Retraite complementaire

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Mel83
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Retraite complementaire

Message par Mel83 »

Bonjour a toutes et tous, je souhaiterai savoir si il faut souscrire a une retraite complementaire.
En effet un courtier a pris contact avec moi pour me proposer un contrat avec Generali, il me dit de mettre au moins 170 euros par mois, en loi madelin. Pensez vous que cela en vaille la peine ou vaut il mieux ouvrir un compte perso et mettre de l'argent de cote, ou encore souscrire a une assurance vie ou des trucs dans le genre ?
La carpimko ne sera evidemment pas suffisante a la fin alors que faire ?
J'aimerai bien avoir quelques conseils pour eviter de faire une betise :) on paye deja tellement de chose que j'hesite a ouvrir encore un contrat avec une boite d'assurance...
Je precise que cela va faire deux ans que je suis en liberale et que j'ai 28 ans si cela peut aider.

Merci d'avance :)
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tililoo
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Re: Retraite complementaire

Message par tililoo »

Bonjour,

Pour ma part j'ai une assurance vie relativement bien placée ouverte depuis plus de 8 ans qui fonctionne donc comme un compte courant, cela me permet de placer de l'argent et d'en enlever si besoin (taux de 4% en 2009 et pour 2010 2,75% garanti avec réévaluation à la fin de l'année, pas de frais de gestion, ni de frais sur les versements)

Je ne sais pas comment fonctionne la complémentaire que te propose ton courtier mais attention a être sûre de récupérer toutes tes billes et surtout plus à la fin !

L'avantage de l'assurance vie c'est que si il m'arrive quelque chose mes bénéficiaires récupèrent le capital, je ne pense pas que ce soit le cas pour la retraite complémentaire.
Infirmière libé...rée!!! :saut:
Houblon
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Re: Retraite complementaire

Message par Houblon »

Attention effectivement tout n'est pas rentable en loi Madelin, bien faire le tour avant, notamment des conditions de liquidation du contrat (+ou-taxes).
AS 31
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Re: Retraite complementaire

Message par AS 31 »

Houblon a écrit :Attention effectivement tout n'est pas rentable en loi Madelin, bien faire le tour avant, notamment des conditions de liquidation du contrat (+ou-taxes).
Bonjour,

Je viens de découvrir ce message qui date un peu mais qui est toujours d'actualité et je me rends compte, à travers différents post lus sur différents forums dont celui-ci, que la retraite reste une grande inconnue pour de nombreuses personnes. C'est un vaste sujet (c'est ma spécialité depuis 22 ans et je ne suis pas sur d'en avoir fait le tour).

Je vais tenter de vous donner des pistes de réflexion et de sélection concernant la retraite en loi Madelin, produit pour lequel vous êtes probablement le plus sollicités, juste devant la loi Duflot (dont je pourrais vous démontrer le risque une autre fois, si vous le souhaitez).

Le point le plus important à prendre en compte avant de souscrire à un contrat Madelin est de vérifier si la table de mortalité servant à transformer le capital en rentes est garantie ou non au départ, je m'explique :

Imaginons que, juste avant de prendre votre retraite, il y ait 100 000 € sur le contrat, que le taux de conversion du capital en rentes soit fixé au début du contrat et qu’il se base sur une espérance de vie de 20 ans. L’assureur fera le calcul suivant (c’est en fait un peu plus compliqué mais à peine plus) :

100 000 € divisé par 20 = une rente annuelle de 5 000 €

Supposons maintenant un contrat qui vous indique que le calcul consistant à transformer le capital en rentes se fera en fonction des tables de mortalité du jour où vous prendrez votre retraite. Sachant que l’espérance de vie en France continue à augmenter, vous pourriez vous retrouver dans la situation suivante (supposons une espérance de vie de 25 ans) :

100 000 € divisé par 25 = une rente annuelle de 4 000 €

Cela fait une différence de 25 % (4 000 + 25 % = 5 000) alors que le capital était le même à la fin de la période d’épargne

ça, c'est la base, mais allons plus loin :

Il y a deux types de contrats : monosupport (comportant seulement un fonds en euro) et multissupports (fonds euro plus fonds en sicavs, en actions, en scpi, en obligations …).

Pour ma part, je déconseille vivement actuellement les fonds de type « bourse » pour des raisons que je tenterai de vous expliquer dans un autre post (trop long pour le faire ici et hors sujet par rapport à la rente, mais je résumerais en disant que je crains un krach boursier et que, même sans cela, est-il utile de prendre autant de risques pour un tel résultat ? : CAC 40 3787,19 points le 5 mars 2013, 2655,07 le 5 mars 2003 (soit 3,58 % net par an sur 10 ans), 3395,80 le 5 mars 1998 (0,75 % net / an sur 15 ans), 1995,10 le 5 mars 1993 (3,26 % net / an sur 20 ans)).

Je vais peut-être vous mettre le doute mais on dit souvent qu’un fonds euro est sécurisé. Pourtant, ces supports sont truffés de dettes souveraines européennes sans qu'on puisse en avoir le détail. D'une manière générale, il faut bien avouer que l’information concernant la constitution et la gestion des produits financiers est soit inaccessible, soit opaque (une preuve ? : même le Livret A est touché par la crise des marchés actions et par la dette Grecque, lisez plutôt : http://www.challenges.fr/finance-et-mar ... ncais.html).

