Infirmier anesthésiste : les raisons de la colère
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Infirmier anesthésiste : les raisons de la colère
Infirmier anesthésiste : les raisons de la colère
Par Anne Atomy le 9 décembre 2015
Corps paramédical situé à mi-chemin entre les infirmiers et les médecins, les infirmiers anesthésistes se mobilisent pour faire reconnaître leur statut dans le cadre de la nouvelle loi Santé. Explications et coup de gueule d’Annabelle Payet, à Grenoble, représentante du collectif des infirmiers anesthésistes en Rhône Alpes (CIARA).
Les infirmiers anesthésistes sont en colère en France
Les infirmiers anesthésistes réclament davantage de reconnaissance de l’Etat en fonction de leurs responsabilités ©DR
Qui est l’infirmier anesthésiste ?
L’infirmier anesthésiste est un professionnel paramédical expert dans le domaine de l’anesthésie, de la réanimation et des soins d’urgence. Il a l’exclusivité de ces compétences, ce qui signifie qu’aucun autre professionnel paramédical ne peut le remplacer. Il exerce au bloc opératoire, et dans les SMUR. Sept années sont nécessaires pour former un infirmier anesthésiste : deux concours, deux diplômes d’états, 5 ans de cursus de formation et deux ans d’activité dans un service de soins entre les deux diplômes. A l’issu de cette formation complexe et de haute technicité, d’enseignement clinique, et théorique, il est le seul habilité, avec le médecin anesthésiste, à exercer des actes d’anesthésies.
Qu’est ce qui le différencie du médecin anesthésiste ?
Acteur du domaine médical, le médecin a suivi des études de médecine. Il est indépendant et dispose d’un champ de compétence médical et du droit de prescription tandis que l’infirmier anesthésiste fait partie du personnel paramédical. Il travaille en coordination avec et sous la responsabilité du médecin anesthésiste.
Mieux connaitre l’infirmier anesthésiste pour mieux le défendre
Quel est son rôle ?
L’infirmier anesthésiste est totalement autonome dès lors que le patient ne présente aucune pathologie lourde ou aucun antécédent médical. Suite à la consultation d’anesthésie, l’infirmier anesthésiste est habilité à pratiquer seul les actes d’anesthésies, dans la mesure où le médecin anesthésiste est joignable à tout moment, et peut donc intervenir si nécessaire. Nous sommes les garants du bon déroulement de toute anesthésie, de sa surveillance peropératoire, du réveil, de l’hypno-analgésie, de la réanimation peropératoire, des soins d’urgences, du traitement de la douleur de nos patients. Du nouveau-né à la personne âgée, nous sommes responsables des vies de nos patients.
Nous travaillons 7jours/7, de jour comme de nuit. Nous sommes des professionnels pourvus de connaissances pointues, réflexifs et cliniciens, ce qui nous permet d’adapter notre prise en charge en fonction du patient et de la chirurgie, mais aussi de réagir en urgence à tout événement indésirable durant une intervention.
Quelles sont les récentes évolutions de votre métier ?
De 2010 à 2014, après avoir manifesté à sept reprises pour défendre notre profession, nous avons enfin obtenu d’être reconnus au niveau du grade Master…En tout cas sur le papier…En effet, les grilles salariales n’ont pour autant jamais suivi ! Nos cinq années d’étude ne sont donc toujours pas valorisées… tout comme nos pratiques actuelles, notre autonomie, notre niveau de responsabilité, en tant qu’infirmier spécialisé dans un domaine exclusif qu’aucun autre infirmier ne peut pratiquer.
En guerre contre la loi Santé de Marisol Touraine
Affiche anesthesieQue propose la nouvelle loi Santé de Marisol Touraine ?
La nouvelle loi santé prévoit la modernisation du système de santé. C’est ce que nous appelons une Loi “fourre tout”. Elle prévoit notamment la création d’un statut d’infirmier en pratique avancée, c’est-à-dire un statut intermédiaire entre l’infirmier Bac +3 et le médecin Bac+8. Il y aurait la création de professions paramédicales intermédiaires, et ce dans un souci d’économies des soins et afin de pallier un manque médical. Ces nouvelles professions s’inscrivent dans des parcours dit “complexes”, exemple des pathologies chroniques (cancérologie, diabète…).
