Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??

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patin couffin
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??

Message par patin couffin »

Je ne suis pas trop d'accord avec le titre et certains propos. Je pense que le problème est plutôt organisationnel et de moyens, et cela n'a rien à voir, en principe, avec la peur "du fou".
Je m'explique :
- vous travaillez en chirurgie cardiaque, 20 lits, dont 1 occupé par un Alzheimer ou bipôlaire up (vécu) : le service n'est pas fermé, pas de surveillance accru, beaucoup de soins techniques donc.......... essayez de gérer votre taff avec, au milieu, un patient à poil qui se balade, qui hurle dans le service ou qui disparaît pendant 3 heures et qu'on retrouve à 3 kms...... difficilement gérable !!!

- Vous travaillez dans un service de psy où un patient est en insuffisance respiratoire (ou autre patho somatique) et nécessite des soins qu'il est difficile d'assurer : pas de rampe à oxygène, pas de matériel d'aspi, le psy qui capte un beignet dès qu'on lui demande autre chose qu'un neuroleptique ou un hypnotique..... (vécu aussi). Eh oui, il existe de nombreuses structures psy qui n'ont pas de matériel, pas de pôle somatique, donc mission quasi impossible voire dangereuse de prendre en charge ce type de patient.

Donc au final, les différents services se refilent le patient dès qu'ils peuvent ! Et cela crée forcément des tensions.
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rubis226
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??

Message par rubis226 »

patin couffin a écrit :Je ne suis pas trop d'accord avec le titre et certains propos. Je pense que le problème est plutôt organisationnel et de moyens, et cela n'a rien à voir, en principe, avec la peur "du fou".
Je m'explique :
- vous travaillez en chirurgie cardiaque, 20 lits, dont 1 occupé par un Alzheimer ou bipôlaire up (vécu) : le service n'est pas fermé, pas de surveillance accru, beaucoup de soins techniques donc.......... essayez de gérer votre taff avec, au milieu, un patient à poil qui se balade, qui hurle dans le service ou qui disparaît pendant 3 heures et qu'on retrouve à 3 kms...... difficilement gérable !!!

- Vous travaillez dans un service de psy où un patient est en insuffisance respiratoire (ou autre patho somatique) et nécessite des soins qu'il est difficile d'assurer : pas de rampe à oxygène, pas de matériel d'aspi, le psy qui capte un beignet dès qu'on lui demande autre chose qu'un neuroleptique ou un hypnotique..... (vécu aussi). Eh oui, il existe de nombreuses structures psy qui n'ont pas de matériel, pas de pôle somatique, donc mission quasi impossible voire dangereuse de prendre en charge ce type de patient.

Donc au final, les différents services se refilent le patient dès qu'ils peuvent ! Et cela crée forcément des tensions.
+1
moi j'ai travaillé 20 ans dans un service de médecine accueillant uniquement des patients atteints de troubles psy. ils venaient chez nous pour une prise en charge de leur pathologie somatique
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Snor
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??

Message par Snor »

Là vous prenez des situations bien particulières: les patients en crises ou qui décompensent du fait de leur pathologie psychiatrique. C'est quand même pas la majorité du temps (heureusement :choque: ). Idem pour les soins somatiques ...

Je faisais juste remarquer, tout en restant modeste car je ne pratique pas encore, que certaines fois des patients "psy" avec des problèmes somatiques pourrait avoir un suivi adapté (pas pour tout on est d'accord), mais s'il a des problèmes somatiques plus lourds, il mérite autant d'attention qu'un autre patient en service spécialisé, avec il est vrai un surplus au niveau relationnel.

Mais je ne réfute pas que les moyens offerts aux soignants sont limités pour la prise en soins de n'importe quel patient et ce, quelque soit sa pathologie .
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patin couffin
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??

Message par patin couffin »

Dans les services de soins généraux, c'est tout juste si on a le temps de dire bonjour aux patients, si en plus il faut leur faire un entretien thérapeutique, là on s'en sort plus ! :clin:

Et hors décompensation psy sus mentionnée, il est fréquent d'avoir des malades psys en service somatique. S'ils sont stabilisés (psy), une prise en charge est tout à fait acceptée sans remarque désobligeante concernant les services psys.

Je le répète, le problème vient surtout du fait qu'une prise en charge globale (psy+ somatique) n'est pas possible dans la plupart des services (aussi bien en psy qu'en généraux), les spécialités n'étant pas compatibles avec le peu de moyen humain et matériel à disposition.

Après, c'est toujours la guéguerre entre les psys et les somatiques : les uns sont des branleurs qui foutent rien, les autres sont des robots plombiers inhumains, et gna gna gna..... Je pense que d'un côté comme de l'autre, il y a des efforts de jugement (ou d'absence de jugement) à faire et que l'on se trompe de cible : le manque de moyens.... mais je radote :clin:
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augusta
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??