En ce qui concerne ce que l’on appelle les « taux techniques », il en existe 3 :

1) Le taux minimum garanti. C’est le taux de rémunération minimum de l’épargne sur un fonds euro, pour lequel l’assureur est obligé de constituer des provisions et auquel il ajoute chaque année une « participation aux bénéfices » dont le taux est indiqué dans les conditions générales du contrat (ceux qui ont souscrit leur contrat depuis suffisamment longtemps peuvent bénéficier d’un taux minimum de 3,5 % voire 4,5 %, avec souvent une table de mortalité garantie mais souvent une participation limitée à 85 % des bénéfices).

2) Le taux de transformation du capital en rentes (calculé par l’actuaire de la compagnie par rapport à l’espérance de vie fixée par les tables de mortalité de l’INSEE) qui peut être soit fixé au départ, soit fixé à l’arrivée (au moment de toucher la rente), soit fixé au départ mais seulement jusqu’à une certaine date ou seulement pour un nombre d’années données ou encore jusqu’à un certain âge à la souscription… faites votre marché !

3) Le taux minimum annuel de revalorisation de la rente (minimum 0 %) auquel l’assureur va ajouter chaque année (ou non) un taux complémentaire en fonction de ses résultats financiers (les bénéfices ou pertes qu’il a réalisés en plaçant l’argent) et de ses résultats techniques (en gros, sur une rente : bénéfice quand un client décède avant d’avoir touché en rentes tout le capital constitué sur son contrat, perte quand le client vit plus vieux que prévu par les tables de mortalité)

On peut penser, comme il est fréquent de le lire, qu’un taux de conversion du capital en rentes ou un taux technique minimum de revalorisation de la rente garantis dès la signature du contrat se paie sur la revalorisation moindre des rentes dans le temps.
Mais On peut aussi supposer que l’on profite plutôt mieux d’une valeur de rente élevée pendant ses premières années de retraite (voyages, resto, loisirs…) que plus tard (sauf en cas de dépendance s’il faut se payer une place en EHPAD).

Enfin, il faut savoir que la Loi Madelin date de 1994 et donc que peu d’assureurs, de conseillers, de CGP, de clients ont un réel recul sur le sujet des rentes et de leur pérennité.

La question est de savoir comment vont se comporter les assureurs et leurs rentes dans le temps avec les départs massifs en retraite qui ne font que commencer (regardez la pyramide des âges de la population française, celle des médecins, celle des experts comptablespour ceux qui le souhaitent ce sont des données qui se trouvent sur mon site internet dédié à la retraite et dont je peux vous transmettre le lien en privé, car sinon, ce serait de la pub).

Vous allez peut-être penser que je délire mais peut-on être sûr qu’il n’y aura pas un jour une nouvelle réglementation européenne changeant les règles en cours de route pour s’aligner sur les tables de mortalité de la Pologne ou par solidarité avec les lapins d’Alaska (pardon mais la dissertation technique sur les problèmes des rentes m’avait créé des nœuds au cerveau que j’avais besoin de dénouer par une « boutade »).

Pour conclure, les compagnies d’assurance ne pratiquant pas la philanthropie (je suis au courant, j’y ai « baigné » pendant 16 ans mais, promis, je suis guéri), je préfère « tenir que courir ». Ainsi, un taux de conversion en rentes garanti au départ allié à un taux de revalorisation minimum de la rente, même s’il se paie à travers des frais, est pour moi préférable à un contrat sans aucunes garanties qui laisse « carte blanche » à l’assureur.

Enfin, vus la faiblesse des rendements servis aujourd’hui sur les fonds en euro et le risque de perte en capital sur les supports « bourse », les contrats de type « Madelin » ne sont, à mon sens, qu’une alternative complémentaire à d’autres solutions pour compléter sa retraite. Il faut en effet ajouter le manque de disponibilité du capital (compensé par un avantage fiscal mais qui est plafonné et d’autant plus faible que le taux marginal d’imposition est faible), le fait que la réversibilité de la rente sur la tête du conjoint se paie sur le montant des rentes servies (surtout si vous avez eu « l’audace » de choisir un conjoint beaucoup plus jeune que vous) et que ce type de solution ne laisse rien aux héritiers.

Cependant, même si ce n'est pas la meilleure solution, il vaut mieux avoir un contrat Madelin médiocre que rien du tout : je ne sais pas si certains d'entre vous on fait faire une estimation de leur retraite (vous pouvez me le demander, mais en privé) ou ont demandé une estimation à la Carpimko mais, un conseil : ne le faites pas un jour où vous n'avez pas le moral.

J'espère avoir pu vous aider à y voir plus clair et à déjouer les discours commerciaux.
Contrairement aux apparences, je ne suis pas aide soignant ! Je suis depuis 22 ans dans le conseil en protection sociale et les initiales de ma société sont AS 31... confusion involontaire!
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