En quoi cette évolution pose-t-elle un problème pour votre profession ?
L’arrivée de ce statut intermédiaire est encore floue : champs de compétences ? Niveau de formation? Cette loi prévoit notamment la création de professions intermédiaires, alors que le système de santé actuel ne reconnaît déjà pas, et refuse de reconnaître les professions paramédicales existantes.
Quel est l’objectif de votre combat ?
Nous nous battons depuis toujours pour la qualité et la sécurité des soins apportés à chacun des patients. Nous nous défendons encore aujourd’hui afin d’obtenir la reconnaissance de notre profession et de notre expertise. Nous craignons que la création de ces infirmiers à la pratique avancée ne soit la porte ouverte au démantèlement de notre formation, au glissement de tâches…et puisse ainsi permettre à des infirmiers insuffisamment qualifiés de pratiquer l’anesthésie alors qu’ils ne sont pas spécifiquement formés à cette pratique. Le risque est de tendre vers une anesthésie « low cost ».
Nous souhaitons conserver et renforcer ce niveau de compétences permettant d’offrir un niveau de sécurité et de qualité maximal pour les patients.
Les infirmiers anesthésistes exigent une meilleure reconnaissance
Quelles sont plus concrètement vos attentes aujourd’hui ?
Ce que nous souhaitons, c’est :
La récupération d’un corps spécifique des infirmiers anesthésistes dans le Code de la Santé Publique (CSP) que nous avons perdu en 2010,
La reconnaissance de nos responsabilités, de l’exclusivité de nos compétences, de notre expertise en anesthésie et en soins d’urgences ,
La reconnaissance de notre autonomie par l’obtention d’un statut de profession intermédiaire,
L’intégration d’un Titre spécifique dans le Livre III du CSP : Infirmier de pratique avancée en Anesthésie, Urgences (préhospitalière, et périopératoire) et réanimation ,
La reconnaissance de la pénibilité , comme les médecins anesthésistes qui exercent dans les mêmes conditions que nous,
La reconnaissance par une grille indiciaire unique et linéaire à la hauteur de tous les autres niveaux Master 2, et non niveau Licence comme à ce jour.
Comment évoluent vos discussions et comment s’organisent-elles ?
Nous nous réunissons régulièrement avec un groupe de travail et à notre demande, nous avons pu engager des discussions avec le cabinet de Marisol Touraine, suite à deux mouvements de grève… Seul moyen aujourd’hui, pour que l’on accepte de nous recevoir. Pour le moment, le cabinet Touraine refuse de reconnaître nos pratiques actuelles, notre autonomie, notre expertise et notre niveau de responsabilité.
On veut nous imposer un temps médical défini et on nous demande d’en faire toujours plus alors que tout ce que nous faisons n’est déjà pas reconnu. Jusqu’où allons-nous aller !?
On nous refuse le statut d’infirmiers en pratique avancée alors que nous agissons le plus souvent seuls dans les blocs opératoires, que nous gérons nous-mêmes nos patients.
Tout est question de coût, nous le savons bien mais il n’est pas question d’accepter des soins “low-cost”.
Les patients, leur sécurité, la qualité de nos prises en charges sont au cœur de notre profession. Et pour ces raisons, nous nous battrons jusqu’au bout… pour vous, pour nous, et pour les générations futures!
Cursus infirmier anesthesiste
A savoir
En France, on recense près de 11,5 millions d’anesthésies/an réalisées sous le contrôle de 9 709 infirmiers anesthésistes (contre 638 238 infirmiers). La profession d’infirmier anesthésiste requiert sept années de formation. Il existe 27 écoles civiles et 2 militaires qui forment environ 500 infirmiers anesthésistes par an. Dans les 10 ans à venir, 25 % d’entre eux partiront en retraite.
http://www.ra-sante.com/infirmier-anest ... 49876.html
Par Anne Atomy le 9 décembre 2015
Corps paramédical situé à mi-chemin entre les infirmiers et les médecins, les infirmiers anesthésistes se mobilisent pour faire reconnaître leur statut dans le cadre de la nouvelle loi Santé. Explications et coup de gueule d’Annabelle Payet, à Grenoble, représentante du collectif des infirmiers anesthésistes en Rhône Alpes (CIARA).
