pourquoi travailler si vite?

Le forum des aides soignants et étudiants AS

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cosmos
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Re: pourquoi travailler si vite?

Message par cosmos »

A vous lire, on est nombreux à s'y retrouver....comme dans un miroir !!!

Que faire ?
Je pense que c'est le pot de terre contre le pot de fer.....

C'est tout le système de santé français qu'il faudrait revoir.....dans l'idéal....!

Après, puisqu'on ne pourra pas révolutionner le système, chacun peut être amené à voir ce qu'il lui convient le mieux, dans ce métier.
Il existe plusieurs facettes du métier.. plusieurs services, à chacun de trouver son épanouissement. (je sais : facile à dire)

Perso, je travaille à domicile, et je n'en changerais pour rien au monde..
Rien de comparable avec les EHPAD.(je ne fustige pas tous les EHPAD, heureusement)

Le temps !
Voila, on a du temps pour s'occuper des patients; et ça, ca n'a pas de prix.
En fait, on prend le temps............qu'il faut !!!

voila mon ressenti.
cosmos :clin:
Chantelline
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Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Chantelline »

Bonjour Cosmos,

Ton idée de travailler à domicile, je l'ai évidemment eu, mais le problème est que les ssiads n'embauchent pas à plein temps, ce ne sont que des CDD (très peu de CDI) et à mi-temps, ou quarts temps + des remplacements, et tout ça pour quoi ? parce qu'ils ne reçoivent des subventions de l'Etat que sur des temps partiels ... toujours ces histoires d'argent, c'est ce qu'on m'a expliqué dans ma région, après, je ne sais pas si c'est partout pareil.

Et puis ceci n'est valable que pour des personnes à peu près autonomes, qui peuvent rester chez elles le reste de la journée sans danger, et les autres ? Je veux dire qu'au niveau revendications, je n'arrive pas à me dire "tant pis, je bosse à domicile et je m'en fiche de toutes ces personnes qui sont à l'hôpital en SSR, SLD ou maisons de retraite", sans compter qu'on ne peut non plus toutes travailler à domicile, il n'y a pas assez de postes ... je ne veux pas uniquement une solution pour moi, je veux une solution globale, pour toutes les aides-soignantes, pour plus de prise en compte, pour plus de reconnaissance et d'écoute, pour une amélioration de ce système de soins qui concerne, ou concernera forcément, pourtant tout le monde à un moment ou à un autre !!!

Là ou l'on se sent réellement impuissants, c'est quand je vois le nombre d'ouvrages qui ont été écrits ces dernières années dénonçant parfois violemment tout ce qui se passe dans les établissements de soin pour personnes âgées, écrits parfois par des gens qui ont du poids dans leur profession, parfois par des novices qui avaient besoin de crier leur désarroi, certains de ces livres sont parus il y a près de 10 ans et, à part quelques articles, voire émissions de télé, le mois de leur parution, RIEN ne s'est passé ... j'en ai lu un de 2003, il pourrait aussi bien être de 2012 !!! Et j'ai bien peur qu'il soit tout aussi valable en 2020 ...

Pour rubi226, moi personnellement ça m'est égal que l'on prenne des "faisant fonction" si ça permet de doubler le personnel et d'être plus nombreux pour soigner les résidents, ce diplôme d'AS n'est absolument (et malheureusement) pas garant de bientraitance et j'ai vu des ASH bien plus attentionnés et bien plus attentifs aux personnes que de nombreux AS.
Par contre c'est vrai qu'il y aura toujours des gens pour faire ce boulot y compris n'importe comment et que les dirigeants se fichent royalement de qui ils embauchent "du moment que ça tourne" et qu'en cas d'accident ils puissent prouver qu'ils avaient bien "le quota" au niveau du personnel.

C'est vrai Cosmos, c'est tout le système qu'il faudrait revoir ... peut-être est on trop idéaliste ? Mais comment ne pas l'être quand il s'agit d'êtres humains, quand il s'agit de nos grands-parents, de nos parents à tous ...

