Classification des troubles de la personnalité en psychia...
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Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Bonjour,
Le DSM V ne fait plus la distinction entre psychoses et névroses" comme cela était jusque là.
Cette dichotomie existante ne tient pas compte de l'entité globale d'un individu et l'étiquette "psychotique" ou "personne souffrant de troubles psychotiques" est très difficile à enlever, poursuivant parfois le patient bien après un épisode particulier de sa vie.
Je cherche quelques informations sur nos moteurs de recherche préféré, mais me retrouve très vite dans l'impasse quant à avoir des avis sur ce qu'en pensent les professionnels de santé.
Je ne travaille plus en milieu psychiatrique depuis longtemps mais le sujet m'interesse toujours, d'où ma question ici:
"Que pensez-vous de la révision de la manière dont sont classifiées les pathologies psychiatriques ?".
J'espère que des infirmiers informés pourront me donner leur avis et éventuellement, quelques adresses de sites où trouver de nouvelles infos.
Merci !
Le DSM V ne fait plus la distinction entre psychoses et névroses" comme cela était jusque là.
Cette dichotomie existante ne tient pas compte de l'entité globale d'un individu et l'étiquette "psychotique" ou "personne souffrant de troubles psychotiques" est très difficile à enlever, poursuivant parfois le patient bien après un épisode particulier de sa vie.
Je cherche quelques informations sur nos moteurs de recherche préféré, mais me retrouve très vite dans l'impasse quant à avoir des avis sur ce qu'en pensent les professionnels de santé.
Je ne travaille plus en milieu psychiatrique depuis longtemps mais le sujet m'interesse toujours, d'où ma question ici:
"Que pensez-vous de la révision de la manière dont sont classifiées les pathologies psychiatriques ?".
J'espère que des infirmiers informés pourront me donner leur avis et éventuellement, quelques adresses de sites où trouver de nouvelles infos.
Merci !
Édition du post en cours...
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Rien car un manuel est un manuel, le problème n'est pas la révision des classifications mais les classifications en elles-mêmes.
"psychose" et "névrose" dans les manuels de psychiatrie seront aussi des étiquettes partielles, émanations d'un discours paternaliste et infantilisant. Lire David Cooper sur l'entité "schizophrénie" ("psychiatry and antipsychiatry").
Ces concepts sont utilisables en psychanalyse mais de façon dépsychiatrisés, comme des repérages sur la façon dont un sujet désire et se déterritorialise ou non, mais en tant qu'entité nosologiques ils n'ont pas d'intérêt autre que concernant la prescription médicamenteuse et le droit ou non à suivre une psychothérapie, ceci décrétés par des psychiatres (et des infirmiers) qui considère que la blouse les immunise contre la folie.
"psychose" et "névrose" dans les manuels de psychiatrie seront aussi des étiquettes partielles, émanations d'un discours paternaliste et infantilisant. Lire David Cooper sur l'entité "schizophrénie" ("psychiatry and antipsychiatry").
Ces concepts sont utilisables en psychanalyse mais de façon dépsychiatrisés, comme des repérages sur la façon dont un sujet désire et se déterritorialise ou non, mais en tant qu'entité nosologiques ils n'ont pas d'intérêt autre que concernant la prescription médicamenteuse et le droit ou non à suivre une psychothérapie, ceci décrétés par des psychiatres (et des infirmiers) qui considère que la blouse les immunise contre la folie.
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
J. Oury
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Bonjour,
Je ne suis pas forcément d'accord pour dire que de telles transformations sont sans intérêt autre que "médicamenteuses".
La France et l'Argentine sont les derniers pays où l'attachement à la psychiatrie freudienne est aussi ancrée. Cet attachement limite (c'est un avis personnel) les possibilités d'adaptation de prise en charge de ces patients.
De nombreux travaux (ceux de Dabrowski pour ne citer que lui) sont très utilisés dans d'autres pays (tiens, le Canada peut encore apparaitre comme précurseur dans ce domaine... et même les Etats-Unis !), j'ai hâte que la France "se mette au niveau" !
Pour exemple, nous sommes encore parmi les derniers à entendre la dépression comme pathologie sans admettre qu'elle puisse être le symptôme d'un autre trouble de la personnalité.
Alors "changer les étiquettes dans un manuel" n'est certe pas suffisant, mais devrait peut-être nous inciter à reconsidérer notre manière d'entendre les patients...
(mais encore une fois: ce n'est qu'un avis perso !)

A mes yeux un tel changement peut être important. De nombreuses évolutions sont enfin en train d’apparaître dans les reconnaissances des différentes pathologies et troubles psy.AmThLi a écrit :Rien car un manuel est un manuel, le problème n'est pas la révision des classifications mais les classifications en elles-mêmes.
Je ne suis pas forcément d'accord pour dire que de telles transformations sont sans intérêt autre que "médicamenteuses".
La France et l'Argentine sont les derniers pays où l'attachement à la psychiatrie freudienne est aussi ancrée. Cet attachement limite (c'est un avis personnel) les possibilités d'adaptation de prise en charge de ces patients.
De nombreux travaux (ceux de Dabrowski pour ne citer que lui) sont très utilisés dans d'autres pays (tiens, le Canada peut encore apparaitre comme précurseur dans ce domaine... et même les Etats-Unis !), j'ai hâte que la France "se mette au niveau" !
Pour exemple, nous sommes encore parmi les derniers à entendre la dépression comme pathologie sans admettre qu'elle puisse être le symptôme d'un autre trouble de la personnalité.
Alors "changer les étiquettes dans un manuel" n'est certe pas suffisant, mais devrait peut-être nous inciter à reconsidérer notre manière d'entendre les patients...
(mais encore une fois: ce n'est qu'un avis perso !)


Édition du post en cours...
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Je vous réponds rapidement.
1°) les manuels de psychiatrie correspondent tous à une pratique aliéniste. Je ne constate aucune évolution. Si vous lisez ce que M. Foucault écrivait de la "psychiatrie" du XIXe siècle, vous y trouverez des analogies très importantes avec aussi bien les manuels des années 50 et 60 qu'avec le DSM. Pas sur la forme, mais sur le fond, ce qui est le plus important.
