Diagnostic médical utile ou non? Sujet de mémoire
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Re: Diagnostic médical utile ou non? Sujet de mémoire
Allez, j’y reviens !
Une “suspicion de troubles bipolaires” est un diagnostic. Il évoluera peut être en “troubles bipolaires”, ou pas. Mais il existe et il est posé par un médecin.
De même, un “risque” peut être un diagnostic. Exemples: risque de décompensation psychotique, risque suicidaire (risque d'infarctus, et même risque de chute pour un diagnostic infirmier).
Un patient est admis dans un service hospitalier avec une forte fièvre, des douleurs articulaires et de la fatigue.
Le médecin va arriver, mais en attendant, est-ce que vous laissez le patient debout dans le couloir ? J’ose espérer que non !
Vous allez faire ce que votre rôle propre vous donne la possibilité de faire: l’installer, l’interroger, prendre ses constantes, l’aider à se découvrir et “plein d’autres trucs”.
Il en va de même en service de psychiatrie. A l’accueil d’un patient (hors cadre de “crise” délirante, d'agressivité mettant en péril la sécurité ou la vie du patient et du personnel), vous allez commencer par l'installer, lui prendre ses constantes, et vous entretenir avec lui.
Ce sera un bon moyen de mesurer sa cohérence, sa compliance, sa demande ou son attente s’il en a, d'appréhender sa manière de penser, ses croyances (par exemple sur le fait d'être hospitalisé).
La prise en charge d’un patient ne commence pas systématiquement par une injection de neuroleptiques dans le… pardon, dans les… non… pas mieux…
Dans le cadre d’un “mémoire” (parce que je déteste accentuer les majuscules !), il me paraît même plus intéressant d’orienter le questionnement sur ce point que sur celui de l’utilité d’un diagnostic dans l’introduction d’une prise en charge d’un patient par un infirmier…
Je pose un exemple:
X arrive en service d'admission à quinze heures avec pour diagnostic "troubles du comportement" (n'en veuillez pas au médecin urgentiste, il y a eu au même moment les passagers d'un bus scolaire victime d'intoxication alimentaire: 50 gamins sont arrivés aux urgences !).
Le médecin psychiatre du service viendra vers dix-huit heures, il n'y aura donc que des infirmiers pour observer le comportement de X durant ce délais.
Il s’agit de quelqu'un de peu compliant, avec qui le dialogue est difficile. Cette personne ne donne pour réponse que des “oui” ou des “non” ou répond par onomatopée lorsque les questions sont ouvertes. C'est quelqu'un qui se retourne régulièrement , comme "à l'écoute", même en l'absence de bruits, longe les murs et n’entre pas en relation avec le reste des personnes présentes dans la structure où vous travaillez. L'observation que vous en faites vous permet de dire "marche en regardant le plus souvent ses pieds et remue les lèvres en permanence".
Pensez vous que X soit atteint de schizophrénie ? victime d’un délire paranoïaque ? autiste ?
Il me semble qu’en fonction de la charge émotionnelle que le soignant a à la lecture de ces différents termes, il va orienter son “propre” diagnostic, et sa prise en charge.
Et si X souffrait d’un syndrôme de stress post-traumatique ? Si X a été victime d'une prise d'otage, ou d'un viol, ou de... Ha !
Plus pernicieux: pensez-vous à la lecture de ces différents éléments que X soit un homme ou une femme ?
Je crois qu'il est difficile en tant que soignant de nous détacher de l’étiquette que nous posons sur le patient en fonction de notre expérience et de nos affects.
Par contre, il me semble professionnel d'admettre ce phénomène et d'en tenir compte dans notre manière d'aborder un patient, même en attente de diagnostic.
Et pour en revenir au point précédent, cela n'empêche pas l’infirmier de commencer à travailler à ses côtés !
De mon point de vue, sur un sujet de mémoire, ce questionnement pourrait être abordé dans une conclusion permettant ainsi une ouverture vers d’autres interrogations…
(mais je suis “une vieille infirmière, de l’ancienne école, et j'ignore ce qui est attendu d’un travail de fin d’étude actuellement !)
Une petite phrase que j’aime bien (dont la paternité est attribuée à Mark Twain):
“ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”.
(mais ils ont travaillé dur pour y arriver !)
Ha ? Pensez-vous qu’il faille plusieurs années à un médecin pour poser un diagnostic dans tous les cas ?Onerun a écrit :Normalement, il faut plusieurs années pour qu'un médecin puisse établir un diagnostic non ? =>pour un trouble bi polaire par exemple.