Les infirmiers anesthésistes sont en colère en France
Les infirmiers anesthésistes réclament davantage de reconnaissance de l’Etat en fonction de leurs responsabilités ©DR
Qui est l’infirmier anesthésiste ?
L’infirmier anesthésiste est un professionnel paramédical expert dans le domaine de l’anesthésie, de la réanimation et des soins d’urgence. Il a l’exclusivité de ces compétences, ce qui signifie qu’aucun autre professionnel paramédical ne peut le remplacer. Il exerce au bloc opératoire, et dans les SMUR. Sept années sont nécessaires pour former un infirmier anesthésiste : deux concours, deux diplômes d’états, 5 ans de cursus de formation et deux ans d’activité dans un service de soins entre les deux diplômes. A l’issu de cette formation complexe et de haute technicité, d’enseignement clinique, et théorique, il est le seul habilité, avec le médecin anesthésiste, à exercer des actes d’anesthésies.
Qu’est ce qui le différencie du médecin anesthésiste ?
Acteur du domaine médical, le médecin a suivi des études de médecine. Il est indépendant et dispose d’un champ de compétence médical et du droit de prescription tandis que l’infirmier anesthésiste fait partie du personnel paramédical. Il travaille en coordination avec et sous la responsabilité du médecin anesthésiste.
Mieux connaitre l’infirmier anesthésiste pour mieux le défendre
Quel est son rôle ?
L’infirmier anesthésiste est totalement autonome dès lors que le patient ne présente aucune pathologie lourde ou aucun antécédent médical. Suite à la consultation d’anesthésie, l’infirmier anesthésiste est habilité à pratiquer seul les actes d’anesthésies, dans la mesure où le médecin anesthésiste est joignable à tout moment, et peut donc intervenir si nécessaire. Nous sommes les garants du bon déroulement de toute anesthésie, de sa surveillance peropératoire, du réveil, de l’hypno-analgésie, de la réanimation peropératoire, des soins d’urgences, du traitement de la douleur de nos patients. Du nouveau-né à la personne âgée, nous sommes responsables des vies de nos patients.
Nous travaillons 7jours/7, de jour comme de nuit. Nous sommes des professionnels pourvus de connaissances pointues, réflexifs et cliniciens, ce qui nous permet d’adapter notre prise en charge en fonction du patient et de la chirurgie, mais aussi de réagir en urgence à tout événement indésirable durant une intervention.
Quelles sont les récentes évolutions de votre métier ?
De 2010 à 2014, après avoir manifesté à sept reprises pour défendre notre profession, nous avons enfin obtenu d’être reconnus au niveau du grade Master…En tout cas sur le papier…En effet, les grilles salariales n’ont pour autant jamais suivi ! Nos cinq années d’étude ne sont donc toujours pas valorisées… tout comme nos pratiques actuelles, notre autonomie, notre niveau de responsabilité, en tant qu’infirmier spécialisé dans un domaine exclusif qu’aucun autre infirmier ne peut pratiquer.
En guerre contre la loi Santé de Marisol Touraine
Affiche anesthesieQue propose la nouvelle loi Santé de Marisol Touraine ?
La nouvelle loi santé prévoit la modernisation du système de santé. C’est ce que nous appelons une Loi “fourre tout”. Elle prévoit notamment la création d’un statut d’infirmier en pratique avancée, c’est-à-dire un statut intermédiaire entre l’infirmier Bac +3 et le médecin Bac+8. Il y aurait la création de professions paramédicales intermédiaires, et ce dans un souci d’économies des soins et afin de pallier un manque médical. Ces nouvelles professions s’inscrivent dans des parcours dit “complexes”, exemple des pathologies chroniques (cancérologie, diabète…).
