Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
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Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
Je viens de terminer un stage dans un service de médecine spécialisé et j'ai pu remarquer que les soignants étaient très sarcastiques en parlant de ceux travaillant en psychiatrie.
Je demande à tout hasard :
-Est ce propre à l’endroit où je me trouve ?
- Auriez vous des références bibliographiques sur ce thèmes ?
J'ai nettement eu l'impression que c'était préjudiciable pour les patients nécessitant une prise en charge tant relationnelle que somatique.
Merci pour vos éclairages.
PS : je demande ici car je ne sais comment formuler ma requête sur google, s'agit il d'une névrose de classe, d'un mécanisme de défense, les représentations de chacun ...
Je demande à tout hasard :
-Est ce propre à l’endroit où je me trouve ?
- Auriez vous des références bibliographiques sur ce thèmes ?
J'ai nettement eu l'impression que c'était préjudiciable pour les patients nécessitant une prise en charge tant relationnelle que somatique.
Merci pour vos éclairages.
PS : je demande ici car je ne sais comment formuler ma requête sur google, s'agit il d'une névrose de classe, d'un mécanisme de défense, les représentations de chacun ...
- augusta
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
Alors je te rassure tout de suite Snor, ce n'est pas spécifique (malheureusement) à l'endroit où tu as fait ton stage!
La psy est assez mal vue en général: c'est bien connu en psy on boit du café et on joue au baby-foot lol!!!
Donc forcément, comparé à la prétendue charge de travail des autres services autant dire qu'on glande rien....mais alors rien du tout lol!
Ton questionnement est fort intéressant. En fait il y a je pense une très forte dichotomie entre les IDE (les vraies hein
) qui sont dans les soins techniques à donf' et les IDE dont la base de travail est le relationnel. Comme si il était impossible de faire les 2.
Je me souviens d'un stage aux Urgences l'an dernier, j'avais dit d'emblée que je me destinais à la psy...du coup les médecins me refilaient d'office les "patients psy"..."toi qui aime discuter ben là vas-y! Box 6!!!".
Un patient alcoolisé/paumé/désocialisé ben c'est chiant....plus que le mec qui vient pour colique néphrétique à qui te pose une perf' et des antalgiques!
Alors à quoi ça tient?
Parce que pourtant la psy est une discipline terriblement complexe (donc qui mérite d'être...comment dire....enfin qui n'a pas à être dévalorisée, bien au contraire).
Méconnaissance des pathologies et des patients? Représentations erronées? (ceux sont des assistés...souvent entendu dire).
Jalousie parce que le travail est différent?, parce que les équipes sont nombreuses?
Ou peur d'une inconnue qui effraie: la patho mentale?
Enfin la psy est une discipline hautement respectable parce qu'elle est très difficile, éprouvante...et parce qu'elle ne convient pas à tout le monde (comme d'autres disciplines d'exercices d'ailleurs).
La psy est assez mal vue en général: c'est bien connu en psy on boit du café et on joue au baby-foot lol!!!
Donc forcément, comparé à la prétendue charge de travail des autres services autant dire qu'on glande rien....mais alors rien du tout lol!
Ton questionnement est fort intéressant. En fait il y a je pense une très forte dichotomie entre les IDE (les vraies hein

Je me souviens d'un stage aux Urgences l'an dernier, j'avais dit d'emblée que je me destinais à la psy...du coup les médecins me refilaient d'office les "patients psy"..."toi qui aime discuter ben là vas-y! Box 6!!!".
Un patient alcoolisé/paumé/désocialisé ben c'est chiant....plus que le mec qui vient pour colique néphrétique à qui te pose une perf' et des antalgiques!
Alors à quoi ça tient?
Parce que pourtant la psy est une discipline terriblement complexe (donc qui mérite d'être...comment dire....enfin qui n'a pas à être dévalorisée, bien au contraire).
Méconnaissance des pathologies et des patients? Représentations erronées? (ceux sont des assistés...souvent entendu dire).
Jalousie parce que le travail est différent?, parce que les équipes sont nombreuses?
Ou peur d'une inconnue qui effraie: la patho mentale?
Enfin la psy est une discipline hautement respectable parce qu'elle est très difficile, éprouvante...et parce qu'elle ne convient pas à tout le monde (comme d'autres disciplines d'exercices d'ailleurs).