2°) L'attachement franco-sud américain (Mexique, Brésil, Argentine, Chili, Guatemala...), ainsi qu'en Italie, à la psychanalyse, est tout à notre honneur puisqu'après tout, la mort de la psychanalyse correspond à une certaine standardisation de la pensée. Il faut de tout, y compris de la psychanalyse. Toutefois il n'y a pas de "psychiatrie freudienne". Freud était neurologue, pas psychiatre. Lacan, psychiatre, a implicitement lâché la psychiatrie, sauf en ce qui concernait les présentations de malade. Mais la psychiatrie freudienne, ça n'existe pas, soit on fait de la psychiatrie, on est dans un modèle aliéniste, médical, soit on fait de la psychanalyse, en institutions ou ailleurs, et c'est autre chose, même avec des comprimés.
Le cadre métapsychologique de la psychanalyse permet de faire un peu ce qu'on veut tout en l'incluant dans une pensée globale. Les pratiques sectaires de certains "psychiatres psychanalystes" sont à dénoncer comme celles de leurs confrères d'autres horizons. La "limite d'adaptation" c'est surtout la connerie des thérapeutes, médecins ou non. Je ne sais pas ce qui se fait au Canada, aux USA les thérapies de luxe ne concernent que les patients riches ou en équivalent-art 122.1, les malades "de base" n'y ont pas droit, c'est dix jours de neuroleptiques et dehors.
Libre à vous de trouver ça bien.
Quant à la place de la dépression dans la psychiatrie française, elle n'est considérée comme une maladie à part entière que chez les psychiatres tenants du modernisme clinique, les gens qui se revendiquent de la psychanalyse ou des théories dites psychodynamiques type systémie (très utile dans la dite-psychose), Adler, Jung, etc... la considèrent systématiquement soit comme un symptôme, soit comme un affect lié à une architecture psychique de fond. On note donc ici le manque triste de culture des psychiatres qui se contentent d'une approche médico-pharmacologique qui ne concerne pas que la France.
Pour ma part j'invite à jeter les manuels à la poubelle et à écouter ce que racontent les patients, conseil donné par Freud il y a cent ans, ça vaut ce que ça vaut, il n'y a pas de nosologie psychanalytique, seulement des indications sur la nature du transfert et les processus à l'oeuvre.
Il faut lire beaucoup, mais pas des manuels ! Les grands ouvriers de la psychiatrie ne lisaient pas beaucoup de manuels mais beaucoup de philo, de socio, anthropo, et surtout écoutaient beaucoup les dits-malades et leurs créations langagières individuelles et de groupe, à la lumière de Freud, Marx, etc...
J'ai été long, en fait.
1°) les manuels de psychiatrie correspondent tous à une pratique aliéniste. Je ne constate aucune évolution. Si vous lisez ce que M. Foucault écrivait de la "psychiatrie" du XIXe siècle, vous y trouverez des analogies très importantes avec aussi bien les manuels des années 50 et 60 qu'avec le DSM. Pas sur la forme, mais sur le fond, ce qui est le plus important.
2°) L'attachement franco-sud américain (Mexique, Brésil, Argentine, Chili, Guatemala...), ainsi qu'en Italie, à la psychanalyse, est tout à notre honneur puisqu'après tout, la mort de la psychanalyse correspond à une certaine standardisation de la pensée. Il faut de tout, y compris de la psychanalyse. Toutefois il n'y a pas de "psychiatrie freudienne". Freud était neurologue, pas psychiatre. Lacan, psychiatre, a implicitement lâché la psychiatrie, sauf en ce qui concernait les présentations de malade. Mais la psychiatrie freudienne, ça n'existe pas, soit on fait de la psychiatrie, on est dans un modèle aliéniste, médical, soit on fait de la psychanalyse, en institutions ou ailleurs, et c'est autre chose, même avec des comprimés.
Le cadre métapsychologique de la psychanalyse permet de faire un peu ce qu'on veut tout en l'incluant dans une pensée globale. Les pratiques sectaires de certains "psychiatres psychanalystes" sont à dénoncer comme celles de leurs confrères d'autres horizons. La "limite d'adaptation" c'est surtout la connerie des thérapeutes, médecins ou non. Je ne sais pas ce qui se fait au Canada, aux USA les thérapies de luxe ne concernent que les patients riches ou en équivalent-art 122.1, les malades "de base" n'y ont pas droit, c'est dix jours de neuroleptiques et dehors.
Libre à vous de trouver ça bien.
Quant à la place de la dépression dans la psychiatrie française, elle n'est considérée comme une maladie à part entière que chez les psychiatres tenants du modernisme clinique, les gens qui se revendiquent de la psychanalyse ou des théories dites psychodynamiques type systémie (très utile dans la dite-psychose), Adler, Jung, etc... la considèrent systématiquement soit comme un symptôme, soit comme un affect lié à une architecture psychique de fond. On note donc ici le manque triste de culture des psychiatres qui se contentent d'une approche médico-pharmacologique qui ne concerne pas que la France.
Pour ma part j'invite à jeter les manuels à la poubelle et à écouter ce que racontent les patients, conseil donné par Freud il y a cent ans, ça vaut ce que ça vaut, il n'y a pas de nosologie psychanalytique, seulement des indications sur la nature du transfert et les processus à l'oeuvre.
Il faut lire beaucoup, mais pas des manuels ! Les grands ouvriers de la psychiatrie ne lisaient pas beaucoup de manuels mais beaucoup de philo, de socio, anthropo, et surtout écoutaient beaucoup les dits-malades et leurs créations langagières individuelles et de groupe, à la lumière de Freud, Marx, etc...
J'ai été long, en fait.
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
J. Oury
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Bonsoir,
Eprex, c'est à mon avis sacrément méconnaître la psychiatrie francaise que de pouvoir dire cela au sujet de la dépression (entre autre).
Quant aux Etats unis et au Canada, de fabuleux précurseurs depuis 70 ans, c'est à se demander comment ils peuvent encore avoir autant de patients en psychiatrie. Peut être parce que ça ne tient pas dans le temps, ce qui fait qu'ils sont régulièrement précurseur.
Enfin si la "psychiatrie freudienne" (???) était autant ancré, on peut se demander pourquoi les études d'infirmier, psychologue et psychiatre s’appauvrissent autant d'un point de vue théorique, pour n'être plus qu'un magma statistique, "formant" des gens qui se retrouvent en difficultés face aux patients, se réfugiant derrière des cadres figés et déshumanisant à coup de pratique nous venant de ces fabuleux pays précurseurs.
Voila pour le contre pied, maintenant ce qui pourrait être super en France, c'est d'arrêter de se cracher dessus, et permettre aux gens d'avoir un vrai choix, dans la mesure de leurs possibilités, de prise en charge. Et pas un stéréotype pseudo scientifique foireux.
Bien cordialement,
Eprex, c'est à mon avis sacrément méconnaître la psychiatrie francaise que de pouvoir dire cela au sujet de la dépression (entre autre).
