Suicide en gériatrie
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Re: Suicide en gériatrie
Bonjour,
Je suis actuellement en deuxième année de formation et j'envisage de faire mon TFE l'année prochaine en partant d'une tentative de suicide d'une personne âgée en EHPAD. Donc ce sujet m'intéresse particulièrement. J'écris ici pour partager mon point de vue et pour développer les différents axes de ma réflexion.
Cette personne a tenté de se pendre avec le câble de sa sonnette. Il n'a cependant pas réussi à passer par dessus la barrière de son lit car il n'avait plus assez de force. Il nous avait prévenu qu'il allait essayer "de se foutre en l'air" pendant toute la semaine. Une semaine avant qu'il ait ses idées suicidaires, il est rentré une journée chez sa famille pour un anniversaire.
Pour moi, plusieurs pistes peuvent expliquer cette envie d'en finir :
- Le résident n'a plus le contrôle de sa vie. Elle est orchestrée totalement par le personnel soignant (choix de ses activités, de ce qu'il mange, etc...). Il peut avoir le sentiment d'être un objet à qui le personnel soignant doit faire des soins et non plus un être humain auquel on doit prendre soin.
- Le ras le bol de sa condition : Il n'est plus capable de rien faire sans aide extérieure. Il n'est plus maître de ses choix à cause de sa condition physique or la vie n'est qu'une suite de choix(ironie de la situation, il ne peut même pas maîtriser son choix de vivre ou de mourir ...). Quelle est donc l'intérêt de vivre si on n'est plus que spectateur ?
- C'était quelqu'un de sociable, il aimait parler cependant il était difficile communiquer car il avait de très grosses difficultés de prononciation et il était presque totalement sourd. Il peut donc avoir un fort sentiment de solitude, de non considération et peut aggraver le sentiment décrit auparavant d'être un objet.
Je pense donc que même si le séjour dans sa famille a pu jouer un rôle dans sa tentative de suicide (peut être prise de conscience de ses conditions de vie), je pense fortement qu'involontairement, le personnel soignant a aussi joué un rôle important dans sa prise de décision.
Je suis actuellement en deuxième année de formation et j'envisage de faire mon TFE l'année prochaine en partant d'une tentative de suicide d'une personne âgée en EHPAD. Donc ce sujet m'intéresse particulièrement. J'écris ici pour partager mon point de vue et pour développer les différents axes de ma réflexion.
Cette personne a tenté de se pendre avec le câble de sa sonnette. Il n'a cependant pas réussi à passer par dessus la barrière de son lit car il n'avait plus assez de force. Il nous avait prévenu qu'il allait essayer "de se foutre en l'air" pendant toute la semaine. Une semaine avant qu'il ait ses idées suicidaires, il est rentré une journée chez sa famille pour un anniversaire.
Pour moi, plusieurs pistes peuvent expliquer cette envie d'en finir :
- Le résident n'a plus le contrôle de sa vie. Elle est orchestrée totalement par le personnel soignant (choix de ses activités, de ce qu'il mange, etc...). Il peut avoir le sentiment d'être un objet à qui le personnel soignant doit faire des soins et non plus un être humain auquel on doit prendre soin.
- Le ras le bol de sa condition : Il n'est plus capable de rien faire sans aide extérieure. Il n'est plus maître de ses choix à cause de sa condition physique or la vie n'est qu'une suite de choix(ironie de la situation, il ne peut même pas maîtriser son choix de vivre ou de mourir ...). Quelle est donc l'intérêt de vivre si on n'est plus que spectateur ?
- C'était quelqu'un de sociable, il aimait parler cependant il était difficile communiquer car il avait de très grosses difficultés de prononciation et il était presque totalement sourd. Il peut donc avoir un fort sentiment de solitude, de non considération et peut aggraver le sentiment décrit auparavant d'être un objet.
