Help problème éthique!

[aure-allie]

Bonjour à tous,

je me tourne vers vous pour vous demander conseil et avis sur un problème que nous rencontrons dans une PEC.

J'expose la situation.
Nous intervenons depuis presque 2 ans chez une patiente âgée, veuve et sans enfant ni neveu ou nièce. Elle vit seule en appartement dans un immeuble avec son chien. Seule une dame se présentant tantôt comme une amie, tantôt comme la femme de ménage s'occupe d'elle depuis 15 ans. Jusque là pas de soucis.
La patiente présente de gros problèmes cognitifs mais surtout est dans le refus de soin et le déni de tout nottament de son incontinence... De plus outre son caractère bien trempé, elle ne nous fait pas confiance et ne nous reconnait toujours pas depuis le temps que nous venons.
Une autre personne (mal entendante) intervient chez elle pour faire le ménage.

Plusieurs problèmes se posent. Le premier sanitaire. Elle refuse la toilette 9 fois sur 10 malgré qu'elle soit souillée et sente l'urine. Nos passages la dérangent si on arrive et qu'elle est occupée, alors ce sont des cris, des énervements. Nous sommes aussi régulièrement accusée de lui prendre ses affaire (lui cacher ses dents, lui prendre ses rideaux...etc)
Dans les pires des cas elle est souillée par ses selles, j'ai résussi 3 fois cet été à la laver! Le seul soin qu'elle tolère ce sont ses pansements d'ulcère qui n'évoluent pas car elle ne suit pas les indications et se souille refusant les protections de jour ("mais non j'en ai pas besoin!!")
Régulièrement on trouve porte close : la patiente est au sol donc allo les pompiers..

Autre problème : social. Elle n'est pas sous tutelle, c'est la femme de ménage qui gère tout. Cela nous dérange car nous ne savons pas ce qui se passe réellement. Jamais aucune demande d'aide concernant l'APA a été faite, donc pas d'assistante sociale et les 2 personnes de services touchent un salaire. Nous ne connaissons pas ses revenus, mais cela ne semble déranger personne que cette dame qui n'a plus toute sa tête n'ait jamais été prise en charge par une assistante sociale.
Nous avons voulu monter un dossier auprès de la mairie mais la femme de ménage nous met des batons dans les roues à chaque fois (ne coopère pas pour fournir les documents) et nous fait passer pour le mauvais objet auprès de la patiente!
Autre soucis, le médecin dans l'histoire ne fait rien. Les cousins, seule famille de la patiente ne comprennent rien et nous prennent pour des folles ("de quoi vous vous plaignez si les voisins vous ouvrent la porte" ou "mes parents aussi sont incontinents, vous n'avez qu'à lui faire la toilette!")
Seule la voisine serait tentée de vouloir agir mais nous ne savons pas exactement ses intentions.
Il est vrai que la "femme de ménage" dit être présente mais nous ne connaissons pas l'excatitude de ses passages. Elle nous renvoie toujours vers ce qui ne font rien (le médecin et les cousins) et semble être davantage présente quand on lui met la pression avec les démarches qu'on voudrait faire.
Nous sommes dans l'impasse, rien ne bouge et nous ne savons quoi faire. Nous ne voulons pas non plus briser l'équilibre de la patiente ni même stopper la relation avec cette personne mais nous voudrions qu'elle ait une protection sociale et des aides à domiciles qui viennent tous les jours.

Avez vous déjà rencontrer ce genre de problème? Que nous conseillez vous? Qui devons nous prévenir?

[myloma]

bonjour aure-aillie

je ne suis pas IDEL
cela me donne à penser qu'elle est vulnérable
j ai fait une recherche et ai trouvé cet article provisoirement d'accès libre
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q= ... 7116,d.d2s

le comportement de la "femme de ménage" est étrange
et la banque, qu'en dit-elle?
je sais que tu n as pas accès à ses comptes mais cela pose question

[augusta]

Comme Myloma, je ne suis pas IDEL.

Les idées qui me viennent après lecture de votre témoignage:
- contacter l'assistante sociale de secteur et lui soumettre le cas.
- lettre au procureur de la République pour demande de mise sous protection juridique.

[Jo_bis]

Avez vous déjà rencontrer ce genre de problème? Que nous conseillez vous? Qui devons nous prévenir?