Merci quand même à tous et à toutes qui débattez ici, ça fait quand même du bien de voir qu'on est pas seuls à trouver que les choses empirent et à chercher une solution ...
Anonyme222222

Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Anonyme222222 »

Chantelline a écrit : moi personnellement ça m'est égal que l'on prenne des "faisant fonction" si ça permet de doubler le personnel et d'être plus nombreux pour soigner les résidents, ce diplôme d'AS n'est absolument (et malheureusement) pas garant de bientraitance
La bien traitance ne peut être garantie que par du personnel qualifié et en nombre.
La qualification signe une compétence qui est sanctionnée par une reconnaissance dont salariale.
L'absence de qualification amène à des glissements de tâches.
Ce qui "t'est égal", nos gouvernances en ont pris acte en légalisant l'illégal : Les coopérations entre professionnels de santé et la création des nouveaux métiers de santé.
Ton DE, ton expérience, ton expertise...etc, n'ont donc qu'une si piètre valeur ?
Anonyme222222

Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Anonyme222222 »

Chantelline a écrit :mais le problème est que les ssiads n'embauchent pas à plein temps, ce ne sont que des CDD (très peu de CDI) et à mi-temps, ou quarts temps + des remplacements, et tout ça pour quoi ? parce qu'ils ne reçoivent des subventions de l'Etat que sur des temps partiels ...
C'est la 1ère fois que j'entends ça... Jo_bis pourrait certainement nous éclairer sur la véracité ou non de cette information.
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rubis226
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Re: pourquoi travailler si vite?

Message par rubis226 »

moutarde a écrit :
Chantelline a écrit : moi personnellement ça m'est égal que l'on prenne des "faisant fonction" si ça permet de doubler le personnel et d'être plus nombreux pour soigner les résidents, ce diplôme d'AS n'est absolument (et malheureusement) pas garant de bientraitance
La bien traitance ne peut être garantie que par du personnel qualifié et en nombre.
La qualification signe une compétence qui est sanctionnée par une reconnaissance dont salariale.
L'absence de qualification amène à des glissements de tâches.
Ce qui "t'est égal", nos gouvernances en ont pris acte en légalisant l'illégal : Les coopérations entre professionnels de santé et la création des nouveaux métiers de santé.
Ton DE, ton expérience, ton expertise...etc, n'ont donc qu'une si piètre valeur ?

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Chantelline
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Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Chantelline »

Pour Moutarde :
Eh bien justement, je pense que le problème de la maltraitance commence justement au départ, à la sélection, à la formation ...

Première surprise de cette orientation, une fois le concours réussi, tout le monde a son diplôme, les plus doués en la matière comme les plus nuls qui sont là sans trop savoir pourquoi, suite logique souvent d'un BEP sanitaire et social où on les avait déjà poussés sans conviction, faute de résultats scolaires suffisants pour continuer vers un bac général.

La plupart des ifsis et des ifas, centres de formation pour AS s'en fichent totalement de la qualité des personnels de soin qui sortent de leurs instituts. Tout est affaire d'argent, la plupart des formations étant financées par le pôle emploi, les missions locales ou autres aides régionales, à raison de 5000 euros (coût de la formation dans ma région) par tête de pipe, les ifsis ont plutôt intérêt à avoir d'excellents résultats au niveau des diplômés.

Je me suis un peu renseigné au niveau du mien : 100 % de réussite chaque année depuis 15 ans !! Qui dit mieux ?!
J'en ai parlé avec pas mal de collègues, 100 % de réussite, eux aussi, les seuls cas ou quelqu'un n'a pas été reçu ce sont ceux qui ont abandonné en route, et encore, on m'a même parlé d'un gars qui n'a assisté qu'à la moitié de la formation et qui, comme les autres, a eu son DEAS.

Toutes les filles de ma promo ont donc eu leur diplôme, y compris celles qui ont eu des notes pitoyables, y compris celles qui sont revenues de leurs stages avec de multiples commentaires hautement défavorables à la poursuite de leur projet de devenir aides-soignantes, y compris celles qui disaient haut et fort "détester ces vieux qui puent et l'odeur de la merde" !!!!!
Que peut-on penser qu'elles seront plus tard dans leur boulot ?

Deuxième surprise, la formation théorique :
Nos formatrices sont souvent infirmières et n'ont la plupart du temps jamais pratiqué le métier d'aide-soignante, de plus, elles sont même formatrices depuis tellement longtemps qu'elles ne connaissent absolument plus le travail en milieu hospitalier, pour une formation professionnelle c’est toujours limite d’entendre des conseils tranchants de personnes qui n’ont pas exercé elles-mêmes car on a beau être dans leur rôle propre, le boulot n'est vraiment pas le même.

