Devenir patiente... un rappel des essentiels
Modérateurs : Modérateurs, ESI
- rouffignac
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Devenir patiente... un rappel des essentiels
Se retrouver patient en l’espace de quelques heures à l’occasion d’une petite chirurgie peut s’avérer plutôt instructif à quelques semaines de l’obtention du diplôme d’état d’infirmière. La prise en charge du patient, piqûre de rappel…
Ecoute et considération
On se rend compte que ce ne sont pas que des « concepts » appris en 1.1 S1, qui font joli sur la copie des partiels. En réalité c’est bien ce qui symbolise le début de la prise en charge, on ressent l’intérêt que la personne nous apporte, ça nous permet d’exprimer notre problème… en clair c’est bel et bien le point de départ du soin, et de la confiance qu’on va accorder, ou non, au soignant.
Neutralité, absence de jugement
« Attention, la 15 fenêtre, c’est une quasi-infirmière ». Parce qu’on fait le même métier qu’elle, et parce que certains mécanismes inconscients se mettent en place… On a l’impression qu’elle nous apporte des soins en étant quelque peu sur la défensive. Quand on demande si on peut être perfusée parce qu’il fait chaud, qu’on est à jeun et que la tension baisse, elle répond un peu sèchement. Du coup, on ne dit rien, mais plus tard on vérifie qu’elle purge bien avant de poser le Perfalgan, qu’elle se met du purel avant d’attraper la pince à pansement, etc. Mais à la fois on se dit que plus jamais à la relève on ne dira « Mme X, elle est infirmière/aide-soignante… », Tout comme on ne juge pas nécessaire de dire « Mr Y, il est boulanger ».
Respect de la pudeur
« Alors ma petite dame, faîtes-moi voir ce pansement ! » dit le Pr en chirurgie viscérale en levant le drap, devant ses internes et ses externes à 7h du matin. Là, on est vraiment content lorsque l’un d’eux a l’idée de fermer la porte de la chambre.
Prise en charge de la douleur
Il est 19h40, on sait qu’on a enfin « droit » à un autre antalgique, on sonne et on répond à la question… « J’ai mal à 8/10 ». Le « je vais voir ce que je peux faire » suivi d’une pose rapide de la perfusion et d’un « dites-moi si ça vous a calmé » est très agréable… Et là, on apprécie qu’elle ne se soit pas dit « bon je commence mon tour dans vingt minutes, je lui poserai quelque chose à ce moment-là ».
Informations et explications
Quand on est soignant, on court partout et parfois on ne voit pas le temps passer. De l’autre côté, c’est l’inverse. On est allongé, on regarde le mur d’en face, et on attend. On voit passer quelqu’un dans la chambre toutes les 2 ou 3 heures pour un soin ou juste pour « le tour ». Donc il est très agréable qu’on nous informe en temps et en heure de ce qu’il va se passer : « l’anesthésiste viendra vous voir d’ici environ une heure », « je vous fais le pansement dans trente minutes », « le petit déjeuné va arriver ». Ca permet de s’organiser, de rythmer la journée qui peut être longue, et de se sentir tout simplement prise en charge.
Pour conclure, la meilleure manière de se remémorer ce qui est primordial dans notre métier, c’est peut-être de « passer de l’autre côté » un petit temps. Expérience enrichissante…
Ecoute et considération
On se rend compte que ce ne sont pas que des « concepts » appris en 1.1 S1, qui font joli sur la copie des partiels. En réalité c’est bien ce qui symbolise le début de la prise en charge, on ressent l’intérêt que la personne nous apporte, ça nous permet d’exprimer notre problème… en clair c’est bel et bien le point de départ du soin, et de la confiance qu’on va accorder, ou non, au soignant.
Neutralité, absence de jugement
« Attention, la 15 fenêtre, c’est une quasi-infirmière ». Parce qu’on fait le même métier qu’elle, et parce que certains mécanismes inconscients se mettent en place… On a l’impression qu’elle nous apporte des soins en étant quelque peu sur la défensive. Quand on demande si on peut être perfusée parce qu’il fait chaud, qu’on est à jeun et que la tension baisse, elle répond un peu sèchement. Du coup, on ne dit rien, mais plus tard on vérifie qu’elle purge bien avant de poser le Perfalgan, qu’elle se met du purel avant d’attraper la pince à pansement, etc. Mais à la fois on se dit que plus jamais à la relève on ne dira « Mme X, elle est infirmière/aide-soignante… », Tout comme on ne juge pas nécessaire de dire « Mr Y, il est boulanger ».
Respect de la pudeur
« Alors ma petite dame, faîtes-moi voir ce pansement ! » dit le Pr en chirurgie viscérale en levant le drap, devant ses internes et ses externes à 7h du matin. Là, on est vraiment content lorsque l’un d’eux a l’idée de fermer la porte de la chambre.