"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
...le sarcasme des soignants par rapport à la psychiatrie ? Mais parce que les malades psys ne sont pas des vrais malades, bien sûr ; en effet, il ne suffit pas de leur faire des piqures ou de leur enfiler des sondes dans les différents orifices pour qu'ils aillent mieux. En fait, c'est très pénible à vivre, car la toute-puissance des blouses blanches est remise radicalement en question...
...ah, vraiment... amenez-moi des accidentés, des infarctus, des cancers, tout ce que vous voulez... mais amenez-moi des gens qui flattent mon savoir-faire et reconnaissent mes qualités professionnelles...
...ah, vraiment... amenez-moi des accidentés, des infarctus, des cancers, tout ce que vous voulez... mais amenez-moi des gens qui flattent mon savoir-faire et reconnaissent mes qualités professionnelles...

Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
Merci pour vos témoignages.
Je suis assez d'accord sur les représentations sociales, que ce soit celle des "bons" soignants eux mêmes, ou celle du "bon" patient avec une pathologie organique.
Après le relationnel est présent mais pas avec tous les patients. Il est utilisé pendant les soins invasifs principalement.
Par contre, l'incompréhension est réciproque.Là où je suis, il est hors de question pour un pavillon psy de prendre en charge un patient perfusé, ce qui est très mal vécu par les urgences qui ont sur les bras ce "mauvais" patient si dérangeant... Existe t il chez vous des équipes de liaisons efficaces qui auraient une double casquette ou par définition (ou par pratique) il ne peut exister un infirmier technique aussi bien pour des actes somatiques que relationnels ?
"Le monde se divise en deux catégorie, ceux qui font du relationnel et ceux qui piquent ... toi tu piques !"
Je retourne à mon analyse de situation et je vais tenter de chercher des articles là dessus ...
Je suis assez d'accord sur les représentations sociales, que ce soit celle des "bons" soignants eux mêmes, ou celle du "bon" patient avec une pathologie organique.
Après le relationnel est présent mais pas avec tous les patients. Il est utilisé pendant les soins invasifs principalement.
Par contre, l'incompréhension est réciproque.Là où je suis, il est hors de question pour un pavillon psy de prendre en charge un patient perfusé, ce qui est très mal vécu par les urgences qui ont sur les bras ce "mauvais" patient si dérangeant... Existe t il chez vous des équipes de liaisons efficaces qui auraient une double casquette ou par définition (ou par pratique) il ne peut exister un infirmier technique aussi bien pour des actes somatiques que relationnels ?
"Le monde se divise en deux catégorie, ceux qui font du relationnel et ceux qui piquent ... toi tu piques !"

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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
"névrose de classe", pas mal, belle tentative de freudo-marxismeSnor a écrit : s'agit il d'une névrose de classe

Bon après c'est compliqué les patients souffrant de troubles psychiatriques dans les services de soins généraux. Je pense que c'est à cause de leur réputation (pas tjr fondée...) de compliance aux soins aléatoire et d'agressivité (toute relative... et suffit d'aller aux urgences pour voir que l'agressivité n'attend pas la psychose).
La jalousie... sans doute, l'incompréhension plutôt, et une histoire de représentation... Et une histoire professionnelle : jusqu'en 1992 il y avait le diplôme d'ISP, très mal considéré par l'Etat et les IDE, qui les voyaient comme des sous-infirmiers (car ce n'étaient pas des rambos de la piquouze sans doute).
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
Les relations service de psy et service des urgences sont souvent mauvaises (d'après ce que j'ai pu comprendre).Snor a écrit:
Là où je suis, il est hors de question pour un pavillon psy de prendre en charge un patient perfusé, ce qui est très mal vécu par les urgences qui ont sur les bras ce "mauvais" patient si dérangeant...
Pourquoi la psy refuse un patient perfusé? Parce que par principe en psy, on souhaite prendre en charge des problèmes de santé psy, et pas ce qui relève de la médecine.
Autre question: pourquoi un patient ayant l'étiquette psy (de par ses ATCD par exemple ou ses pathologies traitées) devrait pour un problème somatique lambda être pris en charge en psy? (sous-entendu si le problème pris en charge ne relève pas de la psy mais du somatique).
Comme tu le dis si bien Snor, ce sont des patients bien dérangeant...dont personne ne veut bien souvent.
L'idéal serait des équipes mobiles, ça existe mais pas dans tous les CH.
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
D'ailleurs, souvent, dans les services de soins généraux ou dans les lieux de vie (style EHPAD), le patient ayant des "troubles psychiques" est souvent étiqueté "patient psy". Comme si de fait il ne pouvait que relever de ce problème, et de rien d'autre. Le patient a beau être hypertendu, faire de l'AC/FA, être diabétique, avoir un cancer, etc... il est "psy".
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
Oui, Amthili....il fait peur (d'où pas mal de difficultés pour faire entrer un patient âgé en EHPAD....par exemple)
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
C'était pour une analyse de pratique/situation et pour le coup je suis resté sur l'idée que suite à l'historique des deux formations, la refonte de 1992 et les recours qui ont suivis, un habitus s'est crée au sein de ces deux types de soins (qui comme vous le faites si bien remarquer ne devrait en principe pas nécessiter une approche si différenciée) entrainant un éloignement voire une défiance entre services.
Et effectivement une équipe mobile pourrait être une solution. Comme la rotation d'IDE des services psychiatriques vers les urgences où ils pourraient d'une part, parfaire certains gestes et en gérer plus spécifiquement avec l'équipe les patients atteints de troubles psychiatriques ... Cette approche à l'avantage de vaincre certaines réticences d'étudiants à "perdre" leurs gestes techniques, sorte de Graal pour tout infirmier qui se respecte, et pourrait alors relancer les "vocations"
vers ce type d'exercice.
Évidement, je ne me fais que peux d'illusion mais l'idée me semble intéressante.
Et effectivement une équipe mobile pourrait être une solution. Comme la rotation d'IDE des services psychiatriques vers les urgences où ils pourraient d'une part, parfaire certains gestes et en gérer plus spécifiquement avec l'équipe les patients atteints de troubles psychiatriques ... Cette approche à l'avantage de vaincre certaines réticences d'étudiants à "perdre" leurs gestes techniques, sorte de Graal pour tout infirmier qui se respecte, et pourrait alors relancer les "vocations"