Quant aux Etats unis et au Canada, de fabuleux précurseurs depuis 70 ans, c'est à se demander comment ils peuvent encore avoir autant de patients en psychiatrie. Peut être parce que ça ne tient pas dans le temps, ce qui fait qu'ils sont régulièrement précurseur.
Enfin si la "psychiatrie freudienne" (???) était autant ancré, on peut se demander pourquoi les études d'infirmier, psychologue et psychiatre s’appauvrissent autant d'un point de vue théorique, pour n'être plus qu'un magma statistique, "formant" des gens qui se retrouvent en difficultés face aux patients, se réfugiant derrière des cadres figés et déshumanisant à coup de pratique nous venant de ces fabuleux pays précurseurs.
Voila pour le contre pied, maintenant ce qui pourrait être super en France, c'est d'arrêter de se cracher dessus, et permettre aux gens d'avoir un vrai choix, dans la mesure de leurs possibilités, de prise en charge. Et pas un stéréotype pseudo scientifique foireux.
Bien cordialement,
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Bonjour,
Je suis (assez) d’accord avec ce que vous dites des différents supports apparus depuis un peu plus d'un siècle: ils n’ont pas été “révolutionnés”, mais votre constat m’attriste, simplement.
(je n'en sais rien hein, je me demande.)
ou tempi... mais là est un autre sujet...
Pensez vous qu'il n'existe pas de limite d'adaptation à la psychanalyse ? Qu'en est-il des limite d'adaptation (si elles existent) d'un individu en parallèle de l'inexistance des limites d'une théorie ?
Deux lectures qui peuvent intéresser:
("Neorsciences et psychanalyse: pour une nouvelle métapsychologie" par Antonio Imbasciati (extrait disponible sur Cairn.info),
Psychanalyse du cadre psychanalytique.
Au sein des structures pour lesquelles j’ai pu travailler (S.M.P.R., urgences psy, admissions), l'observation de mon travail me donnait l’image de “c’est neuroleptiques et c’est tout” (peut être moindre en S.M.P.R. mais tout de même "seul moyen d'action en cas de problème"). Je peux concevoir une utilité à la chimie (votre pseudo m'amuse beaucoup, est-ce normal ?) mais j'ai trouvé que son utilisation à "toutes les sauces" ( !!! ) réduisait de beaucoup les possibilités d'utilisation d'autres outils thérapeutiques (humour au 36ème -choisissez la direction-: Bryan Lewis Saunders)
En tout cas, votre écrit me laisse entendre que “les choses ne s’arrangent pas” dans la prise en charge des patients !
N.B.: ouiiiiiii, je m’excuse encore une fois d’avoir écrit et surtout relu trop vite alors c'est avec le sourire que j'espère que vous en profitez ! Et je ne vais surtout pas éditer le post de départ tant elle est "magistrale" ! (je suis "bonne joueuse" en fait !)
J’ai quitté la blouse d’infirmière en psy il y a déjà douze ans, et l’une de mes interrogations concernent effectivement l’évolution des courants de pensée actuels.AmThLi a écrit :Je ne constate aucune évolution
Je suis (assez) d’accord avec ce que vous dites des différents supports apparus depuis un peu plus d'un siècle: ils n’ont pas été “révolutionnés”, mais votre constat m’attriste, simplement.
ou à la possibilité de création de nouveaux mouvements ? Est-ce que la disparition d’une idée ne peut pas permettre l'émergence plutôt que la stagnation ?AmThLi a écrit :la mort de la psychanalyse correspond à une certaine standardisation de la pensée.
(je n'en sais rien hein, je me demande.)
Et dire que je me relis… évidemment, veuillez me pardonner ! Sans doute “des doigts et des pensées à deux tempos différents" !AmThLi a écrit :Toutefois il n'y a pas de "psychiatrie freudienne"
ou tempi... mais là est un autre sujet...
Défaut de compréhension de ma part sur ce passage:AmThLi a écrit :Le cadre métapsychologique de la psychanalyse permet de faire un peu ce qu'on veut tout en l'incluant dans une pensée globale. Les pratiques sectaires de certains "psychiatres psychanalystes" sont à dénoncer comme celles de leurs confrères d'autres horizons. La "limite d'adaptation" c'est surtout la connerie des thérapeutes, médecins ou non.
Pensez vous qu'il n'existe pas de limite d'adaptation à la psychanalyse ? Qu'en est-il des limite d'adaptation (si elles existent) d'un individu en parallèle de l'inexistance des limites d'une théorie ?
Deux lectures qui peuvent intéresser:
("Neorsciences et psychanalyse: pour une nouvelle métapsychologie" par Antonio Imbasciati (extrait disponible sur Cairn.info),
Psychanalyse du cadre psychanalytique.
Je ne suis pas à même de juger. Ce n’est pas mon métier. Je m’interroge simplement sur, justement, ce qui se fait, en particulier en France.AmThLi a écrit :Libre à vous de trouver ça bien.
Au sein des structures pour lesquelles j’ai pu travailler (S.M.P.R., urgences psy, admissions), l'observation de mon travail me donnait l’image de “c’est neuroleptiques et c’est tout” (peut être moindre en S.M.P.R. mais tout de même "seul moyen d'action en cas de problème"). Je peux concevoir une utilité à la chimie (votre pseudo m'amuse beaucoup, est-ce normal ?) mais j'ai trouvé que son utilisation à "toutes les sauces" ( !!! ) réduisait de beaucoup les possibilités d'utilisation d'autres outils thérapeutiques (humour au 36ème -choisissez la direction-: Bryan Lewis Saunders)
C’est un peu ce qui me pose problème: des auteurs, il y en a un grand nombre, desquels certaines idées sont (avis perso encore une fois) à prendre en considération. Et pourtant, les médecins que je peux rencontrer me paraissent ne pas y prêter attention. Je ne peux qu’être d’accord avec ce que vous écrivez ici.AmThLi a écrit :Quant à la place de la dépression dans la psychiatrie française, elle n'est considérée comme une maladie à part entière que chez les psychiatres tenants du modernisme clinique, les gens qui se revendiquent de la psychanalyse ou des théories dites psychodynamiques type systémie (très utile dans la dite-psychose), Adler, Jung, etc... la considèrent systématiquement soit comme un symptôme, soit comme un affect lié à une architecture psychique de fond. On note donc ici le manque triste de culture des psychiatres qui se contentent d'une approche médico-pharmacologique qui ne concerne pas que la France.