Prise en charge de la douleur
Il est 19h40, on sait qu’on a enfin « droit » à un autre antalgique, on sonne et on répond à la question… « J’ai mal à 8/10 ». Le « je vais voir ce que je peux faire » suivi d’une pose rapide de la perfusion et d’un « dites-moi si ça vous a calmé » est très agréable… Et là, on apprécie qu’elle ne se soit pas dit « bon je commence mon tour dans vingt minutes, je lui poserai quelque chose à ce moment-là ».
Informations et explications
Quand on est soignant, on court partout et parfois on ne voit pas le temps passer. De l’autre côté, c’est l’inverse. On est allongé, on regarde le mur d’en face, et on attend. On voit passer quelqu’un dans la chambre toutes les 2 ou 3 heures pour un soin ou juste pour « le tour ». Donc il est très agréable qu’on nous informe en temps et en heure de ce qu’il va se passer : « l’anesthésiste viendra vous voir d’ici environ une heure », « je vous fais le pansement dans trente minutes », « le petit déjeuné va arriver ». Ca permet de s’organiser, de rythmer la journée qui peut être longue, et de se sentir tout simplement prise en charge.
Pour conclure, la meilleure manière de se remémorer ce qui est primordial dans notre métier, c’est peut-être de « passer de l’autre côté » un petit temps. Expérience enrichissante…
- augusta
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Re: Devenir patiente... un rappel des essentiels
Joli témoignage.
Je trouve dommage néanmoins que beaucoup d'ESI ne voient pas l'intérêt de certains cours...restant fixés comme la bernique à son rocher sur la technique, encore et toujours la technique.
S'il faut attendre que certains passent du côté patient pour comprendre ce qui se joue dans la relation soignant-soigné....n'est-ce pas un peu dommage?
(je ne dis pas cela pour toi, mais de manière très générale).
Je trouve dommage néanmoins que beaucoup d'ESI ne voient pas l'intérêt de certains cours...restant fixés comme la bernique à son rocher sur la technique, encore et toujours la technique.
S'il faut attendre que certains passent du côté patient pour comprendre ce qui se joue dans la relation soignant-soigné....n'est-ce pas un peu dommage?
(je ne dis pas cela pour toi, mais de manière très générale).
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
- rouffignac
- Régulier
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Re: Devenir patiente... un rappel des essentiels
Tout à fait d'accord avec toi. Mais ce qu'il y a de plus ironique dans tout ça, c'est que c'est bien ce qui nous paraît le plus "évident" qu'on zape en premier en temps que soignant...enfin c'est mon impression!
"Bien-sûr que je dis bonjour madame en entrant dans la chambre du patient!"(elle me prend pour qui cette formatrice...) --> il n'empêche qu'avec c'est pas mal si l'infirmière te regarde, voire te souris!! Je sais que c'est tout con, et que tout le monde le sait (j'ai rien appris de nouveau ici), mais ça m'a juste montré/rappelé le réel impact que ça peut avoir...
"Bien-sûr que je dis bonjour madame en entrant dans la chambre du patient!"(elle me prend pour qui cette formatrice...) --> il n'empêche qu'avec c'est pas mal si l'infirmière te regarde, voire te souris!! Je sais que c'est tout con, et que tout le monde le sait (j'ai rien appris de nouveau ici), mais ça m'a juste montré/rappelé le réel impact que ça peut avoir...
Re: Devenir patiente... un rappel des essentiels
Beau témoignage.
Il m'est aussi arrivé une fois (la seule et j'espère la dernière), de passer une journée aux Urgences.
Le premier ressenti (je précise que je n'avais pas de grosse douleur) est un ennui terrible. C'est vrai qu'on passe la journée à attendre : que le médecin passe, que l'infirmière arrive, qu'on nous emmène à un examen...
C'est là que le sourire du soignant est important. Une infirmière qui vient vous perfuser tout en papotant, c'est agréable. (d'ailleurs ça ne fait pas mal, c'est un peu désagréable c'est tout et bizarre de voir un liquide s'écouler dans vos veines)
Et que dire de la frustration immense que provoque un "je ne sais pas" en guise de réponse ?! Alors qu'un simple "je vais me renseigner" avec une réponse qui arrive peu après, ou un petit "on attend les résultats de votre prise de sang" montre qu'on s'occupe de vous et vous rassure.
Quant à cette fameuse sonnette, c'est un cauchemar quand elle n'est pas à proximité et que vous êtes trop affaibli pour hurler que vite il vous faut un haricot d'urgence !
On se rend compte aussi des limites de certains traitements : on m'a filé du topalgic en perf, ça m'a rendu malade (mais sacrément malade, vive les effets secondaires) et l'IDE m'a posé un Primpéran pour calmer mes vomissements. Bah, non ça ne fait absolument aucun effet. Plus jamais je ne penserai d'un patient qui se plaint de nausées alors qu'on lui a administré un anti-émétique, qu'il en fait un peu trop. Mais plutôt que ça ne lui fait absolument rien.
Quand on est patient, on s'ennuie à mourir et la seule envie qu'on a c'est rentrer chez soi ! Alors un petit sourire, quelques blagues, du dialogue ça fait du bien et c'est toujours ça de pris.
