Entre ARH et une vie...

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Horla
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Entre ARH et une vie...

Message par Horla »

Il était un foie.

1/Tituber

Je n’avais jamais chercher un équilibre, j’ai toujours aimé ce sentiment de glissade imprévisible qui fout tout en l’air, rien est acquit, qui est à rien ?

Quelque chose de cynique certainement m’a toujours poussé à rester sur le fil du doute, à me moquer du monde sans vraiment le comprendre, comme un autiste qui ne souffrirait pas l’enfer mais qui serait atteint d’un rire fou.

Je passe l’épisode de l’école, ou l’ennui côtoyait la violence absurde, beaucoup d’entre nous sont passé par là et s’étendre sur l’abrutissement de la majorité des profs, l’aveuglement des pions et la basique méchanceté des élèves vis à vis d’un « nouveau » serait une perte de temps.
Simplement à seize ans je suis parti en courant, en fumant à peu près tout, loin de cet univers usant et aucunement lucratif.

C’est donc en planant bien haut que j’ai dégoté mon premier boulot, grâce ou à cause de ma mère, j’étais devenu devenu autonome. Malgré une solide intolérance à toute forme de hiérarchie, j’ai fais une « carrière ». Tâtonnante au début, j’ai fais le choix après un accident de la route très banal et six mois d’immobilisation de l’orienter vers le milieu du soin.
Quitte à se lever le matin, autant ne pas être trop nuisible et aider les autres, l’idée est basique, puérile, idéaliste mais bon, c’est ce qui m’a traversé après mon hospitalisation et ne m’a jamais quitté depuis.
Je passe sur ce qu’il faut faire en France pour devenir infirmier quand on a Bac-4, mais sachez que c’est possible, c’est long, fastidieux mais ça permet de belles rencontres. C’est possible.

Avec une histoire familiale pleine de trous mystérieux, je me suis trouvé fasciné par la psychiatrie et la psychanalyse, j’ai trouvé le milieu durement poétique, je naviguais pendant les cours entre Thièphaine, Maupassant, Baudelaire et Frédéric Dard !

Ce nouvel entourage, peuplé d’allumés géniaux, de gens en totale perdition, enrobé par des mots qui bien que rébarbatifs au début sont issus d’incontournables contenus, d’essentielles vérités instables, j’ai plongé dedans, j’ai soigné, écouté, repris à ma sauce les propos, mes lectures et expériences, je me suis forgé sans le vouloir vraiment une identité professionnelle ayant pour base, pour moteur mon mépris de cette partie grandissante du monde qui rejette la différence.

Quand à cette hiérarchie là, elle donnait du sens, incarnait le respect de parcours savants, elle restait ouverte et tolérait les élans fougueux, souvent utopistes de notre génération.
Ils ne dirigeaient pas. Médecins, cadres, personne ne donnait d’ordres, de conseils, nos seules contraintes étaient de rester dans le sens, si possible le bon, celui qui va vers le mieux être des gens qui arrivaient dans notre service.

J’avais trouvé un boulot où mes élans, mon amours des mots, ma fascination pour l’étrangeté n’était plus un handicap mais des atouts utiles aux autres.

Je n’allais pas « travailler », j’étais Moi.


2/Plus loin

Comme à peu prêt partout je crois, les années passent.

J’ai quitté ce service, cet hôpital pour partir en mission humanitaire à Madagascar. Sans expérience, j’ai accepté cette mission dans un orphelinat proche de Tananarive sans rémunération mais sans contrainte de temps de travail. J’étais juste logé et nourri… Nous Riz.
Ayant un peu d’argent de côté et le franc Malgache étant plus qu’abordable, je m’échappais régulièrement dans ce petit continent aussi joyeux que pauvre.

De rencontres en grosses frayeurs, ma vision de l’absurdité, de l’injustice de notre planète s’est enrichie, enkystée en moi.

