Bref, je m'en vais...
Modérateur : Modérateurs
Bref, je m'en vais...
Voilà voilà tout est dans le titre... J'ai trois ans de DE et... Je m'en vais.
Devenir infirmière n'a jamais été une erreur de casting comme j'ai pu l'entendre de certains. J'ai toujours voulu faire ça. J'ai tenu tête à mes parents qui voulaient me voir briller en médecine après avoir toujours eu d'excellents resultats..
J'ai fait mes trois années d'études. J'avais 17ans en attaquant, 20 en terminant.
C'est sûr au début on prend une claque, mais après waow c'était le pied..! J'ai fait un peu tout dans mon hôpital, de la maternité, des soins intensifs USC/USIC, chirurgies en tout genre... Et puis j'ai trouvé mon bonheur en médecine avec une équipe géniale.
Et puis progressivement alors que tout allait bien depuis 2ans sans le voir vraiment venir j'ai sombré...
Est ce le fait de n'avoir eu aucun médecin les week-ends, d'avoir eu à prendre des décisions en mettant notre diplôme au couperet parce que le dit médecin ne nous répond pas au téléphone ou aux SMS qu'on lui envoie ? De toutes façons il faut agir, les gens merdent, les familles regardent... On ne fait rien.. Les anesthésistes ne veulent pas s'en occuper ce ne sont pas des opérés, des internes il n'y en a plus même la semaine depuis longtemps dans le service, ce qui n'arrange rien car certains titulaires sont à mi temps ou ont leur consultations et on en aurait bien besoin... Alors on agit ou on attend (si on a pas réussi à faire suffisamment les yeux doux pour qu'un médecin qui ne suive pas la personne accepte de la voir) en espérant avoir fait bien.
Est ce le fait d'avoir de plus en plus d'entrées de sorties... Bref cette sensation petit à petit de passer 12h à ne pas toucher terre, à parfois gérer plusieurs entrées, plusieurs mutations en même temps et ne même plus savoir à la fin de l'après midi où tu habites. Tu regardes l'horloge et tu te dis si j'ai pas fini à cette heure là ça sera la misère.. Et l'heure tourne, chaque mouvement d'aiguille s'abat sur toi comme une lourde gifle, file vite. Faut se bouger le cul, il y a des perfs et des injections qui attendent en plus. Quelle pression au jour le jour.
Et puis un jour on veut gagner du temps sans voir que c'est nous qui allons nous faire gagner. Merde. J'ai fait une boulette, sans conséquences heureusement le médecin me donne la conduite à tenir qui se résume à surveiller un dextro, enrichir un plateau. Je m'en veux tellement... Il me rit au nez et me dit : hé oh tu veux pas un bonnet d'âne non plus ! Tout va bien ça arrive! Qui n'en fait pas de boulette ?
Oui c'est vrai j'en ai vu plus d'une des collègues, des médecins etc.. Mais là c'est moi.. Ça change tout.
Un autre jour tu vas vite et boum tu te piques... Un aes ? Allez ça va j'en ai déjà fait ! Oui mais pas comme celui là. Les sérologies sont parties avant que j'ai mon accident, le doc ne m'a rien dit et les prises de sang sont faites par un laboratoire sur certains horaires. merde ça craint. J'ai couru toute la journée et quelle journée de merde... Bref j'attends au final tout va bien... Mais ça ne changera rien.
Autant de choses qui.. Ont fait que je ne m'en remettrai pas. j'ai progressivement développé un TOC. Thème peur de l'erreur et hygiène contamination. Je vérifiais tout un millier de fois, mais l'angoisse continuait, je me lavais les mains jusqu'à saigner...bref J'explosais et je pensais au pire. Mon médecin m'arrête. Et me voilà à attaquer un Dut de gestion en septembre.
Faire le point sur tout ça a été long, comme une sorte de deuil.. J'adorais mon métier... J'y ai vécu des moments très forts, très émouvant, très drôles aussi parfois.. Mais j'en suis arrivée là.
Maintenant je croise les doigts pour l'avenir..
C'était long mais j'avais besoin de laisser ça quelque part. D'évacuer en quelques sortes.
Devenir infirmière n'a jamais été une erreur de casting comme j'ai pu l'entendre de certains. J'ai toujours voulu faire ça. J'ai tenu tête à mes parents qui voulaient me voir briller en médecine après avoir toujours eu d'excellents resultats..
J'ai fait mes trois années d'études. J'avais 17ans en attaquant, 20 en terminant.
C'est sûr au début on prend une claque, mais après waow c'était le pied..! J'ai fait un peu tout dans mon hôpital, de la maternité, des soins intensifs USC/USIC, chirurgies en tout genre... Et puis j'ai trouvé mon bonheur en médecine avec une équipe géniale.
Et puis progressivement alors que tout allait bien depuis 2ans sans le voir vraiment venir j'ai sombré...
Est ce le fait de n'avoir eu aucun médecin les week-ends, d'avoir eu à prendre des décisions en mettant notre diplôme au couperet parce que le dit médecin ne nous répond pas au téléphone ou aux SMS qu'on lui envoie ? De toutes façons il faut agir, les gens merdent, les familles regardent... On ne fait rien.. Les anesthésistes ne veulent pas s'en occuper ce ne sont pas des opérés, des internes il n'y en a plus même la semaine depuis longtemps dans le service, ce qui n'arrange rien car certains titulaires sont à mi temps ou ont leur consultations et on en aurait bien besoin... Alors on agit ou on attend (si on a pas réussi à faire suffisamment les yeux doux pour qu'un médecin qui ne suive pas la personne accepte de la voir) en espérant avoir fait bien.