Troisième surprise, la formation pratique :
Les filles censées nous former n’ont la plupart du temps déjà pas assez de temps pour leurs patients ou résidents alors la formation des stagiaires se limite souvent à une ou deux heures en binôme pour quelques toilettes puis hop on se retrouve à faire le boulot seule, ça tombe bien, il manque toujours du personnel, et la main-d’œuvre n’est pas chère … Alors on apprend tout « sur le tas », ce qui n’est pas une mauvaise école si on possède un brin de passion pour ce boulot mais si on s’en fiche ?!

Donc en réponse à ta question "ton diplôme a t il donc une si piètre valeur ?" ma réponse est malheureusement OUI !
Car comment être sûre de ce que l'on vaut si tout le monde l'a ? Car comment être sûre qu'il vaut quelque chose quand on voit le nombre d'aide-soignants diplômés qui s'en fichent royalement ou qui sont maltraitants ne serait ce que par négligence ? car je te signale que ça fait 5 pages qu'on en parle ... sur ce forum mais sur bien d'autres aussi.

Alors c'est bien d'être fière de ton diplôme, je l'étais aussi, mais dans la réalité ça ne fait pas de toi quelqu'un de forcément "bien soignant" et "bien traitant" ... et ce qui amène aux dérives c'est un tas de choses comme le manque de personnel, le manque de matériel, le manque de temps, les défauts d'organisation, les absences non remplacées, les stagiaires prises pour de la main d'oeuvre bon marché, ... et la liste n'est pas exhaustive ...

Si on commençait par faire une vraie sélection à la base, ça serait toujours ça de fait ! Mais ce n'est que mon avis bien sûr ...
Anonyme222222

Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Anonyme222222 »

C’est sujet très général que tu abordes. Celui de l’éducation au sens large dont les rôles devraient être complémentaires et partagés entre l’EN, les instituts de formation sans oublier les parents bien entendu pour les plus jeunes.

Après, des passe-droits, il y en a toujours eu et il y en aura toujours de même que les quiches qui passent au travers des filets.

Enfin sans aucun doute, il y a des lacunes d’encadrement tant chez le personnel soignant actif que chez les formateurs IFSI/IFAS. Dans les services, les conditions de travail, les déconsidérations et manque de reconnaissance dont salariale, la pénurie...etc, finissent par avoir une répercussion délétère sur les formations qui suivent.

Pour autant, faut il comprendre au travers de ton vécu et ressenti, que le DEAS n’est pas/jamais garant des compétences tant théoriques, pratiques que relationelles ? Faut il comprendre que le DEAS n’a pas de valeur ? Etant entendu qu’il ne peut être garant de tout et de tous.

Tu réponds que oui. Mais j’ai envie de dire que cela n'engage que ta personne.
Et avoir un sentiment aussi péjoratif sur ce que et qui tu es sur le plan professionnel ne peut qu’occulter une vision bienveillante de l’ensemble des professionnels.

L’absence de reconnaissance d’un diplôme même avec les dérives que tu as citées ne peut conduire qu’à une dégradation des prise en charge de nos ainés et plus globalement des personnes vulnérables, car encore moins/pas de sélection.
Cette absence de diplôme augmente la précarité et l’exploitation des travailleurs et c’est aussi une des raisons qui conduit à la maltraitance dont institutionnelle.

Tu as pris du recul pour te préserver. C'est bien si tu as pu faire ce choix mais tout le monde n'a pas cette possibilité. Par ailleurs, ton projet tu l'as construit à 50 ans, muri... et donc peut-être devrais tu faire preuve d'un peu plus d'indulgence envers certains plus jeunes...

Enfin, la maltraitance institutionnelle ne pourra cesser ou diminuer en l'absence de bien traitance des personnels. Comment peut-on revendiquer à juste titre ce qu'il y a de mieux pour les PA et être aussi sévère et amère avec celles et ceux qui s'en occupent. Bien sûr, je parle de la généralité qui est faite.
A mon sens, tu te trompes de coupables ou tout au moins tu en as une vision très exhaustive.
Chantelline a écrit :Si on commençait par faire une vraie sélection à la base, ça serait toujours ça de fait ! Mais ce n'est que mon avis bien sûr ...
Tu dis pourtant le contraire ci-haut...
Chantelline a écrit :moi personnellement ça m'est égal que l'on prenne des "faisant fonction"
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Jo_bis
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Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Jo_bis »