Les séquelles de la colonisation, surtout de notre administration tournaient au cliché, j’évoluais dans un reportage en noir et blanc en attendant d’improbables trains ou bus en contemplant un fonctionnaire en uniforme armé d’un tampon redoutable qui résonnait dans un silence d’horloge en panne.

Quand je demandais : « à quelle heure passe le bus pour Tulèar ? » on me répondait : « il passe ici Vaza ! ».

Décalage, décollage… Je dois rentrer, fauché malgré le soutien de ma mère, un an là-bas, à faire ce que je peux entre pansement douteux, piluliers en cageot et Bétadine périmée et diluée.

Je rentre, je postule à l’hôpital d’où j’étais parti, « on » me reprend si j’accepte de travailler dans un service pour patients « autistes ». J’accepte bien que je me connaisse déjà suffisamment bien pour savoir que sans l’usage du langage je suis perdu, mais après tout je rentre « d’Afrique » et « j’en ai vu d’autres… »

Trois mois. Je demande rendez-vous à la DRH, je craque. J’ai tenté la musique sous plusieurs formes, le sport, j’ai demandé de l’aide à un ergothérapeute, une psychomotricienne, rien n’y fait, je me sens mal, je n’ai pas digérer encore le départ de l’immense Madagascar et me voici enfermé dans un « pavillon » obscur et odorant, peuplé de soignants pour les uns passionnés pour les autres au bout du rouleau.

Je suis entendu, je repars vers une attribution plus en phase avec ce que je suis, et qui je suis devenu.

Vingt-cinq années depuis ma décision de devenir soignant, quelques échappées mais rien d’équivalent à mon expérience humanitaire.

Aucun regret, pas de conflits notables.

Sur le plan personnel, après avoir erré dans les tubulures qu’offrent la place d’un homme dans un monde de femme, je me pose enfin auprès d’une belle timide, caractère totalement opposé à celui des aventurières débridées et stériles sous bien des points que j’avais fréquenté jusque-là.

Mariage, elle a déjà deux enfants, peu importe, j’égalise, nous voilà à 6.



3/Tenir

Papa ?
Moi ?

Je constate rapidement que la mort précoce de mon père me laisse toute la latéralité d’inventer celui que je veux être pour mes enfants. Sans aucune base, je m’improvise dans cette place, trop proche bien sûr au début pour combler mes manques, puis je me recale plus tard sur les remarques de ma femme qui se montre bien moins inhibée quand il s’agit de sa progéniture.

La cinquantaine se pointe en douce, j’ai le dos en ruine, et mes habitudes toxiques, bien que moins présentent depuis ma paternité ne m’ont jamais quitté.

Je travaille à temps partiel depuis la mort de ma mère, un jour de repos en plus par semaine, le mercredi de préférence depuis que je suis père pour rester au plus proche de nos petites têtes presque blondes.

Ce n’est pas un jour de repos, les parents qui lisent ces lignes le savent bien, c’est un jour usant de bonheur et de taximen.

Et demain, je sais que ma « cadre » va me demander de reprendre le travail à temps plein, ce qui signifie que je vais laisser mes enfants à la garderie et que leur passions (le dessin, la gymnastique...) passeront à la trappe pour une obscure raison de manque d’effectif.

J’ai passé ma vie à soigner, je n’ai pensé qu’à nos patients pendant presque trente ans, à me former, à m’améliorer, j’ai commencé à avoir une vie de famille il y a à peine 10 ans…

Malgré mon amour de la vie, ma position de père, je pense depuis quelques jours à une solution radicale, je connais assez la clinique pour m’inquiéter d’avoir un scénario bien défini en tête.