Je ne suis pas certaine de vous comprendre aussi vais-je encore oser: est-ce que vous dites “si la psychanalyse était mieux/plus ancrée (dois-je supposer dans les cursus et les institutions ?), les études seraient plus riches, mieux/plus construites ?" Pourriez-vous reformuler ?brrruno a écrit :Enfin si la "psychiatrie freudienne" (N.B. en fin de post !) était autant ancré, on peut se demander pourquoi les études d'infirmier, psychologue et psychiatre s’appauvrissent autant d'un point de vue théorique, pour n'être plus qu'un magma statistique, "formant" des gens qui se retrouvent en difficultés face aux patients, se réfugiant derrière des cadres figés et déshumanisant à coup de pratique nous venant de ces fabuleux pays précurseurs.
En tout cas, votre écrit me laisse entendre que “les choses ne s’arrangent pas” dans la prise en charge des patients !
S’il y a appauvrissement des connaissances qu’ont les professionnels, comment peut-on espérer qu’ils aient les outils permettant de proposer d’autres choix au patient ?brrruno a écrit :ce qui pourrait être super en France, c'est d'arrêter de se cracher dessus, et permettre aux gens d'avoir un vrai choix, dans la mesure de leurs possibilités, de prise en charge.
AmThLi a écrit :J'ai été long, en fait.
Je n'ai pas de "parti pris" ni la volonté d'imposer une idée ou de savoir si quelqu'un a tort ou raison, aussi je vous remercie tous les deux des lectures que vous avez pu m'apporter ici.brrruno a écrit :Bien cordialement,
N.B.: ouiiiiiii, je m’excuse encore une fois d’avoir écrit et surtout relu trop vite alors c'est avec le sourire que j'espère que vous en profitez ! Et je ne vais surtout pas éditer le post de départ tant elle est "magistrale" ! (je suis "bonne joueuse" en fait !)

Édition du post en cours...
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Bonsoir,eprex a écrit : Je ne suis pas certaine de vous comprendre aussi vais-je encore oser: est-ce que vous dites “si la psychanalyse était mieux/plus ancrée (dois-je supposer dans les cursus et les institutions ?), les études seraient plus riches, mieux/plus construites ?" Pourriez-vous reformuler ?
En tout cas, votre écrit me laisse entendre que “les choses ne s’arrangent pas” dans la prise en charge des patients !S’il y a appauvrissement des connaissances qu’ont les professionnels, comment peut-on espérer qu’ils aient les outils permettant de proposer d’autres choix au patient ?brrruno a écrit :ce qui pourrait être super en France, c'est d'arrêter de se cracher dessus, et permettre aux gens d'avoir un vrai choix, dans la mesure de leurs possibilités, de prise en charge.
L'idée que la psychanalyse est fortement ancrée en France est régulièrement mis en avant ; ce que j'essaie de dire, c'est que si c'était réellement le cas ça n'aurait pas disparu des cursus de formations. Hors ce n'est pas ce qui se passe, Faire croire que l'on pratique la psychanalyse partout, cela vient juste renforcer l'idée que c'est la chose a faire disparaître. Encore plus lorsque on voit l'état de la psychiatrie.
La psychanalyse est avant tout une expérience de soi mais c'est également une approche conceptuelle qui permet d'élaborer autour des mécanismes psychiques afin d'envisager la personne en tant qu'individu plutôt que un symptôme à faire disparaître. Et c'est cette deuxième partie qui me semble importante pour interroger nos pratiques face aux patients dans les institutions. Venir interroger, au minimum, les pratiques d'isolement ou de contention, ainsi que notre rapport à l'autre dans un affrontement de toute puissance. Mais bien d'autres choses peuvent suivre.
Pour ce qui est des outils, il faudrait peut être que les institutions veuillent bien réinvestir dans les formations. Mais l'outil ne se suffit pas à lui même ... science sans conscience n'est que ruine de l'âme disait Rabelais. Alors peut être qu'avant une formation continue il faudrait une formation initiale. Quelque chose sur quoi s'appuyer qui va un peu plus loin que : action réaction.
Et vous pensiez qu'il y avait un appui théorique sur la psychanalyse ? De cette psychanalyse si ancrée en France ? ou est ce à mettre en lien avec un appauvrissement des formations et des appuis théorique au profit d'une action "scientifique" appliquée sans réflexion ?Au sein des structures pour lesquelles j’ai pu travailler (S.M.P.R., urgences psy, admissions), l'observation de mon travail me donnait l’image de “c’est neuroleptiques et c’est tout” (peut être moindre en S.M.P.R. mais tout de même "seul moyen d'action en cas de problème"). Je peux concevoir une utilité à la chimie mais j'ai trouvé que son utilisation à "toutes les sauces" ( !!! ) réduisait de beaucoup les possibilités d'utilisation d'autres outils thérapeutiques
P.E.C. Troubles de la personnalité par le système de soin Fr.
Bonjour,
je reviens sur cette réponse afin de vous demander s'il est possible de m'éclairer sur quelques points.
Pourquoi (que "ça" désigne l'un ou l'autre selon votre réponse) écrivez-vous alors "hors ce n'est pas ce qui se passe" ?
Puis-je en déduire que de votre point de vue, d'autres courants analytiques existent dans les structures de soin ? Pouvez-vous m'en dire plus ?
Quel est selon vous "l'état de la psychiatrie" ?
(encore une fois: je ne suis pas là pour juger mais pour me faire une idée.)
Je ne comprends pas pourquoi vous écrivez ici:
Vous écrivez "Mais bien d'autres choses peuvent suivre."
Effectivement. Je ne sais pas ce que vous entendez par "autres choses".
Peut-être un peu de "conscient" ?
Je me permets de vous proposer ce travail issu des recherche de Jacques Paillard: "L'approche neurobiologique des faits de conscience: vers une science de l'esprit". Cette étude est "trouvable sur internet" et comporte une section intéressante sur l'orientation des travaux contemporains (je peux retrouver le lien si besoin).
(constat qui me paraît incroyable...)
Vous parlez de la nécessité de la formation initiale. Pensez-vous ici à un retour a diplôme d'infirmier en psychiatrie comme il était jusqu'en 1992 ?
Mais j'espère que nombreux seront mes collègues infirmiers qui viendront écrire ici que j'ai tort et que je me trompe: j'en serais ravie et pourrait enfin avoir un regard neuf !
Le cerveau à tous les niveaux
En espèrant que vous ou d'autres viendront renseigner ici mon ignorance sur les différents points évoqués...
Salutations conscientes !