Chantelline a écrit : Ton idée de travailler à domicile, je l'ai évidemment eu, mais le problème est que les ssiads n'embauchent pas à plein temps, ce ne sont que des CDD (très peu de CDI) et à mi-temps, ou quarts temps + des remplacements, et tout ça pour quoi ? parce qu'ils ne reçoivent des subventions de l'Etat que sur des temps partiels ... toujours ces histoires d'argent, c'est ce qu'on m'a expliqué dans ma région, après, je ne sais pas si c'est partout pareil.
Non, ce n'est pas partout pareil et votre région vous à servi une monstrueuse co**erie. Les conseils généraux et régionaux ne connaissent rien au financement des SSIAD, seul l'ARS est compétent en la matière : j'embauche des temps plein ou des temps partiels en CDI et heureusement.
Pour connaitre pas mal de responsables de SSIAD, mes collègues font de même.
Nous n'avons aucune subventions de l'état, j'en suis sûre : nous sommes à la dotation globale comme n'importe quel établissement médico social public ou privé (non lucratif).
En clair, nous présentons un budget qui est validé (ou non) par l'ARS, le financement est par l'assurance maladie.
"Il suffit de nous regarder pour voir comment une forme de vie intelligente peut se développer d'une manière que nous n'aimerions pas rencontrer."
Stephen HAWKING
Skuld
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Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Skuld »

Pour ma part je vais voir comment évoluent les conditions dans les semaines de rentrée, si je vois que c'est pareil je m'en vais. Hors de question de m'imposer ce genre de "travail"....je vais chercher dans les services de médecine aigüe pour me faire une autre expérience que celle des PA. Non pas que je n'aime pas m'en occuper, je l'ai dit, j'adore ça. Mais peut être y trouverai-je un peu plus de reconnaissance et des conditions de travail un peu plus humaines....

Je vais suivre ce forum de prés, merci pour votre accueil, ça fait du bien de parler à d'autres professionnels!
Abja
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Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Abja »

Travailler vite est une maltraitance.
Ne pas prendre du recul et ne pas s'interroger sur la violence excercée contre des personnes vulnérables est grave. Notre violence ne peut chercher des excuses dans les contraintes structurelles d'un fonctionnement. On est violent seul. Aucune excuse; Notre diplome donne des circonstances aggravantes.

Le fait que pour des questions de sous, les insitutions et les instances de contrôle ferment les yeux, rend la chose d'un cynisme inqualifiable.

Je ne suis pas sur qu'on sorte indemne psychologiquement quand de manière active ou passive on participe à de la maltraitance. On finit forcément par perdre notre dignité d'homme.

Comme disait Sartre, si je fais du mal à une personne, j'en fais à l'humanité tout entière.

Je crois que les AS ont un problème d'éducation et de formation. Car, trop d'AS n'ont pas conscience de la gravité de leurs actes et se défaussent en disant: "c'est la faute au système".

Que dirait on d'une personne qui bat sa femme et qui dirait, c'est de la faute au système, à mon enfance, à mon chômage...
Nous sommes censés, soignants, maîtrisé nos frustrations, contrôlé nos humeurs. Et si un AS dit:'je ne peux pas, je ne peux plus" alors, soit il traîne son EHPAD au prudhomme soit il s'en va... pour ne pas devenir un instrument.

A la fin, c'est toujours une question de choix. Même une AS qui a deux enfants en bas âge ne peut pas faire du mal à une personne âgée sous prétexte qu'elle risque de perdre son emploi.
Mais un individu se noie quand une communauté ne le soutient pas. Les AS ne forment pas un groupe. Un as qui va mal sait qu'il ne sera pas soutenu ni par un syndicat ni par ses collègues...

Cela montre que notre profession n'a pas de culture. Nous n'avons pas d'identité professionnelle. Si nous en avions une, on n'accepterait pas de faire ce qu'on juge indigne de notre métier. Ce qu'on apelle une éthique.
A l'heure actuelle, nous ne valons pas mieux que des soldats qui obéissent même à des ordres immoraux...
Si j'avais voulu faire soldat, j'aurais fait soldat, mieux payé, plsu davantages sociaux...
Mais c'est AS que j'ai choisi, un métier censé être humain, relationnel, utile, où on fait des SOINS... de confort qui plus est...
Dans les ehpad, on humilie, bâcle les toilettes, bouscule, crie, on peste de frustration, on culpabilise, on est stressé...