En quoi cette évolution pose-t-elle un problème pour votre profession ?
L’arrivée de ce statut intermédiaire est encore floue : champs de compétences ? Niveau de formation? Cette loi prévoit notamment la création de professions intermédiaires, alors que le système de santé actuel ne reconnaît déjà pas, et refuse de reconnaître les professions paramédicales existantes.
Quel est l’objectif de votre combat ?
Nous nous battons depuis toujours pour la qualité et la sécurité des soins apportés à chacun des patients. Nous nous défendons encore aujourd’hui afin d’obtenir la reconnaissance de notre profession et de notre expertise. Nous craignons que la création de ces infirmiers à la pratique avancée ne soit la porte ouverte au démantèlement de notre formation, au glissement de tâches…et puisse ainsi permettre à des infirmiers insuffisamment qualifiés de pratiquer l’anesthésie alors qu’ils ne sont pas spécifiquement formés à cette pratique. Le risque est de tendre vers une anesthésie « low cost ».
Nous souhaitons conserver et renforcer ce niveau de compétences permettant d’offrir un niveau de sécurité et de qualité maximal pour les patients.
Les infirmiers anesthésistes exigent une meilleure reconnaissance
Quelles sont plus concrètement vos attentes aujourd’hui ?
Ce que nous souhaitons, c’est :
La récupération d’un corps spécifique des infirmiers anesthésistes dans le Code de la Santé Publique (CSP) que nous avons perdu en 2010,
La reconnaissance de nos responsabilités, de l’exclusivité de nos compétences, de notre expertise en anesthésie et en soins d’urgences ,
La reconnaissance de notre autonomie par l’obtention d’un statut de profession intermédiaire,
L’intégration d’un Titre spécifique dans le Livre III du CSP : Infirmier de pratique avancée en Anesthésie, Urgences (préhospitalière, et périopératoire) et réanimation ,
La reconnaissance de la pénibilité , comme les médecins anesthésistes qui exercent dans les mêmes conditions que nous,
La reconnaissance par une grille indiciaire unique et linéaire à la hauteur de tous les autres niveaux Master 2, et non niveau Licence comme à ce jour.
Comment évoluent vos discussions et comment s’organisent-elles ?
Nous nous réunissons régulièrement avec un groupe de travail et à notre demande, nous avons pu engager des discussions avec le cabinet de Marisol Touraine, suite à deux mouvements de grève… Seul moyen aujourd’hui, pour que l’on accepte de nous recevoir. Pour le moment, le cabinet Touraine refuse de reconnaître nos pratiques actuelles, notre autonomie, notre expertise et notre niveau de responsabilité.
On veut nous imposer un temps médical défini et on nous demande d’en faire toujours plus alors que tout ce que nous faisons n’est déjà pas reconnu. Jusqu’où allons-nous aller !?
On nous refuse le statut d’infirmiers en pratique avancée alors que nous agissons le plus souvent seuls dans les blocs opératoires, que nous gérons nous-mêmes nos patients.
Tout est question de coût, nous le savons bien mais il n’est pas question d’accepter des soins “low-cost”.
Les patients, leur sécurité, la qualité de nos prises en charges sont au cœur de notre profession. Et pour ces raisons, nous nous battrons jusqu’au bout… pour vous, pour nous, et pour les générations futures!
Cursus infirmier anesthesiste
A savoir
En France, on recense près de 11,5 millions d’anesthésies/an réalisées sous le contrôle de 9 709 infirmiers anesthésistes (contre 638 238 infirmiers). La profession d’infirmier anesthésiste requiert sept années de formation. Il existe 27 écoles civiles et 2 militaires qui forment environ 500 infirmiers anesthésistes par an. Dans les 10 ans à venir, 25 % d’entre eux partiront en retraite.
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Re: Infirmier anesthésiste : les raisons de la colère
Juste pour info, il n'existe plus d'IFIA militaire.
"Les ordres sont les suivants : on courtise, on séduit, on enlève et en cas d'urgence on épouse."
MITHA - Ancien Infirmier Convoyeur de l'Armée de l'Air
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