Je pense donc que même si le séjour dans sa famille a pu jouer un rôle dans sa tentative de suicide (peut être prise de conscience de ses conditions de vie), je pense fortement qu'involontairement, le personnel soignant a aussi joué un rôle important dans sa prise de décision.
Re: Suicide en gériatrie
Je ne suis pas une spécialiste en TFE mais j'ai l'impression de lire une compilation de postulats avec des mises en cause qui sont les soignants et la famille ?
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- augusta
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Re: Suicide en gériatrie
Doit-on absolument chercher à trouver une explication rationnelle à quelque chose qui ne l'est pas?
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
Re: Suicide en gériatrie
Tu cherches le "pourquoi " de la tentative de suicide, hors est-ce cela l'important ? Les causes sont individuelles , savoir pourquoi un individu lambda tente de se suicider ne t'aideras pas à prévenir le suicide d'autres patients.
J'imagine que le but de ton questionnement est plutôt de savoir quoi faire pour que ce type d’événement ne se reproduise pas .
Tu pourrais axer ton travail sur :
-la dépression de la personne âgée
- le comportement soignant à adopter face à des menaces suicidaires
- la prise en charge psychologique des personnes âgées en institution
.......
Le suicide de la personne âgée est une réalité , c'est un thème important à traiter.
Et n'oublie pas une chose ; en général , quand un individu souhaite réellement se suicider, il n'en parle pas avant et il réussi son suicide. Le patient que tu décris appelle à l'aide, il va mal, et il n'a trouvé que cette manière d'exprimer son mal être.
Et pour la petite histoire , j'ai été confrontée à un suicide de personnage âgée.
Je passais chez ce monsieur tous les matins pour son insuline. Après mon passage, il s'est pendu de sa hauteur . Il a accroché le corde à une poutre qui était à 1m50 du sol. Il s'est laissé tomber de tout son poids et comme il était obèse avec une grosse arthrose des genoux et des hanches, il savait parfaitement qui ne pourrait pas se relever. C'est la boulangère qui l'a trouvé à midi quand elle est venue lui déposer son pain.
Il m'a parlé de tout et de rien , comme d'habitude. Il n'y a pas eu de signe annonciateur. Et il a réussi.
J'imagine que le but de ton questionnement est plutôt de savoir quoi faire pour que ce type d’événement ne se reproduise pas .
Tu pourrais axer ton travail sur :
-la dépression de la personne âgée
- le comportement soignant à adopter face à des menaces suicidaires
- la prise en charge psychologique des personnes âgées en institution
.......
Le suicide de la personne âgée est une réalité , c'est un thème important à traiter.
Et n'oublie pas une chose ; en général , quand un individu souhaite réellement se suicider, il n'en parle pas avant et il réussi son suicide. Le patient que tu décris appelle à l'aide, il va mal, et il n'a trouvé que cette manière d'exprimer son mal être.
Et pour la petite histoire , j'ai été confrontée à un suicide de personnage âgée.
Je passais chez ce monsieur tous les matins pour son insuline. Après mon passage, il s'est pendu de sa hauteur . Il a accroché le corde à une poutre qui était à 1m50 du sol. Il s'est laissé tomber de tout son poids et comme il était obèse avec une grosse arthrose des genoux et des hanches, il savait parfaitement qui ne pourrait pas se relever. C'est la boulangère qui l'a trouvé à midi quand elle est venue lui déposer son pain.
Il m'a parlé de tout et de rien , comme d'habitude. Il n'y a pas eu de signe annonciateur. Et il a réussi.
Re: Suicide en gériatrie
Pour moi le suicide d'une personne, peu importe son âge, est quelque chose de rationnel car réfléchi. Peut être que le raisonnement est mauvais, incompréhensible pour nous mais c'est en tout cas ce qui a fait que la personne a eu envie de se suicider. Donc réfléchir sur les causes, le raisonnement qu'a pu avoir la personne qui tente de suicider est intéressant car on peut peut être agir dessus.