Je ne sais pas quoi dire. Je ne me ferai jamais à la violence que j'ai vu. Et pour moi aucune excuse ne peut justifier les déviances.
Je crois que beaucoup d'AS ont besoin d'un contrôle qui leur montre la limite, leur enseigne le bien et le mal, les responsabilise devant leurs actes... Je crois que beaucoup d'AS ont besoin qu'on leur montre leurs actes. Beaucoup de soigant ont besoin d'un bilan psychologique, ont besoin qu'on leur dise qu'ils vont trop loin et qu'ils ont besoin d'aide. La maltraitance est le symptome d'un mal-être grave...
Devant un sentiment d'impunité tous les abus sont possibles... Si on ferme les yeux, si on en dénonce pas, on encourage.
Chantelline
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Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Chantelline »

Pour Moutarde :

Donc si je comprends bien, pour toi, seul quelqu'un qui a un diplôme d'AS est capable d'être bientraitant ou de s'occuper de façon bienveillante de personnes ?
C'est ta façon de voir les choses, je ne la juge pas, je dis juste qu'un diplôme ne fera jamais devenir "bon soignant" quelqu'un qui ne l'est pas à la base.

Il y a des personnes qui ont cette capacité là, diplômées ou pas, et d'autres qui ne l'auront jamais, diplômées ou pas.
Pour moi (et je dis bien "pour moi", ça n'engage donc que moi), on est "soignant" au fond des tripes, je veux dire on était soignant avant d'avoir ce diplôme, on n'arrête pas d'être soignant en enlevant sa tenue de boulot ou en passant le seuil de la maison de retraite, on sera soignant à 65 ans ou 75, même loin de ce boulot, pour moi être "soignant" c'est une philosophie de vie : être attentif à son prochain, être attentionné envers les personnes autour de soi, ça ne s'apprend pas en 10 mois de cours d'aide-soignant !
Mais je peux me tromper, va savoir, je n'ai jamais dit que je détenais la vérité non plus.

Tu me dis qu'à mon âge je devrais être plus indulgente envers les jeunes, mais je suis indulgente (il me semble) et je n'ai d'ailleurs jamais dit que celles qui avaient eu de très mauvaises appréciations dans ma formation n'étaient que les plus jeunes, ce qui n'était d'ailleurs pas le cas, pareil pour ma courte expérience d'aide-soignante, j'ai vu autant de jeunes aide-soignantes que de plus âgées être maltraitantes, ça n'a rien à voir avec l'âge ... preuve que c'est un état d'esprit, pas un critère lié à l'âge ou à l'expérience.

Ensuite tu me dis :
"Tu as pris du recul pour te préserver. C'est bien si tu as pu faire ce choix mais tout le monde n'a pas cette possibilité".

Je n'ai pas pris "du recul", j'ai démissionné pour ne pas être la complice muette de cette maltraitance et j'ai fait ce choix parce que je veux rester en accord avec mes convictions et mes valeurs.
J'ai 52 ans, je n'ai donc plus de boulot, je n'ai pas droit au chomage puisque j'ai démissionné, je ne sais pas ce que je vais faire vu que j'avais vraiment placé tous mes espoirs dans cette formation et ce boulot, mon mari est en fauteuil roulant et ne touche que l'AAH et tu me dis que tout le monde n'a pas cette possibilité ?????
Tout le monde a la possibilité de démissionner d'un poste qui piétine ses convictions, il suffit d'envoyer une lettre à son employeur.
Que tout le monde ne fasse pas le choix de le faire, c'est autre chose ...

Et toi, penses tu l'être indulgente, lorsque tu prétends que seuls ceux qui ont le diplôme sont "dignes" d'être soignants ? Il y a 5 pages de personnes qui racontent les horreurs de leurs collègues soignants auxquelles ils assistent au jour le jour et c'est moi que tu trouves "amère" et "sévère" ?
Je suis juste terriblement déçue de ce boulot et je venais là en discuter histoire de voir si d'autres connaissaient cette même déception et ce qu'on pouvait faire ensemble, et non pas me prendre des leçons de morale.

Je suis d'accord avec Abja, être obligée de travailler vite et n'importe comment est une maltraitance à laquelle je me refuse de participer. Et tu as raison moutarde, c'est un choix, mais que tout le monde peut faire !
Anonyme222222

Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Anonyme222222 »

Chantelline a écrit :Donc si je comprends bien, pour toi, seul quelqu'un qui a un diplôme d'AS est capable d'être bientraitant ou de s'occuper de façon bienveillante de personnes ?
Alors tu as mal compris...

