Questionnements de retour de stage

[Anonyme00]

Bonjour à tous

Je reviens de mon tout premier stage. Il a duré 5 semaines.

Il y a certaines choses dont je n'ai pas encore pu parler, les formateurs n'étant pas disponibles. Mais, cela me pose problème. J'en ai parlé avec certains de mes camarades de classe mais je trouve délicat de "mettre à nu" ce que l'on a ressenti (peur d'être à côté de la plaque ? ).

J'étais en psy. Il y a 2 choses qui m'ont vraiment interpellée... (entre autres... il y en a plein d'autres ).


Est ce qu'il est normal, dans le métier infirmier :

1 - de se moquer presque tout le temps des patients, systématiquement lors des pauses, même quand la porte du bureau des infirmiers est ouverte et que le patient est dans le couloir (il n'est pas supposé comprendre mais quand même), même quand le patient peut entendre et comprendre (lors d'un soin par exemple, surtout quand c'est moi qui suit en train de faire le soin ) ?
(se moquer de leur apparence physique, de leurs comportements ?, de leur incurie, de leurs tics et tocs ?, du fait qu'il se fasse pipi dessus, etc, etc)

Ça me met mal à l'aise... ! C'est horrible. Je comprends que l'on est envie de décompresser parfois et rire de situations cocasses... mais quand c'est systématique et que c'est toujours au détriment du patient... Ça me dérange... Je n'y arrive pas !!!
=> On m'a reproché d'être trop sensible.

J'avais les mêmes horaires de travail, les mêmes patients (à part 4 quasi résidents, les autres n'étaient pas hospitalisés depuis plus longtemps que la durée de mon stage). A quelques exceptions près, les soignants ne souhaitaient qu'une chose, c'est qu'ils partent de l'unité. Quand je parlais de certains problèmes, c'était des "lever les yeux au ciel, pousser des soupirs, dire ne plus supporter leur comportement, etc etc.


2 - est ce qu'il est normal de faire attendre un patient 2 heures, pour un médicament (si besoin), pour un verre d'eau... Certes, il n'y a pas d'urgence pour le patient, mais quand est-il de son bien-être (dont on nous taraude les oreilles de longue en cours) ?
(sans qu'il y ait d'urgence empêchant de s'occuper du patient, évidemment. La raison donnée, en général, pour faire patienter le patient c'était que soit, on allait faire la pause, on était en pause (3 heures de pause par jour), on était en train de faire quelque chose d'autre pas plus ou moins urgent, etc, etc.).

Ça aussi, j'ai du mal à accepter !

=> on m'a reproché de ne pas savoir dire "non" (oui mais faire attendre 2 heures ?)


J'en arrive à me demander si ces éléments font partie du quotidien des infirmiers ? et si je vais pouvoir supporter ce détachement vis à vis du patient... j'ai très mal vécu ce stage. J'ai eu l'impression que les patients étaient de la chair à saucisse, des pathologies. Ils n'avaient pas de vie, à part attendre l'effet du traitement, attendre de pouvoir sortir de la prison glauque et sordide dans laquelle ils étaient enfermés (j'étais dans une unité fermée).

J'avais l'impression que c'était une prison pour les patients et pour les soignants aussi (prisonniers de leur propre routine)

Mon seul plaisir dans ce stage, ça a été le contact avec les patients

PS :
3 - 3 heures de pause pour 8 heures de travail ? Je m'ennuyais. Je n'avais pas envie de discuter avec les soignants, enfin pas plus que ça ! Je rêvais de pouvoir faire des soins techniques (les seuls où je me sentais à l'aise en tant qu'infirmière débutante), mais il y avait pas grand chose et on était 4 étudiants parfois.

[Anonyme00]

Est ce que les questions sont à côté de la plaque ? Faudrait il que je pose la question plutôt dans le forum IDE ?

[Benji30]

Non elles ne sont pas "à côté de la plaque" mais il est difficile de t'éclairer sans connaitre le lieu de stage ni ses spécificités... En as tu parlé avec les infirmiers? Le cadre de santé? Tes formatrices?

[vaness desiles]

Bonjour Anonyme00,

Tu n'es pas du tout à côté de la plaque et je trouve que tu te poses les bonnes questions. J'ai moi même du faire face à ce genre de situation (en tant q'élève aide soignante) avec a peu près le même comportement que toi, je ne participais pas à leurs moqueries et pour moi, les pauses étaient également trèèèèèès longues. J'ai effectué mon stage jusqu'au bout avec une appréciation moyenne car elles ont bien insité sur le fait que je ne m'étais pas intégré à l'équipe (tu métonnes!!!!)