Je vais partir en pleine nuit dans notre voiture la plus pourrie, prendre un chemin bien planqué dans les bois avoisinants, j’ai cherché un tuyau assez long pour entrer dans l’habitacle depuis le pot d’échappement, je le fixerai avec le scotch de notre déménagement à une fenêtre entrouverte.
J’avalerai une poignée d’hypnotiques avant de monter dans la caisse, peut-être avec une lampée de Jack si le cœur m’en dit, j’attendrai un peu au dehors histoire de ne pas avoir le réflexe de sortir avant de sombrer, et dès que l’ivresse viendra, je me poserai derrière mon caducée et je fermerai cette putain de portière.

J'écris pour évacuer, je ne passerai pas à l'acte bien sûr, mais il n'y a rien de romancé dans cette histoire, Ce scénario m'a réellement hanté pendant des semaines.

Mais voila l'illustration de ce que certains d'entre nous traversent devant les décisions de personnes qui n'ont aucune idée de la noblesse, de l'engagement d'une vocation.

Je remercie la fonction publique hospitalière pour l'inspiration qu'elle m'apporte. ;)
caqui13
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Re: Entre ARH et une vie...

Message par caqui13 »

Horla a écrit :Il était un foie.

1/Tituber

Je n’avais jamais chercher un équilibre, j’ai toujours aimé ce sentiment de glissade imprévisible qui fout tout en l’air, rien est acquit, qui est à rien ?

Quelque chose de cynique certainement m’a toujours poussé à rester sur le fil du doute, à me moquer du monde sans vraiment le comprendre, comme un autiste qui ne souffrirait pas l’enfer mais qui serait atteint d’un rire fou.

Je passe l’épisode de l’école, ou l’ennui côtoyait la violence absurde, beaucoup d’entre nous sont passé par là et s’étendre sur l’abrutissement de la majorité des profs, l’aveuglement des pions et la basique méchanceté des élèves vis à vis d’un « nouveau » serait une perte de temps.
Simplement à seize ans je suis parti en courant, en fumant à peu près tout, loin de cet univers usant et aucunement lucratif.

C’est donc en planant bien haut que j’ai dégoté mon premier boulot, grâce ou à cause de ma mère, j’étais devenu devenu autonome. Malgré une solide intolérance à toute forme de hiérarchie, j’ai fais une « carrière ». Tâtonnante au début, j’ai fais le choix après un accident de la route très banal et six mois d’immobilisation de l’orienter vers le milieu du soin.
Quitte à se lever le matin, autant ne pas être trop nuisible et aider les autres, l’idée est basique, puérile, idéaliste mais bon, c’est ce qui m’a traversé après mon hospitalisation et ne m’a jamais quitté depuis.
Je passe sur ce qu’il faut faire en France pour devenir infirmier quand on a Bac-4, mais sachez que c’est possible, c’est long, fastidieux mais ça permet de belles rencontres. C’est possible.

Avec une histoire familiale pleine de trous mystérieux, je me suis trouvé fasciné par la psychiatrie et la psychanalyse, j’ai trouvé le milieu durement poétique, je naviguais pendant les cours entre Thièphaine, Maupassant, Baudelaire et Frédéric Dard !

Ce nouvel entourage, peuplé d’allumés géniaux, de gens en totale perdition, enrobé par des mots qui bien que rébarbatifs au début sont issus d’incontournables contenus, d’essentielles vérités instables, j’ai plongé dedans, j’ai soigné, écouté, repris à ma sauce les propos, mes lectures et expériences, je me suis forgé sans le vouloir vraiment une identité professionnelle ayant pour base, pour moteur mon mépris de cette partie grandissante du monde qui rejette la différence.

Quand à cette hiérarchie là, elle donnait du sens, incarnait le respect de parcours savants, elle restait ouverte et tolérait les élans fougueux, souvent utopistes de notre génération.
Ils ne dirigeaient pas. Médecins, cadres, personne ne donnait d’ordres, de conseils, nos seules contraintes étaient de rester dans le sens, si possible le bon, celui qui va vers le mieux être des gens qui arrivaient dans notre service.

J’avais trouvé un boulot où mes élans, mon amours des mots, ma fascination pour l’étrangeté n’était plus un handicap mais des atouts utiles aux autres.

