Lien avec un patient
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Lien avec un patient
Bonjour,
Je suis étudiante en deuxième année en stage en psychiatrie en ce moment et souhaiterais connaître vos avis concernant une situation qui m'est arrivée et qui fait naître un certain conflit moral + culpabilité.
Un patient a été admis en soins libres il y a quelques temps pour un trouble de la personnalité avec un trait impulsif prononcé qu'il n'arrivait pas forcément à maîtriser et qui pouvait lui faire défaut à la fois dans sa profession mais également avec sa famille. Une notion de bipolarité a été évoquée, mais aucun diagnostic n'a été posé et l'observation clinique du côté des infirmiers n'a pas confirmé cette notion (Cependant, l'hospitalisation fut courte, environ une semaine et demi, ce qui n'aide certainement pas à poser un diagnostic précis).
Toujours est-il qu'à sa sortie, il m'a remis un mot où il faisait part de son envie de me revoir à l'extérieur. Dans un premier temps, je suis allée le voir lui disant que j'étais ici dans un contexte professionnel et qu'aucune relation extérieure ne serait possible. Néanmoins, l'envie était réciproque et ayant terminé mon stage depuis un moment, j'hésite à le recontacter. Après tout, je me dis que je reste humaine avant tout et que je suis libre de voir des personnes à l'extérieur de l'hôpital tant que cela n'influence pas mon travail. Et c'est là que surgit la culpabilité. Un séjour en psychiatrie n'est pas anodin non plus, la distance thérapeutique est certainement d'autant plus importante. Alors envisager de revoir ce patient me remet en question vis à vis de ma conscience professionnelle, des valeurs et de la déontologie du métier.
J'aurais ainsi besoin de vos avis. Savoir si l'envie de le revoir est à bannir absolument, si je peux continuer de l'envisager. Si ce genre de situation vous est également déjà arrivé et comment vous avez géré ça, surtout concernant votre conscience.
En vous remerciant d'avance.
Je suis étudiante en deuxième année en stage en psychiatrie en ce moment et souhaiterais connaître vos avis concernant une situation qui m'est arrivée et qui fait naître un certain conflit moral + culpabilité.
Un patient a été admis en soins libres il y a quelques temps pour un trouble de la personnalité avec un trait impulsif prononcé qu'il n'arrivait pas forcément à maîtriser et qui pouvait lui faire défaut à la fois dans sa profession mais également avec sa famille. Une notion de bipolarité a été évoquée, mais aucun diagnostic n'a été posé et l'observation clinique du côté des infirmiers n'a pas confirmé cette notion (Cependant, l'hospitalisation fut courte, environ une semaine et demi, ce qui n'aide certainement pas à poser un diagnostic précis).
Toujours est-il qu'à sa sortie, il m'a remis un mot où il faisait part de son envie de me revoir à l'extérieur. Dans un premier temps, je suis allée le voir lui disant que j'étais ici dans un contexte professionnel et qu'aucune relation extérieure ne serait possible. Néanmoins, l'envie était réciproque et ayant terminé mon stage depuis un moment, j'hésite à le recontacter. Après tout, je me dis que je reste humaine avant tout et que je suis libre de voir des personnes à l'extérieur de l'hôpital tant que cela n'influence pas mon travail. Et c'est là que surgit la culpabilité. Un séjour en psychiatrie n'est pas anodin non plus, la distance thérapeutique est certainement d'autant plus importante. Alors envisager de revoir ce patient me remet en question vis à vis de ma conscience professionnelle, des valeurs et de la déontologie du métier.
J'aurais ainsi besoin de vos avis. Savoir si l'envie de le revoir est à bannir absolument, si je peux continuer de l'envisager. Si ce genre de situation vous est également déjà arrivé et comment vous avez géré ça, surtout concernant votre conscience.
En vous remerciant d'avance.
Re: Lien avec un patient
Bonjour
Une première question me vient à l'esprit : pourquoi évoquer la situation diagnostique du patient ?
Les autres questions viendrons par la suite.
Une première question me vient à l'esprit : pourquoi évoquer la situation diagnostique du patient ?
Les autres questions viendrons par la suite.
Re: Lien avec un patient
Sûrement parce qu'on sait ce qu'évoque la bipolarité, et que dans mon esprit, si le diagnostic n'a pas lieu d'être, il n'y aura pas forcément nécessité d'hospitalisations ultérieures pour ce patient dans le sens où un trouble de la personnalité nécessiterait davantage une psychothérapie. Ce qui est rassurant pour moi.