Ici, oui c'était un appel à l'aide, et on l'avait bien entendu. On a fait en sorte d'être plus présent avec lui, appel à un psychologue mais qui est arrivé après sa tentative, etc.
Je suis tout à fait d'accord que les causes d'une tentative sont propres à chacun. Cependant, même si le personnel soignant n'en est pas la cause principale, je pense que nous pouvons aggraver le problème de mal-être, et assez fortement. Je me souviens d'une dame qui m'avait dit "on est des esclaves ici" ce qui m'avait alerté sur le mal être lié au système de fonctionnement.
Et, pour moi, cela est intéressant de réfléchir en quoi justement, involontairement, nos actes major le problème, quels sont les actes qui ont cet effet et comment on peut agir dessus pour s'améliorer. Ça permettrait peut être d'éviter des tentatives de suicide (sait on jamais) mais je pense qu'en tout cas cela améliorerait le bien être des résidents mais aussi du personnel soignant (c'est plus agréable de prendre en soin quelqu'un d'heureux, à l'aise plutôt que quelqu'un qui déteste son cadre de vie).
En tout cas merci de réagir et de proposer des axes de réfléxion
.
Ici, oui c'était un appel à l'aide, et on l'avait bien entendu. On a fait en sorte d'être plus présent avec lui, appel à un psychologue mais qui est arrivé après sa tentative, etc.
Je suis tout à fait d'accord que les causes d'une tentative sont propres à chacun. Cependant, même si le personnel soignant n'en est pas la cause principale, je pense que nous pouvons aggraver le problème de mal-être, et assez fortement. Je me souviens d'une dame qui m'avait dit "on est des esclaves ici" ce qui m'avait alerté sur le mal être lié au système de fonctionnement.
Et, pour moi, cela est intéressant de réfléchir en quoi justement, involontairement, nos actes major le problème, quels sont les actes qui ont cet effet et comment on peut agir dessus pour s'améliorer. Ça permettrait peut être d'éviter des tentatives de suicide (sait on jamais) mais je pense qu'en tout cas cela améliorerait le bien être des résidents mais aussi du personnel soignant (c'est plus agréable de prendre en soin quelqu'un d'heureux, à l'aise plutôt que quelqu'un qui déteste son cadre de vie).
En tout cas merci de réagir et de proposer des axes de réfléxion

- augusta
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Re: Suicide en gériatrie
Scainers a écrit :Pour moi le suicide d'une personne, peu importe son âge, est quelque chose de rationnel car réfléchi.
Pas du tout!
Dans le cas d'un raptus anxieux, rien n'est réfléchi, au contraire, c'est une idée qui s'impose et qui sur l'instant est la seule solution possible.
Personne ne pourra empêcher une personne qui a décidé de se tuer de le faire....Donc réfléchir sur les causes, le raisonnement qu'a pu avoir la personne qui tente de suicider est intéressant car on peut peut être agir dessus.
Attention de ne pas être dans la toute puissance soignante. Le soignant ne peut pas tout....même quand un patient est dans mal-être si intense....
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
Re: Suicide en gériatrie
Votre thème de départ est très intéressant, cependant, évitez ceci :
Logiquement, ce n'est qu'en fin de travail que vous pourrez (ou non) confirmer cette affirmation.
Certains suicides sont par essence imprévisibles, soudains...
C'est de l'interprétation pure et simple.Scainers a écrit :Je pense donc que même si le séjour dans sa famille a pu jouer un rôle dans sa tentative de suicide (peut être prise de conscience de ses conditions de vie), je pense fortement qu'involontairement, le personnel soignant a aussi joué un rôle important dans sa prise de décision.
Logiquement, ce n'est qu'en fin de travail que vous pourrez (ou non) confirmer cette affirmation.
Ben non, justement, avez-vous entendu parler du raptus suicidaire??Scainers a écrit :Pour moi le suicide d'une personne, peu importe son âge, est quelque chose de rationnel car réfléchi.
Certains suicides sont par essence imprévisibles, soudains...