Je n’allais pas « travailler », j’étais Moi.


2/Plus loin

Comme à peu prêt partout je crois, les années passent.

J’ai quitté ce service, cet hôpital pour partir en mission humanitaire à Madagascar. Sans expérience, j’ai accepté cette mission dans un orphelinat proche de Tananarive sans rémunération mais sans contrainte de temps de travail. J’étais juste logé et nourri… Nous Riz.
Ayant un peu d’argent de côté et le franc Malgache étant plus qu’abordable, je m’échappais régulièrement dans ce petit continent aussi joyeux que pauvre.

De rencontres en grosses frayeurs, ma vision de l’absurdité, de l’injustice de notre planète s’est enrichie, enkystée en moi.

Les séquelles de la colonisation, surtout de notre administration tournaient au cliché, j’évoluais dans un reportage en noir et blanc en attendant d’improbables trains ou bus en contemplant un fonctionnaire en uniforme armé d’un tampon redoutable qui résonnait dans un silence d’horloge en panne.

Quand je demandais : « à quelle heure passe le bus pour Tulèar ? » on me répondait : « il passe ici Vaza ! ».

Décalage, décollage… Je dois rentrer, fauché malgré le soutien de ma mère, un an là-bas, à faire ce que je peux entre pansement douteux, piluliers en cageot et Bétadine périmée et diluée.

Je rentre, je postule à l’hôpital d’où j’étais parti, « on » me reprend si j’accepte de travailler dans un service pour patients « autistes ». J’accepte bien que je me connaisse déjà suffisamment bien pour savoir que sans l’usage du langage je suis perdu, mais après tout je rentre « d’Afrique » et « j’en ai vu d’autres… »

Trois mois. Je demande rendez-vous à la DRH, je craque. J’ai tenté la musique sous plusieurs formes, le sport, j’ai demandé de l’aide à un ergothérapeute, une psychomotricienne, rien n’y fait, je me sens mal, je n’ai pas digérer encore le départ de l’immense Madagascar et me voici enfermé dans un « pavillon » obscur et odorant, peuplé de soignants pour les uns passionnés pour les autres au bout du rouleau.

Je suis entendu, je repars vers une attribution plus en phase avec ce que je suis, et qui je suis devenu.

Vingt-cinq années depuis ma décision de devenir soignant, quelques échappées mais rien d’équivalent à mon expérience humanitaire.

Aucun regret, pas de conflits notables.

Sur le plan personnel, après avoir erré dans les tubulures qu’offrent la place d’un homme dans un monde de femme, je me pose enfin auprès d’une belle timide, caractère totalement opposé à celui des aventurières débridées et stériles sous bien des points que j’avais fréquenté jusque-là.

Mariage, elle a déjà deux enfants, peu importe, j’égalise, nous voilà à 6.



3/Tenir

Papa ?
Moi ?

Je constate rapidement que la mort précoce de mon père me laisse toute la latéralité d’inventer celui que je veux être pour mes enfants. Sans aucune base, je m’improvise dans cette place, trop proche bien sûr au début pour combler mes manques, puis je me recale plus tard sur les remarques de ma femme qui se montre bien moins inhibée quand il s’agit de sa progéniture.

La cinquantaine se pointe en douce, j’ai le dos en ruine, et mes habitudes toxiques, bien que moins présentent depuis ma paternité ne m’ont jamais quitté.

Je travaille à temps partiel depuis la mort de ma mère, un jour de repos en plus par semaine, le mercredi de préférence depuis que je suis père pour rester au plus proche de nos petites têtes presque blondes.

Ce n’est pas un jour de repos, les parents qui lisent ces lignes le savent bien, c’est un jour usant de bonheur et de taximen.

Et demain, je sais que ma « cadre » va me demander de reprendre le travail à temps plein, ce qui signifie que je vais laisser mes enfants à la garderie et que leur passions (le dessin, la gymnastique...) passeront à la trappe pour une obscure raison de manque d’effectif.

