Toilette le matin en institution

[Scampi38]

Je suis d'accord avec toi : un "merci..." ou un petit bisous de mamie vaut tout l'or du monde...
Mais je suis d'accord avec Lenalan, faire une toilette trop rapide parce qu'on manque de temps est une chose, avoir consciemment et volontairement ce type de comportements en est une autre...

Et contrairement à ce que ton expérience pourrait te laisser penser : tous les Ehpad ne sont pas comme ça.
Celui où je travaille actuellement m'a redonné confiance en certains soignants, ils ont su me montrer qu'on pouvait aussi choisir de travailler en gériatrie, et ne pas simplement être là par dépit! Et l'organisation joue en notre faveur : 89 résidents sur 4 étages, on est 3 IDE (sauf le week end où on est 2 le matin et une seule l'aprem), il y a 1 ASD + 1 ASV + 1 ASH (que le matin) par étage, sauf au Cantou où il y a 2 ASD + 1 ASV + 1 AMP (qui arrive pour le repas de midi)...
Et puis régulièrement, on forme et on informe : réunions, formations, moments de partages pour remettre à jour nos bonnes pratiques et faire le point sur ce qui est difficile pour les équipes!
Mais le plus important? Les équipes sont motivées, elles ont envie de bien faire! Au final, c'est ça qui change tout....

[caroline83]

Mais je trouve qu'il y a un gouffre entre faire des toilettes trop rapides et partielles, ne pas avoir le temps de faire du relationnel, expédier les gens au lit le soir parce qu'on a 30 personnes à coucher (ce qui est une forme de maltraitance même si c'est indépendant de notre volonté) et les insulter ou les prendre en photo nues, ça n'a vraiment aucune justification possible. C'est pour faire quoi la photo?

De ce qu'elle en a dit...rien ; sauf qu'elle a vu à ma tête à quel point j'abondais en son sens...c'est à dire que je me suis contenue pour ne pas lui arracher le portable des mains et ne pas le balancer par la fenêtre...bien que je n'ai rien dit.

Depuis hier ça me "travaille"...sans vouloir excuser, je crois que c'était une réaction impulsive stupide, débile et malsaine...et quoi faire dans pareil cas ?

Cela n'est pas si évident, croyez moi.

Même si une telle réaction n'a pas d'excuse, le dénoncer sous le coup de l'impulsion n'aura pas l'effet escompté (ça s'est l'expérience qui parle).

De 2 choses l'une soit elle prend conscience que son comportement peut lui faire avoir de sacrés ennuis et limite mon "silence" aura permis une évolution du comportement, soit je dénonce en sachant que ce sera sa parole contre la mienne avec toutes les conséquences que cela aura au sein de notre "merveille équipe si professionnelle".

Donc ma décision n'est si évidente qu'elle n'y paraît.

[caroline83]

Je suis d'accord avec toi : un "merci..." ou un petit bisous de mamie vaut tout l'or du monde...
Mais je suis d'accord avec Lenalan, faire une toilette trop rapide parce qu'on manque de temps est une chose, avoir consciemment et volontairement ce type de comportements en est une autre...

Et contrairement à ce que ton expérience pourrait te laisser penser : tous les Ehpad ne sont pas comme ça.
Celui où je travaille actuellement m'a redonné confiance en certains soignants, ils ont su me montrer qu'on pouvait aussi choisir de travailler en gériatrie, et ne pas simplement être là par dépit! Et l'organisation joue en notre faveur : 89 résidents sur 4 étages, on est 3 IDE (sauf le week end où on est 2 le matin et une seule l'aprem), il y a 1 ASD + 1 ASV + 1 ASH (que le matin) par étage, sauf au Cantou où il y a 2 ASD + 1 ASV + 1 AMP (qui arrive pour le repas de midi)...
Et puis régulièrement, on forme et on informe : réunions, formations, moments de partages pour remettre à jour nos bonnes pratiques et faire le point sur ce qui est difficile pour les équipes!
Mais le plus important? Les équipes sont motivées, elles ont envie de bien faire! Au final, c'est ça qui change tout....

c'est ce que j'explique plus haut...je ne sais pas si cela me rassure, mais tout ce que j'ai constaté n'est pas conscient à mon avis...et ce qui me faire dire cela c'est justement leur incapacité à se remettre en question quand des choses sont dénoncées soit par la medco ou la direction ...sauf une que je trouve très ambivalente et sur laquelle je me pose bcp de questions (est-elle perverse ?).