Je suis d’accord avec Jo_bis sur ce qui est écrit.Jo_bis a écrit :Une suspicion de diagnostic n'est pas une absence de diagnostic.
Une “suspicion de troubles bipolaires” est un diagnostic. Il évoluera peut être en “troubles bipolaires”, ou pas. Mais il existe et il est posé par un médecin.
De même, un “risque” peut être un diagnostic. Exemples: risque de décompensation psychotique, risque suicidaire (risque d'infarctus, et même risque de chute pour un diagnostic infirmier).
Dans le cadre d’un travail de fin d’étude pour l’obtention de votre diplôme d’infirmier, je vous déconseille d’aborder ainsi ce point. Comme il a été dit en amont sur ce fil, ce n’est pas une thèse que vous préparez. Je m'abstiendrais de dire à un jury “oui mais des fois le médecin se trompe et même ses confrères qui le disent”. Mais ce n'est que mon avis !clairemorvant24 a écrit : Je ne compte pas remettre en cause le diagnostic médical dans ce travail mais juste souligner le fait qu'il existe certaines faiblesses. C'est un constat, beaucoup de psychiatres le disent eux-mêmes d'ailleurs, il peut être parfois très difficile pour eux d'émettre un diagnostic. Ils se trompent parfois, et peuvent en venir à le réajuster par la suite.
Je ne comprends pas cette parenthèse. Sauriez-vous développer votre pensée ?clairemorvant24 a écrit :Du coup, en tant qu'infirmière en psychiatrie (bien que cela diffère selon les services et les pathologies)
Alors je vais me permettre un parallèle “à la gomme”.clairemorvant24 a écrit :est-il nécessaire de disposer du diagnostic médical pour débuter une prise en charge?
Un patient est admis dans un service hospitalier avec une forte fièvre, des douleurs articulaires et de la fatigue.
Le médecin va arriver, mais en attendant, est-ce que vous laissez le patient debout dans le couloir ? J’ose espérer que non !
Vous allez faire ce que votre rôle propre vous donne la possibilité de faire: l’installer, l’interroger, prendre ses constantes, l’aider à se découvrir et “plein d’autres trucs”.
Il en va de même en service de psychiatrie. A l’accueil d’un patient (hors cadre de “crise” délirante, d'agressivité mettant en péril la sécurité ou la vie du patient et du personnel), vous allez commencer par l'installer, lui prendre ses constantes, et vous entretenir avec lui.
Ce sera un bon moyen de mesurer sa cohérence, sa compliance, sa demande ou son attente s’il en a, d'appréhender sa manière de penser, ses croyances (par exemple sur le fait d'être hospitalisé).
La prise en charge d’un patient ne commence pas systématiquement par une injection de neuroleptiques dans le… pardon, dans les… non… pas mieux…
Ce point concernant la divergence d’opinion est intéressant.clairemorvant24 a écrit :Quels effets la connaissance du diagnostic peut-elle avoir sur le soignant (étiquette, etc) ? .../... Cela dépend énormément de l'âge du soignant, de son expérience, de son lieu de travail…
Dans le cadre d’un “mémoire” (parce que je déteste accentuer les majuscules !), il me paraît même plus intéressant d’orienter le questionnement sur ce point que sur celui de l’utilité d’un diagnostic dans l’introduction d’une prise en charge d’un patient par un infirmier…
Je pose un exemple:
X arrive en service d'admission à quinze heures avec pour diagnostic "troubles du comportement" (n'en veuillez pas au médecin urgentiste, il y a eu au même moment les passagers d'un bus scolaire victime d'intoxication alimentaire: 50 gamins sont arrivés aux urgences !).
Le médecin psychiatre du service viendra vers dix-huit heures, il n'y aura donc que des infirmiers pour observer le comportement de X durant ce délais.
Il s’agit de quelqu'un de peu compliant, avec qui le dialogue est difficile. Cette personne ne donne pour réponse que des “oui” ou des “non” ou répond par onomatopée lorsque les questions sont ouvertes. C'est quelqu'un qui se retourne régulièrement , comme "à l'écoute", même en l'absence de bruits, longe les murs et n’entre pas en relation avec le reste des personnes présentes dans la structure où vous travaillez. L'observation que vous en faites vous permet de dire "marche en regardant le plus souvent ses pieds et remue les lèvres en permanence".
Pensez vous que X soit atteint de schizophrénie ? victime d’un délire paranoïaque ? autiste ?
Il me semble qu’en fonction de la charge émotionnelle que le soignant a à la lecture de ces différents termes, il va orienter son “propre” diagnostic, et sa prise en charge.
