mais aussi au nom de mes 38 amis de La Nuit Sécuritaire.

Merci à Monsieur Magnin et aux membres de l?association « Citoyens
résistants d?hier et d?aujourd?hui » d?avoir pensé que ma lettre au
président de la République [rédigée et adressée peu après son discours à
l?hôpital d?Antony] justifiait qu?ils m?invitassent à leur rencontre de
cette année, lettre qui disait la rage et la tristesse de voir mon métier et
les patients reçus en psychiatrie mis au service d?une détestable politique
sécuritaire qui désigne à la vindicte les malades mentaux comme devant être
plus sérieusement surveillés du fait de leur dangerosité potentielle.
Veiller à la sécurité psychique des patients ne peut se faire que dans la
confiance et la dérive sécuritaire détruit ce lien précieux entre soignants
et soignés. »

Evoquant le rôle du Dr Lucien Bonnafé dans l?histoire de la psychiatrie :

« Ce psychiatre militant fut un des inventeurs de la psychiatrie
« désaliéniste », celle qui a tenté de travailler à ce que les patients,
autrefois dénommés aliénés, fussent traités avec plus d?humanité, moins
systématiquement voués à la privation de liberté et aux traitements parfois
scandaleusement violents. Il avait été pendant la guerre chef de service à
l?hôpital de Saint-Alban, où il accueillit Tristan Tzara et Paul Eluard pour
leur offrir refuge, soignant le jour, résistant la nuit, il participa à la
terrible bataille du Mont Mouchet et fut le responsable de la santé pour la
zone sud avant de prendre à la libération des fonctions au ministère qui lui
permirent de faire avancer le projet d?une psychiatrie moins marquée de la
domination de l?homme par son semblable, projet qu?il s?efforça d?inscrire
dans sa pratique jusqu?en 1977, date de sa retraite. (?)

Or ce 2 décembre 2008 à l?hôpital Erasme d?Antony
[2<http://www.hns-info.net/spip.php?article18839#nb2>],
M. Sarkozy a réellement commis une mauvaise action dont les répercussions
pourraient être incalculables sur ceux dont la souffrance psychique accable
la vie sur un mode tellement inimaginable qu?elle a fait d?eux l?incarnation
de l?étrangeté (?).

Non, les patients ne sont pas plus dangereux que vous et moi, probablement
moins. L?on pourrait rappeler ce que disent la plupart des rapports sur le
sujet : sur les un peu plus de cinquante mille crimes et délits commis
chaque année dans ce pays, deux cents ont justifié une mesure
d?irresponsabilité pénale ; en revanche les patients sont onze fois plus
souvent que la population générale les victimes de crimes et cent quarante
fois plus pour ce qui concerne les vols.

Alors, quand le chef de l?Etat reprend un fait divers, certes dramatique, un
patient en congé d?essai ayant assassiné non loin d?ici un jeune homme dans
la rue, pour dans la précipitation annoncer sans la moindre réflexion des
mesures qui vont toutes dans le sens de l?aggravation des conditions de
l?hospitalisation et particulièrement de la privation de liberté, il me
parait une ardente obligation de dire qu?il déshonore sa fonction à endosser
ainsi les oripeaux de ceux dont l?écologie viserait à favoriser les forts, à
considérer que de soutenir les faibles est une perte de temps que la société
ne peut se permettre.

Je tiens de Lucien Bonnafé qu?à la demande d?un de ses collègues, pendant la
guerre de 39-45, de voir les rations alimentaires augmenter pour les
patients de l?asile il fut répondu « choisissez ceux qui valent la peine ».

Symboliquement, le discours du 2 décembre est d?autant plus malfaisant qu?il
concerne une population qui fut la première victime de la barbarie nazie et
qu?en France, l?effet du rationnement sur ces corps affaiblis a été
terrible, quarante mille d?entre eux sont en effet morts de froid, de faim
et de maladie pendant les cinq ans de la guerre. On connaît Camille Claudel
et depuis quelque temps Séraphine de Senlis, mais combien savent que
Séraphine, par exemple, mangeait de l?herbe pour essayer de survivre, tant
les rations alimentaires étaient insuffisantes ? (?) Une attention plus
grande portée au peuple des asiles, une détermination plus grande à essayer
de conjurer le pire eussent été suffisantes pour que ce peuple à la triste
figure ne paye pas un pareil tribut à la déréliction sociale. (?)

Le discours de Nicolas Sarkozy « vient prendre à rebours cinquante ans
d?histoire de la psychiatrie où nos aînés, forts de l?expérience de la
guerre et en réaction à l?horreur des camps, avaient pris le parti de
promouvoir une psychiatrie dite désaliéniste qui visait à faire sortir les
patients des asiles et à les soigner au plus près de chez eux. Il n?est pas
étonnant qu?un homme attaquant aussi fort les fondements républicains de
l?entraide mutuelle ? vous avez ici souligné qu?il détruisait le pacte
social dont le Conseil National de la Résistance était porteur ? s?en prenne
au titre de leur dangerosité aux plus faibles parmi les plus faibles.

Lire ce terrible discours évoquait pour moi « les obscurités à carapace de
punaises, la monomanie terrible de l?orgueil, l?inoculation des stupeurs
profondes? les filières sanglantes par lesquelles on fait passer la logique
aux abois » pour reprendre quelques mots de Lautréamont.

Le 2 décembre 2008, Nicolas Sarkozy, dont on aurait pu attendre que la
fonction le transporte, lui fasse atteindre au sublime qu?elle mérite, s?est
vautré dans le pire du discours attendu, des décisions vulgaires, des
accusations à courte vue, s?appuyant pour justifier sa politique sur les
mêmes 72 % que ceux qui souhaitaient le maintien de la peine de mort en
1981. Il nous oblige à constater que n?est pas Victor Hugo ni Robert
Badinder qui veut et que de convoquer pour les instrumentaliser les grandes
figures de l?histoire ne fait pas de vous un grand homme.

Dans cette lutte constante pour ?uvrer à la déstigmatisation de ceux qui
souffrent psychiquement et que l?on n?ose plus appeler les fous, un honnête
homme eut suffit, c?est une fois de plus manqué, l?ardente obligation de
résister contre ce que le discours dominant a de pire reste une impérieuse
nécessité. (?)

Continuons donc, nous avons du travail devant l?absurdité bornée du discours
dominant, nous avons à inventer le monde de demain où il ne serait pas
interdit de crier « vive l?espérance ! » Continuons donc. »

Michaël Guyader, 17 mai 2009
Notes

[1 <http://www.hns-info.net/spip.php?article18839#nh1>] Lien vers la vidéo
de l?intervention :
http://www.fsd74.org/spip.php?artic.." target="_blank.

[2 <http://www.hns-info.net/spip.php?article18839#nh2>] Plus d?infos sur
http://www.collectifpsychiatrie.fr/" target="_blank
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