Ce que je ressens dans cette équipe est une vraie souffrance que l'on cache par une pseudo communication et de la pseudo bonne humeur, retranscrite par de l'agressivité à peine voilée qui s'explique bien en PNL mais sur lesquelles j'ai de forts doutes sur des réactions conscientes et volontaires.

j'aurais plutôt tendance à l'interpréter comme des comportements impulsifs et anesthésiants, si vous voyez ce que je veux dire.

C'est ce qui rend ma position encore plus complexe.

[Scampi38]

c'est ce que j'explique plus haut...je ne sais pas si cela me rassure, mais tout ce que j'ai constaté n'est pas conscient à mon avis...et ce qui me faire dire cela c'est justement leur incapacité à se remettre en question quand des choses sont dénoncées soit par la medco ou la direction ...sauf une que je trouve très ambivalente et sur laquelle je me pose bcp de questions (est-elle perverse ?).

Ce que je ressens dans cette équipe est une vraie souffrance que l'on cache par une pseudo communication et de la pseudo bonne humeur, retranscrite par de l'agressivité à peine voilée qui s'explique bien en PNL mais sur lesquelles j'ai de forts doutes sur des réactions conscientes et volontaires.

j'aurais plutôt tendance à l'interpréter comme des comportements impulsifs et anesthésiants, si vous voyez ce que je veux dire.

C'est ce qui rend ma position encore plus complexe.

Je vois ce que tu veux dire... C'est sûr que ce sont des situations très difficiles à gérer, et encore plus à comprendre. Qu'est ce qui se joue vraiment dans ces moments pour ces soignants?
Parce que franchement, faire ça sans "penser à mal" ça fait un peu peur... C'est clair que si elles ne voient pas le problème, ça va être compliqué de faire évoluer leurs comportements...

[Lenalan]

Scampi c'est le rêve là où tu travailles, nous c'est vraiment la misère (1 AS et 1 ASH par étage de 20 lits avec des toilettes plus ou moins lourdes, parfois moins mais jamais plus 2 IDE pour 78 lits, parfois une seule ça dépend des jours et alors la nuit, une AS et une lingère pour 78 lits, dont 18 dans le cantou, l'AS doit être partout à la fois ). Le pire c'est que j'ai choisi la gériatrie, c'était vraiment là où je voulais travailler mais ces conditions m'ont usée et dégoûtée!

Caroline, en effet c'est hyper délicat cette situation! Déjà de comprendre comment faire des choses pareilles et aussi graves peuvent passer par la tête, franchement c'est incompréhensible J'ai jamais vu ça, même de la part des personnes au bord du burn out.......

[caroline83]

Je vois ce que tu veux dire... C'est sûr que ce sont des situations très difficiles à gérer, et encore plus à comprendre. Qu'est ce qui se joue vraiment dans ces moments pour ces soignants?
Parce que franchement, faire ça sans "penser à mal" ça fait un peu peur... C'est clair que si elles ne voient pas le problème, ça va être compliqué de faire évoluer leurs comportements...

Un stress récurrent : par exemple nous avons une unité très lourde avec des patients très handicapés, atteints de démence et violents verbalement...certains pourraient d'après la psy d'ailleurs devenir violents physiquement. Il a été décidé que pour la soignante qui gère cette unité, les équipes puissent tourner afin que ce ne soit pas la mm soignante qui la gère et d'autre part qu'une soignante d'une unité plus légère, viennent l'épauler. Or, la plupart du temps la soignante en charge se retrouve la plupart du temps seule, car certaines refusent et suivant qui la prend en charge, elle est "black listé" et la référente nous ordonne d'aider une autre unité, malgré le protocole.

Cela pose de doubles pb en mon sens...d'une part, pourquoi ces patients sont acceptés alors qu'en mon sens ils devraient être admis en UP ? cela dit je ne suis pas médecin...

d'autre part, il nous est ordonné de faire d'abord notre unité avant d'aider la collègue ; or, il me semblerait plus opportun que sur cet étage, tous les patients lourds soient pris en charge à deux, quitte à répartir sur la journée les toilettes.
(quand j'ai dis cela j'ai cru que j'allais me faire lincher).

Et plus ça va, plus je me dis que la référente privilégie ses "copines" dans l'organisation des groupes de toillettes et qu'en plus elle valide certains protocoles à l'avantage de certains résidents quand elle apprécie la famille...mais on peut rien dire, elle semble intouchable...AMP et c'est la seule qui est la depuis le début.

Autre point, l'une des soignante a visiblement reçu une éducation comment dire, genre "nique ta mère"...si tu vois ce que je veux dire ; autrement dit la politesse et l'exclusion de mots grossiers du type : connasse, ou putain, ne fait pas partie de ses priorités ; certaines font du mimétisme.

bref, je sens bien qu'à certains moments les soignantes "pètent les plombs" car le tout agrémenté de toilettes à la va vite, de changements de protocoles et d'organisation pratiquement toutes les semaines et des journées de formation durant leur seul temps 2 repos accumulé à des journées de 12hr à courir dans les sens ...ça commence à faire.

voilà ce que j'ai vu...mais il y a certainement d'autres raisons

[Lenalan]

Moi qui me plains, franchement, je vois qu'à certains endroits c'est hallucinant.....