J’ai passé ma vie à soigner, je n’ai pensé qu’à nos patients pendant presque trente ans, à me former, à m’améliorer, j’ai commencé à avoir une vie de famille il y a à peine 10 ans…

Malgré mon amour de la vie, ma position de père, je pense depuis quelques jours à une solution radicale, je connais assez la clinique pour m’inquiéter d’avoir un scénario bien défini en tête.

Je vais partir en pleine nuit dans notre voiture la plus pourrie, prendre un chemin bien planqué dans les bois avoisinants, j’ai cherché un tuyau assez long pour entrer dans l’habitacle depuis le pot d’échappement, je le fixerai avec le scotch de notre déménagement à une fenêtre entrouverte.
J’avalerai une poignée d’hypnotiques avant de monter dans la caisse, peut-être avec une lampée de Jack si le cœur m’en dit, j’attendrai un peu au dehors histoire de ne pas avoir le réflexe de sortir avant de sombrer, et dès que l’ivresse viendra, je me poserai derrière mon caducée et je fermerai cette putain de portière.

J'écris pour évacuer, je ne passerai pas à l'acte bien sûr, mais il n'y a rien de romancé dans cette histoire, Ce scénario m'a réellement hanté pendant des semaines.

Mais voila l'illustration de ce que certains d'entre nous traversent devant les décisions de personnes qui n'ont aucune idée de la noblesse, de l'engagement d'une vocation.

Je remercie la fonction publique hospitalière pour l'inspiration qu'elle m'apporte. ;)
Que c est relou ......
Horla
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Re: Entre ARH et une vie...

Message par Horla »

caqui13 a écrit :[quote


Que c est relou ......
cot cot codex^^

J'ai toujours hésité à poster sur ces forums soi-disant "Pro", je comprend mieux pourquoi... J'ignore ce que tu fais dans la vie "caqui", et au fond cela ne m'interesse pas plus que ça, mais si ton ton sens de l'accueil est égal à celui que tu viens de me montrer ici ne te dirige surtout pas vers le soin, ou alors à la DRH eventuellement...

Merci pour ta critique édifiante et ton écoute.
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caducee1717
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Re: Entre ARH et une vie...

Message par caducee1717 »

Bonjour Horla,

Je t'ai lu...et je crois que je t'ai entendu...Je t'avoue, humblement, que sur l'instant la longueur du texte m'a un peu rebutée, que je l'ai sauté plusieurs fois en me promettant à chaque fois d'y revenir plus tard (tu connais ça sans doute)...et puis enfin je l'ai fait...et je trouve dans ce texte des éléments et des pistes qui peu à peu témoignent de l'état émotionnel dans lequel tu te trouve à ce moment là, cette idée, qui passe d'occasionnelle à persistante, puis de persistante à obsédante, rumination durant laquelle tu élabore ton scénario (le fameux quoi?Quand?Comment?)...
Vraisemblablement tu as trouvé la ressource nécessaire, la pensée Velcro qu'il te fallait à ce moment là, et le moyen de libérer la pression , que ce soit en écrivant ton texte ou autre chose...

Alors oui tu as eu raison d'écrire, et peu importe que certains trouvent ça "relou" ou autre, peu importe, écrire c'est communiquer, et communiquer c'est ne pas être seul...

:clap:
souriez...et vous recevrez autant en retour
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augusta
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Re: Entre ARH et une vie...

Message par augusta »

J'ai lu aussi.
Quand on écrit, il y a 2 possibilités qui s'offrent à nous.
Soit on écrit pour soi, soit on écrit pour soi mais pour être lu.
A partir du moment où on décide de partager ses écrits, on se doit d'accepter les retours, qui peuvent plaire/convenir ou non.