Re: Lien avec un patient
Qu'est ce qu'évoque le fait d'être bipolaire ?
Est ce que vous pensez demander aux gens que vous allez rencontrer s'ils ont un diagnostic psy ?
Un trouble de la personnalité peut aussi aboutir a de nombreuses hospitalisations ... est ce la question du risque d'hospitalisation ou celle du mode de rencontre qui vous pose le plus question ?
Est ce que vous pensez demander aux gens que vous allez rencontrer s'ils ont un diagnostic psy ?
Un trouble de la personnalité peut aussi aboutir a de nombreuses hospitalisations ... est ce la question du risque d'hospitalisation ou celle du mode de rencontre qui vous pose le plus question ?
Re: Lien avec un patient
Les deux. Le mode de rencontre et ce qui s'ensuit soulève des interrogations quant à mon positionnement professionnel. Et le risque d'hospitalisation n'est pas confortant. Puisque le fait de revoir un patient à l'extérieur qui se fait hospitaliser à maintes reprises tend peut-être à orienter vers de mauvaises directions. J'entends par là adopter une attitude plus "maternante" et aidante en lien avec le métier. La part des choses me paraît difficile à faire. Possible, certainement, mais difficile.
Après, je ne suis qu'étudiante, mes connaissances en psychiatrie ne sont pas aussi étayées que les professionnels mais la prise en charge d'une personne bipolaire me paraît être beaucoup plus fluctuante et longue que pour celle d'une personne souffrant d'un trouble de la personnalité. Celle-ci me semblant davantage dépendre d'un psychologue que des infirmiers psy. Sûrement la raison pour laquelle j'ai voulu préciser que le diagnostic de bipolarité n'avait pas été établi puisque pour ma part, il m'est plus facile d'imaginer revoir un patient dans ce contexte. Après le problème reste le même, et la question du mode d'hospitalisation revient puisque je me demande toujours si j'ai le droit de revoir ce patient tout en bafouant les valeurs inculquées dans la formation.
Et bien sûr que non, je ne pense pas demander à tous les gens que je rencontre s'ils ont des antécédents psy, simplement là, je le sais. Et même si l'envie de le recontacter est présente, je n'ai pas envie de faire des mauvais choix en connaissance de cause.
Après, je ne suis qu'étudiante, mes connaissances en psychiatrie ne sont pas aussi étayées que les professionnels mais la prise en charge d'une personne bipolaire me paraît être beaucoup plus fluctuante et longue que pour celle d'une personne souffrant d'un trouble de la personnalité. Celle-ci me semblant davantage dépendre d'un psychologue que des infirmiers psy. Sûrement la raison pour laquelle j'ai voulu préciser que le diagnostic de bipolarité n'avait pas été établi puisque pour ma part, il m'est plus facile d'imaginer revoir un patient dans ce contexte. Après le problème reste le même, et la question du mode d'hospitalisation revient puisque je me demande toujours si j'ai le droit de revoir ce patient tout en bafouant les valeurs inculquées dans la formation.
Et bien sûr que non, je ne pense pas demander à tous les gens que je rencontre s'ils ont des antécédents psy, simplement là, je le sais. Et même si l'envie de le recontacter est présente, je n'ai pas envie de faire des mauvais choix en connaissance de cause.
- augusta
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Re: Lien avec un patient
Bonjour Bairipia,
Que cette personne souffre de troubles bipolaires ou d'un trouble de la personnalité, peu importe.
La rencontre amoureuse est faussée de part le lieu et vos places respectives.
Qu'est-ce qui lui a plu chez toi? Que cherche-t-il à travers toi? (étudiante en stage).
Je te conseillerais de déchirer le papier et de passer rapidement à autre chose.
Que cette personne souffre de troubles bipolaires ou d'un trouble de la personnalité, peu importe.
La rencontre amoureuse est faussée de part le lieu et vos places respectives.
Qu'est-ce qui lui a plu chez toi? Que cherche-t-il à travers toi? (étudiante en stage).
Je te conseillerais de déchirer le papier et de passer rapidement à autre chose.
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
Re: Lien avec un patient
Bien des gens, même bipolaire, vivent en couple dans une relation durable. Avoir à l'idée certains travers qui peuvent découler de cette relation permet de s'en protéger.
Ce n'est pas aux autres de prendre position pour vous.
Mais pour prendre position vous devrez accepter certaines possibilités vis a vis de l'hospitalisation et surtout être sûr de ce que vous ne pouvez pas être pour lui.