(je me permets de renommer ce post afin que le titre corresponde au mieux à la discussion telle qu'elle me semble évoluer)
je reviens sur cette réponse afin de vous demander s'il est possible de m'éclairer sur quelques points.
Quels autres courants un patient pourra-t-il être amené à "rencontrer" dans les établissements de santé ? Lancan, Yung, Freud. Je vais "résumer grossièrement": de l'inconscient, de l'inconscient structural, de l'inconscient collectif. De la psychanalyse ?brrruno a écrit :L'idée que la psychanalyse est fortement ancrée en France est régulièrement mis en avant
Entendez-vous par "ça" la psychanalyse ou l'idée qu'elle soit "fortement ancrée" en France ?brrruno a écrit :ce que j'essaie de dire, c'est que si c'était réellement le cas ça n'aurait pas disparu des cursus de formations.
Pourquoi (que "ça" désigne l'un ou l'autre selon votre réponse) écrivez-vous alors "hors ce n'est pas ce qui se passe" ?
Puis-je en déduire que de votre point de vue, d'autres courants analytiques existent dans les structures de soin ? Pouvez-vous m'en dire plus ?
Quel est selon vous "l'état de la psychiatrie" ?
(encore une fois: je ne suis pas là pour juger mais pour me faire une idée.)
Je ne peux pas comprendre ce que je lis tel quel. La psychanalyse n'est en aucun cas une expérience de vie individuelle. Elle est une grille de lecture (l'approche conceptuelle dont vous parlez). C'est un outil interprétatif d'un extrait de vie issu d'une généralisation de compte-rendu d'observations.brrruno a écrit :La psychanalyse est avant tout une expérience de soi mais c'est également une approche conceptuelle qui permet d'élaborer autour des mécanismes psychiques afin d'envisager la personne en tant qu'individu plutôt que un symptôme à faire disparaître. Et c'est cette deuxième partie qui me semble importante pour interroger nos pratiques face aux patients dans les institutions.
Je ne comprends pas pourquoi vous écrivez ici:
J'en suis désolée, mais en fait je ne comprends ni le sens grammatical ni le lien que peut avoir cette phrase avec ce que vous avez écrit précédemment. Pourriez-vous me permettre de suivre votre raisonnement en me proposant une autre formulation ?brrruno a écrit :Venir interroger, au minimum, les pratiques d'isolement ou de contention, ainsi que notre rapport à l'autre dans un affrontement de toute puissance.
Vous écrivez "Mais bien d'autres choses peuvent suivre."
Effectivement. Je ne sais pas ce que vous entendez par "autres choses".
Peut-être un peu de "conscient" ?
Je me permets de vous proposer ce travail issu des recherche de Jacques Paillard: "L'approche neurobiologique des faits de conscience: vers une science de l'esprit". Cette étude est "trouvable sur internet" et comporte une section intéressante sur l'orientation des travaux contemporains (je peux retrouver le lien si besoin).
brrruno a écrit :Rabelais a écrit : Science sans conscience n'est que ruine de l'âme
Pierre Dac a écrit : Conscience sans science n'est qu'un vilain gros mot
Grâce aux possibilités d'imagerie médicale mises en corrélations avec les connaissances scientifiques actuelles (chimie organique, neurophysiologie, psychobiologie par exemple), il semble possible aujourd'hui de dépasser la citation de Pierre Dac pour la transformer pourquoi pas en "conscience sans science n'est qu'inconsciente" (pourquoi pas ?). Les limites de l'inconscience et des systèmes zombies sont repoussées depuis la fin du vingtième siècle, les avancées scientifiques mettent en évidence des types de neurones capables de transformer notre manière d'agir en fonction de "l'autre" (exemple des neurones-miroirs) et je lis que pour les professionnels de santé prenant en charge des patients atteint de troubles psychiatriques, "rien ne change en fait" !Quelqu'un dont je ne connais pas le nom a écrit :Conscience sans science n'est qu'urine de l'âme
(constat qui me paraît incroyable...)
Vous parlez de la nécessité de la formation initiale. Pensez-vous ici à un retour a diplôme d'infirmier en psychiatrie comme il était jusqu'en 1992 ?
c'est sans doute dommage pour moi, mais oui, c'est la croyance que j'ai construite autour de l'ensemble des médecins spécialisés avec lesquels j'ai pu travailler en secteur psychiatrique hospitalier: une généralisation que j'ai honte de faire: "tous dans le même moule les docteurs psy du système de santé".brrruno a écrit :Et vous pensiez qu'il y avait un appui théorique sur la psychanalyse ?
Mais j'espère que nombreux seront mes collègues infirmiers qui viendront écrire ici que j'ai tort et que je me trompe: j'en serais ravie et pourrait enfin avoir un regard neuf !
Il s'agit d'une de mes interrogations initiales: est-elle si ancrée ? Si oui, pourquoi l'est-elle encore ? Si non, pourquoi y a-t-il autour de moi de nombreux professionnels à avoir la même croyance à ce sujet ?brrruno a écrit :De cette psychanalyse si ancrée en France ?
Comme je n'ai pas le courage de vous citer ici les nombreux ouvrages écrits ces dernières années sur les études type "psychobiologie de l'intentionnalité", "neurosciences et philosophie", "dialogues sensori-moteurs et représentation mentale", je peux vous proposer un lien qui en propose mille:brrruno a écrit :ou est ce à mettre en lien avec un appauvrissement des formations et des appuis théorique au profit d'une action "scientifique" appliquée sans réflexion ?
Le cerveau à tous les niveaux
En espèrant que vous ou d'autres viendront renseigner ici mon ignorance sur les différents points évoqués...
Salutations conscientes !
(je me permets de renommer ce post afin que le titre corresponde au mieux à la discussion telle qu'elle me semble évoluer)
Édition du post en cours...
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Bonjour,
je suis désolé, je ne lirais pas votre commentaire jusqu'au bout. Je me suis arrêté à la troisième reprise que vous faites de mon écrit.
Peut être ne voulez vous voir que de la psychanalyse dans les prises en charge, même là ou il n'y en a pas. C'est peut être plus pratique pour vous afin de critiquer la psychiatrie je ne sais pas, et très honnêtement je m'en fiche. J'espère juste que vous ne ferez pas croire n'importe quoi aux gens qui vous lirons.
Connaissez vous la rhétorique ? Il y a plusieurs pensées autour de la rhétorique, celle que j'aime bien dit que c'est c'est un style pompeux et artificiel, que cela s'oppose à l'argumentaire. Comme je le disais je n'ai pas lu votre commentaire en entier mais le début est très représentatif de cette rhétorique. Je dis souvent qu'il vaut mieux reconnaître nos préjugés et ne pas chercher faussement à se vouloir neutre, ou comme vous dites "se faire une idée".