Répondez à ces questions :
- Est-elle physiquement en péril ? (faim, froid, douleur...)
- Est-elle en souffrance psychologique ? (Angoisse, dépression, peur, solitude...)
- Est-elle maltraitée physiquement, financièrement ou psychologiquement ?


Si vous avez au moins un "oui" : prévenez le procureur de la république.

[nuage012]

Lorsque je me suis installée , le service relation professionnel de santé de la CPAM m'a informée qu'ils avaient un service social et que je ne devais pas hésiter à les contacter en cas de besoin.

Peut être en contactant la CPAM dont dépens votre patiente , vous pourriez avoir une intervention sociale ?

Vous auriez en tout cas informé une institution publique pour les informer de l'état de votre patiente.

Tenez nous au courant des suites de l'affaire.

[execho]

Pour ma part,je ne pense pas juste de dire que le médecin ne fait rien,il a fait une prescription pour une prise en charge globale(ais) et pour des pansements d'ulcères.Plein d'espoir dans un premier temps.Je trouve sa démarche correcte.Maintenant vous devez faire le point avec lui.Est il au courant que la situation ne progresse pas?Ou pense t'il que c'est une personne un peu borderline et qu'il faut de tout pour faire un monde et basta.

[execho]

Par ailleurs,je pense que avant de venir faire pleurer des auxilliaires de vie,il faudrait savoir si c'est une "personnalité difficile" ou si elle nécessite un traitement pour l'apaiser.

[aure-allie]

Merci tout d'abord pour vos réponses et merci pour le lien sur les personnes vulnérables je vais le lire en restant le plus objective possible.

Quant aux remarques sur le médecin, faire un papier pour une PEC globale n'est pas suffisant. Certe c'est un début mais envoyer par mail le renouvellement d'ordonnance et aller voir tous les 6 mois sa patiente soit faire les choses bien. Les ulcères, c'est nous qui avons géré avec son remplaçant. Non il ne fait plus grand chose. Et ce n'est pas faute de le prévenir. Mais je crois qu'il a baissé les bras, la patiente est dans le refus de tout.

Je ne pense sincèrement pas que sa dame de confiance soit malveillante et ne nous voulons pas l'en écarter, mais la prise en charge est devenue bien trop complexe et elle-même est dépassée par les évenements, elle ne peut pas subvenir toute seule aux besoins de la patiente (courses, ménage, linge, les RDV, pharmacie, lui faire à manger etc..) Elle est vigilante car elle sait qu'on la surveille.
Quant à nous , rien n'est fait pour nous faciliter la tâche, et c'est la patiente la première à en patir.

[la fouaise]

Je crains, vu l'article cité plus haut, que cette dame ne soit pas cataloguée comme vulnérable;
Elle a le droit de vivre comme elle fait et tant pis pour les conséquences que votre connaissance du métier a prévu par la suite
Dans des cas comme celui-ci, je fais un courrier de signalement à l'assistante sociale du conseil général (avec copie au médecin traitant)
Si l'enquête que cela va déclencher ne change rien ,vous serez au moins couverte
Je me souviens que cela a été dur pour mes collègues et moi d'admettre qu'il n'y a pas un remède à chaque cas

[caducee1717]

Oui je pense comme La Fouaise. L'an dernier j'avais moi-même fait un courrier au médecin traitant pour expliquer les difficultés d'une prise en charge auprès d'une dame âgée qui refusait les traitements et dont la fille nous disait de ne pas hésiter à les lui donner de force , .
Comme le médecin ne semblait pas lire le dossier de soin j'ai opté pour une trace écrite, à la fois pour l'alerter, mais aussi pour nous protéger ma collègue et moi des éventuels reproches.

Ouvrez le parapluie...et continuez à faire de votre mieux si vous en avez l'énergie...

[Jo_bis]

1000% avec La Fouaise.
Son conseil de signalement au CG est juste et vous couvre.
Après, en toute modestie, on ne peux pas changer le monde et si la vision de la vie qu'a cette patiente n'est pas conforme aux normes de la société, tant pis (pour nous!!).
C'est son choix, on doit le respecter.

Comme moi, vous devez crouler sous les exemples de personnes qui vivent dans des conditions qui nous semblent atroces, et qui sont très heureuses.