[Scampi38]

Scampi c'est le rêve là où tu travailles, nous c'est vraiment la misère (1 AS et 1 ASH par étage de 20 lits avec des toilettes plus ou moins lourdes, parfois moins mais jamais plus 2 IDE pour 78 lits, parfois une seule ça dépend des jours et alors la nuit, une AS et une lingère pour 78 lits, dont 18 dans le cantou, l'AS doit être partout à la fois ). Le pire c'est que j'ai choisi la gériatrie, c'était vraiment là où je voulais travailler mais ces conditions m'ont usée et dégoûtée!

J'ai bien conscience d'avoir beauuucoup de chance! Après, j'ai vu trop de collègues démarrer seules avec 70 résidents et c'était vraiment ce que je ne voulais pas...
Je pense que le nombre de soignants est aussi un des avantages permis par un planning en 10h!
Après, elles n'ont pas vraiment le temps de se tourner les pouces, pas mal de patients "lourds", surtout au cantou où pour les 24 lits il faut bien 3 soignants le matin pour les toilettes. Mais bon, je trouve ça tellement plus "humain" que dans une majorité des autres structures...
Je pense que nous avons aussi la chance d'avoir une direction, une cadre et un med co vraiment à l'écoute et qui sont là pour le confort du résident. Ils ne nous laissent pas galérer et nous enliser dans nos problèmes... Par exemple : un patient du cantou, complètement grabataire passait ses journées à hurler et à appeler au secours... On pouvait aller le voir toutes les 5mn ca ne changeait rien... L'équipe commençait à être au bout de ses ressources : massages, temps de paroles, mise à la sieste, toilette plus tot, toilette plus tard, musique, on avait tout essayé et rien ne changeait... Je vous assure qu'entendre quelqu'un hurler TOUTE la journée, il y a quoi devenir dingue! Et nous n'avions plus l'impression d'être soignant, il était hyper angoissé et ne servions à rien... Le médecin a donc demandé une hospitalisation en unité cognitivo-comportementale histoire de réadapter ses traitement et de se laisser le temps à l'équipe de souffler... Autant vous dire que l'équipe à BEAUCOUP apprécié!
C'est aussi ça le rôle d'une équipe : trouver des solutions ensemble! J'ai l'impression que dans ta résidence, vous n'êtes pas vraiment une équipe. Ca n'est pas un reproche mais juste un constat : il y a de grosses lacunes de la part vos "dirigeants" pour laisser les choses dégénerer comme ça...

Caroline, en effet c'est hyper délicat cette situation! Déjà de comprendre comment faire des choses pareilles et aussi graves peuvent passer par la tête, franchement c'est incompréhensible J'ai jamais vu ça, même de la part des personnes au bord du burn out.......

Idem : même dans les résidences où les équipes n'en pouvaient plus, elles n'en sont jamais arrivées à se telles extrémités...

[Abja]

et ça finit par devenir un cercle vicieux: arret maladie, remplacement, as qui ne connaissent pas le service, etc...

Mais les sous rentrent dans la caisse et le conseil d'administration est content... Monsieur Guéant devrait venir voir comment ça se passe dans un pays civilisé...

[Lenalan]

[quote="Scampi38"]
J'ai bien conscience d'avoir beauuucoup de chance! Après, j'ai vu trop de collègues démarrer seules avec 70 résidents et c'était vraiment ce que je ne voulais pas...
Je pense que le nombre de soignants est aussi un des avantages permis par un planning en 10h!
Après, elles n'ont pas vraiment le temps de se tourner les pouces, pas mal de patients "lourds", surtout au cantou où pour les 24 lits il faut bien 3 soignants le matin pour les toilettes. Mais bon, je trouve ça tellement plus "humain" que dans une majorité des autres structures...
Je pense que nous avons aussi la chance d'avoir une direction, une cadre et un med co vraiment à l'écoute et qui sont là pour le confort du résident. Ils ne nous laissent pas galérer et nous enliser dans nos problèmes... Par exemple : un patient du cantou, complètement grabataire passait ses journées à hurler et à appeler au secours... On pouvait aller le voir toutes les 5mn ca ne changeait rien... L'équipe commençait à être au bout de ses ressources : massages, temps de paroles, mise à la sieste, toilette plus tot, toilette plus tard, musique, on avait tout essayé et rien ne changeait... Je vous assure qu'entendre quelqu'un hurler TOUTE la journée, il y a quoi devenir dingue! Et nous n'avions plus l'impression d'être soignant, il était hyper angoissé et ne servions à rien... Le médecin a donc demandé une hospitalisation en unité cognitivo-comportementale histoire de réadapter ses traitement et de se laisser le temps à l'équipe de souffler... Autant vous dire que l'équipe à BEAUCOUP apprécié!
C'est aussi ça le rôle d'une équipe : trouver des solutions ensemble! J'ai l'impression que dans ta résidence, vous n'êtes pas vraiment une équipe. Ca n'est pas un reproche mais juste un constat : il y a de grosses lacunes de la part vos "dirigeants" pour laisser les choses dégénerer comme ça...[/quote="Scampi38"]