Cela étant dit, j'avoue ne pas avoir grand chose à dire....sinon que je comprends qu'on puisse écrire et ressentir cela face à l'institution.
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
Horla
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Re: Entre ARH et une vie...

Message par Horla »

Bon, soit le texte est long et après relecture en effet c'est indigeste (ou relou bon, chacun ses mots^^).

Je l'ai écris comme souvent pour moi seul...
Et après tout j'ai voulu le poster pour partager ce sentiment de n'être qu'un pion sur un planning et avoir des réactions d'autres professionels sur un moment où je perdais mes billes...

J'aurai dû l'adapter au format d'un forum, et je vous présente mes excuses d'avoir été trop flemmard pour le faire.

Ceci dit, Merci à Augusta, à Caducee33 et à Caqui13 de m'avoir lu, bel effort!
Le don de temps, de soi, vous pourriez en faire un boulot! :clin:

Bon week-end à vous que vous soyez auprès des vôtres ou de vos patients! :)
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Jo_bis
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Re: Entre ARH et une vie...

Message par Jo_bis »

caducee33 a écrit :je trouve dans ce texte des éléments et des pistes qui peu à peu témoignent de l'état émotionnel dans lequel tu te trouve à ce moment là, cette idée, qui passe d'occasionnelle à persistante, puis de persistante à obsédante, rumination durant laquelle tu élabore ton scénario (le fameux quoi? Quand? Comment?)...Vraisemblablement tu as trouvé la ressource nécessaire, la pensée Velcro qu'il te fallait à ce moment là, et le moyen de libérer la pression , que ce soit en écrivant ton texte ou autre chose...
Je pense la même chose.
J'ai apprécié votre texte, on sent que vous avez pratiqué l'introspection, que vous essayez de clarifier en écrivant.
Vous arrivez au terme de celle-ci en trouvant une solution "radicale", pourquoi ?
Vous avez un destin avec ses bons et mauvais cotés : ce qui m'intrigue, c'est cette "déception" de la vie qui ressort en filigrane. Vous mettez vos désillusions en avant et pas le positif (professionnel et personnel).
Vous voyez le verre "à moitié vide", Pourquoi ne pas le voir "à moitié plein" ?
"Il suffit de nous regarder pour voir comment une forme de vie intelligente peut se développer d'une manière que nous n'aimerions pas rencontrer."
Stephen HAWKING
Ellà
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Re: Entre ARH et une vie...

Message par Ellà »

Bonjour à toi,

J'ai lu ton texte et je le trouve très beau. La longueur ne m'a pas dérangé.
Je souhaiterais y apporter mon petit témoignage qui vous aidera peut être dans l'état dans lequel vous vous trouvez.

J'ai 26 ans, diplômée depuis mars 2017 suite à quelques difficultés (qui me questionnent toujours d'ailleurs).

La psychiatrie j'ai tout de suite su après mon stage que c'était le lieu où je voulais travailler. Du relationnel, des émotions, des états de crises, de la thérapie.

Je n'ai pas votre expérience. J'ai eu une vie compliquée malgré mon jeune âge. J'ai côtoyé la psy depuis un bon moment finalement (père bipolaire, mère borderline). Je crois qu'on ne choisit jamais cette voie là par hasard :).

Un état dépressif que j'ai longtemps essaye de cacher, un service compliqué (cerebro lésion mais qui fait plutôt office de fourre tout de personnes en fauteuil, sans psychiatre pour gérer les crises, avec beaucoup d'arrêt non remplacé), la goutte d'eau a fait déborder le vase.

Crise d'angoisse, idée suicidaire avec scénario mis en application. C'est très dur de s'avouer vaincu et de passer de l'autre côté de la barrière.
Pourtant même si j'en suis au début de ma thérapie, je perçois le bout du tunnel. Oui des solutions existent. Certes les traitements il faut y passer, c'est dur. la sérotonine ça reste chimique. J'ai la chance de pouvoir suivre une thérapie groupale sur plusieurs mois. Ça fait du bien de se sentir écouter, de ne pas être seule, d'être avec d'autres personnes qui vivent la même chose et qui sont de tout niveau confondu (prof, comptable, DRH, étudiant). Et les aides ne sont pas seulement médicamenteuses !