Encore une interprétation : faites attention.Scainers a écrit :Cependant, même si le personnel soignant n'en est pas la cause principale, je pense que nous pouvons aggraver le problème de mal-être, et assez fortement.
Je suis d'accord, ce sont d'excellentes pistes.nuage012 a écrit :Tu pourrais axer ton travail sur :
-la dépression de la personne âgée
- le comportement soignant à adopter face à des menaces suicidaires
- la prise en charge psychologique des personnes âgées en institution
"Il suffit de nous regarder pour voir comment une forme de vie intelligente peut se développer d'une manière que nous n'aimerions pas rencontrer."
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Re: Suicide en gériatrie
Bonjour
Je peux peut être apporter mon expérience personnel sur le suicide car mon papa s'est suicidé par pendaison au mois de Mars, c'est ma maman qui l'a trouvé en rentrant du travail.
Je pense très fortement que certains traitements de la dépression POUSSENT au suicide, ils mettent le cerveau complètement dans le brouillard, bloquent les hormones du positif. Il y a une molécule extrêmement dangereuse et qui est toujours utilisée en France, c'est la Benzodiazépine. Mon papa prenait depuis Janvier du Lyxancia et depuis qu'il prenait ce traitement j'avais dit à ma maman qu'il allait de plus en plus mal mais son médecin n'a pas voulu lui changer son traitement alors qu'il disait avoir peur, avoir des envies de suicide, il n'arrivait plus à se lever, il tremblait...........enfin c'était horrible !!!!!!!!
J'en veux terriblement à ce médecin, cette molécule est interdite dans plusieurs pays.
Je ne sais pas si mon témoignage a pu t'apporter un peu d'aide.
Je peux peut être apporter mon expérience personnel sur le suicide car mon papa s'est suicidé par pendaison au mois de Mars, c'est ma maman qui l'a trouvé en rentrant du travail.
Je pense très fortement que certains traitements de la dépression POUSSENT au suicide, ils mettent le cerveau complètement dans le brouillard, bloquent les hormones du positif. Il y a une molécule extrêmement dangereuse et qui est toujours utilisée en France, c'est la Benzodiazépine. Mon papa prenait depuis Janvier du Lyxancia et depuis qu'il prenait ce traitement j'avais dit à ma maman qu'il allait de plus en plus mal mais son médecin n'a pas voulu lui changer son traitement alors qu'il disait avoir peur, avoir des envies de suicide, il n'arrivait plus à se lever, il tremblait...........enfin c'était horrible !!!!!!!!
J'en veux terriblement à ce médecin, cette molécule est interdite dans plusieurs pays.
Je ne sais pas si mon témoignage a pu t'apporter un peu d'aide.
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Re: Suicide en gériatrie
Alors on ne dit pas la mais les benzodiazépines.poupette74 a écrit :
Il y a une molécule extrêmement dangereuse et qui est toujours utilisée en France, c'est la Benzodiazépine.
Il ne s'agit pas d'une molécule mais d'une famille d'un médicament: les anxiolytiques.
Le Lysanxia a effectivement comme EI une hypotonie musculaire.Mon papa prenait depuis Janvier du Lyxancia et depuis qu'il prenait ce traitement j'avais dit à ma maman qu'il allait de plus en plus mal mais son médecin n'a pas voulu lui changer son traitement alors qu'il disait avoir peur, avoir des envies de suicide, il n'arrivait plus à se lever, il tremblait..........
Les benzo sont énormément prescrits.....J'en veux terriblement à ce médecin, cette molécule est interdite dans plusieurs pays.
Etes-vous allée discuter avec ce médecin par la suite?
A-t-il été question d'une hospitalisation?
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
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Re: Suicide en gériatrie
une tentative d autolyse par pendaison(a l aide du tuyau reliant l extracteur aux lunettes à la potence du lit ) mr en acceuil temporaire (en attente d un placement definitif ) il a survecu ..... situation en EHPAD mr de plus de 80 ans