Ah non c'est clair on est ni entendus ni écoutés par la direction (enfin je devrais parler au passé, parce que je suis en congé parental et ça fait quelques années que j'y suis pas retournée!), on a beau tirer la sonnette d'alarme (autant pour nous que pour nos résidents), rien ne change! Quand on explique qu'on ne peut pas faire des soins de qualité avec aussi peu de personnel on nous répond que pourtant c'est le nombre préconisé par la DDASS, que c'est comme ça partout, qu'ils ne comprennent pas qu'on en souffre (limite c'est qu'on a un problème!). Mais il y a clairement une mésentente dans l'équipe, déjà un genre de "concurrence" entre les ASH, les AS, les IDE, il y a un peu une surveillance entre les unes et les autres à savoir qui fait quoi, qui travaille le plus ou le mieux, qui a le plus de mérite, c'est assez malsain parfois.... Et alors quand il s'agit de taper du poing sur la table (j'étais déléguée du personnel, donc des doléances sur les conditions de travail j'en avais!), voire se mettre en grève il n'y avait plus personne. Comment expliquer au directeur que 15 toilettes par matinée c'est trop, et consacrer 10 minutes par résident c'est trop peu, alors qu'il a posé la question à X ou Y (les mêmes qui me pleuraient dans les bras la veille qu'elles n'en pouvaient plus) et qu'elles lui ont répondu qu'elles y arrivaient parfaitement, dans les temps et en faisant des toilettes complètes et de qualité (pour ne pas être stigmatisées comme les "râleuses" de service)? Alors forcément quand je lui dis "on en peut plus" il me rétorque que si X ou Y y arrivent parfaitement, c'est à W ou Z qui n'y arrivent pas de se remettre en question.... Que répondre à ça? Evidemment en réunion collective où on nous demande de nous exprimer, tout va bien, personne n'a jamais rien à dire!
Alors moi au bout d'un moment je laisse tomber
Depuis mon départ en CPE elles sont passés en 10h, sans modifier l'effectif en journée, il parait qu'on est sur les rotules le soir....... mais personne ne s'en plaint, il y a juste un grand défilé de personnel et des offres de CDI qui restent 6 mois affichés au pôle emploi parce que personne ne dépasse la période d'essai

[Abja]

Et ceux qui restent et qui ne se plaignent pas finiront le dos cassé à 60 ans, épuisement nerveusement...

[Scampi38]

Et encore, si elles tiennent jusqu'à 60 ans...!

Les "mauvais" chef font les "mauvaises" équipes de toute façon... Mais c'est sûr que si personne ne dit rien, ça ne changera pas. C'est triste à dire mais si les équipes "tolèrent" la façon que leurs dirigeants ont de les malmener, alors ça ne risque pas d'évoluer dans le bon sens...! Après tout, l'argent rentre, donc pour eux c'est que ça fonctionne! Malheureusement, la souffrance de leurs employés ne se chiffre pas sur le bilan de fin d'année et n'affecte pas leur 13ème mois...

[Abja]

Et ce qui m'inquiete c'est qu'on a perdu la culture de la solidarité et de la contestation argumentée.

Les dirigeants se goinfre grâce à notre incapacité de nous réunir et de mettre fin à ce concept aberrant qu'est l'ehpad en l'état...

[caroline83]

bonjour,

Bon ben voilà...n'y tenant plus, je suis aller à ma direction et j'ai dis pour le coup des photos...le reste elle est déjà au courant.

Elle a pris mon témoignage et m'a remerciée...je ne sais pas quelle sera la suite donnée.

Elle m'a juste demandée si je pensais si de mon ressenti c'était un geste pervers ou pour "s'amuser"...

je lui ai répondu que je n'en savais rien (après tout je ne suis pas psy et ce n'est pas mon rôle de juger).

Voilà...en tout cas merci à toute pour vos commentaires car j'avoue avoir été perdu.