Je ne vous connais pas mais je suis de tout coeur avec vous. Je vous souhaite du courage et espère que vous saurez vous faire aider.

Pour répondre à Jobis, si la solution était aussi simple pour voir le verre à moitié plein :/. Malheureusement cet état la est souvent plus profond.

La dépression est encore pas mal stigmatisée dans nos milieux. C'est dommage.
IDE Mars 2017
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augusta
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Re: Entre ARH et une vie...

Message par augusta »

Les idées suicidaires ne sont pas systématiquement la marque d'une dépression.
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
Marica89
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Re: Entre ARH et une vie...

Message par Marica89 »

Quel beau témoignage... Merci de vous être livré avec autant de sincérité, les mots/maux révèlent le relief de ce je/u auquel nous participons tous de manière plus ou moins consciente.
Pour ce qui est de l'institution je trouve que les règles sont malheureusement à l'opposé des valeurs que sont censées représenter le soin... On deshumanise l'hôpital, des politiques digne de l'industrie de Ford sont appliquées au détriment de tous.
Cela fait 5 ans que je travaille en psychiatrie, une évidence pour moi pour donner/trouver du sens... Incensé de voir à quel point ce milieu est mal traitant...une politique, des directives ou prendre du temps devient perdre du temps ... Constat amer ou je retranscris une relève fade et terne, imbibée de signes cliniques que l'on voit du coin de l'oeil le téléphone coincé entre l'épaule et l'oreille , trois dossier dans les mains et de l'autre à donner une cigarette à ce pauvre "Roger" qui s'entend dire depuis 1h ... " je vous donne votre cigarette dans 5 min"... Oups trop tard il explose...le médecin passe au même moment, le même qui vous a demandé de sortir les dossiers, de gérer en urgence des appels pour programmer les rendez vous et d'annoncer la sortie de Mr X à son épouse désemparée... Bref Roger sera vu en entretien médical, sera recadré sur son comportement, verra son loxapac majoré et étiqueté intolérant à la frustration... Jackpot , nous voilà écoeuré , Roger râlant de plus belle et négociant son traitement, on veut de nouveau l'empoisonner...d'ailleurs ces petits pois/poids ne seraient ils pas nocifs pour sa santé?

J'aime mon travail, je l'aime car dans cette folie il y a les instants empreints de magie, parce qu'on s'y révèle autant que l'on peut révéler l'autre dans son Soi profond. Un échange humain si riche. Mais je ne trouve plus de sens dans la manière dont on me demande d'exercer.
J'ai eu de gros coups durs perso, infaillible à mon poste j'ai tout donner ...surement même au delà de ce que je pouvais.. Je suis passée du côté obscur avec comme premier detraqueur mes collègues soignants et le cadre qui ne comprenaient pas comment je pouvais me permettre de refuser la continuité du service car j'avais mon fils de 3 ans à déposer chez son père avant de partir en urgence au chevet de ma mère en phase terminale.
Il y a des réalités dont on se passerai bien.
Aujourd'hui je ne compte pas abandonner cette voie/voix... J'ai eu la chance de rencontrer des gens merveilleux durant ces années , je sais que je ne pourrais pas encore aujourdhui me passer d'un " Roger". Mais j'envisage dorénavant ma carrière autrement .
J'espère que tu trouveras ou que tu as trouvé ce qui pouvait être ta lumière pour repasser du bon côté. Je me rends compte que mon message est bien long , ca en fera surement râler quelques uns... c'est signe de vie :clin: je ne me formaliserais pas.
Bonne continuation à tous dans ce qui vous plait ou donner vous enrichit sans rien attendre en retour.
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