Vous ne connaissez pas la psychanalyse, mais en avez une idée très arrêtée et bien loin de ce qu'elle est.
Peut être avez vous fait de mauvaises rencontres, professionnellement ou personnellement, mais la généralisation n'est jamais une solution.
Et si un courant de pensé vous intéresse, lancez vous dedans pour en trouver les intérêts. C'est long à approfondir, mais le danger serait de rester dans le superflu et de croire ou faire croire que c'est une théorie que l'on pratique.
Sur ce, je vous souhaite une bonne continuation.
je suis désolé, je ne lirais pas votre commentaire jusqu'au bout. Je me suis arrêté à la troisième reprise que vous faites de mon écrit.
Peut être ne voulez vous voir que de la psychanalyse dans les prises en charge, même là ou il n'y en a pas. C'est peut être plus pratique pour vous afin de critiquer la psychiatrie je ne sais pas, et très honnêtement je m'en fiche. J'espère juste que vous ne ferez pas croire n'importe quoi aux gens qui vous lirons.
Connaissez vous la rhétorique ? Il y a plusieurs pensées autour de la rhétorique, celle que j'aime bien dit que c'est c'est un style pompeux et artificiel, que cela s'oppose à l'argumentaire. Comme je le disais je n'ai pas lu votre commentaire en entier mais le début est très représentatif de cette rhétorique. Je dis souvent qu'il vaut mieux reconnaître nos préjugés et ne pas chercher faussement à se vouloir neutre, ou comme vous dites "se faire une idée".
Vous ne connaissez pas la psychanalyse, mais en avez une idée très arrêtée et bien loin de ce qu'elle est.
Peut être avez vous fait de mauvaises rencontres, professionnellement ou personnellement, mais la généralisation n'est jamais une solution.
Et si un courant de pensé vous intéresse, lancez vous dedans pour en trouver les intérêts. C'est long à approfondir, mais le danger serait de rester dans le superflu et de croire ou faire croire que c'est une théorie que l'on pratique.
Sur ce, je vous souhaite une bonne continuation.
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Il n'existe pas tellement d'approche jungienne en France, peut-être que sa collaboration outrancière avec les nazis a un peu grillé son approche après la guerre... Je sais qu'il y a quelques écoles de psychothérapie jungienne mais ils ne sont à l'hôpital que de façon marginale.
En France, l'approche psychanalytique actuelle, c'est Klein/Winnicott chez les enfants et Lacan chez les adultes, en gros. Et c'est devenu très minoritaire ! La plupart des services hospitaliers n'ont aucune approche. Ils donnent des médicaments et se démerdent comme ils peuvent avec très peu. La psychanalyse à l'hôpital c'est un mythe, on est plus dans les années 80, tous les psychiatres qui friment avec le vocabulaire lacanien partent à la retraite... On trouve plus de ça dans les IME, les structures associatives, et en libéral bien entendu.
A ma connaissance peu de facs de psycho sont encore là dedans : Brest pour le moment, Paris VII et Paris VIII, peut-être Angers, je crois que Montpellier a un département mais je confonds possiblement... Ca pèse pas lourd.
En médecine c'est fini, ils n'en parlent plus, de toute façon il y a peu de psy dans le cursus DCEM, les futurs psychiatres apprennent sur le terrain et avec les formations des labos... Il n'y a plus de psychanalyse dans les colloques et congrès médicaux, j'ai eu en main les programmes des quatre derniers congrès français, européens et mondiaux de psychiatrie, rien sur la psychanalyse, donc...
De toute façon les références des psychiatres, au delà du vocabulaire, c'était plutôt Ey et Ajuriaguerra. Il y a eu quelques analystes psychiatres des hôpitaux célèbres mais on les trouvait surtout dans les cliniques ou en libéral. Actuellement je pense qu'on peut citer les services sur les doigts de la main.
Quant aux soi-disant progrès de la psychiatrie autour de l'imagerie et des neuro machins, je n'ai vu aucun patient y voir une quelconque amélioration de son état. Les IRM et les scanners, tout le monde en passe, j'ai même vu des prises en charge sur Paris aux intitulés pompeux déboucher sur de simples médications classiques et des conseils du genre "faites de la remédiation cognitive et faites-vous moins hospitaliser". Aucun psychiatre à qui j'ai posé la question "en quoi ça change radicalement la prise en charge, en quoi ça guérit un schizophrène" n'a été capable de me répondre autrement que par une pirouette du genre "c'est encore expérimental" ou "mais les symptômes blabla" ce qui est faux car les patients mentent souvent aux médecins pour avoir la paix.
Par contre je suis d'accord, la psychanalyse est une grille conceptuelle, c'est même une des définitions de Freud : métapsychologie (la fameuse grille), outil d'exploration de l'inconscient, pratique thérapeutique.
Il me semble que l'on peut très bien avoir la métapsychologie en tête et proposer tout un tas d'activités dans un service en les incluant dans cette grille, Pierre Delion fait ça à Lille et il parait que c'est pas mal.
D'ailleurs ça donne des indices sur la soi-disant "fermeture d'esprit". On peut pratiquer des TCC, de la gestalt, de la remédiation, avec une métapsychologie freudienne sous-jacente : c'est une série d'outils. La psychanalyse pointe les perturbations de l'intégration corps/langage donc on peut y rattacher toute une série de pratiques...
Par contre impossible de faire une analyse dans un service dont la métapsychologie est cognitivo comportementaliste ou neuropsychologique.
Le problème c'est de confondre la "grille conceptuelle" et l'outil. Quand l'outil devient une fin et non un moyen, c'est foutu.
Cela dit à titre personnel je ne crois plus à la possibilité d'une psychanalyse pure en hôpital, je suis plutôt client des pratiques type David Cooper soit métapsycho freudienne (en gros) et pratique plutôt de type systémique.Par expérience ça marche plutôt bien.
En France, l'approche psychanalytique actuelle, c'est Klein/Winnicott chez les enfants et Lacan chez les adultes, en gros. Et c'est devenu très minoritaire ! La plupart des services hospitaliers n'ont aucune approche. Ils donnent des médicaments et se démerdent comme ils peuvent avec très peu. La psychanalyse à l'hôpital c'est un mythe, on est plus dans les années 80, tous les psychiatres qui friment avec le vocabulaire lacanien partent à la retraite... On trouve plus de ça dans les IME, les structures associatives, et en libéral bien entendu.