Message par augusta »

Le manque de moyens...probablement mais pas que.
Il y a vraiment un problème de représentations, qui débutent dès l'IFSI!
Je me souviens de collègues de promo pour qui bosser en psy était vraiment minable (bon eux se destinaient à la réa lol).

Certains (aux urgences) pensent qu'on ne veut pas s'embêter (en psy) avec des patients sondés/perfusés....or c'est faux puisque des perfs on en pose, des sondes urinaires aussi. C'est pas courant mais ça arrive.

Je pense que IDE en service de soins généraux et IDE en psy ont des pratiques tellement différentes (ce n'est presque pas le même métier hormis le fait qu'on prend soin du patient= le fond est le même mais la forme n'a tellement rien à voir) que cela créer l'incompréhension.
Non?
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??

Message par AmThLi »

augusta a écrit : Je pense que IDE en service de soins généraux et IDE en psy ont des pratiques tellement différentes (ce n'est presque pas le même métier hormis le fait qu'on prend soin du patient= le fond est le même mais la forme n'a tellement rien à voir) que cela créer l'incompréhension.
Non?
Ce n'est pas le même métier. Pendant longtemps il y avait deux diplômes, et ça n'était pas pour rien...

Je me souviens de collègues de promo pour qui bosser en psy était vraiment minable (bon eux se destinaient à la réa lol).
Oui ceux qui veulent aller au SAU, au SMUR ou en réa sans savoir en quoi ça consiste vu qu'ils n'y sont pas allés en stage lol
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??

Message par tartamis2 »

augusta a écrit :Oui, Amthili....il fait peur (d'où pas mal de difficultés pour faire entrer un patient âgé en EHPAD....par exemple)
C'est vrai qu'il est difficile de faire entrer des patients atteints de troubles psy en EHPAD: pourquoi?
Le manque de formation, de moyens et de structures adaptées au personnes âgées atteintes de tb psy en est la principale raison je pense. J'ai pour exemple dans l'EHPAD où je travaille une dame (pas très âgée d'ailleurs) qui a une personnalité histrionique très très marquée. Eh bien au quotidien c'est loin d'être facile à gérer; les aides soignants abordent peu la psy dans leurs études de même que nous dans les notres; sans parler des diverses "faisant fonction d'AS" et autres assistantes de vie qui n'ont vu la psychiatrie que de très très loin...
Du coup on est dans une situation très compliquée.
Sans oublier les 26 sonnettes, son reccord, en un après-midi; elle est en train de nous faire devenir chèvres.
Bref tout ça pour dire que c'est pas tant les tb psy qui posent problème en EHPAD mais plutôt les troubles du comportement; en effet, le résident schizophrène traité, stabilisé, qui est dépendant pour les gestes de la vie quo, vit dans son fauteuil roulant et a quelques hallucinations de temps en temps il ne pose pas problèmes. Par contre cette même personne qui ne serait pas stable, totalement libre de ses mouvements et qui aurait des hallu pouvant entrainer fugues et autres violence, lui, il pose problème.
Notre coin, comme beaucoup, est non pas un "désert médical" mais bien un "désert de psychiatres", ce qui a pour conséquence que les patients psy sont suivis par le médecin traitant qui parfois est dépassé par ces troubles et qui est dans l'incapacité de nous proposer mieux faute de psychiatres qui pourraient s'occuper d'eux. Et il y a aussi les médecins traitants bien trop "fiers" pour passer la main à des gens dont c'est la spécialité.

Et je le répète, je pense qu'il manque des structures d'accueil pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques vieillissantes.

Donc, je pense que ce n'est pas seulement dû à la peur bien que, c'est vrai, les "psy" font peur.
Dernière modification par tartamis2 le 07 avr. 2012 18:43, modifié 1 fois.
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??

Message par augusta »

Oui c'est bien vu ce que tu dis. Merci pour tes explications.
On en revient encore au manque de moyens, et de structures adaptées c'est vrai. :clin:
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Re: Psychiatrie/médecine : les frères ennemis ??

Message par AmThLi »

Oui ça la formation on pourrait en parler mais bon.

Intéressant ce que tu pointes sur les personnels en EHPAD. C'est vrai que les personnes faisant fonction d'aide soignant(e) (AMP, ASH...) sont mal formées aux questions de psychiatrie. La faute aussi aux responsables qui ne proposent pas la formation continue adéquate. Remarque on parle de ces personnels mais nous ESI, c'est pas fantastique, y'a peu de cours, peu d'occasion d'aller en stage en psychiatrie (une fois dans le cursus, deux avec un peu de pot ou en cas de projet pro/promo pro/financement ou bourse d'étude). C'est insuffisant.

C'est une prise en charge spécifique, l'échange de parole avec un grand névrosé obsessionnel, avec un psychotique, ça ne s'invente pas, ça demande certains prérequis... d'où des malentendus, voire des clash... Et puis, avec ou sans formation, il y a toujours cette incompréhension instinctive face à cette "inquiétante étrangeté" qu'est la folie. "Mais qu'est ce qu'il me raconte, celui-là ?!"
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