J'ai parlé des passe-droits, des quiches qui passent au travers des filets, des lacunes d'encadrement tant en service qu'en institut de formation.
Donc sans faire de généralités dans un sens ou dans un autre, à l'évidence si le DEAS (comme tout autre formation diplômante) ne donne pas les clés du savoir-être, c'est quand même est un passage obligé pour la transmission du savoir faire (théorique/pratique) tout au moins en ce qui concerne les bases.
Chantelline a écrit :Pour moi (et je dis bien "pour moi", ça n'engage donc que moi), on est "soignant" au fond des tripes, je veux dire on était soignant avant d'avoir ce diplôme, on n'arrête pas d'être soignant en enlevant sa tenue de boulot
Je ne partage pas du tout cet avis. J'exerce la profession de soignante mais heureusement pour mes proches et pour moi même, que je ne suis pas réduite qu'à une fonction.
Chantelline a écrit :Je n'ai pas pris "du recul", j'ai démissionné pour ne pas être la complice muette de cette maltraitance et j'ai fait ce choix parce que je veux rester en accord avec mes convictions et mes valeurs.
Démissionner, c'est ne plus être en place et donc c'est prendre du recul. Tu te préserves de la situation mais pour autant elle perdure.
On peut tout à fait rester en poste sans être complice.
J'espère pour toi que ta colère et ta désillusion ne vont pas t'enfermer dans cet état d'esprit...
Chantelline a écrit :et tu me dis que tout le monde n'a pas cette possibilité ?????
Oui. Tout le monde n'a pas cette possibilité même si ta situation est compliquée et que tu ne veux pas l'entendre. Tu as quand même un formation qualifiante qui probablement va/peut te permettre de rebondir.
Chantelline a écrit :Et toi, penses tu l'être indulgente, lorsque tu prétends que seuls ceux qui ont le diplôme sont "dignes" d'être soignants ?
Encore une fois, ce n'est pas ce que j'ai dit. Mais en effet, je ne suis pas réputée pour pratiquer la langue de bois ; ni ici ni ailleurs.
Chantelline a écrit :l y a 5 pages de personnes qui racontent les horreurs
Cela fait des années que je dénonce cette maltraitance sur ce forum et d'autres mais aussi dans la "vraie" vie.
Chantelline a écrit :et non pas me prendre des leçons de morale.
Si effectivement tu confonds le débat d'idées, l'échange d'opinions avec des leçons de morale, effectivement on peut s'arrêter là.
Abja
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Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Abja »

Je trouve cette conversation très interessante et je regrette qu'on ne peut pas avoir ce genre de débat au sein des centres de formation et même des institutions;

Je retoens trois points essentiels:

Le choix, la culture soignante et la responsabilité.

Parlons du choix. UN jour j'avais vu un film avec Iam Nesson qui incarnait une figure importante de la résistance Irlandaise au moment de l'occupation des Anglais. Iam Nesson dit à un moment que le combat se situe dans la possibilité que l'on se donne de "refuser". C'est ce qui fait notre liberté: la possibilité de refuser ce qui nous semble injuste. Cela demande des sacrifices et une réflexion sur la nature de notre travail, une vraie réflexion sur soi dans son rapport à l'autre et de la puissance de l'argent, des systèmes qui peuvent aller à l'encontre de l'éthique et la liberté.

Parlons de la culture soignante. On ne peut pas prendre une décision sans se référer à une culture, une morale, une philosophie du soin. Mais plus encore, on ne peut pas choisir sans le sentiment d'appartenir à un groupe de valeur, à un communauté à laquelle on s'identifie.
Je suis Aide Soignant: Savoir être, savoir faire et savoir sont trois branches d'un même arbre. Je m'identifie à ces valeurs et aussi à un groupe de soignant qui les porte et les défend.
OR, c'est là où il y a un problème: nous n'avons aucune référence, aucun groupe auquel nous rattacher. C'est un métier individuel qui n'a pas d'identité morale forte, qui n'a même pas d'histoire... Ce métier est né dans les années 1980, c'est dire.