A ma connaissance peu de facs de psycho sont encore là dedans : Brest pour le moment, Paris VII et Paris VIII, peut-être Angers, je crois que Montpellier a un département mais je confonds possiblement... Ca pèse pas lourd.
En médecine c'est fini, ils n'en parlent plus, de toute façon il y a peu de psy dans le cursus DCEM, les futurs psychiatres apprennent sur le terrain et avec les formations des labos... Il n'y a plus de psychanalyse dans les colloques et congrès médicaux, j'ai eu en main les programmes des quatre derniers congrès français, européens et mondiaux de psychiatrie, rien sur la psychanalyse, donc...
De toute façon les références des psychiatres, au delà du vocabulaire, c'était plutôt Ey et Ajuriaguerra. Il y a eu quelques analystes psychiatres des hôpitaux célèbres mais on les trouvait surtout dans les cliniques ou en libéral. Actuellement je pense qu'on peut citer les services sur les doigts de la main.
Quant aux soi-disant progrès de la psychiatrie autour de l'imagerie et des neuro machins, je n'ai vu aucun patient y voir une quelconque amélioration de son état. Les IRM et les scanners, tout le monde en passe, j'ai même vu des prises en charge sur Paris aux intitulés pompeux déboucher sur de simples médications classiques et des conseils du genre "faites de la remédiation cognitive et faites-vous moins hospitaliser". Aucun psychiatre à qui j'ai posé la question "en quoi ça change radicalement la prise en charge, en quoi ça guérit un schizophrène" n'a été capable de me répondre autrement que par une pirouette du genre "c'est encore expérimental" ou "mais les symptômes blabla" ce qui est faux car les patients mentent souvent aux médecins pour avoir la paix.
Par contre je suis d'accord, la psychanalyse est une grille conceptuelle, c'est même une des définitions de Freud : métapsychologie (la fameuse grille), outil d'exploration de l'inconscient, pratique thérapeutique.
Il me semble que l'on peut très bien avoir la métapsychologie en tête et proposer tout un tas d'activités dans un service en les incluant dans cette grille, Pierre Delion fait ça à Lille et il parait que c'est pas mal.
D'ailleurs ça donne des indices sur la soi-disant "fermeture d'esprit". On peut pratiquer des TCC, de la gestalt, de la remédiation, avec une métapsychologie freudienne sous-jacente : c'est une série d'outils. La psychanalyse pointe les perturbations de l'intégration corps/langage donc on peut y rattacher toute une série de pratiques...
Par contre impossible de faire une analyse dans un service dont la métapsychologie est cognitivo comportementaliste ou neuropsychologique.
Le problème c'est de confondre la "grille conceptuelle" et l'outil. Quand l'outil devient une fin et non un moyen, c'est foutu.
Cela dit à titre personnel je ne crois plus à la possibilité d'une psychanalyse pure en hôpital, je suis plutôt client des pratiques type David Cooper soit métapsycho freudienne (en gros) et pratique plutôt de type systémique.Par expérience ça marche plutôt bien.
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
J. Oury
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Bonjour,
Vous lire ici me projette à l'époque où j'ai choisi de changer de domaine professionnel parce que je trouvais que les équipes infirmières des services de psychiatrie étaient obligées de se démerder seules (je reprends votre verbe parce que c'est celui qui me semble simplement le plus adapté).
J'ai pu découvrir les bases du travail de Klein et Winnicott mais je reconnais avoir des difficultés à intégrer certains concepts: je ne comprends pas toujours "où il veut arriver" ! Je découvre grâce à vous Pierre Delion que je ne connais pas et vais donc aller lire ce que je peux en trouver.
Merci pour vos infos personnelles, je vais voir de ce côté là aussi.
Je lis que vous avez pu discuter des mises en parallèles entre imagerie et étude de la psyché avec des médecins. Ceux avec qui j'ai pu évoquer ces "nouveautés" m'ont dit ne pas s'y intéresser. Autant dire que je n'ai pas eu plus de retour positif que ceux que vous semblez avoir eu vous même.
Les seuls échos positifs que j'ai pu en avoir venaient de deux patients pour qui un diagnostic avait pu être écarté grâce à l'imagerie médicale.
Avez-vous rencontré des patients qui ont pu travailler à partir de ces mises en relation et nouvelles approches ?
Je vous remercie pour le témoignage que vous avez apporté et pour ce partage de vos connaissances.

Je suis bien incapable, à mon niveau et en tant qu'infirmière, d'être à même de décider si un courant est meilleurs qu'un autre.
L'étude des phénomènes psychiques est un "loisir" pour moi. Comme d'autres loisirs, il peut devenir très chronophage et complexe ! J'aurai peut-être une idée plus arrêtée lorsque sonnera l'heure de ma retraite !

Votre phrase est touchante: les infirmiers ont souvent une réelle volonté de "bien" travailler, de "faire de leur mieux", de s'investir dans la prise en charge des patients accueillis.AmThLi a écrit :La plupart des services hospitaliers n'ont aucune approche. Ils donnent des médicaments et se démerdent comme ils peuvent avec très peu.
Vous lire ici me projette à l'époque où j'ai choisi de changer de domaine professionnel parce que je trouvais que les équipes infirmières des services de psychiatrie étaient obligées de se démerder seules (je reprends votre verbe parce que c'est celui qui me semble simplement le plus adapté).
J'ai pu découvrir les bases du travail de Klein et Winnicott mais je reconnais avoir des difficultés à intégrer certains concepts: je ne comprends pas toujours "où il veut arriver" ! Je découvre grâce à vous Pierre Delion que je ne connais pas et vais donc aller lire ce que je peux en trouver.
Merci pour vos infos personnelles, je vais voir de ce côté là aussi.
Je lis que vous avez pu discuter des mises en parallèles entre imagerie et étude de la psyché avec des médecins. Ceux avec qui j'ai pu évoquer ces "nouveautés" m'ont dit ne pas s'y intéresser. Autant dire que je n'ai pas eu plus de retour positif que ceux que vous semblez avoir eu vous même.
Les seuls échos positifs que j'ai pu en avoir venaient de deux patients pour qui un diagnostic avait pu être écarté grâce à l'imagerie médicale.
Avez-vous rencontré des patients qui ont pu travailler à partir de ces mises en relation et nouvelles approches ?
Je vous remercie pour le témoignage que vous avez apporté et pour ce partage de vos connaissances.