Le relationnel c'est la base, c'est là qu'on s'en rend compte plus que la technique. Je préfère qu'on me rate une veine mais qu'on me considère en tant qu'humain, qu'on discute plutôt que de voir un soin parfaitement exécuté mais sans un sourire ni même un mot.
Il m'est aussi arrivé une fois (la seule et j'espère la dernière), de passer une journée aux Urgences.
Le premier ressenti (je précise que je n'avais pas de grosse douleur) est un ennui terrible. C'est vrai qu'on passe la journée à attendre : que le médecin passe, que l'infirmière arrive, qu'on nous emmène à un examen...
C'est là que le sourire du soignant est important. Une infirmière qui vient vous perfuser tout en papotant, c'est agréable. (d'ailleurs ça ne fait pas mal, c'est un peu désagréable c'est tout et bizarre de voir un liquide s'écouler dans vos veines)
Et que dire de la frustration immense que provoque un "je ne sais pas" en guise de réponse ?! Alors qu'un simple "je vais me renseigner" avec une réponse qui arrive peu après, ou un petit "on attend les résultats de votre prise de sang" montre qu'on s'occupe de vous et vous rassure.
Quant à cette fameuse sonnette, c'est un cauchemar quand elle n'est pas à proximité et que vous êtes trop affaibli pour hurler que vite il vous faut un haricot d'urgence !
On se rend compte aussi des limites de certains traitements : on m'a filé du topalgic en perf, ça m'a rendu malade (mais sacrément malade, vive les effets secondaires) et l'IDE m'a posé un Primpéran pour calmer mes vomissements. Bah, non ça ne fait absolument aucun effet. Plus jamais je ne penserai d'un patient qui se plaint de nausées alors qu'on lui a administré un anti-émétique, qu'il en fait un peu trop. Mais plutôt que ça ne lui fait absolument rien.
Quand on est patient, on s'ennuie à mourir et la seule envie qu'on a c'est rentrer chez soi ! Alors un petit sourire, quelques blagues, du dialogue ça fait du bien et c'est toujours ça de pris.
Le relationnel c'est la base, c'est là qu'on s'en rend compte plus que la technique. Je préfère qu'on me rate une veine mais qu'on me considère en tant qu'humain, qu'on discute plutôt que de voir un soin parfaitement exécuté mais sans un sourire ni même un mot.
ESI 2010-2013
"Winter is coming"
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- augusta
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Re: Devenir patiente... un rappel des essentiels
ça ne t'a pas fait mal...nuanceBlobfisvh a écrit:
Une infirmière qui vient vous perfuser tout en papotant, c'est agréable. (d'ailleurs ça ne fait pas mal, c'est un peu désagréable c'est tout et bizarre de voir un liquide s'écouler dans vos veines)

.Alors un petit sourire, quelques blagues, du dialogue ça fait du bien et c'est toujours ça de pris
A condition que ce soit adapté.
.Le relationnel c'est la base, c'est là qu'on s'en rend compte plus que la technique. Je préfère qu'on me rate une veine mais qu'on me considère en tant qu'humain, qu'on discute plutôt que de voir un soin parfaitement exécuté mais sans un sourire ni même un mot
Tout à fait d'accord sur ce dernier point et le relationnel est bien plus difficile à choper que la reproduction d'un geste

"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
- choubidou78
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Re: Devenir patiente... un rappel des essentiels
Merci pour ce témoignage!
J'ai moi-même fait ce même genre d'expérience il y a quelques semaines. Je n'étais pas patiente, mais j'ai passé du temps à l'hôpital avec une personne de ma famille qui était en train de mourir. Et "passer de l'autre côté", ça fais bizarre... Mais ça fait surtout réfléchir sur sa propre pratique!
J'ai moi-même fait ce même genre d'expérience il y a quelques semaines. Je n'étais pas patiente, mais j'ai passé du temps à l'hôpital avec une personne de ma famille qui était en train de mourir. Et "passer de l'autre côté", ça fais bizarre... Mais ça fait surtout réfléchir sur sa propre pratique!
* ESI 2009/2012... *
! Enfin infirmière diplômée d'état !
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Re: Devenir patiente... un rappel des essentiels
Merci beaucoup pour ton témoignage !
Je suis une ESI en première année. Pour le moment, je n'ai jamais eu l'occasion de passer de l'autre côté. Pour moi, ton témoignage est très important car il me permet de me rendre compte à quel point le relationnel est très important (ce qu'on a tendance à oublier...). De plus, t'as pu décrire une journée "type" du patient, ce qu'ils ressentent... Je ne pensais pas que les journées étaient aussi longue pour eux...
Merci beaucoup.
Je suis une ESI en première année. Pour le moment, je n'ai jamais eu l'occasion de passer de l'autre côté. Pour moi, ton témoignage est très important car il me permet de me rendre compte à quel point le relationnel est très important (ce qu'on a tendance à oublier...). De plus, t'as pu décrire une journée "type" du patient, ce qu'ils ressentent... Je ne pensais pas que les journées étaient aussi longue pour eux...
Merci beaucoup.

"Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort." Nietzche
☆ IDE 2014 de IFSI CHU Nantes
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