Parlons de la responsabilité: c'est notre capacité à faire et assumer ce que l'on fait. UNe personne maltraitante est un danger public car elle n'assume pas ce qu'elle fait. Elle le fait en cachette, sous couvert d'un concensus officieux avec la direction, elle le fait sachant que personne n'osera rien dire. UNe personne responsable est une personne qui ne fait pas n'importe quoi et qui se réfère à une ligne de conduite et des règles. UNe personne maltraitante, ne seréfèr qu'à elle-même dans un sentiment de toute puissance. C'est pour cela que le diplome ne veut rien dire. On peut avoir undiplome et faire n'importe quoi parce que l'on devient son seul cadre de référence, une sorte de Dieu, un tyran... Dans un métier qui touche des personnes vulnérables, l'iresponsabilité, la maltraitance devraient être contrôlées, sanctionnées sans aucune forme d'excuse. Mais on doit aussi aider les personnes en perdition psychologique qui ont perdu le sens des limites... Cela couterait de l'argent, cela forcerait les pouvoirs publics à prendre des décisions sur les causes de la maltraitance qui sont pour moi, la somme de la fragilité psychologique avec un milieu instituionnel qui dysfonctionne... Les deux vont de paires... c'est une rencontre la maltraitance entre la souffrance personnelle et une institution en souffrance.
J'appuie l'intervention plus haut. Il n'y a pas de diplômes qui inculques une valeur ou la capacité à bien traiter. Le diplome nous apprend à ne pas faire d'erreur, à dresser un protocole de soin, à réfléchir, à nous adapter selon des références humaines et techniques mais le diplome ne nous apprend pas être bientraitant.

CAr, en synthèse,

Choix, CUlture, responsabilités et valeurs sont issues d'une éducation. Un diplome n'éduque pas, une formation n'éduque pas pas.
On passe une sélection, on obtient un diplome mais cela ne nous donne pas la légitimité d'être soignant CAR le métier soignant à cette particularité que ce n'est pas un métier classique mais c'est une véritable vocation.

ON est soignant, on ne le devient pas. On aquiert des compétences par une formation mais on n'aquiert pas un savoir être.
C'est une longue et périlleuse éducation que de devenir ce que l'on est.
Anonyme222222

Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Anonyme222222 »

je ne suis pas du tout mais pas du tout en accord avec la fin de ton post.
Abja a écrit :On passe une sélection, on obtient un diplome mais cela ne nous donne pas la légitimité d'être soignant
Cela devrait... Parce que dans pas longtemps, c'est ce qui va se passer si personne n'y prête attention et vous/nous (soignants/patients/résidents) n'aurez plus que vos yeux pour pleurer.
Les diplômes n'ont aucune valeur ????
Abja a écrit :le métier soignant à cette particularité que ce n'est pas un métier classique mais c'est une véritable vocation.
Sûrement pas !!!
Le métier de soignant est un métier. Un métier s'apprend, donne des compétences (via une formation) sanctionnées par un diplôme, c'est à dire une reconnaissance qualifiante et salariale. Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de dérives tout au long du cursus et après mais, de là à en faire une généralité...
Abja a écrit :OR, c'est là où il y a un problème: nous n'avons aucune référence, aucun groupe auquel nous rattacher.
Si tu cherches, tu en trouveras. Tu as l'IFAS dont la formation s'appuie sur un référentiel d'actes que beaucoup ne lisent ni même ne savent qu'il existe..., les syndicats, des associations, le groupe que tu formes avec tes collègues AS/IDE au sein de ton entreprise...etc.
Chantelline
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Re: pourquoi travailler si vite?

Message par Chantelline »

Pour Moutarde :
Autant de mauvaise foi, c'est vrai, ça me déplaît.

Il est facile de prendre le propos des autres et de le tourner de façon à en faire n'importe quoi et ainsi se mettre en valeur, tu devrais te lancer dans la politique ...

Quant à moi, je te laisse te retrancher derrière ton beau et fort diplôme d'aide-soignante qui doit cacher un p'tit complexe de niveau d'étude, je te laisse croire que parce que tu es qualifiée tu n'es pas maltraitante, je te laisse penser que combattre sur un forum fait de toi une révolutionnaire et une référente de la fonction ...

Je me retire du débat, et du forum, puisque de toute façon je ne suis plus aide-soignante et qu'en plus "je suis idiote, vieille, intolérante et que je ne comprends rien à l'affaire".

Jolie preuve de ... maltraitance orale, toi au moins tu sais t'y prendre avec les gens qui souffrent, ça se voit !

Au revoir et bon courage à tous ceux qui continuent à se battre ... vraiment !
Merci Abja pour tes commentaires pertinents.
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