Il est vrai que l'on nous demande de prendre de la distance vis à vis du patient, mais je trouve que cela n'empêche de les respecter. Bien sûr, il ne s'agit pas de répondre de manière affirmative à toutes leurs demandes car c'est impossible (cela dépend de la demande). Mais certains soignants devraient davantage réfléchir et songer que plus tard, ils seront indéniablement à la place de ces personnes (et je leur souhaite que leur cas ne soit pas plus grave)
et que à ce moment là, ils souhaiteront avoir une oreille bienveillante comme la tienne ou la mienne.

Ce comportement a beaucoup à voir avec le syndrome de la blouse blanche.

Dans tous les cas, je te souhaite bon courage, c'est une situation que tu rencontreras certainement au cours de ta formation et peut être ta carrière future, mais comme l'a dit ma formatrice, ce sera à toi de décider avec quelles genres de personnes tu souhaites travailler.

[mbombo]

oui je suis en stage en psy et je suis choquée par le personnel infirmier qui passe son temps a se moquer des patients. Je me sens mal à l'aise face à ça et d'ailleurs ils doivent bien se foutre bien de moi qui suis élève non expérimentée. Je n'en parlerai pas en retour de stage par soucis de ne pas passer pour celle qui veut faire son intéressante. J'ai un bon contact envers les patients hélas j'ai du mal envers le personnel.
J'espère que les prochains stages vont être mieux.

[mbombo]

Une chose incroyable. Je me suis faite interpellé par une patiente en sortant du service. Elle m'a dit, je vous trouve humaine. J'ai l'impression que les autres ne nous prennent pas en considération. Avoir du métier certes mais sans humanité c'est dommage. J'ai souris. Donc les patients sont bien conscient de ça . Je me faisais un plaisir de faire ce stage mais j'en arrive a avoir mal au ventre d'y aller.

[Anonyme00]

Étudiants, infirmiers. .. beaucoup m'ont répondu que c'était normal de se moquer des patients, c'était pour se détacher...
Peut être supporter la proximité de la douleur et du corps du patient (que l'on a pas le droit de rejeter), ce corps que le patient nous impose malgré lui ?
Moi je les trouvais normaux ces patients, un peu comme des gens de la vie de tous les jours, avec des pathologies particulières. .. ça me viendrait pas à l'idée de me moquer de mes voisins ou autres. .. enfin surtout pas de leur physique ou de leur maladie.

[augusta]

Moi je les trouvais normaux ces patients, un peu comme des gens de la vie de tous les jours, avec des pathologies particulières. .. ça me viendrait pas à l'idée de me moquer de mes voisins ou autres. .. enfin surtout pas de leur physique ou de leur maladie.

Et ils le sont! Ils ne sont pas si différents de nous en tous les cas!

Pour ce que tu relates, tu peux en parler en régul de stage....mais attention à ce que ça ne te retombe pas dessus. Tout dépend de ta formatrice référente.

Sinon pour les IDE, ce n'est pas parce que tu as une blouse blanche et un diplome d'Etat que tu es quelqu'un de bien.
C'est ça que tu dois accepter: que certains soient de gros cons....

[Limbecile]

Moi je les trouvais normaux ces patients, un peu comme des gens de la vie de tous les jours, avec des pathologies particulières. .. ça me viendrait pas à l'idée de me moquer de mes voisins ou autres. .. enfin surtout pas de leur physique ou de leur maladie.

Et ils le sont! Ils ne sont pas si différents de nous en tous les cas!

Pour ce que tu relates, tu peux en parler en régul de stage....mais attention à ce que ça ne te retombe pas dessus. Tout dépend de ta formatrice référente.

Sinon pour les IDE, ce n'est pas parce que tu as une blouse blanche et un diplome d'Etat que tu es quelqu'un de bien.
C'est ça que tu dois accepter: que certains soient de gros cons....

+1!!
Et garde bien en tête que malgré ce qu'on te dis, on a pas tous le même diplôme. On a tous les mêmes cours mais ce que tu en fais, c'est toi que ca regarde!

[WILLIAMM]

Étudiants, infirmiers. .. beaucoup m'ont répondu que c'était normal de se moquer des patients, c'était pour se détacher...
Peut être supporter la proximité de la douleur et du corps du patient (que l'on a pas le droit de rejeter), ce corps que le patient nous impose malgré lui ?
Moi je les trouvais normaux ces patients, un peu comme des gens de la vie de tous les jours, avec des pathologies particulières. .. ça me viendrait pas à l'idée de me moquer de mes voisins ou autres. .. enfin surtout pas de leur physique ou de leur maladie.

Surtout ne change pas. Ni demain ni dans 10 ans. Ni dans 40 ans.