Ce n'est pas aux autres de prendre position pour vous.
Mais pour prendre position vous devrez accepter certaines possibilités vis a vis de l'hospitalisation et surtout être sûr de ce que vous ne pouvez pas être pour lui.
Re: Lien avec un patient
Un peu.augusta a écrit : La rencontre amoureuse est faussée de part le lieu et vos places respectives.
Disons que ceci :
Sera toujours un peu faussé.être sûr de ce que vous ne pouvez pas être pour lui.
Après ça s'est déjà vu, je connais une nana qui était infirmière en ophtalmo, son mari est un ancien patient, ils se sont rencontrés dans le service. Comme quoi...
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
J. Oury
Re: Lien avec un patient
bonjour bairipiya
si tu souhaites le revoir, je pense que ce serait préférable que tu termines ton stage en psy, car, si une réhospitalisation s'avère nécessaire alors que tu es encore dans le service, cela risque de devenir compliqué car tu aurais tissé des liens
le trait impulsif dont tu parles est-il violent, ou auto destrustreur, ou compulsif?
te sens-tu capable de partir sur ces bases?(pas obligée de nous répondre pour éviter de dévoiler )
à priori, ce que tu dis, est que ce n est pas la première hospit
ce qui me fait "tiquer" en revanche, c'est ceci
J'entends par là adopter une attitude plus "maternante" et aidante en lien avec le métier. La part des choses me paraît difficile à faire. Possible, certainement, mais difficile.
qu'il ait un problème psychologique, une insuffisance rénale ou un bouton d'herpès, n'induit pas être sa mère
tout en gardant son humanité, il convient de ne pas avoir une attitude maternante, aidante, oui
et, bien que pas une pro de la psy, je doute qu'une attitude maternante résolve tout, alors, les services seraient vides depuis longtemps
les "pro" ont évoqué la bipolarité, j ai le sentiment que tu aimerais autant que ce ne soit pas cela, c'est un diagnostic qui met parfois du temps à être posé
en faisant écho à brrruno, je pense que ses 2 questions t' inquiètent
difficile de nous positionner à ta place, chacun et chacune ayant son histoire de vie, ses limites
d ailleurs nos choix amoureux sont différents les uns des autres
et toi, te sens tu capable de vivre avec lui avec des possibles séjours en psy, se sens tu capable de supporter son trouble de personnalité qui ne guérira pas en 2 sénces de psychothérapie je le crains
bref, l'acceptes-tu comme il est?
comme augusta, j'aurai passé à autre chose, mais nous ne sommes pas toi

si tu souhaites le revoir, je pense que ce serait préférable que tu termines ton stage en psy, car, si une réhospitalisation s'avère nécessaire alors que tu es encore dans le service, cela risque de devenir compliqué car tu aurais tissé des liens
le trait impulsif dont tu parles est-il violent, ou auto destrustreur, ou compulsif?
te sens-tu capable de partir sur ces bases?(pas obligée de nous répondre pour éviter de dévoiler )
à priori, ce que tu dis, est que ce n est pas la première hospit
ce qui me fait "tiquer" en revanche, c'est ceci
J'entends par là adopter une attitude plus "maternante" et aidante en lien avec le métier. La part des choses me paraît difficile à faire. Possible, certainement, mais difficile.
qu'il ait un problème psychologique, une insuffisance rénale ou un bouton d'herpès, n'induit pas être sa mère
tout en gardant son humanité, il convient de ne pas avoir une attitude maternante, aidante, oui
et, bien que pas une pro de la psy, je doute qu'une attitude maternante résolve tout, alors, les services seraient vides depuis longtemps
les "pro" ont évoqué la bipolarité, j ai le sentiment que tu aimerais autant que ce ne soit pas cela, c'est un diagnostic qui met parfois du temps à être posé
en faisant écho à brrruno, je pense que ses 2 questions t' inquiètent
difficile de nous positionner à ta place, chacun et chacune ayant son histoire de vie, ses limites
d ailleurs nos choix amoureux sont différents les uns des autres
et toi, te sens tu capable de vivre avec lui avec des possibles séjours en psy, se sens tu capable de supporter son trouble de personnalité qui ne guérira pas en 2 sénces de psychothérapie je le crains
bref, l'acceptes-tu comme il est?
comme augusta, j'aurai passé à autre chose, mais nous ne sommes pas toi
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Re: Lien avec un patient
@ AmThLi
Oui, mais c'était en ophtalmo....pas en psy. Pour moi ça change tout.