Je suis d'accord avec vous: j'ignore encore beaucoup de choses dans bien des domaines, dont celui-ci. Est-ce illégitime ? Est-ce une raison pour cesser de chercher à comprendre ?brrruno a écrit :Vous ne connaissez pas la psychanalyse, mais en avez une idée très arrêtée et bien loin de ce qu'elle est. .../... Et si un courant de pensé vous intéresse, lancez vous dedans pour en trouver les intérêts.
Je suis bien incapable, à mon niveau et en tant qu'infirmière, d'être à même de décider si un courant est meilleurs qu'un autre.
L'étude des phénomènes psychiques est un "loisir" pour moi. Comme d'autres loisirs, il peut devenir très chronophage et complexe ! J'aurai peut-être une idée plus arrêtée lorsque sonnera l'heure de ma retraite !

Édition du post en cours...
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Oui j'ai connu des patients qui ont fait des sismos rebadgées en "ECT" ou de la neurostimulation trans-cranienne, ou des gens qui ont ou sont suivis parallèlement chez des psychiatres assez pointus sur la neuro-imagerie, ce genre de chose.eprex a écrit : Avez-vous rencontré des patients qui ont pu travailler à partir de ces mises en relation et nouvelles approches ?
Bilan très mitigé, les ECT ont un bénéfice très précaire et à terme d'énormes effets secondaires, la neuro-stimulation avec ou sans ni le patient ni moi n'avons ressenti de différence, quant à la neuro-imagerie, au final ça a servi à conclure qu'il fallait remettre du valium et étoffer la prise en charge extra-hospitalière pour éviter les hospis, au mépris du fait que les hospis servent au patient en question à se protéger de sa famille quand elle le persécute trop.
Super ! L'avenir de la psychiatrie !
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
J. Oury
Re: Classification des troubles de la personnalité en psychia...
Bonjour !
Je ne peux qu'être d'accord avec vous sur le bénéfice observable de l'E.C.T. et de la T.M.S.
Les partisans sont, comme nous avons pu l'évoquer, tous prêts à répondre qu'il s'agit de techniques encore expérimentales dans lesquelles ils espèrent pour un jour "guérir" les patients qu'ils "soignent".
Hors secteur psychiatrique, je crois que le centre d'évaluation et du traitement de la douleur du C.H.U. de Nantes utilise l'E.C.T. notamment dans les cas de fibromyalgie mais je n'arrive pas à avoir de données chiffrées de leurs résultats.
Dans le secteur de la pathologie mentale, il s'agit (E.C.T. et T.M.S.) d'outils et de ce que je peux en lire, leur efficacité n'est pas démontrée comme "meilleure" que celle des produits chimiques.
Je posais la question à une collègue qui exerce depuis 2002 dans le même C.H.S. de savoir combien de temps elle passe à réaliser des entretiens ou de la relation d'aide auprès des patients qui sont admis dans son service... sa réponse est "nous réalisons un entretien infirmier à l'admission du patient dans le service, puis à la demande du patient s'il en éprouve le besoin".
Elle m'explique que son travail est plus axé sur l'encadrement de jeux collectifs et autour des traitements médicamenteux (préparations, évaluation de l'efficacité, surveillances de prises et détection de l'apparition d'effets secondaires).
Avez-vous fait le même constat ?
Merci encore pour les différentes références que vous m'avez communiqué. J'ai pu trouver"L’enfant hyperactif, son développement et la prédiction de la délinquance : qu’en penser aujourd'hui ?" de Pierre Dellion, intéressant en particulier pour les références qu'il apporte.
J'ai pu voir qu'il participait à l'élaboration d'autres ouvrages. Auriez-vous lu ou entendu parler de La chronicité en psychiatrie aujourd'hui (aujourd'hui a plus de dix ans mais je me dis que l'actualité ne doit pas avoir tant changé !) ?
J'ai également besoin d'un conseil et peut-être pourriez-vous me l'apporter: entre "jeu et réalité" ou "la capacité d'être seul", quelle lecture de D. Winnicott me conseilleriez-vous ?
Super, ordinaire, et sans plomb !
(j'suis déjà retournée dans mon placard là en fait !)
Je ne peux qu'être d'accord avec vous sur le bénéfice observable de l'E.C.T. et de la T.M.S.
Les partisans sont, comme nous avons pu l'évoquer, tous prêts à répondre qu'il s'agit de techniques encore expérimentales dans lesquelles ils espèrent pour un jour "guérir" les patients qu'ils "soignent".
Hors secteur psychiatrique, je crois que le centre d'évaluation et du traitement de la douleur du C.H.U. de Nantes utilise l'E.C.T. notamment dans les cas de fibromyalgie mais je n'arrive pas à avoir de données chiffrées de leurs résultats.
Dans le secteur de la pathologie mentale, il s'agit (E.C.T. et T.M.S.) d'outils et de ce que je peux en lire, leur efficacité n'est pas démontrée comme "meilleure" que celle des produits chimiques.
Je crains, à lire ce que peuvent être les prises en charge des patients dans les services d'hospitalisations, qu'elles ne soient perçues comme des "vacances" plus que comme des "services de soins"...AmThLi a écrit : les hospis servent au patient en question à se protéger de sa famille quand elle le persécute trop.
Je posais la question à une collègue qui exerce depuis 2002 dans le même C.H.S. de savoir combien de temps elle passe à réaliser des entretiens ou de la relation d'aide auprès des patients qui sont admis dans son service... sa réponse est "nous réalisons un entretien infirmier à l'admission du patient dans le service, puis à la demande du patient s'il en éprouve le besoin".
Elle m'explique que son travail est plus axé sur l'encadrement de jeux collectifs et autour des traitements médicamenteux (préparations, évaluation de l'efficacité, surveillances de prises et détection de l'apparition d'effets secondaires).
Avez-vous fait le même constat ?
Merci encore pour les différentes références que vous m'avez communiqué. J'ai pu trouver"L’enfant hyperactif, son développement et la prédiction de la délinquance : qu’en penser aujourd'hui ?" de Pierre Dellion, intéressant en particulier pour les références qu'il apporte.
J'ai pu voir qu'il participait à l'élaboration d'autres ouvrages. Auriez-vous lu ou entendu parler de La chronicité en psychiatrie aujourd'hui (aujourd'hui a plus de dix ans mais je me dis que l'actualité ne doit pas avoir tant changé !) ?
J'ai également besoin d'un conseil et peut-être pourriez-vous me l'apporter: entre "jeu et réalité" ou "la capacité d'être seul", quelle lecture de D. Winnicott me conseilleriez-vous ?
Ouaip...AmThLi a écrit :Super ! L'avenir de la psychiatrie !
Super, ordinaire, et sans plomb !

Édition du post en cours...