Et si X souffrait d’un syndrôme de stress post-traumatique ? Si X a été victime d'une prise d'otage, ou d'un viol, ou de... Ha !
Plus pernicieux: pensez-vous à la lecture de ces différents éléments que X soit un homme ou une femme ?
Je crois qu'il est difficile en tant que soignant de nous détacher de l’étiquette que nous posons sur le patient en fonction de notre expérience et de nos affects.
Par contre, il me semble professionnel d'admettre ce phénomène et d'en tenir compte dans notre manière d'aborder un patient, même en attente de diagnostic.
Et pour en revenir au point précédent, cela n'empêche pas l’infirmier de commencer à travailler à ses côtés !
C’est une question autour de laquelle de nombreuses recherches sont menées. Il est déjà démontré que certaines variations du code génétique augmentent (ou diminuent) le risque d’être atteint de certaines pathologies psychiatriques. Les études sur le sujet sont nombreuses.clairemorvant24 a écrit :Je pense que la psychiatrie est un secteur particulier, pour lequel il n'y a pas d'examens permettant d'être sûr et certain d'un diagnostic
De mon point de vue, sur un sujet de mémoire, ce questionnement pourrait être abordé dans une conclusion permettant ainsi une ouverture vers d’autres interrogations…
(mais je suis “une vieille infirmière, de l’ancienne école, et j'ignore ce qui est attendu d’un travail de fin d’étude actuellement !)
Hé oui !clairemorvant24 a écrit :Mon travail comportera des éléments d'argumentation qui souligneront le fait que ça puisse ne pas être possible car... mais que d'un autre côté, selon certains soignants, il est possible de faire sans, à condition de...
Une petite phrase que j’aime bien (dont la paternité est attribuée à Mark Twain):
“ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”.
(mais ils ont travaillé dur pour y arriver !)

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Re: Diagnostic médical utile ou non? Sujet de mémoire
Bonjour,
Tout d'abord, merci pour votre réponse, car je pense qu'elle vous a pris du temps.
Effectivement, dit comme ça, ça fait réfléchir. Néanmoins, ma directrice de mémoire ne semble pas contre le fait que j'aborde ce sujet dans l'écrit, c'est d'ailleurs elle qui m'a, à la suite de nos échanges, orientée vers cette problématique (tout en respectant mes choix bien évidemment).
Je vous remercie encore, votre réponse m'a beaucoup fait réfléchir et m'a même donné une « boule au ventre » car je me demande où je vais, mais c'est ce qui produit lorsqu'on accorde de l'importance à ce que l'on fait non?
Tout d'abord, merci pour votre réponse, car je pense qu'elle vous a pris du temps.
eprex a écrit :Dans le cadre d’un travail de fin d’étude pour l’obtention de votre diplôme d’infirmier, je vous déconseille d’aborder ainsi ce point. Comme il a été dit en amont sur ce fil, ce n’est pas une thèse que vous préparez. Je m'abstiendrais de dire à un jury “oui mais des fois le médecin se trompe et même ses confrères qui le disent”. Mais ce n'est que mon avis !
Effectivement, dit comme ça, ça fait réfléchir. Néanmoins, ma directrice de mémoire ne semble pas contre le fait que j'aborde ce sujet dans l'écrit, c'est d'ailleurs elle qui m'a, à la suite de nos échanges, orientée vers cette problématique (tout en respectant mes choix bien évidemment).
Non, en effet, ce n'est pas toujours le cas.eprex a écrit :Ha ? Pensez-vous qu’il faille plusieurs années à un médecin pour poser un diagnostic dans tous les cas ?
Oui, bien-sûr. Je vais développer le fait que (c'est ce que je pense et ce dont j'ai pu me rendre compte) la nécessité pour les soignants de disposer du diagnostic diverge selon les services et les pathologies. Certains pensent que c'est indispensable en hôpital de jour par exemple pour x pathologie mais pas pour une autre, etc.eprex a écrit :Je ne comprends pas cette parenthèse. Sauriez-vous développer votre pensée ?
Je suis tout à fait d'accord avec vous, mais ce n'est pas le cas de tous les professionnels, certains, bien qu'ils n'aient pas le choix, auront des difficultés à prendre en charge un patient sans avoir obtenu au préalable un diagnostic (peut-être par manque d'expérience, de formation, etc). Et peut-on prendre en charge un patient avec qualité dans ces conditions?eprex a écrit : Alors je vais me permettre un parallèle “à la gomme”.
Un patient est admis dans un service hospitalier avec une forte fièvre, des douleurs articulaires et de la fatigue.