Évidement, je ne me fais que peux d'illusion mais l'idée me semble intéressante.
Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
Faut balayer les idées reçues et le personnel névrotique...
Quan un infirmier est compétent il cherche le savoir partout et auprès de tous.
La seringue dans la main de l'infirmière comme Saint Graal n'est rien d'autre qu'un Œdipe mal résolu.
Quan un infirmier est compétent il cherche le savoir partout et auprès de tous.
La seringue dans la main de l'infirmière comme Saint Graal n'est rien d'autre qu'un Œdipe mal résolu.

IDE en Psychiatrie (EPS Maison Blanche Paris)
Tuteur de Stage
Tuteur de Stage
Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
Bonjour à tous, je suis ESI en 3eme année, mon sujet de mémoire porte sur le dépistage de la violence en psy. si un IDE en psy est intéressé pour répondre à mon questionnaire, qu'il me laisse un message, merci beaucoup !!
Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
C'est un vrai objet a !Philybert a écrit : La seringue dans la main de l'infirmière comme Saint Graal n'est rien d'autre qu'un Œdipe mal résolu.
C'est pas pour faire de la psychanalyse de comptoir, mais la seringue, cet objet long qui pénètre le corps pour y faire couler un produit, c'est quand même sacrément évocateur !!

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J. Oury
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
AmThLi a écrit :mais la seringue, cet objet long qui pénètre le corps pour y faire couler un produit, c'est quand même sacrément évocateur !!
Faisons un rapport avec la féminisation de la profession et l'attrait pour ce genre d'objet dans les représentations les plus rependues ... Serait ce une défense ou un accès à une égalité via un substitut ?

Et que dire des patients qui entretiennent un rapport si affectif avec les infirmières ...

On peut aller loin avec ces interprétations. Mais pourquoi pas ? ...
Vite un papier, un stylo et je vais faire mon TFE là dessus !
Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
dernierement on a eut un patient pour decompensation cardiaque car étiqueté psy, et oui il avait une patho psy stabilisée, mais cherchez l'erreur... c'est comme si on l'avait envoyé en cardio pour décompensation maniaque car il a des ATCD d'*IDM avec HTA, et pontages....AmThLi a écrit : Le patient a beau être hypertendu, faire de l'AC/FA, être diabétique, avoir un cancer, etc... il est "psy".
Snor a écrit :.Là où je suis, il est hors de question pour un pavillon psy de prendre en charge un patient perfusé, ce qui est très mal vécu par les urgences qui ont sur les bras ce "mauvais" patient si dérangeant...
On fait du technique, on perfuse si necessaire, on fait des pansements, des ablations de fils ou agrafes, des injections de tout type, mais parfois on refuse certains patients car il necessite un scope, ou une surveillance tres réguliere toutes les heures, ce qui est ingérable pour nous ... et nous n'avons ni médecin ni labo H24 contrairement au CHG.... Mais il est vrai que ce n'est pas notre spécialité !
Hâtons-nous aujourd'hui de jouir de la vie ; Qui sait si nous serons demain ? [Jean Racine]
Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??
Voilà c'est exactement ça...
@Snor : haha. Je plaisantais bien entendu.
Néanmoins, il y a matière à réfléchir !
@Snor : haha. Je plaisantais bien entendu.
Néanmoins, il y a matière à réfléchir !
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