Est ce le fait d'avoir de plus en plus d'entrées de sorties... Bref cette sensation petit à petit de passer 12h à ne pas toucher terre, à parfois gérer plusieurs entrées, plusieurs mutations en même temps et ne même plus savoir à la fin de l'après midi où tu habites. Tu regardes l'horloge et tu te dis si j'ai pas fini à cette heure là ça sera la misère.. Et l'heure tourne, chaque mouvement d'aiguille s'abat sur toi comme une lourde gifle, file vite. Faut se bouger le cul, il y a des perfs et des injections qui attendent en plus. Quelle pression au jour le jour.
Et puis un jour on veut gagner du temps sans voir que c'est nous qui allons nous faire gagner. Merde. J'ai fait une boulette, sans conséquences heureusement le médecin me donne la conduite à tenir qui se résume à surveiller un dextro, enrichir un plateau. Je m'en veux tellement... Il me rit au nez et me dit : hé oh tu veux pas un bonnet d'âne non plus ! Tout va bien ça arrive! Qui n'en fait pas de boulette ?
Oui c'est vrai j'en ai vu plus d'une des collègues, des médecins etc.. Mais là c'est moi.. Ça change tout.
Un autre jour tu vas vite et boum tu te piques... Un aes ? Allez ça va j'en ai déjà fait ! Oui mais pas comme celui là. Les sérologies sont parties avant que j'ai mon accident, le doc ne m'a rien dit et les prises de sang sont faites par un laboratoire sur certains horaires. merde ça craint. J'ai couru toute la journée et quelle journée de merde... Bref j'attends au final tout va bien... Mais ça ne changera rien.
Autant de choses qui.. Ont fait que je ne m'en remettrai pas. j'ai progressivement développé un TOC. Thème peur de l'erreur et hygiène contamination. Je vérifiais tout un millier de fois, mais l'angoisse continuait, je me lavais les mains jusqu'à saigner...bref J'explosais et je pensais au pire. Mon médecin m'arrête. Et me voilà à attaquer un Dut de gestion en septembre.
Faire le point sur tout ça a été long, comme une sorte de deuil.. J'adorais mon métier... J'y ai vécu des moments très forts, très émouvant, très drôles aussi parfois.. Mais j'en suis arrivée là.
Maintenant je croise les doigts pour l'avenir..
C'était long mais j'avais besoin de laisser ça quelque part. D'évacuer en quelques sortes.
Re: Bref, je m'en vais...
et bien,tu as fait ta révolution puisque le système asphyxié financièrement ne pouvait plus rien t'offrir.Comme disait (marx,lénine,un autre?)"En haut on ne peut plus,en bas on ne veut plus".Ou comme le disait ce soir à la télé le directeur de l'ecole normale supérieure/tu as connu un déchirement tragique.Bonne route,que ta vie soit belle.
Re: Bref, je m'en vais...
Je suis dans la même situation, un raz-le-bol de cette prise en charge qui a pour but la rentabilité !!! Je suis diplômée depuis 2011 et je voudrais également changer de métier avec regret car j'aime mon métier
- La puce à l'oreille
- Régulier
- Messages : 32
- Inscription : 06 mars 2017 13:04
Re: Bref, je m'en vais...
Bonne route à toi, babybel. Ton témoignage est fort, merci d'avoir pris le temps de le partager ici.
esi 2017-2020
Re: Bref, je m'en vais...
tu vas nous manquer, parce que là... enfin quelqu'un a dit des mots, des mots justes. En fin de compte, soit tu deviens un esclave, soit tu quittes ce métier.
Tu as raison, et surtout penses à mettre de l'argent de coté pour éviter d etre un jour placée dans une maison de retraite où les soignants sont frustrés de n'avoir pas un jour, eu ton courage. Et seront maltraitants parce que eux même maltraités par leur direction.
Bonne chance et amuses toi
Tu as raison, et surtout penses à mettre de l'argent de coté pour éviter d etre un jour placée dans une maison de retraite où les soignants sont frustrés de n'avoir pas un jour, eu ton courage. Et seront maltraitants parce que eux même maltraités par leur direction.
Bonne chance et amuses toi
Re: Bref, je m'en vais...
Waouh.. merci pour ton témoignage poignant. Cela fait 2 ans que je suis IDE et je me rends compte des mêmes choses que toi... je suis à bout et je ne souhaite plus faire ce métier. En ce moment, je suis en pleine réflexion pour savoir quel réorientation serait le mieux pour toi.
En tout cas merci pour ton témoignage, tu as été très courageux et je te souhaite une bonne réussite dans ta nouvelle orientation.
En tout cas merci pour ton témoignage, tu as été très courageux et je te souhaite une bonne réussite dans ta nouvelle orientation.
Re: Bref, je m'en vais...
Votre témoignage est d'une réalité criante.
Bonne chance Babybel, tous mes vœux de réussite vous accompagnent !
Bonne chance Babybel, tous mes vœux de réussite vous accompagnent !

"Il suffit de nous regarder pour voir comment une forme de vie intelligente peut se développer d'une manière que nous n'aimerions pas rencontrer."
Stephen HAWKING
Stephen HAWKING