Le médecin va arriver, mais en attendant, est-ce que vous laissez le patient debout dans le couloir ? J’ose espérer que non !
Vous allez faire ce que votre rôle propre vous donne la possibilité de faire: l’installer, l’interroger, prendre ses constantes, l’aider à se découvrir et “plein d’autres trucs”.
Il en va de même en service de psychiatrie. A l’accueil d’un patient (hors cadre de “crise” délirante, d'agressivité mettant en péril la sécurité ou la vie du patient et du personnel), vous allez commencer par l'installer, lui prendre ses constantes, et vous entretenir avec lui.
Ce sera un bon moyen de mesurer sa cohérence, sa compliance, sa demande ou son attente s’il en a, d'appréhender sa manière de penser, ses croyances (par exemple sur le fait d'être hospitalisé).
La prise en charge d’un patient ne commence pas systématiquement par une injection de neuroleptiques dans le… pardon, dans les… non… pas mieux…
Je vous remercie encore, votre réponse m'a beaucoup fait réfléchir et m'a même donné une « boule au ventre » car je me demande où je vais, mais c'est ce qui produit lorsqu'on accorde de l'importance à ce que l'on fait non?
Re: Diagnostic médical utile ou non? Sujet de mémoire
ça, c'est une vraie question de départ.Clairemorvant24 a écrit :Quels effets la connaissance du diagnostic peut-elle avoir sur le soignant (étiquette, etc) ?
Et ça, une excellente problématique.clairemorvant24 a écrit :mais ce n'est pas le cas de tous les professionnels, certains, bien qu'ils n'aient pas le choix, auront des difficultés à prendre en charge un patient sans avoir obtenu au préalable un diagnostic (peut-être par manque d'expérience, de formation, etc). Et peut-on prendre en charge un patient avec qualité dans ces conditions?
Je suis d'accord.eprex a écrit :Dans le cadre d’un travail de fin d’étude pour l’obtention de votre diplôme d’infirmier, je vous déconseille d’aborder ainsi ce point. Comme il a été dit en amont sur ce fil, ce n’est pas une thèse que vous préparez. Je m'abstiendrais de dire à un jury “oui mais des fois le médecin se trompe et même ses confrères qui le disent”. Mais ce n'est que mon avis !
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Re: Diagnostic médical utile ou non? Sujet de mémoire
Marcel Pagnol disait un truc qui ressemble : « Tout le monde savait que c'était impossible. Il est venu un imbécile qui ne le savait pas et qui l'a fait. »eprex a écrit :Une petite phrase que j’aime bien (dont la paternité est attribuée à Mark Twain):
“ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”.
Et on attribue à Winston Churchill : “Tout le monde savait que c'était impossible à faire. Puis un jour quelqu'un est arrivé qui ne le savait pas, et il l'a fait.”
Alors, qui est le premier auteur ? Peut-être que les grands esprits se rencontrent ;-)
Re: Diagnostic médical utile ou non? Sujet de mémoire
Pour la paternité des mots, je... vais m’abstenir de taper un loooonnnng message sur ce post ! Et sur la grandeur des petits esprits (ou l'inverse ?) qui peuvent hypothétiquement croiser... Je vais m'abstenir aussi...Leopold Anasthase a écrit :Alors, qui est le premier auteur ? Peut-être que les grands esprits se rencontrent ;-)
clairemorvant24 a déjà bien assez de travail avec son mémoire
N'est-ce pas ? ;-b
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Re: Diagnostic médical utile ou non? Sujet de mémoire
Bonjour,
Je viens vous tenir au courant de mon avancée. J'en suis actuellement aux hypothèses. Je lis en ce moment "L'infirmier en santé mentale" de Jacky Merkling, qui est formateur en école de cadre. Son point de vue est identique au mien ce qui me permet de relativiser le reste du travail. Je vous remercie encore pour votre attention.
Claire
Je viens vous tenir au courant de mon avancée. J'en suis actuellement aux hypothèses. Je lis en ce moment "L'infirmier en santé mentale" de Jacky Merkling, qui est formateur en école de cadre. Son point de vue est identique au mien ce qui me permet de relativiser le reste du travail. Je vous remercie encore pour votre attention.
Claire
Re: Diagnostic médical utile ou non? Sujet de mémoire
Merci Claire !
N'hésite pas à aller lire également des auteurs dont le point de vue est différent de celui auquel tu adhères.
Bon courage pour la suite de tes travaux.
N'hésite pas à aller lire également des auteurs dont le point de vue est différent de celui auquel tu adhères.

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