Oui, mais c'était en ophtalmo....pas en psy. Pour moi ça change tout.
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
Re: Lien avec un patient
Disons que ça rend plus compliqué la situation car les enjeux transférientiels y sont plus présents. Donc, construire une relation avec ce présupposé...
Ensuite tout dépend, en plus, à qui on a affaire. "Bipolaire" ne voulant pas dire grand chose.
Après à toi de voir ce que tu as bien pu lui trouver... en sachant que cette situation de soin peut justement y être pour quelque chose, auquel cas il sera très difficile de construire une relation sur cette base.
Au passage, il faut surtout ne pas être maternant dans le soin, psy ou pas, car nous cherchons justement à ne pas reproduire un schéma psychique qui fait souffrir.
Ensuite tout dépend, en plus, à qui on a affaire. "Bipolaire" ne voulant pas dire grand chose.
Après à toi de voir ce que tu as bien pu lui trouver... en sachant que cette situation de soin peut justement y être pour quelque chose, auquel cas il sera très difficile de construire une relation sur cette base.
Au passage, il faut surtout ne pas être maternant dans le soin, psy ou pas, car nous cherchons justement à ne pas reproduire un schéma psychique qui fait souffrir.
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
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Re: Lien avec un patient
Ce qu'on est pour l'autre est toujours un peu faussé quelque soit la situation, en tant qu'infirmier tu le sera toujours un peu pour l'autre. C'est pour cela qu'il faut savoir ce que l'on ne peut pas être, c'est différent que de se dire ce que l'on est pas. Et ca se n'est pas faussé. Il y a des infirmier(e) psy marié(e) avec d'ancien patient ... tout n'est pas catégorique ^^AmThLi a écrit :
Disons que ceci :
Sera toujours un peu faussé.être sûr de ce que vous ne pouvez pas être pour lui.
Après ça s'est déjà vu, je connais une nana qui était infirmière en ophtalmo, son mari est un ancien patient, ils se sont rencontrés dans le service. Comme quoi...
Re: Lien avec un patient
Oui oui je dis pas que c'est pas possible, je ne suis pas si catégorique.
Mais c'est compliqué, d'autant que ESI, c'est pas infirmier, c'est encore une autre place.
Bref, pas simple ces histoires.
Mais c'est compliqué, d'autant que ESI, c'est pas infirmier, c'est encore une autre place.
Bref, pas simple ces histoires.
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
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Re: Lien avec un patient
Je l'ai fait... dans le sens où j'ai passé le pas de revoir un patient après son hospit.. J'étais IDE pas ESI... Mais c'était aussi en psy... enfin en clinique psy, c'était un syndrome dépressif (burn out pro qui n'altérait pas son humour) et j'ai quasi pas bossé dans son service pendant son hospit (je n'ai fait que son entrée).
La question a été de ne pas prendre la casquette de l'IDE... c'est quelque chose auquel j'ai effectivement pensé.
Dans mon cas, on peut dire que ca a roulé puisque nous sommes ensemble depuis 12 ans... le lieu de notre rencontre initiale n'a eu finalement aucune importance dans la suite de notre relation. Je ne suis pas son thérapeute mais sa femme, et il se trouve qu'il n' a pas eu de récidive jusque là, et quand bien même il en aurait eu, cela ne me ferait pas regretter mon choix à l'époque de passer au dessus des barrières qui me faisaient hésiter sur le moment. Il a des failles comme tout un chacun.
Mais il s'agit de mon histoire, pas de la tienne. Seul toi peut décider, mais effectivement, il ne faut pas nier que cela biaise obligatoirement les choses au départ...
La question a été de ne pas prendre la casquette de l'IDE... c'est quelque chose auquel j'ai effectivement pensé.
Dans mon cas, on peut dire que ca a roulé puisque nous sommes ensemble depuis 12 ans... le lieu de notre rencontre initiale n'a eu finalement aucune importance dans la suite de notre relation. Je ne suis pas son thérapeute mais sa femme, et il se trouve qu'il n' a pas eu de récidive jusque là, et quand bien même il en aurait eu, cela ne me ferait pas regretter mon choix à l'époque de passer au dessus des barrières qui me faisaient hésiter sur le moment. Il a des failles comme tout un chacun.
Mais il s'agit de mon histoire, pas de la tienne. Seul toi peut décider, mais effectivement, il ne faut pas nier que cela biaise obligatoirement les choses au départ...