[Lenalan]

Le retour de stage c'est toujours l'occasion de se questionner sur ce qu'on a vu. Moi c'est au niveau de la façon dont certaines s'adressaient aux personnes âgées démentes qui venaient en chirurgie, on voit que certaines n'aiment pas ça et n'ont pas la patience. Alors c'est pas des moqueries mais c'est des hurlements et des menaces "si vous continuez à vouloir vous lever je vais vous attacher, ça suffit hein, maintenant!" ou "si vous continuez de crier je vous lave pas et vous irez vous faire voir!". moi ça me choque, je ne supporte pas (j'ai pas dit que j'avais une patience à toute épreuve mais la douceur marche mieux, je ne montre jamais mon énervement, elles me disaient que je ne "pétais pas un câble" parce que j'étais au début de la formation, mais que dans 10 ans je serai aussi énervée devant ce genre de personnes, je ne leur ai pas dit que j'ai été AS pendant des années auprès de personnes âgées avec des démences ou Alzheimer et que des filles comme elles on les invitait à se calmer sinon c'est la porte, j'aurais dû....).

Voir des gens comme ça c'est aussi positif, ça nous permet de trouver nos contre-modèles et de se dire "je ne serai pas comme ça". Après bien sûr il faut s'en rappeler et savoir reconnaître quand on commence à glisser de l'autre côté (quel soignant un jour s'est dit "tiens, plus tard je me moquerai des gens que je soigne!", aucun. Pourtant ils sont là...). Des fois on se sent pas "glisser", parfois la dynamique de groupe est telle qu'on tombe dedans, c'est pour ça qu'il ne faut jamais laisser s'installer la routine, il faut toujours s'interroger sur ce qu'on fait et comment on le fait. Surtout quand ça fait des années qu'on travaille avec une population parfois "lourde", il ne faut jamais baisser la garde....

[binetesow]

Le retour de stage c'est toujours l'occasion de se questionner sur ce qu'on a vu. Moi c'est au niveau de la façon dont certaines s'adressaient aux personnes âgées démentes qui venaient en chirurgie, on voit que certaines n'aiment pas ça et n'ont pas la patience. Alors c'est pas des moqueries mais c'est des hurlements et des menaces "si vous continuez à vouloir vous lever je vais vous attacher, ça suffit hein, maintenant!" ou "si vous continuez de crier je vous lave pas et vous irez vous faire voir!". moi ça me choque, je ne supporte pas (j'ai pas dit que j'avais une patience à toute épreuve mais la douceur marche mieux, je ne montre jamais mon énervement, elles me disaient que je ne "pétais pas un câble" parce que j'étais au début de la formation, mais que dans 10 ans je serai aussi énervée devant ce genre de personnes, je ne leur ai pas dit que j'ai été AS pendant des années auprès de personnes âgées avec des démences ou Alzheimer et que des filles comme elles on les invitait à se calmer sinon c'est la porte, j'aurais dû....).

Voir des gens comme ça c'est aussi positif, ça nous permet de trouver nos contre-modèles et de se dire "je ne serai pas comme ça". Après bien sûr il faut s'en rappeler et savoir reconnaître quand on commence à glisser de l'autre côté (quel soignant un jour s'est dit "tiens, plus tard je me moquerai des gens que je soigne!", aucun. Pourtant ils sont là...). Des fois on se sent pas "glisser", parfois la dynamique de groupe est telle qu'on tombe dedans, c'est pour ça qu'il ne faut jamais laisser s'installer la routine, il faut toujours s'interroger sur ce qu'on fait et comment on le fait. Surtout quand ça fait des années qu'on travaille avec une population parfois "lourde", il ne faut jamais baisser la garde....

d'où l’intérêt des APP, revoir notre façon de faire parce qu'effectivement je ne crois pas que ces soignants se sont dits un jour je deviendrais comme ça

quand je vois l'expérience de Milgram ou ce en encore en psychologie sociale, l'effet de groupe, pourtant on est souvent à dire "nonnnnnnnnnnnnnnn ça je ne le ferais jamais une telle chose, et pourtant...."

je ne suis pas là pour défendre ces soignants, loin de là, rien n'excuse leur comportement mais il faut voir aussi pourquoi ils agissent comme ça si tu leur pose la question séparément et dans un autre contexte

il y'a aussi nous en tant stagiaire, on débarque tout frais tout pimpant avec un œil bien aiguisé et on voit souvent mais très souvent ce qui ne fonctionne pas dans une équipe ( c'est pour ça que je trouve l'idée des APP bien car on pointe du doigt ce qui n'a pas fonctionné sur notre pratique et non celles des autres pour éviter de vite tomber dans le jugement), sauf qu'il faut aussi prendre en compte que cette structure existe bien longtemps avant nous, qu'elle continuera de tourner sans nous et que nous sommes de passage et nous devrions aussi voir (même si je l'avoue c'est difficile dès fois) ce qu'il y a de bon au sein de cette équipe.

on peut toujours essayer de montrer à l'équipe dans notre façon de faire qu'il existe bien d'autres manières de faire sans pour autant que ces derniers se sentent pointer du doigt, le tout avec atticisme.

donc je dirais de garder en mémoire ces bon moments que tu as passé auprès de ces patients